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Menel Ara Tome 2
Menel Ara Tome 2
Auteur: Vincent Dionisio

L'Auteur + Prologue

L'Auteur

Né dans les années 80, Vincent Dionisio s’adonne dès la jeunesse à ­l’écriture de nouvelles. L’âge ­avançant, il se diversifie avec des scénarios, des pièces de théâtre et, ­inévitablement, des romans, jonglant avec les supports suivant ­l’inspiration du moment.

Passionné de cinéma de longue date, de chefs d’œuvres ­prétentieux comme de navets à 150 millions, il ambitionne, un jour, d’écrire, de réaliser et de jouer dans une saga ­d’anticipation définitive. Une fois rattrapé par la réalité, il se remet au boulot et se contente de raconter des histoires. Parce que c’est ce qu’il préfère, finalement.

Prologue

Ce soir-là, Gaël ne rejoignit pas David dans le hangar 2-D. Il n’avait pas la tête à jouer aux cartes ou au Propela, ce curieux jouet à hélices tant prisé par les Martyrs. Non, Gaël avait l’esprit occupé à une tâche bien plus importante. Jamais il n’aurait cru être aussi séduit par l’idéologie prônée par F et ses semblables. Mais après des années à les mépriser et les haïr, le voilà qui travaillait à un plan pour faire triompher leur cause. La mort de son père était passée par là. Celle de Lili aussi. Et toute la colère qu’il avait accumulée avait trouvé un point de concentration : Victor, son frère, meurtrier de sa sœur, membre de la Chambre des Familles, qui n’avait pas été inquiété une seule seconde pour son crime.

Gaël leva la tête, distrait par des cris émanant de l’arène de combat. Décidément, la violence ne s’arrêtait jamais.

Ce soir-là, Suryena ne sortit pas de ses quartiers. Il était soucieux. Jamais depuis la fondation des Putras il n’avait été témoin d’une telle initiative d’un de ses lieutenants. Il entendait être obéi et, depuis des années, cela avait été le cas. Jusqu’à l’exécution d’Alpha, le fils de Delta. Oui Suryena était inquiet, car il avait sous-estimé l’influence que celui-ci exerçait sur le Grand Temple. Lui-même avait passé trop de temps à s’occuper de politique et avait négligé ses troupes. Et voilà qu’il s’était trouvé dépassé dans son propre ordre, par celui qu’il venait de nommer numéro 2. Jusqu’à, comble de l’humiliation, devoir mener une guerre qu’il n’avait pas déclarée. Il lui fallait reprendre la main et cela passait par une réaffirmation de son statut auprès de son lieutenant.

Suryena regarda par la fenêtre et vit le ciel se couvrir. Pour une fois, il se refusa à y voir un signe.

Ce soir-là, Maria ne trouva pas le sommeil. La journaliste avait oscillé entre excitation et inquiétude depuis le début de son infiltration des Putras. D’une certaine manière, elle avait déjà largement rempli son objectif et il ne lui restait plus qu’à rapporter à La Vigie l’étendue de ses découvertes sur la mystérieuse secte. Et puis il y avait eu cette révélation : les Putras étaient convaincus que Gaël était leur prophète. Elle ne savait pas s’il fallait voir là-dedans une espèce de grande blague cosmique, ni même si son meilleur ami était en danger, mais elle ne pouvait décemment pas quitter le temple sans en avoir le cœur net.

Maria regarda ses mains et constata qu’elles ne tremblaient pas. Elle devait bien reconnaître que révélation ou pas, elle n’avait plus envie de rentrer chez elle.

Ce soir-là, Victor s’accorda une cigarette dans son jardin, qu’il accompagna d’un verre de brandy. La chose était rarissime, mais les évènements appelaient à la célébration. Lui, l’enfant de la Basse-Ville, devenu par la grâce de son mariage membre de la Chambre des Familles, se trouvait en position de révolutionner le paysage politique de Menel Ara. Tout s’était passé exactement comme prévu, et même un peu mieux, par la grâce des Putras. Ah qu’il était stimulant de voir un plan parfaitement conçu suivre son cours. Et s’il était encore loin d’avoir atteint un objectif un tant soit peu satisfaisant, il ne pouvait s’empêcher de se féliciter de sa propre ingéniosité.

Victor tourna la tête et posa le regard vers l’immense bâtisse voisine de la sienne, la Villa Luzzi. Et il y vit le futur. Son futur.

Ce soir-là, F se sentit inspiré. Il accorda sa guitare et débuta une nouvelle composition. Les choses avançaient dans le bon sens, et il n’avait pas toujours pu en dire autant. Depuis qu’il avait pris la tête des Martyrs, il s’était confronté à des batailles idéologiques, des attentats stériles, des périodes de doutes, des luttes internes… Sans jamais véritablement parvenir à faire trembler cet ordre des choses, cette monstrueuse Haute-Ville et ses non moins monstrueuses Sept Familles. Mais tout ceci était peut-être enfin sur le point de changer. Il avait un atout dans sa manche et il entendait bien le faire fructifier.

F leva la tête vers Menel Ara, puis reposa les yeux sur sa guitare et laissa ses doigts se promener sur le manche. Il avait une partition à jouer.

Ce soir-là, Youri Komniev quitta son bureau de chef de la Chambre des Familles particulièrement tard. Il craignait sa réaction s’il venait à croiser le moindre opposant. Son caractère éruptif ne lui jouait plus autant de tours que dans sa jeunesse, mais lorsque la contrariété atteignait un certain niveau, il se sentait toujours capable de perdre le contrôle. Ainsi, on avait voulu l’assassiner ! Ainsi, on lui avait déclaré, non pas une, mais deux guerres ! À lui, le maître incontesté de Menel Ara depuis des décennies ? Très bien, il saurait montrer à ses ennemis qu’on ne le défiait pas impunément. La Chambre était remplie d’anciens opposants repentis ayant fait la même erreur.

Komniev quitta finalement le Grand Palais, et en descendant les marches de l’entrée, écrasa un insecte. Il posa le regard sur la carcasse broyée puis dans un sourire, le baptisa « Victor ».

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