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Avril 2017

— Comment ça, au revoir ? Allyn, que veux-tu dire par là exactement ? Et qu’as-tu fait à tes cheveux ? Et tes yeux !

J’inspire un bon coup, tente tant bien que mal d’ignorer la présence imposante de Curtis dans mon dos et plonge mon regard dans les iris ambrés d’Emma. Ma pauvre tutrice ne sait pas où donner de la tête entre l’étrange individu qui m’accompagne et ma petite personne, surtout depuis que je lui ai lâché la triste bombe qui nous afflige tous depuis vingt-quatre heures.

— Tu te souviens de ce que tu m’as raconté à Noël ? De ce que papa avait expliqué à Axel à l’heure de sa mort ?

— Oui, mais je ne vois pas ce que…

— Ça s’est produit, Emma. Mon héritage m’est tombé dessus sans que je demande quoi que ce soit.

— Allyn, je t’en prie. Axel délirait. Il n’avait que neuf ans.

— Axel allait parfaitement bien et tu le sais, affirmé-je aussi doucement que possible. Papa était un…

— Allyn, me coupe Curtis. Tu es venue dire au revoir, pas tenir une conférence.

Je serre les poings pour contenir mon agacement et le foudroie du regard. Qu’il m’impose sa présence dans un moment aussi intime, soit, je peux encore le tolérer ; mais qu’il ne s’avise pas d’interférer. Le Haut-Juge ne paraît pas le moins du monde impressionné par mon petit sursaut de rébellion. Au contraire, il semble plus que jamais décidé à reprendre la route vers Hemera et me le fait bien comprendre à travers son intense regard doré. Avec retard, je me remémore le cours avancé d’Aldrik au sujet des intolérances des Anges face au monde des humains. C’est curieux quand on y pense… malgré toutes les mises en garde de l’Ange Noir, je n’ai encore rien ressenti de tel depuis la fin de mon initiation. Et pourtant mes saletés d’yeux scintillent toujours comme deux étoiles filantes !

— Pourriez-vous nous laisser seules un instant ? insiste Emma pour la quatrième fois depuis notre arrivée.

— C’est impossible, affirme Curtis d’un ton sans appel.

Ma tutrice croise les bras pour planter ses ongles manucurés dans sa peau. Nul doute que si elle en avait été capable d’un simple coup d’œil, Curtis Ignac se serait désintégré dans la seconde.

— Je ne veux pas que tu t’inquiètes, Emma. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à faire ce détour pour venir te voir. Je vais bien, j’irai bien, c’est tout ce que tu dois savoir.

— Tu oublies que j’ai assisté à tes premiers biberons, Allyn. Je sais quand ça ne va pas.

Déstabilisée par sa perspicacité, je ne peux que prendre sur moi pour dissimuler à quel point la situation est en train de m’effriter de l’intérieur. Ces adieux sont d’autant plus compliqués que je ne peux pas lui expliquer la vérité comme il en a été le cas pour Lucas.

Lucas…

Bon sang ! Voilà à peine dix minutes que nous nous sommes quittés que déjà je ressens le besoin de retrouver la chaleur de ses bras. Pourquoi !? Pourquoi a-t-il fallu que la poisse me colle autant aux fesses et me force à accepter une destinée dont je n’avais que faire ?

Temporairement obnubilée par mes réflexions égocentriques, je ne réalise pas que Curtis a pris les devants en s’approchant de ma tutrice pour placer une main sur son front. De la même manière dont j’ai vu les gardes s’échouer sur le sol de la salle de la Sphère suite aux manigances d’Aldrik, j’observe Emma s’effondrer sur le carrelage de son salon. Ma réaction ne se fait pas attendre.

— Mais vous êtes complètement fou ! Que lui avez-vous fait ?

— Cette discussion tournait en rond : tu as fait tes adieux, c’est le principal. Quand elle se réveillera, elle n’aura aucun souvenir précis de cette conversation, hormis ce sentiment d’extrême plénitude qui entourera ton souvenir. Ton absence ne l’affectera d’aucune manière, te voilà satisfaite ?

— Non !

Indignée, je m’accroupis auprès de ma tutrice pour éviter à sa joue d’entrer en contact avec le carrelage froid.

— Non, mais qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez vous !? Les Anges sont-ils démunis de la moindre compassion ?

— Nous recherchons l’efficacité, se défend-il. Cette conversation ne menait à rien, je l’ai donc abrégée. Pouvons-nous y aller maintenant ?

— Je ne vais pas l’abandonner sur le sol !

En une fraction de seconde, Curtis soulève Emma pour l’allonger avec délicatesse sur son canapé.

— Et maintenant ?

— Je ne l’ai même pas serrée dans mes bras.

Ma voix n’est plus qu’un murmure, je suis à deux doigts de me remettre à pleurer.

— Allyn, j’entends bien que tout ceci doit te paraître cruel et déplacé, mais je t’assure que j’agis uniquement pour ton bien. Comme tu me l’as si judicieusement rappelé hier, tu n’as pas été imprégnée de nos coutumes et de nos règles, et c’est pour cela que tu dois me faire confiance quant à la manière d’aborder ta nouvelle destinée. Tes amis Singuliers, cette femme, tous continueront très bien à vivre sans toi ; d’autant plus si tu œuvres pour le plus grand bien depuis Hemera.

— Vous avez le don d’excuser vos actions par de grandes intentions, c’est incroyable.

Je suis plus amère que la veille, j’en ai conscience. Ma mélancolie et ma frustration ont finalement pris le dessus sur mes autres émotions.

Ne trouvant rien à ajouter, Curtis place finalement sa main sur mon épaule afin de m’entraîner avec lui loin de ma bonne vieille dimension terrestre. Le voyage se déroule bien trop vite pour que mes yeux de novice interceptent quoi que ce soit, et quand il me délaisse près du fameux porche en pierre qui renferme de très mauvais souvenirs, je me surprends à songer au pourquoi du comment j’en suis arrivée à quitter tous ceux qui comptent pour moi. Il y a quelques mois encore, mon quotidien était simple : j’étais une infirmière comme les autres, cohabitant avec un fantôme depuis la mort prématurée de mon frère aîné. La découverte de mon talent de Singulière a été le déclic qui m’a permis de quitter ma routine pour faire quelque chose de concret de ma vie. La rencontre avec mes nouveaux amis, et en particulier Lucas, n’a rien eu pour me déplaire ; même si nos débuts n’ont pas été aussi idylliques que je l’aurais espéré.

Mais c’est lorsque j’ai compris que j’étais bien plus qu’une Singulière que les choses ont commencé à se corser. En à peine deux jours, j’ai appris que j’étais destinée à m’élever au rang des Anges et que je tenais ce talent de mon père. Pire que tout, l’Ange Noir sadique qui hantait mes rêves depuis plusieurs mois s’est en fait révélé être un oncle aux desseins meurtriers qui n’aurait de cesse de me pourchasser avant d’avoir anéanti jusqu’au dernier membre de ma famille. C’est cette épée de Damoclès qui m’a finalement convaincue de suivre le Haut-Juge vers Hemera ; cependant il ne se passe pas un instant sans que je regrette cette décision.

— Allyn ?

Je reprends pied dans le présent pour faire face à la mine réjouie de Curtis Ignac. Aucun doute que notre retour lui fait déjà le plus grand bien. Notre environnement semble avoir temporairement assoupli son protocole, car c’est avec un demi-sourire contrit qu’il m’annonce la chose suivante :

— J’aurais préféré te présenter tout de suite à ton formateur, mais je suppose que nous pouvons attendre un peu. Après tout, tu es là, à présent, cela devrait me suffire pour le moment.

— Mon formateur ?

Bien qu’il paraisse évident qu’il me reste encore beaucoup de connaissances à acquérir sur Hemera, je ne peux m’empêcher d’exprimer mon faible entrain à l’idée de me replonger dans un long et fastidieux apprentissage. C’est à peine si je me prenais enfin pour une Singulière accomplie et voilà que je dois mettre toutes mes connaissances à la poubelle pour en acquérir d’autres que je ne désire même pas…

— Oui, ton formateur, répète Curtis en haussant ses sourcils. Si je me suis fait un plaisir de me charger de ton initiation, je ne peux pas prétendre avoir le temps de m’occuper de ton adaptation. Tous les nouveaux arrivants se doivent d’être secondés par un Ange qualifié. Je vais le prévenir de ton arrivée pendant que tu trouves… tes marques.

D’un signe de la main, il me désigne le beau chemin de marbre blanc que je parcourais hier encore en compagnie d’Anna et Aldrik. Ses paroles font alors tilt dans mon esprit et de petits picotements d’excitation parcourent mon corps au rappel de ce que symbolise mon arrivée sur Hemera.

Je vais enfin retrouver les miens.

Supposant fort agréablement que mes parents doivent avoir déniché une banderole et des cotillons en prévision de mon arrivée, je me hâte vers l’inconnu sans accorder un regard de plus au Haut-Juge. Le paysage a évolué depuis ma dernière visite. Une nouvelle maison en particulier attire mon attention en raison de sa forme cocasse qui me rappelle celle d’un énorme champignon. Je ne m’attarde néanmoins pas devant, préférant guetter au loin des silhouettes que j’espère familières.

Parce que je me souviens du chemin, j’évite de m’approcher de l’immense habitation creusée dans une falaise et dans laquelle Anna et Aldrik doivent actuellement savourer des retrouvailles passionnées. À la simple idée que ces deux-là mènent une existence paisible, mes poings se referment avec le besoin de cogner quelque chose. C’est injuste… tellement injuste que Lucas et moi soyons condamnés à vivre l’un sans l’autre quand deux individus aussi méprisables filent le parfait bonheur à moins de dix mètres de là ! Enfin bref, au lieu de risquer une rencontre qui ne me plairait guère, je tourne à gauche après une chaumière au toit recouvert de mousse verte et poursuis mon chemin en longeant une série de petites résidences aux couleurs pastel.

Cette palette de nuances architecturales me conduit vers de nouveaux questionnements : mes parents auront-ils préféré s’installer dans une demeure aux proportions colossales ou un cocon plus en adéquation avec leurs valeurs familiales ? Mes pas se font plus précipités quand l’inquiétude s’empare subitement de moi à l’idée de me retrouver face à deux parfaits étrangers. Je n’avais que cinq ans lorsque le malheur s’est abattu sur notre famille. Axel, pour sa part, en avait déjà neuf. De ce fait, si ce dernier peut se vanter d’avoir engrangé de précieux souvenirs de jeunesse, il n’en va pas de même pour moi qui n’en détiens aujourd’hui que très peu.

J’en viens à me demander si tout ce que je connais de nos parents n’a pas tout simplement été idéalisé au fil du temps, influencé par les histoires attendrissantes que nous contait Emma et les albums photos que je compulsais avec nostalgie à l’approche des fêtes. Je visualise deux visages aimants m’accueillant à bras ouverts alors que je pourrais tout à fait me retrouver face à une féroce indifférence. Que penser en effet des raisons qui m’ont conduite aujourd’hui auprès de ma famille ? Mes parents risquent-ils de me reprocher d’avoir acheté la liberté de mon ancien équipier en permettant à l’assassin de mon frère de jouir des jours heureux à quelques mètres d’eux ? Si la future réaction d’Axel contribue déjà à la montée de mon appréhension, le nœud qui enserre mon estomac est loin de s’arranger à la pensée de leur désillusion.

Cette triste conjecture amplifie mon malaise existant. Comme si cela ne suffisait pas d’avoir été contrainte de renoncer à tout ce qui faisait mon bonheur sur Terre, voilà que je ne peux m’empêcher de redouter les rares éléments qui pourraient contribuer à mon adaptation sur Hemera. C’est à se demander ce qui ne tourne vraiment pas rond chez moi.

Mes élucubrations ont fini par avoir raison de mon optimisme lorsque mes yeux se posent enfin sur une maison blanche de taille modeste, aux élégants volets bleu outremer. Sa configuration m’est si parlante, ressemblant comme deux gouttes d’eau à celle de mon enfance, que mes craintes se dissipent aussitôt pour me propulser dans la peau de cette gamine de cinq ans qui se précipitait toujours vers sa balançoire au retour de la maternelle. Je comprends alors à quel point je fais fausse route : comment ai-je pu assimiler ne serait-ce qu’un instant de telles retrouvailles à des pensées aussi négatives alors qu’il est évident que rien de plus beau ne pourra m’arriver aujourd’hui ?

Sur un banc de pierre blanche situé dans le petit carré de pelouse bordant la bâtisse, deux hommes conversent gaiement. L’un d’eux est assis à cheval sur le banc sans dossier, avec une jambe repliée devant lui. Ses cheveux bruns dressés en pics et son regard pétillant de malice m’arrachent un sourire et même un ricanement nerveux. Mais ce que je ressens face à lui n’est rien comparé à l’émotion qui me submerge lorsque son camarade blond tourne la tête sans que j’aie besoin de m’annoncer.

À l’instant même où nos yeux se croisent, mon corps oublie comment fonctionner. Mon frère se lève au ralenti, la mâchoire légèrement entrouverte et les paupières écarquillées. Sa démarche est prudente, comme s’il ressentait le besoin de consolider chaque appui sur la pelouse verdoyante. Je n’en mène pas plus large de mon côté : mes jambes flageolent dangereusement et ma gorge se serre à un point tel qu’il m’est impossible de déglutir ; c’est pourtant un sanglot de joie indéfinissable qui sort finalement de ma bouche lorsque nous tombons enfin dans les bras l’un de l’autre.

— Tu m’as tellement manqué, microbe ! dit-il en plongeant son nez dans ma chevelure pour s’assurer que je suis bien réelle.

Je laisse échapper un drôle de son oscillant entre le hoquet incontrôlé et le fou rire nerveux. Et dire que ce surnom m’a toujours exaspérée… Je n’avais pas réalisé à quel point cela m’avait manqué de l’entendre m’appeler de la sorte.

— Je vois que tu n’as pas perdu tes mauvaises habitudes.

— J’ai presque un an de taquineries fraternelles à rattraper, confirme-t-il en m’enlaçant avec plus de force.

Si je n’avais pas ces affreux cheveux blonds pour me rappeler que j’ai fait une croix sur ma mortalité, j’aurais craint de mourir étouffée. Aligné sur mes pensées, mon frère finit par prendre un peu de recul afin d’inspecter ma nouvelle coupe avec une expression confuse qui m’arrache un ricanement.

— Pas la peine de prendre des pincettes, Axel, tout le monde se rejoint sur le fait que le blond ne me va pas du tout.

— Je ne savais pas comment formuler ça avec tact. Ma pauvre… crois-tu pouvoir vivre avec ?

— Je pense réussir à surmonter cette épreuve, assuré-je avec autant de sérieux que lui. Après tout, j’ai survécu à deux ou trois événements nettement plus traumatisants.

— C’est certain.

Hugo profite de la légèreté de notre discussion pour s’approcher à son tour et me serrer dans ses bras. Tout d’abord étonnée par ce câlin soudain, je m’abandonne à ces agréables retrouvailles tout en lui confiant au creux de l’oreille le message qu’Alice m’avait laissé à son attention.

— Tu sais que j’ai été vexé que tu ne cherches pas à me faire un petit coucou lors de ta précédente visite ? me confie-t-il en me foudroyant de ses yeux faussement accusateurs. Contrairement à certains, je ne me cachais pas.

Je laisse Axel étouffer une exclamation indignée puis m’excuse du mieux possible en soulignant que mes deux premiers voyages à Hemera n’ont en aucun cas été des visites de tout repos. Une fois la fausse réprimande de Hugo rangée dans un coin, ce dernier nous apprend qu’il désire se rendre chez un certain Julien. Je le soupçonne surtout de vouloir nous laisser un peu d’intimité et ne peux que le remercier en silence : j’ai beau bénéficier de l’immortalité des Anges, je doute d’avoir un jour assez de temps pour rattraper toutes ces minutes perdues loin de mon frère aîné.

— Alors ? reprend Axel une fois que nous sommes seuls. Une Initiée, hein ? Comme l’a si bien dit Guillaume, tu ne fais pas les choses à moitié.

— À qui le dis-tu… Si seulement j’avais su à l’épo… mais attends un peu, comment peux-tu aussi bien citer Guillaume alors que tu n’étais même pas là ?

Le silence embarrassé d’Axel vaut toutes les explications du monde. Il ne m’en faut pas plus, avec tous ces éléments, pour redouter le pire. Un simple coup d’œil périphérique me permet d’ailleurs de repérer l’objet de mes soupçons ; autrement dit, un des fameux dolmens d’Hemera.

— Je n’y crois pas… Tu nous espionnais !?

— Je vous observais de temps en temps, admet-il. Il me fallait bien ça pour veiller sur ma petite sœur et noter les noms de ceux qui devront me rendre des comptes une fois à Hemera. Oh, ne me fais pas ces yeux-là, je ne jouais pas les pervers, rigole-t-il devant mon expression outrée. Cela ne m’arrivait qu’à de très rares occasions. Mais quand tu as décidé de rejoindre l’Organisation, autant te dire que j’ai cru mater un feuilleton télé ! Ma frangine et mon meilleur ami…

— Je déteste ces dolmens.

— Je le pensais aussi au début… Seulement quand tu as accepté de devenir une Singulière, il a bien fallu que je m’y mette. Sans eux, je n’aurais jamais été témoin de tant de choses ! J’ai cru mourir de frustration en voyant Lucas te traiter de la sorte sans pouvoir intervenir. Crois-moi que j’aurais deux ou trois mots à lui dire s’il s’aventurait à Hemera un de ces quatre.

— J’espère pour lui que ce ne sera pas de sitôt.

— Oui, bien entendu.

Nous en restons là pour l’instant. Pas parce que je lui pardonne sa curiosité déplacée, mais plutôt à cause de la douleur que je ressens à l’évocation de Lucas. Je ne pense pas pouvoir un jour cautionner ces affreux blocs de pierre dignes d’une télé-réalité pour voyeurs en herbe, toutefois j’ai aujourd’hui des préoccupations beaucoup plus importantes en tête.

— Où sont papa et maman ? m’enquiers-je enfin.

Puisque nous nous trouvons devant la copie parfaite de notre ancienne maison, il ne m’est pas difficile de les imaginer sortir par la porte principale pour nous rejoindre sur la pelouse verdoyante. Bien qu’en raison de mon état émotionnel actuel, je doute de pouvoir survivre à de telles effusions.

— Papa et maman ?

La confusion qui se lit sur le visage d’Axel efface quelque peu la joie qui alimente mes traits.

— Oui, papa et maman, insisté-je, les sourcils froncés. Tu te souviens ? Un grand blond séduisant et une jeune femme aux cheveux châtains qui te faisait les meilleurs cookies aux Smarties pour ton anniversaire.

— Je sais qui sont papa et maman, merci.

— Tu me rassures, j’ai eu peur l’espace d’un instant que la proximité avec tous ces nuages t’ait ramolli le cerveau.

— Mademoiselle Vanael ?

L’arrivée inopinée d’un jeune homme dévie temporairement mon attention. Ce n’est pas tant l’origine encore inconnue de son intervention que la manière dont il m’a appelée qui m’intrigue. Sur Terre, en compagnie de mes amis Singuliers, tout le monde continuait de me considérer comme une Rivière en dépit de mes ascendances angéliques. Personne, y compris Josias, n’a cherché à me donner du « mademoiselle Vanael » en me croisant dans les couloirs.

— Une minute, s’il vous plaît.

Je continue de faire face à mon frangin.

— Axel ?

— Mademoiselle Vanael, pardonnez-moi d’insister.

— Ça a l’air important, suggère Axel en désignant l’individu d’un signe de tête.

Je grommelle, persuadée qu’Axel se fiche tout autant que moi de cette interruption mais qu’il y voit là un judicieux prétexte pour éviter de répondre à ma question pourtant cruciale. Je prends donc sur moi pour me tourner vers l’importun afin de le toiser d’un air mauvais. Le visage allongé et le teint légèrement hâlé, des cheveux souples et châtains clairs parsemés de reflets dorés, des sourcils bien dessinés au-dessus de ses yeux couleur or, des joues creuses et lisses, encadrant un sourire charmeur : ce type est le prototype exact de l’Ange modèle, trop gentil et parfait. Si bien que je me demande ce qu’il peut me vouloir.

— Vous ne voyez pas que nous sommes occupés ? déclaré-je, plus ennuyée qu’autre chose. Que voulez-vous à la fin ?

— Je m’appelle Loki, mademoiselle, m’apprend-il en s’inclinant légèrement devant moi. Je suis votre instructeur.

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