—Elle se réveille !Mes paupières s’ouvrent sur une petite silhouette masculine aux grands yeux noisette, assise sur le bord de mon lit. Je m’attendais à être à l’infirmerie, mais je suis dans ma chambre. Je repousse une mèche de mes cheveux qui me tombe dans les yeux et me redresse sur les coudes.—Je savais qu’elle se réveillerait ! Evalina est plus forte que la poudre qui fait dormir!—Poudre de pavot, Ethan. C’est de la poudre de pavot.Mon regard se pose sur l’individu qui vient de prendre la parole. Je suis surprise de voir Maximilien. Il replace correctement ses lunettes sur son nez et me sourit. Bastian, quant à lui, est avachi sur le fauteuil rouge dans le coin de la pièce, avec Edden sur l’accoudoir. Zéphyr est aux côtés d’Ethan et l’incite à descendre du lit afin de me laisser toute la place dont j’ai besoin. Angie, lui, est près de la porte d’entrée, juste à côté du fauteuil où sont installés le Séducteur et le Fidèle.
—Bienvenue à Xulumis, capitale de Réturis ! déclare Zéphyr, ouvrant les bras d’un geste ample.J’ouvre les yeux. Quelques secondes plus tôt, je me trouvais dans un vieux village abandonné, décrépit, à en donner la chair de poule. Il m’a suffi de me positionner aux pieds d’une vieille église et de penser très fort au mot Xulumis pour passer outre le bouclier qui la protège. Désormais, le paysage n’a strictement plus rien à voir. La capitale est divisée en deux parties. La nature qui prend tous ses droits en bas, et la ville, qui est située sur d’immenses plateformes dans le ciel. Au sol, mes bottes à talons foulent l’herbe, et je remarque qu’une petite colonie d’insectes passe son chemin. À première vue, cela ressemble à des coccinelles, mais en bien plus grosses. Elles sont aussi rouges, à pois noirs, et munis d’ailes. Seulement, il y a trois imposantes cornes qui ornent le devant de leur tête, ainsi que des dents acérées. Je m’écarte vivement. Leurs petites dents ne me di
Mon cœur n’ose plus battre. Je suis figée sur place, prisonnière entre des bras métis et sacrément musclés. Pour une fois, je vais obéir. Me faire arracher la tête, très peu pour moi, je passe mon tour. Je cherche désespérément Isaac du regard parmi la foule qui danse, mais je ne l’aperçois nulle part. L’homme qui me retient se met à avancer entre les gens qui ne se doutent de rien, et je suis bien obligée de le suivre. Il me conduit vers l’un des recoins de la boîte de nuit, où certaines personnes discutent et se reposent.Je ne vois pas le visage de mon ravisseur, ayant le dos collé contre son torse, mais visiblement, il a su inciter les personnes présentes autour de nous à partir. Certaines me lancent un regard désolé. D’autres hésitent, mais finissent par rejoindre la piste de danse.—Alors, ma belle ? Tu n’as pas quelque chose pour nous ? me susurre-t-il à l’oreille.Sa voix grave me tétanise et un frisson d’horreur me parcourt le corps. Je serre la poch
—C’est ici ?Zéphyr hoche la tête en guise de réponse. Le petit lac qui se présente devant moi est bien Ataraxia. Nous y sommes.Après avoir rejoint le reste du groupe tout à l’heure, nous nous sommes remis en route sans perdre un seul instant. J’ai été très surprise de voir l’état dans lequel se trouvait Bastian. Des bleus et des écorchures recouvraient son visage. Moi qui pensais qu’il n’avait pas pris son rôle de garde du corps très au sérieux, qu’il abordait surtout toutes les filles de la boîte, je m’étais bien plantée. Parce qu’en réalité, il a empêché un groupe de métamorphes qui projetaient de m’attaquer au bar de mener leur mission à bien. Isaac, Zéphyr, Edden et Maximilien l’ont retrouvé pris au piège sous les coups des métamorphes. Une fois Bastian sorti d’affaire, ils se sont tous lancés à ma recherche et celle d’Angie. C’est finalement Edden qui nous a retrouvés.Et maintenant, je suis ici. À Ataraxia. Je pensais qu’il aurait fallu plus de temps
Cela fait des jours, des semaines, des mois que je n’ai pas revu Tessia. Je peine à croire qu’elle est là, sous mes yeux. J’aimerais tellement pouvoir la serrer dans mes bras. Mais pour le moment, vu la situation, c’est tout bonnement impossible. Ce que je trouve étrange, c’est qu’il n’y ait plus de serpents aquatiques aux alentours. Plus personne ne nous surveille… Est-ce qu’on me sous-estimerait? Tant mieux. Je sais que je suis capable de me libérer, je l’ai déjà fait lorsque j’étais prisonnière à l’Isolement. J’avais pu casser les barreaux de ma cellule et celle d’Isaac, puis j’avais brisé ses chaînes. Je suis donc capable d’en faire de même avec celles qui nous retiennent, ma sœur et moi. Mais je dois me dépêcher, le sang d’unisus ne va pas faire effet encore très longtemps.Je tire sur mes chaînes. Sans résultat. Les yeux bleus de Tessia s’agrandissent. Elle ne sait pas ce que j’ai appris sur moi dernièrement. Elle ne sait pas que je suis la Gémone. Je comprends qu’el
—Ça fait vingt minutes qu’on tourne en rond, grogné-je, plus qu’agacé par cette perte de temps.—Et ça fait vingt fois que tu me le répètes, rétorque Isaac.—Si tu veux que je m’abstienne de le répéter une vingt et unième fois, il faudrait peut-être que tu sois certain une bonne fois pour toutes du chemin à emprunter.—Je te l’ai déjà dit, c’est ici. Je ne sais juste pas où est-ce qu’il est rentré précisément. Tu n’as qu’à utiliser ta localisation psychique si tu ne me crois pas !—Il y a trop de monde, dis-je en jetant un regard méprisant aux passants de la rue principale de Xulumis. Cela ne servirait à rien.—Eh bien, il ne te reste plus qu’à me faire confiance, réplique-t-il. C’est moi qui ai vu Kierân partir par ici et qui l’ai suivi. Toi, tu n’étais pas là ! D’ailleurs, je me demande toujours ce qui t’a pris autant de temps ! J’ai cru que tu ne viendrais jamais et que j’allais devoir affronter Kierân tout seul&
—C’est ça, le Majestueux ? s’exclame Tessia, les yeux grands ouverts face au château se dressant devant nous.Zéphyr hoche la tête et nous passe devant, coulissant la grande porte rouge pour nous faire entrer. Tessia fronce les sourcils et ajoute:—C’est exactement le même que l’Imposant.—Oui, mais l’intérieur est bien différent, lui répond Maximilien, passant devant nous pour y rentrer.Edden et Bastian pénètrent à leur tour dans le château, visiblement ravis de revenir dans un endroit familier. Tessia reste encore quelques secondes de plus, à contempler la façade du Majestueux, puis elle m’attrape la main et nous franchissons toutes les deux le seuil de la porte afin de débarquer dans le hall. Les yeux bleus de Tessia balaient l’endroit dans son intégralité. Sa main que je sentais si crispée dans la mienne semble désormais se détendre. Elle doit sûrement être soulagée de constater à quel point le hall du Majestueux n’a rien à voir
L’obscurité, le chaos, les coups, la douleur, les hurlements. Tels sont les mots qui m’accompagnent à chacun des pas que j’effectue. Ils se collent à moi, telles des sangsues. Impossible de les éloigner. Ils refusent. Je ne sais plus où je suis. C’est le chaos total. Lorsqu’une faible luminosité parvient à se frayer un chemin dans l’obscurité étouffante, elle est aussitôt camouflée par une immense masse noire destructrice. Quelque chose me frôle le bras, et un piaillement criard se fait entendre, à quelques millimètres seulement de mon oreille. Je secoue les mains pour tenter d’éloigner le plus loin possible ce qui se trouve à mes côtés. Lorsque je pense m’en être débarrassée, un second piaillement criard se fait entendre. Puis un autre, et cela ne s’arrête plus. Bientôt, de multiples écorchures se font une place sur ma peau. J’ai beau tenter d’éloigner le danger, on dirait qu’il revient toujours plus fort. Je reçois soudainement quelque chose d’affreusement collant sur moi, qui me