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CHAPITRE II

Malgré ma promesse de ne plus mettre les pieds au village, je suis tout de même contrainte d’y retourner la semaine suivante. Mon père étant trop occupé, il ne peut s’y rendre pour acheter les quelques condiments dont nous avons impérativement besoin. Il m’a cependant épargné cette corvée toute la semaine qui a suivi le fameux jour de mon anniversaire larmoyant. J’espère qu’aujourd’hui, la chance sera de mon côté et m’évitera une confrontation avec Rosabelle…

— Bonjour sorcière !

Je craignais plus que tout au monde d’entendre cette voix. Je me lamente, demandant au ciel pourquoi il s’acharne ainsi sur ma personne insignifiante. Pourquoi ne puis-je faire un aller-retour au village sans m’attirer des ennuis ? Inspirant profondément, je compte jusqu’à trois, affiche un sourire aimable et me tourne vers le demi-cercle de filles joliment parées.

— Tu es partie tellement vite la dernière fois que nous ne savons même pas si tu as apprécié notre présent, dit la reine des pestes d’une voix mielleuse.

— Que puis-je pour vous, Rosabelle ? demandé-je sans relever sa perfide remarque.

Un grand sourire se dessine sur ses lèvres avant de se transformer en moue concentrée. Lorsqu’elle trouve une réponse adéquate – selon son point de vue –, son regard s’éclaire.

— Je voudrais une potion qui puisse te rendre aussi petite qu’une souris ! Non, mieux encore, une potion qui pourrait te faire disparaître de la surface de la Terre afin que personne n’ait à supporter la vue de ton visage et de tes yeux affreux.

La hargne dans sa voix me touche malgré moi. Je n’arrive toujours pas à concevoir que je puisse engendrer tant de haine. Pourtant, je n’ai jamais fait de mal à Rosabelle, ni à quiconque de ses amies.

— Tu n’es qu’une erreur de la nature, Elena ! poursuit-elle en s’approchant de moi. Tu n’es pas digne de respirer le même air que moi ! À vrai dire, tu n’es même pas digne de respirer l’air de la Recousue !

Ces paroles provoquent les rires des autres jeunes filles ainsi que ma propre colère. Malgré la promesse que je me suis faite de ne jamais répliquer, je ne peux m’empêcher de rentrer dans le jeu de mon ennemie jurée.

— Vous savez bien que je ne suis pas une sorcière, Rosabelle, sinon…

— Sinon ?

Je fais moi-même mine de réfléchir, imitant grossièrement la posture qu’elle avait empruntée quelques secondes plus tôt. Puis je souris de toutes mes dents.

— Je vous aurais transformée en crapaud. Oh non ! En vipère, ce qui reflète tout à fait votre personnalité et qualifie parfaitement votre langue !

Je reprends brusquement mon souffle, interdite. Je ne sais pas d’où m’est venu ce regain de courage. Peut-être suis-je tout simplement lasse de supporter ces moqueries infantiles ? J’espère seulement que ce petit acte de rébellion n’aura pas de conséquences pour mes parents.

— Oh, toi tu vas me…

— Assez, Rosabelle !

Une vague de soulagement m’envahit en entendant cette voix qui m’a déjà sauvée à maintes reprises. Je me tourne vers mon héros et détaille sa haute silhouette avec intérêt. Ses magnifiques cheveux couleur de blé mûr sont retenus sur sa nuque par un catogan de cuir. Sa redingote bleue, de la même couleur que ses yeux, surplombe une chemise de brocart blanche. Ses jambes fines et élancées sont enserrées dans un pantalon blanc et des bottes de cuir. Il est parfait !

— Arrêtez de la persécuter, dit-il avec sévérité.

— Mais Jean…, commence Rosabelle d’une toute petite voix que je n’avais encore jamais entendue.

— Je sais ce que vous lui avez fait subir le jour de son anniversaire, la coupe-t-il. Pourquoi donc vous acharnez-vous sur elle ? N’en avez-vous pas assez de tous ces enfantillages ? Je vous rappelle que vous n’êtes plus une enfant !

— Dites cela à celle qui vient tout juste de m’insulter !

— Peut-être que si vous cessiez de l’importuner à chaque fois que vous croisez son chemin, elle n’en ferait rien. Et pour être franc, elle n’a pas tout à fait tort pour ce qui est de votre côté vipère, sourit Jean en faisant un clin d’œil à mon attention.

Les battements de mon cœur s’accélèrent à la vue de ce petit geste que j’interprète comme une marque d’affection. Mais, en voyant le visage de Rosabelle, je me dis que Jean aurait mieux fait de s’abstenir. Il n’a même pas le temps de comprendre les intentions de sa promise que déjà, celle-ci se jette sur moi, nous faisant tomber toutes les deux à terre. Je n’ai d’autre choix que de me débattre afin de me débarrasser du poids de la petite – mais plutôt robuste – Rosabelle qui me maintient férocement au sol, notamment grâce à la charge de ses différents jupons.

Hurlant de rage, Rosabelle plante ses ongles dans ma gorge avec l’intention d’y laisser sa marque. Ma peur se manifeste et me fait trembler de tous mes membres tandis que je me débats vainement sous sa furieuse offensive. Un fourmillement naît dans ma poitrine et remonte jusqu’à ma main droite. Intuitivement, je plaque ma paume contre le buste de mon ennemie. Le corps de Rosabelle est subitement projeté en l’air par un faisceau de lumière avant de tomber lourdement au sol dans une corolle de soie rose poudré.

Incrédule, je regarde ma main puis Rosabelle. Je répète ce mouvement à plusieurs reprises, ne comprenant pas comment cette lumière aveuglante a pu jaillir de ma paume.

— Sorcière !

Je reste pétrifiée, laissant la foule former un cercle autour de moi. Des murmures stupéfaits et apeurés échappent aux villageois. Jean ainsi que toutes ces personnes qui me dévisagent semblent terrifiés et horrifiés à la fois. Qui peut leur en vouloir ?

— C’est une sorcière !

Cette fois, c’est Rosabelle qui, debout face à moi, me fixe avec un mélange de crainte et d’horreur. Son chignon est maintenant décoiffé et sa robe est maculée de poussière. Du dos de la main, elle essuie sa joue abîmée avec agacement. Son visage se tord soudainement en un masque de rage.

— Je vous l’avais dit qu’elle était maléfique !

Je secoue la tête. Non, je ne suis pas maléfique et Rosabelle le sait bien. C’est elle qui m’attaque sans motif et qui me mène la vie dure. Mais qui se préoccupe du mauvais traitement subi par une fermière aliénée alors que la future belle-fille du gouverneur se dresse contre elle ? Il suffit de voir les villageois reculer, inquiétés par ses propos auxquels ils prêtent foi. Je me tourne vers Jean en arborant une mine suppliante, mais ce que je lis sur son visage m’enlève tout espoir de le voir revenir à mon secours.

— Capturez-la ! s’exclame le menuisier.

— Crevez-lui les yeux ! crie le boulanger.

— Non ! Je ne suis pas une sorcière ! me défends-je, laborieusement.

— Elle mérite le bûcher ! ajoute Rosabelle.

L’effroi a visiblement laissé place à une satisfaction malsaine. L’idée de me voir brûler vive fait naître un sourire si cruel sur ses lèvres, que toute personne ayant un tant soit peu de jugeote comprendrait que je ne suis pas l’être le plus démoniaque ici.

— Non, attendez ! intervient miraculeusement Jean, son corps faisant barrage entre les villageois et moi.

Un bien maigre barrage qui ne tiendra pas longtemps. Et si ces gens mettent la main sur moi, je ne donne pas cher de ma peau. La potence m’attend quoique je fasse ou dise pour me défendre. Décidée à échapper à mon funeste sort, je me lève et laisse mes jambes me porter loin de ces fous. Je ne réfléchis pas, sachant pertinemment que je dois m’éloigner des habitants de Belle-Rose, fuir le plus loin possible. Le martèlement furieux d’autres pas et les cris de rage me poursuivent. Les villageois se sont lancés à ma poursuite. Je sais qu’à mon allure, je n’arriverai pas à leur échapper. Pour les semer, je dois me cacher là où ils auront du mal à me suivre, où leurs sens seront assez embrouillés pour ne pas me repérer, où leur terreur les fera quitter les lieux et remettre mon exécution au lendemain.

Sans réfléchir, je m’enfonce dans le coin le plus sombre de la forêt, celui qui abrite la maison de la Recousue. Un semblant de courage me pousse à demander de l’aide à cette femme différente des villageois. À celle en laquelle je me reconnais moi-même. Peut-être pourrais-je me cacher chez elle ? Peut-être aura-t-elle la générosité de me couvrir ? Moi qui ne l’ai jamais méprisée, au contraire des autres. Je sais que là-bas, personne n’osera venir me chercher. Les villageois ont bien trop peur d’elle.

Cette idée me rassure et me pousse à accélérer mes foulées malgré ma vision amoindrie par l’absence de lumière et par les larmes qui s’agglutinent dans mes yeux. Inévitablement, vient le moment où je me prends le pied dans une racine et tombe misérablement à terre. Mes dents se plantent dans ma lèvre inférieure pour m’empêcher de laisser échapper un cri de douleur et ainsi, ameuter mes poursuivants. Je me redresse en tremblant, les yeux fixés sur mes mains ensanglantées, la gorge nouée de frayeur.

Les hurlements des paysans se font de plus en plus audibles et je comprends qu’ils se rapprochent dangereusement de l’endroit où je me trouve. Je n’arriverai pas à atteindre la maison de la Recousue à temps. Dans un instant de découragement, je pense que si je suis réellement une sorcière, je mérite mon éventuel futur sort. Je dois me rendre aux villageois. Peut-être qu’ils se montreront cléments envers moi ? Peut-être se contenteront-ils de m’enfermer dans un cachot et de me relâcher une fois qu’ils verront que je ne représente aucun danger ?

Tu rêves, ma fille !

Un sanglot désespéré franchit mes lèvres et je dois serrer mes paupières de toutes mes forces pour retenir mes larmes. J’ai blessé l’enfant chérie de l’une des familles les plus influentes du village, la fille destinée à épouser le fils du Gouverneur. Je serai certainement brûlée vive avant même de pouvoir parler pour ma défense. Que faire, alors ? Sentant soudain un objet contre mon bras, j’ouvre la bouche pour crier mais suis aussitôt muselée par une main sèche. Deux paupières balafrées apparaissent dans mon champ de vision.

— Pas un bruit, me souffle la Recousue. Ils arrivent.

Le soulagement, mêlé à l’étonnement de voir cette femme me venir en aide, me submerge et me fait vaciller alors que je suis à genoux. Mais pourquoi est-elle là ?

Elle ne m’a jamais adressé la parole, et maintenant que le village entier veut ma mort, elle m’aide ? Mais après tout, entre sorcières, il faut savoir faire preuve de solidarité, non ? pensé-je avec un brin d’ironie.

En voyant un léger sourire sur les lèvres de ma sauveuse, je suis prise d’un doute. Peut-elle lire dans mes pensées ? Je suis sur le point de lui poser la question, mais elle s’éloigne et commence à marmonner tout en exécutant d’étranges mouvements avec ses mains. Une danse curieuse qui ressemble… à un rituel ? Elle lève les bras avant de les baisser, puis se penche pour caresser le sol de ses mains, sa longue robe noire et élimée suivant ses moindres mouvements. Après plusieurs minutes, la Recousue revient vers moi en arborant un petit sourire. Je reste pétrifiée.

— Viens, ordonne-t-elle.

Sachant qu’elle est ma seule chance, j’oblige mes membres tendus à me relever pour la suivre.

— Que signifient ces mouvements ? demandé-je, quelques minutes plus tard.

Elle marche plutôt vite pour une personne âgée et ne semble pas gênée par les branches, pierres et végétations en tout genre qui jonchent le sol, contrairement à moi qui peine à la suivre. Je remarque qu’elle a encore une fois, de façon fugace, un étrange sourire.

Elle doit vraiment lire dans les pensées !

— C’est de la magie, Elena, répond ma sauveuse d’une voix étonnement douce et calme. Et oui.

— Oui… ?

— Je connais tes pensées.

Mes pieds s’arrêtent et se plantent dans le sol boueux. La surprise me fige sur place alors que ses paroles imprègnent mon cerveau. Les rumeurs étaient donc vraies ?

— Alors vous… vous êtes… réellement… une sorcière ?

— Oui et toi aussi, me répond-elle en me faisant face.

— Non, ce n’est pas…

— Possible ? Bien sûr que si ! Mais tu ne le réalises pas encore. Cela viendra, ne t’en fais pas. Mais pour le moment, il faut te cacher en attendant que les villageois quittent la maison de tes parents.

— Mes parents ! m’écrié-je soudain, alors que la peur revient en force s’insinuer dans mes veines, tel un poison paralysant. Je dois les prévenir.

— Non ! crie la Recousue en attrapant mon bras de sa main sèche.

Je tente de me dégager de sa poigne, mais sans succès. Mon bras est comme enserré dans un étau de fer. Cette femme est dotée d’une force incommensurable pour une personne à l’apparence si frêle. Comment est-ce possible ?

— Tes parents ne risquent rien, dit la sorcière en me lâchant enfin. Nous irons les voir plus tard.

— Mais…

— Si tu y vas maintenant, ils te captureront, te tortureront jusqu’à ce que tu avoues être une sorcière, puis ils te tueront. Enfin, ils tueront tes parents pour avoir sciemment hébergé un être maléfique sous leur toit.

— Je suis maléfique ?

Ma question provoque un doux sourire sur le visage de la Recousue. Ses cicatrices roses et blanches s’étirent autour de ses paupières.

— Non, mon enfant. Tu ne l’es pas.

Sa réponse me soulage indubitablement. Je lâche un soupir audible en posant une main sur ma poitrine.

— Mais tu dois tout de même me suivre, poursuit-elle plus durement. Je te promets que nous irons voir Constance et Anatole dès que la voie sera libre. Mais pour le moment, il est inutile de leur faire courir davantage de risque.

Je hoche la tête. Je ne veux surtout pas mettre la vie de ma famille en danger. Je suis contrainte de faire confiance à cette femme qui dit être une sorcière. Et qui dit que je suis une sorcière !

— Pourquoi, vous… Enfin, je veux dire… pourquoi me protégez-vous ?

La femme déglutit visiblement et pince les lèvres, révélant une tristesse enfouie et indélébile.

— Parce que je l’ai promis à ta mère.

— Ma mère ?

— Je te raconterai tout ceci lorsque nous serons à l’abri. Nous n’avons plus beaucoup de temps. Les villageois risquent de revenir en voyant que tu ne te caches pas chez tes parents. Le sort que j’ai lancé à la forêt a embrouillé leurs sens et c’est pourquoi ils ont arrêté de te poursuivre, mais cela ne durera pas.

À l’idée de fourches et de faux brandis entre deux torches enflammées, je me dépêche de suivre la Recousue chez elle, sans dire un mot, tandis que la nuit tombe doucement au-dessus de ma tête. Espérons qu’elle dise vrai et qu’elle souhaite réellement m’aider. Sinon, je ne sais ce qu’il adviendra de moi.

**

— Veux-tu boire un peu d’eau ?

Je secoue la tête en guise de réponse, les yeux occupés à étudier ce qui se trouve autour de moi. Finalement, la maison n’est pas aussi vétuste qu’elle le paraît. La Recousue – à l’aide de ses pouvoirs ? – en a fait un endroit plutôt accueillant. Les fauteuils aux couleurs vives, les tapis brodés et les meubles en bois bruts rendent cette maison chaleureuse et vivante. Je ne suis plus du tout inquiète à l’idée de me retrouver seule avec une sorcière. Au contraire, je me sens étrangement apaisée.

Mes yeux poursuivent leur exploration. J’essaie de me faire une idée de la personnalité de la femme qui m’a sauvée. La grande pièce de vie contient divers objets qui semblent venir du monde entier. J’examine chaque chose avec ravissement, me demandant comment elle a pu en collectionner autant. Mes yeux détaillent les boules translucides ornées de gravures minutieuses, les loupes aussi grandes que la paume de ma main, les livres aux reliures de cuir abîmées, les miroirs de différentes tailles aux cadres joliment ouvragés. Des objets du quotidien se mêlent à d’autres qui me sont totalement inconnus et semblent venir d’autres contrées que je n’ai jamais visitées… et que je ne visiterai sans doute jamais. Mon attention se porte enfin sur une porte gravée d’une tour. Je reste un instant hypnotisée, admirative devant la qualité et la précision de l’œuvre. Celui qui l’a réalisée doit avoir des mains en or.

— Je dois nettoyer tes plaies, me prévient la Recousue.

Elle pose alors un pot contenant un liquide à la forte odeur de plantes sur la table, avant de prendre un morceau de tissu qu’elle imbibe de la mixture.

— Attention, cela sera un peu douloureux.

Je ne sourcille même pas lorsque la sorcière place le tissu sur mes mains écorchées. J’ai tellement de questions qui me viennent ! Je me demande ce qui a bien pu lui arriver. À en croire les traits délicats de son visage – traits facilement saisissables derrière les affreuses cicatrices –, elle devait être une grande beauté, autrefois. La rumeur était peut-être vraie, après tout…

— N’avez-vous pas peur de vivre dans cette maison au milieu de la forêt ? demandé-je afin de briser le silence pesant qui s’est installé.

— Non. Cette maison est protégée des esprits malfaisants. Je lui ai jeté un sort. Aucune personne ayant de mauvaises intentions ne pourra y entrer.

Je fronce les sourcils. Jeté un sort ? Réellement ? Cela me semble peu probable, tout comme ses divagations sur l’existence des sorcières, mais je m’abstiens de contredire mon hôte. De plus, ce petit détail m’importe peu. Il y a un sujet bien plus grave à aborder. Prenant une grande inspiration, j’ose poser les questions qui me brûlent les lèvres :

— Pourquoi m’avoir sauvée ? Parce que vous dites être une sorcière ? Parce que vous pensez que j’en suis une ?

— Notamment, répond la Recousue en souriant, ses mains appuyant sur mes plaies qui ne saignent plus.

— Que vous est-il arrivé ? Pourquoi êtes-vous…

Je m’arrête, hésitant sur le mot à employer pour désigner ses paupières fermées.

— Recousue ? finit ma sauveuse en souriant de toutes ses dents blanches et parfaitement alignées.

Elle pose le tissu sur la table et s’assied en face de moi. J’ai encore une fois l’impression qu’elle peut me voir à travers ses paupières liées. Peut-être le peut-elle vraiment ?

— La gravure sur cette porte est très réussie, remarqué-je, n’ayant plus le courage d’aborder ce qui me tracasse.

La sorcière n’est pas dupe de ma diversion, mais consent tout de même à m’expliquer qu’il s’agissait autrefois d’un portail qui menait à une haute tour blanche. Cette tour, qui se trouverait dans un autre monde, abriterait la plus grande sorcière de tous les temps.

— Alors il y a d’autres sorcières ? demandé-je sans y croire.

Le visage de la Recousue s’assombrit. Ses lèvres se pincent et ses doigts s’entortillent.

— Il est temps de savoir qui tu es et d’où tu viens, Elena. Je sais ce que tu vas me dire, poursuit-elle alors que j’allais intervenir, mais ce monde n’est pas le tien.

— Je… je ne comprends pas.

— Tu n’es pas née dans ce petit village insignifiant.

— Où suis-je née, alors ?

— Tu…

La Recousue s’interrompt tout à coup et tend l’oreille. Je retiens mon souffle, commençant à avoir peur. Et si les villageois arrivaient ?

— Allons chez tes parents, reprend la sorcière après quelques secondes de silence. Nous poursuivrons notre discussion là-bas.

Mes parents ! Je les avais presque oubliés. Mais à la joie de retrouver ma famille se mêle une inquiétude légitime.

— Que vont-ils penser ? demandé-je en secouant la tête alors que les larmes tant retenues dévalent enfin mes joues. Que ferais-je s’ils ne veulent plus me voir ?

Si je lisais le dégoût sur leur visage ?

— Ils savent tout depuis longtemps. Maintenant, plus un mot !

Je n’ai même pas le temps de répliquer que la Recousue est déjà dehors. Je n’ai donc pas d’autre choix que de me reprendre et de la suivre si je veux connaître le fin mot de l’histoire et surtout, si je veux revoir mes parents sans prendre le risque de croiser des villageois. Essuyant mes larmes, je me décide à rejoindre la prétendue sorcière. Espérons que ce cauchemar prenne bientôt fin !

Commentaires (6)
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Sam El
Très belle histoire misterieuse !
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Santa Alzapiedi
très belles histoires très captivantes
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siham darrazi
histoire attrayante mais le nombre de blocage pour peut de chapitre est decevant. la navigation aussi entre les ecrans de l application n est pas top. il casiment pas possible de passer d un livre a lecran d accueil
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