Le choc me coupe les voies respiratoires. Je me laisse glisser au sol, lorsqu’une main aux longs ongles manucurés de rouge me saisit par le cou et m’arrache le poignard que je gardais précieusement contre moi.—Oh, voyons Evalina ! Un poignard ? Tu ne sais même pas t’en servir, s’esclaffe-t-elle avant de le jeter par terre. Je t’aurais bien fait une petite démonstration, mais je viens de me souvenir que j’avais quelque chose d’encore plus drôle à te montrer!Je déglutis difficilement, la main de Mélodie enserrant toujours fermement mon cou.—Tu n’es pas forcée de faire ça, Mélodie, la dissuadé-je. Tu peux encore revenir en arrière. Tu peux tout arranger, il suffit de le vouloir ! Quelque part, ton humanité doit toujours subsister !Mélodie desserre son emprise autour de mon cou.—Tu veux la voir, mon humanité cachée ? chuchote-t-elle. La voici !Elle enfonce brutalement sa propre main dans mes entrailles. Littéralement.
Trois ans avant l’arrivée d’Evalina à Réturis...L’alarme stridente retentit dans le village tout entier. Je saisis le sac à mes pieds et y fourre les quelques fruits que j’ai pu voler, puis je m’empresse de quitter ce village avant qu’il ne soit trop tard. En moins de temps qu’il en faut pour le dire, je me retrouve à la limite du village, prêt à fuir. Cela fait presque un an que c’est mon quotidien. Voler, entendre l’alarme, fuir. Chaque jour, j’explore un nouvel endroit. Et chaque jour, des attaques de trénones éclatent un peu partout. Elles n’ont jamais été aussi fréquentes qu’en ce moment. Je me demande encore pourquoi je persiste à vouloir continuer ainsi. Pourquoi je me bats. Peut-être qu’au fond, j’espère me réveiller le matin par les cris de ma sœur faisant un cauchemar. Comme avant. Mais chaque matin, je me réveille seul. Ma sœur n’est plus là. Je n’ai plus personne. Je ne sais pas où je vais.Je me retourne une dernièr