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Cercle des bêtises - La Bête de Beldecour - Chapitre 2

CHAPITRE DEUX

C’était carrément un enlèvement ! Lucas l’avait forcé à placer ses livres dans son casier, à prendre son manteau et à les suivre dehors où elle avait été poussée sur le siège arrière de la vieille Camaro noire de Gael.

—On va rater tous les cours de cet après-midi. Vous savez qu’on va être punis pour ça, j’espère ?

Gael manœuvra un tournant serré et grommela à son adresse :

—La ferme ! Marjorie a dit qu’elle se trouvait près de la maison des Murray, alors on va la retrouver et comme ça on sera débarrassé de cette revenante !

—Tu vas nous aider, Saurie. Tu es plus à l’aise dans ce concept d’esprits errants que nous.

—Plus à l’aise de quoi ? J’ai une sainte horreur de ça !

Gael lui jeta un regard dans le rétroviseur.

—Tu es maudite, avoue ?

Saurie ferma le poing, sauf le majeur qu’elle tendit dans sa direction. Lucas rajouta :

—Ton nom porte la poisse, c’est certain. Je n’ai jamais vu des incidents s’enchaîner à la mention d’un nom, alors visiblement tu es maudite ou un truc du genre.

Saurie tourna la tête vers la fenêtre et l’ignora. Gael se stationna près du boisé entourant la vieille maison des Murray. Il coupa le moteur et se tourna vers Saurie.

—Pourquoi tu ne voulais pas nous dire ton nom à la cafétéria ? Il a fallu que Lucas se fende le cul pour le trouver.

Saurie allait répliquer, mais Lucas coupa court :

—On va visiter le bois ou pas ? Marjorie est peut-être vivante, elle doit être très faible et c’est pourquoi son esprit apparaît et disparaît comme ça.

Les deux adolescents descendirent de voiture, Lucas poussa le siège pour que Saurie sorte à son tour. Elle obéit à contre cœur.

—Je ne crois pas qu’elle soit vivante.

Les deux jeunes hommes se tournèrent vers elle, surpris.

—Pourquoi ?

—Qu’est-ce que tu racontes ?

Saurie se dodelina d’un pied sur l’autre.

—Elle est morte. Sans doute étouffée ou enterrée vivante. Avec les années, j’ai appris à différencier les vivants des morts. C’était très difficile lorsque j’étais enfant. Marjorie est sans doute morte assassinée hier soir, c’est peut-être pourquoi elle s’exprime plus clairement. Plus le temps passe après leur décès, moins les fantômes sont précis dans leur discours. Vous voulez vraiment attirer l’attention du tueur sur vous deux ?

Gael secoua négativement la tête, Saurie commença à respirer avec soulagement, mais il déclara :

—Tu vas nous aider à la trouver et on te protègera si le tueur découvre qu’on a quoi que ce soit à faire tous les trois dans cette histoire. Nos pères étaient policiers, on connaît les procédures, Lucas et moi.

Lucas rajouta :

—L’histoire sera la suivante : Nous avons voulu t’aider parce que tu ne te sentais pas bien, Gael a pensé que marcher un peu dans la nature t’aiderait et nous avons sauté nos cours pour prendre l’air dans le boisé près de la maison des Murray. Le hic, c’est que nous sommes tombés sur Marjorie et nous avons appelé la police après avoir fait la macabre découverte.

Saurie plissa le nez et croisa les bras.

—Vous m’avez carrément kidnappée, je n’avais pas du tout l’intention de sauter mes cours et encore moins avec vous deux !

Ils la saisirent bras dessus, bras dessous et s’avancèrent vers la petite forêt près de la maison blanche isolée. De loin, on aurait pu croire que les deux jeunes hommes soutenaient l’adolescente pour marcher, mais en réalité Saurie laissait trainer ses pieds derrière-elle volontairement. Gael la souleva brusquement en poche de patates sur son épaule et lui donna une claque sur le postérieur.

—Tu vas arrêter de faire la mauvaise tête.

Lucas observa autour d’eux.

—Difficile de savoir si Marjorie est encore ici.

Gael examina quelques branches d’arbuste cassées et constata :

—Je ne comprends pas qu’elle soit venue ici. Les dernières personnes qui l’ont vu ont raconté qu’elle était restée à la polyvalente après la pratique des majorettes pour ramasser du matériel. Nous sommes loin de l’école et elle était à pied, alors elle doit être logiquement arrivée ici en voiture et elle a tenté de s’échapper près d’ici.

Saurie s’appuya des coudes contre les omoplates masculines en appuyant très fort, histoire de l’incommoder.

—Elle est morte par là-bas.

Gael jeta un regard par-dessus son épaule et fronça les sourcils.

—Pourquoi tu dis ça ?

Saurie se débattit pour qu’il la dépose par terre, ce qu’il fit. Elle pointa du doigt un ravin peu profond qui délimitait le terrain des Murray avec celui abandonné des Poirier.

—Il y a cinquante ans, une étudiante modèle, adulée de tous, a été retrouvée morte, à moitié enterrée dans le ravin. Les recherches ont duré deux semaines et c’est un chien vagabond, qui est revenu avec un doigt dans la gueule, qui a conduit les policiers sur la piste du cadavre. Le meurtrier ne fut jamais découvert.

Ils prirent la direction du ravin sans se consulter. Lucas poussa des branchages du bras et retint Saurie par l’épaule lorsque son pied glissa dans la terre humide. Un petit ruisseau coulait non loin, le sol était toujours mou et malléable. Gael parcourut les environs du regard, puis se tourna vers ses comparses, mais son pied écrasa quelque chose qui fit « crac » et il baissa la tête pour constater qu’il venait de casser le nez de Marjorie Trudel. Ils poussèrent tous un hurlement de terreur et reculèrent. En trébuchant, Saurie avait découvert le haut du visage de Marjorie sans le savoir. Lucas grimaça :

—On a trouvé Marjorie. Le monstre qui a fait ça l’a enterré vivante. C’est horrible, vraiment horrible !

Gael cacha son nez et sa bouche du dos de sa main.

—Elle est morte les yeux ouverts sous la terre, dégoûtant.

Saurie se frictionna les bras.

—Vous appelez la police ?

Lucas saisit son téléphone et composa le numéro de son père.

—Papa, tu dois venir avec une escouade près du ravin de la demeure des Murray, dans le boisé. Nous sommes tombés sur Marjorie Trudel.

Il écouta les directives de son père, puis coupa la communication.

—Il suggère de s’éloigner un peu pour ne pas perturber les lieux du crime.

Gael hocha la tête, mais l’esprit de Marjorie Trudel jaillit devant lui en hurlant et il glissa vers l’arrière. Comme il tombait vers le ruisseau au fond du ravin, Lucas tendit la main pour le retenir sans y parvenir et Saurie porta les mains à son visage, effrayée de le voir se rompre le cou. Gael tenta de freiner sa chute avec ses talons, agrippa une branche d’arbre et faillit se disloquer l’épaule dans le mouvement. L’arbre le suivit dans sa glissade jusqu’au ruisseau. Saurie hurla alors de terreur et Gael leva les yeux pour constater que ce qu’il tenait n’était pas une branche qui sortait de la terre, mais le bras à moitié décomposé d’une femme qu’il avait tiré hors du trou où on l’avait enterré des semaines plus tôt. Sans le vouloir, il avait libéré le corps de sa cachette. Il lâcha la morte et tomba assis dans l’eau, l’inconnue aux vêtements déchirées non loin de lui. Lucas repris son téléphone et ferma les yeux sur la vision d’horreur de son ami d’enfance figé et sale dans le trou d’eau avec une deuxième victime d’un tueur fou.

—Papa, c’est encore moi. Tu vas avoir besoin de chiens, on vient de trouver un deuxième cadavre en voulant nous éloigner.

Il raccrocha comme son père voulait poser des questions.

—Je vais mourir, c’est horrible. Elles ne méritaient pas ça.

Lucas attira la jeune fille contre lui et la berça. Gael frissonna, pas par le froid. Il s’était échoué dans un ruisseau avec une femme assassinée. En y regardant de plus près, il l’a reconnue :

—Je l’ai vu aux nouvelles.

Saurie sortie le bout de son nez de l’étau réconfortant de Lucas.

—Qui est-ce ?

Gael grimaça :

—La journaliste Zoey St-Jean qui a disparue en camping il y a un mois. Elle était venue campée dans les montagnes avec des amis et un matin, elle n’était plus là. Ils l’ont cherché partout et la police a conclu qu’elle s’était faite attaquée par des coyotes en s’éloignant des campeurs pour aller pisser.

Lucas acquiesça :

—Je me souviens, ils n’ont trouvé que son blouson déchiré avec du sang dessus.

Saurie sauta sur place.

—Vous êtes en train de dire qu’un tueur en série se promène depuis un mois dans les bois de Beldecour ?

Les aboiements des chiens et les conversations des hommes en uniforme les obligèrent à garder pour eux leurs commentaires.

*****

Les Mannigan possédaient une demeure ancienne qui aurait eu besoin d’un nouveau toit, de nouvelles fenêtres et d’une bonne peinture sur les bardeaux gris de l’immense bâtiment avec une tourelle sur la façade qui lui donnait un air lugubre. Saurie adorait sa maison, elle était tellement moche qu’elle éloignait les curieux et donnait l’impression d’être hantée. Sauf qu’elle ne l’était pas grâce aux nombreux exorcises de sa tante Mesra. Que le reste de sa famille ne voie pas et ne croit pas la plupart du temps aux fantômes, c’était une chose, mais qu’ils vivent dans un lieu envahi par les esprits errants auraient été une catastrophe et Saurie remerciait chaque jour le ciel d’avoir offert à son étrange clan une femme si excentrique et originale. Mesra avait pris à cœur d’éloigner les âmes non vivantes de leur chaumière décrépite. Mesra adorait sa nièce et elle avait compris, lorsque cette dernière était à peine âgée de deux ans, que les énergies des spectres la perturbaient.

Le « ding dong » lugubre de l’entrée résonna et Mesra interpella ses deux nièces qui lisaient chacune un livre, avachies sur les divans antiques du salon.

—Saurie, Perséphone, vous pouvez répondre ?

Perséphone se leva lentement, la sonnette la fit grimacer et elle lança à sa cousine en passant devant-elle.

—Il est temps qu’il fasse réparer la sonnette, on dirait qu’elle manque de batterie.

Saurie gloussa. Elle partageait cette opinion, c’était la plaisanterie des habitants de la demeure, au grand dam de leur vieil oncle qui voulait tout réparer lui-même. Perséphone ouvrit en grand et s’appuya au chambranle dans une pause nonchalante, ses longues mèches bleues bouclant autour de son visage ravissant.

—Puis-je vous aider, messieurs ?

Lucas recula d’un pas. Il dévisagea la créature rebelle de Beauharnois Privilège.

—Perséphone Mikelson ?

Gael fronça les sourcils en examinant un message texte sur son téléphone.

—Je pensais que c’était la maison des Mannigan ?

Perséphone acquiesça avec un lent sourire de chat qui joue avec la souris.

—C’est bien la maison des Mannigan, mais je porte le nom de mon défunt père. Nous ne sommes pas tous des Mannigan de nom, mais de naissance, oui.

Gael la poussa brusquement pour entrer et Perséphone perdit de sa superbe devant son adversaire dans la catégorie « mauvaise réputation ». Lucas s’excusa et le suivit à l’intérieur. Perséphone claqua la porte.

—Faites comme chez-vous, surtout ne vous gênez pas !

Saurie leva le nez de son livre comme ses deux « faux amis » entrèrent dans le salon. Elle fut sur ses pieds dans un bond et s’éloigna à l’autre bout de la pièce.

—Persy, pourquoi tu les as fait entrer ? Ils sont fous !

Perséphone haussa les épaules, les poings sur les hanches.

—Tu penses qu’ils m’ont laissé le choix ?

Elle pointa Gael du menton.

—L’imbécile de St-Clair n’a pas de manière.

Il l’ignora et s’avança vers Saurie.

—Tu fais tout pour qu’on ne puisse pas parler avec toi, Saurie ! On a décidé de te rendre visite, ce sera plus simple pour une petite discussion.

Saurie se cacha derrière un fauteuil qu’elle tint comme un rempart entre eux.

—Tante Mesra, on m’attaque !

Mesra sortie de la pièce adjacente avec des cartes dans les mains et s’arrêta net pour sourire jovialement aux deux jeunes hommes.

—Oh, que de belles âmes que voilà !

Lucas fut mal à l’aise. Il connaissait Mesra, tout comme Gael. Ce dernier serra les dents.

—Esmeralda M. St-John. Une Mannigan, bien sûr.

Mesra pencha la tête de côté et offrit un sourire apaisant à Gael.

—Tu es devenu un jeune homme de qualité, Gael. Ton père serait fier de toi.

Gael serra les poings et se tourna vers Saurie qui les dévisageait tous les trois.

—On peut parler avec toi, Saurie ?

Elle secoua négativement son joli minois et se décida à hocher la tête brusquement.

—D’accord, à trois conditions.

Lucas fronça les sourcils.

—On veut te parler, on ne veut pas te marier.

Saurie lui tira la langue.

—Trois conditions.

Gael grommela :

—OK, crache-les tes conditions !

Saurie s’humecta les lèvres et leva un doigt.

—Un. Je veux que vous compreniez que je n’ai aucune envie d’être votre amie, que vous m’effrayez tous les deux et que vous allez devoir faire un effort pour arrêter de crier ou de me tirer par les bras à tout moment.

Lucas acquiesça, Gael balaya l’air de la main.

—Compris. L’autre condition ?

Elle leva un deuxième doigt.

—Deux. J’aimerais que vous arrêtiez de dire le nom Mannigan comme s’il était teinté de dégoût et qu’il était synonyme de vers de terre.

Ils soupirèrent, fixèrent le plafond un moment, puis acceptèrent en hochant la tête. Saurie se mordit la lèvre avant de lever un troisième doigt :

—Quelle est votre relation à tous les deux avec ma tante Esmeralda Mannigan St-John ?

Lucas fixa le sol et joua du pied sur le tapis se trouvant devant les divans. Gael glissa les mains dans ses poches. Mesra coupa court à l’inconfort de la situation.

—C’est à cause de moi, en partie du moins, que le père de Gael est mort et que celui de Lucas a perdu son meilleur ami et qu’il a divorcé.

Perséphone se rapprocha. Saurie attendit la suite. Mesra leva les bras au ciel.

—J’étais la maîtresse des deux policiers les plus téméraires et têtus de Beldecour. C’était les meilleurs amis du monde depuis toujours, des partenaires, des frères. Je les aimais tous les deux, ils le savaient et me demandaient de choisir. Ils étaient mariés, ils avaient des enfants, je ne pouvais pas choisir. Ça faisait à peine un an que mon mari Jimmy s’était noyé dans les bayous de la Louisiane, lors du voyage qui devait souligner notre deuxième anniversaire de mariage. J’étais tiraillée entre mon affection pour St-Clair et Mathis, mais je ne voulais pas briser leur famille.

Saurie et Perséphone étaient bouche bée de cette histoire s’étant déroulée dans leur enfance, lorsque leur tante favorite avait à peine vingt-quatre ans. Mesra continua :

—Je travaillais dans un restaurant à la sortie de la ville, un homme est entré dans l’établissement dans le but évident de tirer sur sa femme qui venait de le quitter. St-Clair et Mathis étaient attablés et je discutais avec eux. Ils étaient en service et s’étaient arrêtés pour manger. Je me suis retournée lorsque l’homme est entré, la femme était à deux pas de moi. Elle s’est levée en panique, j’ai voulu la pousser d’instinct pour la protéger, il a tiré et St-Clair m’a attrapé par la taille pour me protéger de son corps. La balle lui a déchiré la trachée et il est mort dans mes bras. Mathis a descendu l’homme. Ce jour-là, Jake a compris que j’aurais choisi Nicolas St-Clair si j’avais eu le courage de le faire. Il a perdu son meilleur ami et sa maîtresse le même jour.

Gael inspira profondément et s’adressa à Saurie :

—Mon père est mort pour protéger sa maîtresse, ma mère l’a su et celle de Lucas également lorsque Jake Mathis était inconsolable pour deux raisons très évidentes. Nos familles ne se sont plus adressé la parole depuis. C’est à cause de toi, Saurie, que Mathis et moi avons recommencé à nous voir.

Perséphone constata avec un sourire narquois :

—Visiblement, l’affection de vos paternels pour Mesra est contagieuse, vous ne lâchez pas ma cousine Saurie depuis la découverte du corps de Marjorie Trudel.

Saurie grimaça :

—Vous devriez continuer à ne plus vous parler. Ce serait tellement mieux pour tout le monde.

Mesra secoua la tête :

—Je n’avais peut-être pas le droit de m’éprendre de deux hommes mariés à mon retour à Beldecour, mais vos pères étaient des âmes de qualité, des êtres d’exception. Je ne regretterai jamais de les avoir connus. Ils s’aimaient et se respectaient beaucoup, c’était des frères de cœur.

Lucas soupira :

—L’histoire de nos pères respectifs est taboue, je ne veux pas en parler. Tout ce qu’on veut St-Clair et moi c’est discuter avec Saurie.

Mesra lança brusquement le paquet de cartes qu’elle tenait à la main dans les airs en disant :

—Attrapez-les !

Même Perséphone se précipita pour attraper les cartes, mais elle n’en attrapa qu’une comme Lucas, Gael et Saurie qui avaient réagi par réflexe. Mesra sourit et ramassa de leurs mains les quatre bouts de carton.

—Intéressant.

Elle se tourna vers les quatre adolescents en tenant les cartes de tarot à la main, un grand sourire aux lèvres illuminant son visage séduisant.

— L’empereur debout, la lune renversée, le soleil debout et le monde renversé. Vous serez tous les quatre liés par une fraternité et une amitié à l’affection sincère dans un projet commun dont l’action et la persévérance amènera un accomplissement, la réalisation d’un but pour autrui. Cela ne sera pas facile. L’effet de la réalité avec l’autre côté du miroir, le monde des morts, en plus de votre vie de tous les jours qui vous distraira. Ce sera des embûches difficiles à surmonter. La confusion, les fausses suppositions et les recherches longues et complexes seront sur votre chemin, mais ce que vous ferez et la révélation à certains morts, qui ignorent ce qui leur est arrivé, sera votre gloire et une destinée qui vous apportera beaucoup.

Un long silence suivit les paroles de Mesra. Les quatre adolescents la dévisagèrent. Ce fut Perséphone qui s’insurgea la première de cette lecture du tarot improvisée :

—Tante Mesra, tu exagères ! De quoi parles-tu ? Je ne suivrai pas ces trois-là dans leur cercle des bêtises, tu dérailles !

Mesra sourit, amusée :

—Quel joli nom pour votre quatuor ! Le Cercle des bêtises, c’est intéressant que ce soit toi qui choisisses le nom de code de votre future amitié, Persy.

La jeune fille aux boucles azur tourna les talons et quitta la pièce. Saurie poussa un soupire à se dégonfler et les deux garçons se tournèrent vers elle. Lucas prit la parole le premier :

—On se rejase, Saurie, ta tante est en pleine psychose.

Gael n’argumenta pas, loin de là, et ils se dépêchèrent de fuir les lieux. Saurie se tourna vers la personne la plus importante à ses yeux parmi les membres de sa famille excentrique. Position qu’elle reconsidérait depuis cinq minutes dans son palmarès des meilleurs liens familiaux.

—Pas que je voudrais critiquer ta manière d’être ou de faire les choses, tante Mesra, mais si jamais j’avais désiré me lier d’amitié avec ces deux têtes de mule c’est foutu.

Mesra haussa les épaules.

—Tu seras amoureuse de l’un des deux éventuellement, à moins que ce soit Persy … je vois une Mannigan au cou de l’un de ces garçons, je ne saurais dire lequel par contre. Fais-moi une faveur, ne fais pas la même erreur que moi, ne t’éprends pas des deux.

Saurie pâlit et secoua frénétiquement la tête.

—Aucun de ces bouffons, je te promets ! Je laisse ça à Persy si ça lui chante !

Mesra se pencha pour ramasser ses cartes et sa nièce en profita pour prendre la poudre d’escampette. Inutile de continuer à entendre de telles âneries ! Sa tante pourtant encore si jeune, à peine trente-cinq ans, était visiblement frappée de folie.

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