5 : Les heures souterraines.

{Les heures souterraines, de Delphine de Vigan}

Semaine 22 - Vendredi

La fin de journée arrivait enfin, et Ava souriait bêtement devant sa tablette en écoutant distraitement son professeur. Deux semaines auparavant, Elizabeth et elle avaient fêté la saint Valentin, en retard évidemment, puisque que la blonde travaillait le vrai jour, depuis Ava fondait d'amour pour sa professeure et cherchait le bon moment de lui dire. Ce qui n'était pas chose facile étant donné la dose de travail qu'elle avait pour les cours, les heures au bar qui étaient toujours les mêmes mais qui avec le reste de ses études la tuaient. Et puis pour son mémoire elle avait beaucoup de livres à lire, alors dès qu'elle avait un moment elle se plongeait dedans, et travaillait ainsi. Heureusement Elizabeth comprenait et l'acceptait très bien, en tout cas elle ne lui montrait pas si ça n'allait pas. Mais ce soir était son jour de congé exceptionnel au bar, alors elle s'était arrangée et avait planifié une soirée sans travail juste avec sa belle. Donc quand son cours fut terminé, elle prit à peine le temps d'emballer convenablement ses affaires, pour sortir rapidement de la salle et foncé au bureau d'Elizabeth, qui lui avait envoyé un message une vingtaine de minutes avant pour lui dire qu'elle était dans son bureau. Alors quand elle arriva, elle entra sans frapper, mais se figea quand elle vit sa professeur d'histoire assise face à le brune qui avait de grands yeux, apeuré par son apparition soudainement.

-Oh excusez moi. Souffla Ava.

-Que venez vous faire ici mademoiselle Smith? Grogna sa professeur.

-Veuillez m'excuser Madame Martinez, Madame Wright m'avait proposé de passer maintenant, car je lui avais demandé. Expliqua la blonde.

Sa professeure, avec son air stricte et fermé, se tourna vers Elizabeth, la regardant d'une telle manière qui sous entendait qu'elle attendait son avis. La blonde n'aimait pas ce professeur, elle était dure, surtout avec elle à cause de son passé, elle était extrêmement coincée, conservatrice et fermé d'esprit, Ava était persuadée qu'en fait elle était coincée dans un des chapitres de l'histoire qu'elle leur enseignait.

-Effectivement j'avais demandé à Ava de venir me voir. Appuya la brune. Je te laisse t'installer dans le canapé Ava. Victoria, je vous laisse remplir les formulaires, et revenez vers moi la semaine prochaine au moindre problème. Invita-t-elle, laissant entendre qu'elle voulait qu'elle parte.

-Bien, je le ferais. Accepta la femme avant de se redresser dans son tailleur jupe. Elle attrapa son sac et partit vers la porte. Bon week end Elizabeth. Fit elle avant de sortir, en fermant la porte derrière elle.

Et puis le silence. Elizabeth garda un regard sur la porte une minute, et sûre qu'elles étaient tranquilles, elle se leva et alla rapidement près de la blonde, debout à côté d'elle, elle attrapa son visage pour embrasser son front puis ses lèvres.

-Bonjour. Souffla-t-elle. Je suis désolée, Victoria est-

-Une coincée insupportable qui ne peut pas me voir en peinture car je suis une ex-tolarde pas très hétéro, orpheline qui fait un mémoire sur le spectre de la sexualité et du genre. Argua Ava.

La brune la regarda en silence, étonnée.

-C'est à peu près ça je pense. Reconnu-t-elle. Je dois avouer qu'elle n'était pas favorable à ton arrivée ici, mais je m'en fiche, tu es là et tu réussi, c'est le plus important. Assura-t-elle.

-Je sais. Je me fiche d'elle, je la supporte depuis plus de cinq mois, presque six, je peux continuer tu sais. Sourit Ava, pour la rassurer. Mais pour le moment, la semaine est fini, j'ai du travail par dessus la tête pour le week-end, mais ce soir c'est juste nous.

-Oui, soirée romantique avec ma chérie. Sourit Elizabeth en se penchant de nouveau sur elle.

-Ta chérie? Releva la blonde, pensive. Hmmm j'aime. Ronronna-t-elle avant de recevoir un long baiser.

-J'espère, car tu es ma chérie. Souffla la brune en l'embrassant un peu plus. On rentre chez moi, avant que je me laisse emporter. Décida-t-elle en se détachant d'elle.

Ava gloussa, en étant assise dans le canapé, la regardant ramassé ses affaires, puis elle se leva, plaçant son sac sur son épaule, quittant le bureau avec la brune. Cette dernière ferma à clé avant qu'elles ne prennent l'ascenseur. À peine les portes fermées, Ava remonta son regard vers sa professeure.

-Dis, y a une caméra ici? Demanda-t-elle.

-Bien sur, pourquoi? Interrogea la brune en la regardant droit dans les yeux.

-Je t'aurais embrassée sinon. Sourit Ava, en se mordillant la lèvre.

Elizabeth sentit son ventre se tordre, alors qu'elle arrivait au rez de chaussée.

-Ne fais pas ça. Gronda discrètement Elizabeth, avant de sortir de l'ascenseur rapidement suivie par la blonde qui retenait un éclat de rire. Elles quittèrent le bâtiment, se rendant sur le parking, en laissant un écart approprié entre elles. Sûres de pas être vues, elles entrèrent dans la Mercedes noire. Je te déteste des fois.

-C'est pas vrai. Charria Ava. Maintenant démarre, je meurs d'envie de t'embrasser. La brune grogna en démarrant pour partir vers chez elle. Sur la route, Ava se pencha et déposa un baiser dans le cou de son amante. Alors on fait quoi ce soir?

-Deux possibilités, on va au restaurant avant de rentrer, ou on mange chez moi, on commande ou je cuisine comme on veut, et on se regarde un film en même temps. Quelque soit le choix, je te ramènerais dans mon lit ensuite. Argua la brune, en tentant d'ignorer les lèvres de la jeune femme dans son cou.

-J'aime l'idée d'être chez toi. Juste chez toi, avec un plat commander, chinois c'est bien. Souffla la blonde en s'asseyant. Ça te va?

-Parfait, tant que tu es là, tout me va, tu le sais bien. Sourit Elizabeth.

-Tu le dis souvent, mais je m'y fais pas. Sourit tendrement Ava.

Quelques minutes après elles arrivaient dans la maison, à peine la porte fermée, qu'Ava sautait sur son professeur pour l'embrasser ardemment. Elizabeth eut du mal, mais finit par s'en détacher pour aller commander le repas, avant de la retrouver dans le salon. La blonde venait souvent, alors elle avait appris à faire quelques petites choses, comme faire le feu, alors depuis quelques temps elle le faisait à chaque fois qu'elles arrivaient en même temps. Celui ci allumé, les deux femmes tombèrent dans le canapé pour s'enlacer en s'embrassant, tout en partageant un mot sur leur journée. Une fois qu'elles eurent leurs repas, elles se mirent un films, un sélectionné dans la liste lgbt movie qu'elles avaient établi ensemble pendant les vacances. Et après seulement vingt minutes de film, Ava courut chercher son carnet pour prendre des notes pour son mémoire.

-J'adore cette actrice, et elle est vraiment belle. Remarqua la brune, avant d'enfourner une bouchée de nouilles aux légumes.

-Chuut. Souffla blonde qui prenait en note tout en écoutant le discours du personnage.

-On avait dit pas de travail, Ava. Soupira la brune, ses épaules se baissant de désespoir.

-Je sais mais ce qu'elle dit est génial. Rétorqua Ava en prenant note.

Elizabeth serra les dents, perdant toute sa bonne humeur, se repliant sur les nouilles et les bouchées vapeur. Elle avait toujours su que les études d'Ava représentaient tout pour elle, mais elle en avait marre de si peu la voir. Elle était amoureuse, et bien qu'elle n'est rien dit, elle ressentait de forts sentiments pour son étudiante. Elle voulait plus de temps avec elle, elle voulait confesser tout l'amour qu'elle avait pour elle, mais en étant sûre que la blonde ne fuirait pas, et lui rendait même.

Semaine 23 - Mardi

Ava avait cours dans quelques minutes, masi elle était sur le point d'entrer dans le bureau de la brune. Elle avait quelque chose à lui dire et était pratiquement sûre que ça allait soit la mettre en colère, soit le rendre triste, et aucune de ces solutions n'avaient vraiment l'air sympa. Elle frappa à la porte, ne voulant pas réitérer ce qui c'était passé le vendredi précédent.

-Entrez! Elle s'exécuta et vit sa professeure, lunettes transparentes sur le nez. Quand elle vit la blonde elle afficha un sourire. Depuis quand tu frappes Ava?

-Depuis que la situation était étrange vendredi. Gloussa la blonde.

-Effectivement, une idée pas si mal. Reconnu la brune dans un rire, avant de jeter un oeil à l'heure sur son ordinateur à sa droite. Que fais tu là? Tu as cours bientôt.

-Je voulais te parler. Informa Ava en venant s'asseoir face au bureau de la brune.

-Et tu ne m'embrasses pas. Tu vas me quitter? Interrogea Elizabeth.

-Bien sur que non. Mais je veux te parler de ce soir. Répondit la blonde.

-Tu veux sortir? Ou diner chez moi? Proposa la brune retrouvant son sourire perdu quelques instants plus tôt.

-Non, en fait Rosa ma collègue au bar, elle est malade, donc mon patron m'a demandé de faire plus d'heures hier soir, et j'ai dis oui, j'ai commencé plus tôt et finit plus tard, donc plus d'argent, c'était juste hyper intéressant pour moi. Mais j'ai du travail en retard du coup, je dois étudier toute la soirée. Se justifia directement Ava, alors qu'elle voyait le visage de son amante se décomposé.

-Tu annules notre soirée? S'assura Elizabeth.

-Je suis désolée. Promit dimanche on fait un truc bien, sympa, ce que tu veux, mais ce soir je dois bosser à fond. Expliqua la blonde.

-D'accord. Murmura la brune.

La professeure appuya sur ses lunettes pour les remettre bien sur son nez, en se renfrognant. Elle baissa la tête, en soupirant, reprenant son crayon pour se replonger dans son document. Et là Ava su, elle n'était pas en colère, par contre elle était triste et blessée.

-S'il te plaît m'en veux pas. Supplia la blonde en lâchant son sac pour rapidement contourner le bureau et s'accroupir devant la brune sur son siège, prenant ses mains. Je suis désolée, je dois travailler, j'ai pas le droit à l'erreur.

-Je sais, je t'ai dis que c'était bon. Remarqua Elizabeth.

Mais la blonde l'entendait et le voyait, ce n'était pas bon. Elle avait reprit cette attitude du premier jour, en pire même, elle était très froide. Rigide et distante, et la blonde détestait ça.

-Je te connais maintenant, tu sais. Je sais que ça va pas, je savais avant d'entrer que ça irait pas. Souffla la blonde.

-J'ai du travail Ava, laisse moi s'il te plaît. Réclama la brune en se remettant face au bureau.

Ava se redressa douloureusement, et abdiqua, elle avait cours, elle ne pouvait pas s'éterniser.

-Ok, à demain. Murmura-t-elle en déposant un baiser sur la tempe de son amante avant de récupérer son sac et de quitter le bureau.

Apeurée pour la suite elle partie en cours pour l'après midi, avant de finalement rentrer chez elle le soir. La porte de son appartement fermée derrière elle, elle se débarrassa de ses chaussures et de sa doudoune, posa son sac, et se déshabilla pour enfiler un pantalon souple et un sweat large avec une capuche retenant ses cheveux. Puis elle s'installa à son bureau avec sa tablette, ses notes, et ses cours, et se plongea dedans. Vers neuf heure elle se fit réchauffer un plat tout préparé pour ne pas perdre de temps, et mangea en travaillant, essayant de ne pas penser, son téléphone en silencieux sur son lit. Elle ne fit pas attention à l'heure, mais alors qu'il faisait nuit, elle sursauta en entendant des coups sur la porte. Des coups porté régulièrement et sans arrêt. Elle se leva rapidement sans même lâcher son crayon.

-Qu'est ce qu-Elizabeth? Interrogea la blonde.

La brune avait l'air en colère, remontée, et elle poussa Ava par le torse, la faisant ouvrir la porte au passage et entra à l'intérieur. La blonde sentit son estomac se tordre, se doutant que la suite n'allait pas être des plus plaisante. Elle ferma la porte et nerveusement elle porta son crayon à sa bouche pour le mordiller, attendant la suite, alors que Elizabeth avait posé son sac à main sur la table basse.

-Le mardi soir, c'est notre seule soirée, l'unique de la semaine où je t'ai. Sans que tu sois ailleurs, sans que quelqu'un perturbe notre moment. C'est juste nous. Argua Elizabeth. Tu peux pas l'annuler.

-Je le fais pas de bon coeur. Mais j'ai du travail. Soupira Ava en montrant son bureau des yeux.

-J'ai cru toute la journée, que au moins tu viendrais à la fin des cours, ou que tu m'appellerais juste pour un mot ou alors que tu me proposerais de venir dormir ici, même si tu travaillais, histoire qu'on soit ensemble. Mais rien. Tu m'as laissé de côté. S'agaça la brune.

-Je te l'ai toujours dit Elizabeth, les études passent avant tout pour moi. Je te l'ai dis avant que tout commence, quand j'étais juste l'élève, après notre premier rendez vous. Rappela posément Ava, qui sentait la migraine arriver. J'ai toujours été super claire là dessus.

La mâchoire de la brune se décrocha, n'arrivant pas à réaliser que ce qu'elle venait d'entendre était réel. D'ordinaire, la blonde était d'une douceur à toute épreuve, elle était vraiment adorable, toujours là pour la rassurer sur son physique, pour lui rappeler qu'en plus d'être belle, elle était intelligente et cultivée, elle était toujours prête à échanger avec elle, à la rendre heureuse. Alors son attitude de ce soir faisait bouillir toute la colère et la frustration d'Elizabeth, et elle savait pertinemment que ce n'était pas une bonne idée, quand elle était en colère elle ne contrôlait ni ses pensées ni ses paroles.

-Et alors quoi? Je dois me contenter de quelques heures volées par ci par là? Comme un vulgaire plan cul de mademoiselle! S'exclama la brune.

-J'ai jamais dis ça! S'exclama Ava. Je te dis simplement que bien que tu comptes pour moi, que notre relation m'importe, je ne peux pas me permettre de te choisir, toi et nos rendez vous alors que j'ai enfin une chance de réussir. Expliqua la blonde, en tentant de garder son calme, alors qu'elle voyait bien que tout pouvait déraper à tout moment.

-Des milliers d'étudiants savent coordonner vie de couple et travail et toi tu n'en serais pas capable peut-être? Argua Elizabeth. Même moi, quand je faisais mes études et que j'étais tout aussi sérieuse et assidue je trouvais du temps pour mon copain de l'époque, et ma copine pendant mon mémoire.

-Je veux pas savoir. Grogna la blonde. Gardes tes vieilles histoires de sexe et tes ex pour toi, je veux pas savoir, merci. S'agaça-t-elle en contournant la brune pour s'asseoir sur son fauteuil.

-Je dis simplement que les deux sont compatibles. Que l'on pourrait se voir sans que tu mettes tes études en péril. Se justifia durement la brune.

-Et bien j'ai un taff' en plus, si tu te souviens! Entre les heures de cours et celles au bar, je suis complètement crevée. S'agaça Ava. Ça ne remet pas en cause notre relation ou ce que je ressens pour toi, mais je ne peux pas-

-Te le permettre je sais. Mais j'en ai marre d'être là seulement quand tu as du temps libre. Grogna Elizabeth. Regarde, même vendredi soir on avait une soirée juste nous deux et tu as finis par travailler devant le film. Même une heure et demie pour se câliner devant un long métrage tu ne peux pas oublier le travail. J'ai l'impression que tout est plus important que moi. Argumenta-t-elle.

-Non, c'est pas vrai! S'exclama Ava. Mais je n'ai pas le droit à l'erreur, je dois réussir, j'aurais pas le droit à une troisième chance, je peux pas échouer, ni redoubler. Je dois avoir mon diplôme! Prouver que je suis pas qu'une délinquante et me donner des chances d'avenir ouvertes! Et moi j'ai pas une famille riche pour assurer mes arrières!

-Pardon?! S'écria la brune, les yeux s'écarquillant, sous le choc, n'arrivant pas à croire que la blonde utilisait sa famille comme argument contre elle.

Elle avait raconté, peu après Noël, que sa famille était riche, un héritage confortable des générations précédentes, mais en plus de cela ses parents avaient un travail qui leur permettaient un gros salaire, alors oui, elle était issue d'une famille riche. Bien qu'elle était indépendante, et refusait l'argent de ses parents, étant leurs seule enfant, elle savait qu'à leurs mort elle hériterait de tout. Elle ne voyait que peu sa famille, car ils étaient à Seattle déjà, et puis sa mère était toujours la tête dans le travail, elle passait quatre vingt dix pour cent de son temps à l'hôpital, et le reste de son temps était consacré à son mari, qui lui avait beaucoup de travail, en tant que directeur d'université, la plus prestigieuse de la ville, il avait aussi beaucoup de responsabilités, et puis il ne descendait jamais la voir si sa mère, Lauren, ne pouvait pas. Bien que ses parents étaient toujours dans le travail, que sa mère étaient très stricte, ils étaient inséparables, très proches, et partageaient tout, Elizabeth se savait chanceuse d'avoir ses parents d'une soixantaine d'années encore amoureux.

-J'ai dis, reprit Ava, que je n'avais pas une famille rich-

-J'ai entendu! Coupa la brune, la voix forte. J'en reviens pas que tu dises ça. Je n'ai pas choisi la famille dans laquelle je vis, comme tu n'as pas choisis tes parents biologiques! Tu n'as pas le droit de me reprocher d'être issu d'une famille riche. Je vis sans eux, je suis indépendante au même titre que toi!

-Mais ils t'ont payer ta vie d'étudiante! S'exclama la blonde, laissant tomber les barrières pour dire le fond de sa pensée. Alors ouais, tu avais juste les cours et donc le temps d'avoir une vie personnelle bien plus chargée que la mienne.

-Je ne m'excuserais pas d'avoir eu de la chance! Gronda Elizabeth. Je n'ai pas choisi ma famille au même titre que toi!

-Je suis bien d'accord! Mais tu ne peux pas débarquer ici et râler parce que je ne suis pas avec toi! Râla Ava. J'aurais adoré mangé au restaurant et puis folâtrer dans tes draps avec toi ensuite, mais j'ai du travail et c'est important. Et je n'ai jamais joué avec toi, j'ai toujours été claire et sincère, mes études passaient avant tout, et mon job j'en ai besoin pour payer ma bouffe et mon logement, alors je l'abandonnerais pas! Argua-t-elle.

-Je n'ai pas demandé de l'abandonner! S'exclama la brune. Mais déjà si tu me laissais t'aider des fois pour tes courses ou le ménage, t'aurait moins de choses à faire et par conséquent on pourrait passer plus de temps ensemble! Mais non, tu veux toujours tout faire toute seule, tu ne me laisses pas entrer dans ton quotidien, tu me laisses les dimanches et encore tu travailles, et des fois le mardi soir, mais rien de plus! Je ne suis qu'une distraction, et je ne supporte pas ça!

-Tu n'es pas une distraction! Argumenta la blonde. Mais-

-Mais tes études passent avant tout. Coupa Elizabeth, en soupirant. Elle se pinça l'arrête du nez, se tourna vers la table basse et attrapa son sac. Et bien tu sais quoi, puisque les études sont plus importantes que tout, que nous deux, oublis moi, je ne serais plus que ton professeure.

-Elizabeth! Arrêta la blonde alors qu'elle s'apprêtait à partir.

-Non c'est bon, tu veux ton diplôme plus que moi, on veut pas la même chose, alors bonne chance, et on se reverra en cours Miss Smith. Finit  la brune avant de quitter l'appartement en faisant claquer la porte derrière elle

Ava resta figée, n'en revenant pas. Elles venaient de rompre. Et une part d'elle voulait poursuivre Elizabeth, une autre part était consciente que c'était vrai, elles ne voulaient pas la même chose, et la blonde ne pouvait pas faire passer les études au second plan. Alors elle resta là, la laissant partir. Elle l'avait perdue.

Semaine 24 - Mardi

Ava était allongée dans son lit, enroulée dans sa couette, regardant un film. En rentrant des cours, elle avait fait les quelques devoirs qui lui restaient -elle avait moins de travail depuis quelques jours- puis elle avait pris une douche, fais à manger, et là elle avait eu le vide. Comme dimanche d'ailleurs, ce vide oppressant, cette envie de fêter le fait qu'elle avait moins de travail et du temps pour elle avec une seule et même personne. Mais elle ne l'avait plus. Alors déprimée, elle avait à peine mangé, et avait attrapé son livre, mais elle était incapable de se concentrer dessus, alors elle avait décidé de regarder un film, qu'elle suivait à peine. Elle tournait son téléphone dans sa main, ne sachant pas quoi faire. Aujourd'hui, cela faisait pile une semaine qu'elle et Elizabeth avait rompu. Les cours de sociologie et philosophie étaient étranges, Ava ne se mettait plus au premier rang, mais un peu plus en retrait, pour ne pas avoir sa professeur trop près. Tout avait changé. Elle ne pouvait plus lui parler à la fin des cours, plus lui demandé conseil, plus aller dans son bureau quand elle avait une pause. Mais encore ça elle pouvait s'y faire, ce qui lui manquait le plus c'était les échanges, les paroles, les sourires, les rires, les embrassades. Chaque moment avec Elizabeth lui manquait. Et ce soir encore plus, elles auraient dû passer sa soirée sans travail ensemble. Elle déverrouilla son téléphone, et alla sur la conversation avec Elizabeth. Elle soupira et appuya son pouce sur le symbole du dictaphone.

*Bonsoir Elizabeth, c'est moi Ava...Oui c'est bête, c'est marqué en haut de ton écran.* Un silence. *Je ne sais pas vraiment pourquoi je fais ça, je sais que ça changera rien, mais je suis seule dans mon lit la place vide à côté de moi, et je pense à toi.* Elle soupira. *Tu me manques.*

Elle stoppa l'enregistrement mais le laissa en suspend. Elle doutait, après tout c'est la brune qui avait rompu avec elle, bien que c'était à cause de ses agissements, et en une semaine elle n'était pas venue vers elle. Ni en cours, ni par messages, ni rien. Peut-être que Elizabeth était passé à autre chose, après tout la blonde était tombée amoureuse, mais ne lui ayant rien dit elle n'avait aucune idée des sentiments que la brune pouvait avoir pour elle, alors si ça se trouve elle était la seule à être amoureuse. Agacée -et apeurée d'être encore plus rejetée et humiliée- elle supprima son enregistrement et éteignit son téléphone, avant de fermer son ordinateur d'un coup et de se coucher. Elle s'endormit, des larmes perlant sur ses joues.

Semaine 24 - Jeudi

Le cours de philosophie venait de se terminer et tout les élèves partaient un par un. Ava laissa son regard trainer sur sa professeur en sortant, sans voir cette dernière lui jeter un coup d'oeil juste avant qu'elle disparaisse. Elizabeth soupira et se laissa tomber sur sa chaise. Elle avait le coeur en miette, ça faisait deux semaines, elle avait versé plus de larmes qu'elle ne s'en croyait capable, mangé en si peu de quantité qu'elle avait à peine touché à son frigo, mais par contre elle avait descendu sa liste de films romantiques et lgbt. Elle était complètement déprimée, et n'avait aucun moyen de s'en sortir quand elle voyait Ava presque tout les jours.

-Madame Wright? Entendit-elle d'une petite voix incertaine.

Elle se tourna et son souffle se coupa, en voyant l'objet de ses pensées, de sa tristesse et de son coeur brisé se tenant droit près de son bureau.

-Oui? Répondit-elle en se redressant, se mettant debout, tentant de se reprendre.

-Désolée de te-vous déranger, j'avais encore un livre à to-vous en ma possession. Alors je viens vous le rendre avant d'oublier. Déclara Ava, extrêmement mal à l'aise, grimaçant à chaque fois qu'elle se trompait.

Elizabeth regarda le livre qu'elle lui tendait. Elle lui avait prêté dans le cadre de son mémoire avant leur séparation, et étrangement, elle ne voulait pas le récupérer. Elle avait l'impression qu'en reprenant ce livre plus rien ne la rattachait à Ava, elle n'aurait plus aucune raison de lui parler, plus rien qui les rapprochait, plus aucun lien entre elles.

-Es tu sûre? Tu n'en as plus besoin pour ton mémoire? Demanda la brune.

-J'ai pris en note ce qui m'importait, et je ne voudrais pas garder vos affaires trop longtemps. Je ne veux surtout pas vous gêné. Expliqua la blonde, de plus en plus gênée.

Elizabeth soupira et prit le livre dans ses mains, ses doigts effleurant ceux de la blonde qui frissonna, en laissant passer un ronronnement court incontrôlable.

-Merci. Murmura Elizabeth avant de déglutir.

-Merci à vous. Souffla Ava en remettant ses lunettes avant de pousser une mèche derrière son oreille. Je..Je vais vous laisser, j'ai du travail, bonne journée..Madame Wright. Finit-elle avant de faire demi tour.

Elizabeth la regarda partir avant de retomber sur son siège, alors qu'Ava se laissait aller contre le mur dans le couloir une fois sure qu'elle ne la verrait pas. Voir sa professeure était douloureux, mais lui parler comme si elle n'était rien de plus que son professeur, était encore plus douloureux. Elle regarda l'heure, et partit vers son cour suivant. Elle l'avait perdue, alors si elle n'avait plus celle qu'elle aimait, elle allait sombrer dans les cours et son mémoire, et réussir. Elle avait besoin d'une victoire après ce véritable échec, et les dernières heures et jours sombres qu'elle venait de passer.