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Chapitre 2 : "Ne pleure pas"

Chapitre 2

"les moments les plus sanglants sont ceux qui nous ramènent toujours au passé" Jaelly LaRose

Musique du chapitre : https://youtu.be/SKBktI5PPmc

Ma mine de crayon se fracture sur ma feuille. J'ai beau essayer, je ne parviens plus à être moi-même... peu importe le nombre de tentatives, je crois que sur le plan scolaire c'est fini. Qu'est-ce que je vais devenir ?  Le trou dans lequel je croule semble si profond que je ne vois pas de sortie. Pourrais-je un jour revenir à mon état originel ?

                  Je lève mes yeux vers ma fenêtre juste en face. Comme toujours, le petit lac m'apaise mais les épines des arbres me font frissonner.

—          Je devrais appeler une fille du bahut pour m'aider...

                  Alors que je m'apprête à prendre mon téléphone dans mon sac, une ombre floue passe juste devant ma fenêtre. Je tressaillis et me redresse aussitôt, mais je ne vois plus rien. Mes yeux balaient le paysage qui est calme depuis tant d'années paraît se ternir sous la pleine lune. Une boule vient se former dans le creux de mon ventre, et ma vision se brouille de larmes. J'en ai assez de cet environnement ! Cette atmosphère sordide qui me fait croire que je suis folle ! J'en ai vu de toutes les couleurs ces derniers temps et ce n'est pas la première fois.

—          Je veux juste qu'on me laisse tranquille... soupiré-je, haletante.

                  Soudainement, un fracas attaque le mur de l'extérieur. Je cris de stupeur, et cours me réfugier dans mon lit. La peur submerge mon esprit comme un tourbillon sans fin. Je dissimule mes yeux sous mes mains, attendant de me calmer. La voix de ma mère arrivant avec un verre de jus frais en plein milieu de la nuit, résonne dans ma tête. Sa paume chaude se déposant sur mon front me manque.

—          Ma... maman... couiné-je. Que vais-je faire sans toi ? J'ai besoin qu'on m'tire de là !

—          Ne pleure pas, Sully... je ne t'ai fait aucun mal.

                  Mon cœur s'arrête, et mes pupilles claires se dilatent. Un choc glacial vient me saisir les muscles, les contractant et les frigorifiant. Je ne parviens même plus à pleurer. Cette voix grave et suave m'a envoûtée pendant un court moment. Je retire mes mains, et personne n'est là. Je bondis de mon lit, cherchant partout dans la chambre. Bientôt, celle-ci se retrouve toute chambardée.

—          Je n'ai pas rêvé ! Je refuse de-

                  Un vent vient caresser mes lèvres, m'enfermant dans un mutisme. Je constate la fenêtre grande ouverte... les quatre murs semblent dessiner des vagues sans fin. Mon estomac se retourne, et pour éviter une chute trop importante, j'agrippe le coin de mon bureau qui glisse de mes mains. Faute de temps...

                  Je m'écroule.

***

                  Je tousse violemment. En me redressant, je remarque encore la fenêtre ouverte. C'est sûrement le vent qui m'a donné un coup de froid. Je jette un coup d'œil sur le chevet près de mon lit : il est dix heures trente-deux.

—          Merde, je suis en retard...

                  Quelle nuit sordide. Ce mystère autour de cette voix me saisit encore l'esprit, mais dès que j'essaie d'y penser, une migraine insoutenable m'attaque. Cette personne connait mon nom et je ne connais rien d'elle, il n'y a pas plus flippant. Peu importe, disons juste que je suis folle... oui, voilà, mettons ça sur le compte de la folie pure. Je nie ce qui s'est produit, et me rassure que rien ne s'est passé.

                  Je passe mon corps à l'eau chaude, et l'habille de vêtements simples mais jolis. Mon apparence doit au moins refléter une fille en pleine forme, et épanouie. Personne ne doit savoir ce qui se cache derrière ces couches de tissus.

                  J'attrape mon sac, et descends pour rejoindre mon véhicule. Une fois à l'intérieur, mon front vient se reposer sur le volant.

—          Je m'excuserai pour le retard, je dirai que... que... j'ai eu un rendez-vous médical à cause de ma chute ! Ouais, ça claque ça !

                  Je programme une entrevue avec mon médecin traitant, tout en démarrant la voiture.

—          D'accord, c'est noté, à ce soir dix-huit heures trente ! confirme le docteur.

—          Oui, merci. À ce soir.

                  Je raccroche. Quelques instants plus tard, j'arrive sur le parking déjà plein. Je parviens malgré tout à me caler à un endroit sympa, et m'extrais de mon véhicule. L'architecture imposante du lycée me menace de mes multiples absences et retards. Mais une fois à l'intérieur, les murs blancs et décorés m'accueillent chaleureusement. Je me rends à ma salle, sauf que mon professeur me scrute comme si j'étais un fantôme.

—          Bonjour, débuté-je en me raclant la gorge, navrée pour le retard, j'étais à un rendez-vous médical et-

—          Madame Mackenzie vous attend dans son bureau.

                  Je le fixe, sentant du mépris dans sa gestuelle. Mes poings se serrent et mon sang se met à bouillonner. Je hais que l'on me prenne de haut. Tout sauf ça...

—          Je vous demande pardon ?

—          Madame Mackenzie vous attend dans son bureau, c'est simple comme bonjour, non ?

—          J'irai la voir à la fin du cours, conclus-je, en me dirigeant vers ma place.

Une fois installée, je croise les bras attendant qu'il continue son cours. Je sais que je vais décrocher au bout de quelques instants, mais je dois donner une chance à mon cerveau.

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