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Chapitre 1 - Chaos Organisé

— Eveline —

J'étais allongé sur une chaise extrêmement confortable, à côté d'une piscine, dans mon bikini, et je profitais du soleil. Et le plus merveilleux dans tout ceci, c'est que je suis payé pour ça.

Je savourais tranquillement une délicieuse margarita, faisant ma meilleure impression de bacon, grésillant sous la chaleur du soleil.

J'entendi les pas avant de le voir.

J’inclina légèrement la tête dans sa direction lorsqu'il apparu, mais je ne me leva pas et je baissa mes lunettes de soleil.

« Vous profitez de cette belle journée, mademoiselle Devon ? » me demanda t’il.

« Évidemment, » répondis-je joyeusement.

Il était un bel homme d'une cinquantaine d'années, mais avec encore les signes de jeunesse pas complètement effacé de ses yeux. Il faisait partie de ces hommes qui vieillissaient bien, comme le vin, avec sel-et-poivre sur les tempes, le faisant paraître plus sophistiqué qu’agé.

Il s'assoya sur la chaise longue à côté de la mienne. Pas couché mais assis sur le côté, me regardant avec ses coudes appuyés sur ses genoux. Peu d'hommes peuvent faire honneur à un costume blanc, mais il le pouvait. Les derniers boutons de sa chemise défaits, pas de cravate. Il avait l'air bien à l'aise.

Il fut célibataire toute sa vie et ça se voyait. Pas par maladresse sociale ni une personnalité solitaire, mais plutôt le type qui entre dans un club avec une femme magnifique à chaque bras – un peu coureur de jupons. Il eu quelques enfants – la plupart des Alphas ont tendance à s'assurer qu'ils ont un ou deux héritiers – mais il n’a jamais fondé un foyer.

Il flirta avec moi depuis mon arrivée, plus par habitude ou par amabilité que par arrière-pensée, mais je suis sûr que si j'avais manifesté un réel intérêt, il n'aurait pas hésité.

Je ne suis pas vaniteuse ou quoi que ce soit de ce genre, mais je sais que je parais bien - tout l'argent que je donne à mon esthéticienne n'est pas pour rien.

Là encore, je sais qu'il ne me poursuit pas sérieusement. Personne ne le fait vraiment, ou du moins ceux qui le font, soit reculent quand ils apprennent qui est ma famille, soit ne s'intéressent à moi qu'à cause de ma famille. Je suis généralement approché ou évité à cause de mon frère.

Il y a des moments où ça craint.

D'un autre côté, les gens doivent être ridiculement stupides ou mal informés pour tenter quelque chose de malfaisant envers moi, ce qui m'a isolé de beaucoup de conneries tout au long de ma vie.

Mais je ne peux pas vraiment être en colère contre mon frère pour le comportement des autres. D'ailleurs, c'est lui qui m'a confié ce travail ridiculement sympa.

« Est-ce que tu nous quittes toujours demain ? » Alpha Garcia me demanda.

« A moins qu'il n'y ait une surprise de dernière minute, alors oui."

Il me souria. « Que dirais-tu d'une petite surprise de dernière minute alors ? »

« À quoi penses-tu? » demandais-je avec le même ton espiègle qu'il m'adressa.

« Il y a un sommet sur la côte Ouest. On m'a demandé de aller, mais ce serait bien avoir quelqu’un d’aussi jolie que toi pour m'accompagner. »

« Essayez-vous de gagner des points de vantardise en ayant une Devon comme compagne à une soirée politique ? » Le coin de ma bouche se souleva légèrement.

« À peu près, » admis t’il sans vergogne.

« Donnez-moi les détails et j'appellerai à la maison. Pour voir comment ça se passerais, » dis-je. « J'aime toujours une bonne partie. »

« Hey, » répondit mon frère.

« Salut. T’es occupé? » lui ai-je demandé.

« Toujours. »

« T’as une minute ? »

J'entendi fouiller derrière pour pesqu’une entière minute avant qu'il ne me réponde : « Je t’en donne une. »

«Alpha Garcia m'a demandé de le rejoindre au Sommet du Nord-Ouest. C'est dans deux jours. »

« Où est-il cette année ? »

« Stonewillow. »

« Qui sera là? »

Je regarda une sorte de brochure qu'Alpha Garcia m'a donnée avec un tas de noms et les lus à Kaden.

« Je dois rencontrer quelques-uns d’entre-eux. Autant les voir là-bas. Ça m'éviterais le voyage. Je viendrai te chercher pour le retour à la maison.

J’étouffa un petit rire d’excitation. « Merci. »

Je pouvais donc aller m'amuser tout en travaillant sur mes relations d'affaires. Et bien sûr, sera payé pour cela.

Il y a des jours où j'aime vraiment ma vie.

— Darren —

La maisonnée baigné dams le chaos.

J'ai essayé de rester à l'écart, mais c'était tout à fait impossible. J'ai donc fait ce que je fais le mieux et nettoya les dégâts derrière tout le monde.

Je marcha d'un endroit à l'autre, prenant le relais ou réparant tous ce qui tombaient en morceaux.

Organiser des événements, c'est un peu comme ça—une sorte de chaos organisé. Un chaos qui semble n'aller nulle part jusqu'à ce qu’on atteigne la ligne d'arrivée et d'une manière ou d'une autre, tout s'est étrangement bien déroulé. Vous vous demandez en chemin, « pourquoi diable me suis-je impliqué dans tout cela ? », mais quand tout est dit et fait, vous commencez à vous demander ce qui aurait pu être mieux fait, ce qui était génial et devrait être conservé comme tel, en conclusion, planificatiant pour la prochaine fois.

Ma famille ne se livre pas très souvent à des événements massifs comme ceux-ci, et maintient les choses d'un cran ou trois plus bas, et préfère de plus petites rencontres. Mais accueillir le Sommet du Nord-Ouest, ou tout autre sommet d'ailleurs, est généralement une forte marque de prestige, et la plupart des meutes se battent pour le privilège chaque année.

Cette année, mon père a gagné.

Le fait qu'il se prépare à transmettre l’héritage à mon frère aîné Michael fut un facteur important dans sa décision. Je pense qu'une partie de lui voulait quitter la scène à son apogée. La plupart des Alphas ont tendance à abandonner leur position avant d'être assez vieux—ou pire, assez faibles—pour être défiés. Cela étant dit, donner le pouvoir à quelqu'un qui n'est pas prêt ou trop jeune est également très risqué. Dans les deux cas, quelqu'un pourrait simplement venir et le défier. Un combat pourrait tout renverser, pour perdre tout statut et pouvoir. Des générations de travail perdues d'un seul coup.

Ce fut pendant longtemps le moyen principal de devenir Alpha. Avant même que les anthropologues humains ne décidèrent d’en appeler les chefs de meutes de loups commun des Alphas, puis décident que c'était une erreur et changèrent d’idée. Beaucoup avant ça.

Les loups-garous sont connus pour sélectionner leurs partenaires très soigneusement. Plus le match est puissant, mieux c'est, heureusement, le fait que nous ayons des loup-compagnes nous a probablement sauvés du destin de tant d'humains royaux consanguins, mais notre enphase sur la force du sang a conduit certaines lignées à devenir plus puissantes que d'autres. Les Alphas étant au sommet, et notre société régie par le népotisme et la primogéniture.

Darwin et les lois de la jungle. Pour nous, c’est bien plus littéral.

De nos jours, presque tous les Alphas sont des fils d'Alphas. C’est plus facile ainsi, vous savez dès le départ qui sera le prochain au pouvoir. L'Alpha peut former son héritier et le préparer correctement. Ainsi, le fils devient bien mieux équipé pour ce poste que n'importe qui d'autre, c'est pourquoi ils sont rarement défiés.

Ça arrive rarement, à moins qu'un Alpha ne soit abusif ou dangereux pour la meute, ou qu'il devienne trop vieux. Malgré tout, des générations de sélection génétique ont rendu certaines lignées beaucoup trop puissante par rapport aux d'autres.

Quelqu'un comme mon père, même à 80 ans, pourrait encore être potentiellement plus puissant qu'un loup mineur de notre meute à son apogée.

Tout de même, comme dans ma famille, certains Alphas ont plusieurs chiots et des guerres de succession font suite. Ce sont eux les mieux placés pour prendre le pouvoir. Et donc la plupart des familles préfèrent simple de nommer l'aîné comme héritier et de ne mettre aucune idée dans la tête d'un autre, mais quelques familles préfèremt choisir le plus qualifié à la place. Cependant, il s'avère souvent que le plus âgé acquiert plus d'expérience, alors il arrive en premier de toute façon.

Dans ma famille, Michael, l'aîné, est le véritable héritier.

Il a passé toute sa vie à se préparer et à s'entraîner pour devenir un parfait Alpha.

Je pense qu'il sera bien.

Notre relation n'a pas toujours été excellente, mais je le respecte. C'est un bon gars, et il porte beaucoup sur ses épaules.

Je trouva Michael dans son bureau, recensant des chiffres et s'arrachant les cheveux.

Il fait ça souvent, je crains qu'il ne devienne chauve avant d'avoir atteint la cinquantaine.

« Besoin d'aide pour ça ? » Je demanda.

Il leva la tête pour me regarder. « S'il-te-plaît, pour l’amour de tous ce qui est divin, sauve-moi je t’en supplis. »

J’en ri et je jeta un coup d’œil à son ordinateur portable.

« Tu sais, il n'y a plus grand-chose à faire », dis-je en prenant le siège qu'il me donna.

« Parles pour toi-même, » dit-il en se laissant tomber sur le petit canapé par pur épuisement.

Je me jetta dans le travail.

Il avait fait quelques erreurs qui ont conduit à un débalancement, mais il ne me fallu pas trop de temps pour les trouver. Ça aurait été un peu plus rapide s'il m'avait dit qu’il y avait un problème dès le départ, mais le temps que les choses ce mettent à bouger, il était déjà profondément endormi sur le canapé, alors je le laissa se reposer et je m’en occupa par moi-même.

Après une heure marquée uniquement par le bruit des touches sur le clavier et le déplacement occasionnel de papiers, Michael a rompu le silence.

« Alors, pourquoi m'aides-tu exactement ? » Il maintena un bras sur son visage et été toujours allongé, immobile.

« Parce que tu as apparemment besoin de mon aide, » dis-je d'un ton neutre.

« Oui, parce que tu es juste altruiste. »

J’arrêta.

« De quoi m'accuses-tu exactement ? » la colère bouillonna dans ma voix.

« Juste que je pense que tu doit avoir une raison, » dit-il toujours immobile.

« Une raison? Comme quoi exactement ? J'ai passé toute la journée à aider ceux qui en avaient le plus besoin. Tu sais, si tu ne voulais pas d'aide, t’aurais pu le dire. Je viens de passer une heure à faire ton travail pour être accusé de machination. Ça fait chier, man. »

Il s'est levé à mi-chemin de ma diatribe, s'asseyant pour me regarder correctement, son expression illisible. « Doucement. Je ne t'accuse de rien", déclara-t’il.

« Oh, vraiment? Parce que ça na pas l’air de ça, » crachais-je.

« Je pensais juste que tu cherchais une bonne excuse pour te cacher de m’man et p’pa, je rien de plus, » dit-il en s'excusant.

J'inspira profondément avant de pousser un soupir.

« Et tu ne te caches pas toi aussi ? » Je demanda finalement, puis j'ai repris mon travail. J’e vis Michael grimacer dans en périphérie.

« Ce qu’on fait tous ? » il concéda finalement.

« Alors pourquoi l’accusation ? »

Il haussa les épaules.

Je continua mon travail pendant dix minutes complètes durant lesqu’elles il ne disit rien.

« J'ai presque fini, » dis-je enfin.

Il releva aussitôt la tête. « Oui? » dit-il, plein d'espoir.

« Oui. »

« Si rapide ? »

« Je pense que si tu dormais plus ces dernières nuits, tu aurais pu régler ça plus rapidement. »

« Ouais, peut-être », concéda t’il.

« Ça te stresse ? » Je demanda.

« Peut-être." Il frotta son visage dans ses mains puis glissa ses doigts dans ses cheveux jusqu'en arrière, laissant sa tête tomber en avant de fatigue.

« Quelque chose d'autre vous stresse ? »

« Peut-être. Je ne sais pas. »

« Les choses vont bien se passer. Tu vas t’en sortir. Le niveau de stresse de m’man et p’pa va baisser, ce qui sera plus facile pour tout le monde. Fred va revenir à temps pour donner un coup de main. Kevin et Kate sont comme des champions dans le jardin en train de gérer les choses. Je veux dire, tout le monde aide, même Max s'est sorti la tête du cul, ce qui est tout un exploit. » Ça fut sourire Michael. « Et dans quelques jours, tout va revenir à la normale, nous allons tous recommencer à nous énerver les uns les autres, et réétablir une paix relativement normale. P’pa aurait fait l'un des meilleurs coups de sa carrière, et ça ouvrira les portes correctement pour ta prise de fonction. Peut importe quand ça se produira. Et si tu as de la chance, il ne sera pas trop sur ton dos à ce moment là. »

« Tu fais sonner ça presque bien. »

« Et ça l’ait pas ? T’as des doutes ? »

« Non, juste des insécurités, peut-être. Il y a des préparatifs qui sont un peu plus difficiles à faire que d’autres. »

« Comme quoi? » Je commenca, puis j'ai compris. « Comme une mate ? » Je demanda. « Et des enfants ? »

« Personne n'aime mettre au pouvoir quelqu'un qui n’est pas près d’avoir des héritiés. »

« C’est des conneries médiévales. »

« C'est exactement les conneries de p’pa. »

« Vrai, » concédai-je. « Il te donne du fil à retordre pour ne pas avoir trouver ta mate ? »

« Pas exactement. Il n'est pas vraiment du genre à le dire à voix haute, il est juste très passif-agressif à ce sujet. »

« Man, tout le monde ne se case pas tôt. T’as encore beaucoup de temps. »

« Et si je n'ai pas de mate ? »

« Et puis ? Personne ne t’empêche de trouver quelqu'un que t’aimes. Tu peux créer le lien avec n'importe qui. Tu peux même trouver une gentille fille d'Alpha quelque part. Rendre ça politique et tout. Ça donnerait à p’pa une énorme érection. »

Il grimaça.

« Quoi? » Je demanda.

« Un lien créé n’est jamais aussi forts qu’un lien naturel. Je veux dire, c'est bien et tout, mais dans ma situation, ça me met dans une position affaiblie. Ce qui n'est pas quelque chose que p’pa tollèrerait bien. »

« Premièrement, si tu trouves quelqu'un politiquement acceptable, ça te mettrait dans une situation avantageuse, ce qui annulerait toute faiblesse que ça pourrait éventuellement causer. Deuxièmement, vous allez idéalement passer des années ensemble. Tu ferais mieux de ne pas avoir quelqu'un juste pour faire plaisir à ton propre père. Tu vas être Alpha, alors assures-toi d’avoir colonne vertébrale bien en place, parce qu’il ne te respectera jamais autrement, et s'il ne te respecte pas, alors ce sera difficile pour la meute de te respecter. Et troisièmement, tu n'as pas besoin de te marier pour devenir Alpha, d'ailleurs, tu n'as même pas besoin d'avoir d'enfants. Tu peux même choisir un neveu comme héritier si tu le souhaites. T’as cinq frères, il y a de fortes chances que tu en ayes un ou deux éventuellement. »

« Certains pourraient voir ç comme une raison valide pour me défier. »

« Man, tout peut être une raison valide pour défier si suffisamment motivé. »

Il ria. « Comment peux-tu être aussi zen ? Aucun de nous n'est zen la-dessus. »

« Tu ne l'es pas parce que tu as des intérêts là-dedans, comme nos parents. Fred et Kev ont toujours été sur leurs gardes pour intervenir si quelque chose chie. Donc, ils sont toujours sur le guait que quelque chose va mal tourner. Je n'ai aucun intérêt dans tout ça, » expliquait-je.

« Tim et Max aussi, pourtant—, » il laissa les mots en suspend comme si ça expliquait tout, ce qui était pas mal le cas.

« Tim a trouvé Anabella il y a moins d'un an et il réalise à peine les implications de ça a, et il se demande constamment où il en est. Et Ana est une tornade et il peut à peine s'accrocher pour survivre la bourrasse. Max, et bien, Max est jeune et stupide. Si nous avons de la chance, il en sortira, mais je ne retiens pas mon souffle, ou quoi que ce soit. »

Michael s’ébroua.

« Je n'ai pas de mate, » continuai-je. « Ou d’attentes de la part de n'importe qui dans ma vie. Pas pour ma carrière, ou ma position dans la meute, ou partenaire de vie, même pas de mes amis ou de ma famille. C’est difficile d’être stressé quand il n’y a pas d’enjeux. »

« Peut-être. » Il y avait une émotion indéchiffrable derrière son exprssion. Il avait l’air bien physiquement, agréables, une sorte de Joe Bon-Temps. Malgré tout, il avait toujours des airs d'assurance, son propre charisme je suppose. Un allure simple mais qui prenait de l’empleur lorsque nécessaire.

« Je suis sûr que tu vas bientôt trouver ta place, » me dit-il.

« Sûrement, » dis-je sarcastiquement.

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