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Chapitre 2

Chapitre 2

La semaine suivante, je n'avais toujours pas  oublié cette histoire avec Ivan Clotaire. Comment l'aurais-je put avec son fils dans ma classe ? Cet enfant, je peux dire qu'il était tout sauf normal. Parfois, son comportement me donnait froid dans le dos.

Joël était tellement... Comment dire? disons particulier ? En tout cas, il était aussi étrange que son père lui-même pouvait l'être. Joël ne parlait pas beaucoup. A vrai dire, il ne parlait presque jamais. Il n'était pas comme les autres enfants de ma classe. Il se tenait toujours sage. Il  ne s'agitait jamais. Il ne souriait jamais. Un vrai petit robot. Tous ces éléments m'avait donné de quoi alimenter ma curiosité. Je n'en finissais donc pas de me poser des questions. Je voulais savoir.  Savoir quoi ? Je ne savais même pas. C'était ça le plus déroutant dans cette histoire. Bien vrai que de nature altruiste, j'avais pour habitude de m'impliquer plus qu'il n'y fallait auprès de mes élèves, je ne m'étais jamais montrée aussi fouineuse jusqu'ici. Aujourd'hui je le sais,  j'aurais dû rester à l'écart de tout cela. 

Et pourtant, le jour où j'ai aperçu une dame s'entretenir avec le petit garçon étrange,  je n'ai pas put m'empêcher d'être fort intéressée. Debout à une distante raisonnable, je les ai observé. Devant le portail de l'école, la jeune femme se tenait baissée à la hauteur du petit enfant. L'air maternel, elle lui caressait tendrement la joue. Était-ce elle la mère de Joël ? La fameuse junkie ? Incertaine, je l'ai longuement détaillé. Elle était jolie. Je ne pouvais pas le nier. Vêtue d'un beau tailleur, elle semblait avoir de la prestance. Le constat après ma brève analyse était sans appel. Cette femme avait tout d'une personne normale. Ça ne pouvait pas être elle la soit disante toxicomane ! En tout cas, si cette jeune femme  était une droguée, je voulais bien être à mon tour la fée clochette.   Ivan Clotaire avait-il  mentit ? Perplexe, je n'eus d'autre choix que de me faire ma propre idée. Sans hésiter, j'avais donc abordé la jeune femme. 

—Excusez-moi madame, bonjour.

Levant la tête, la jeune femme m'a scruté un moment. Passé l'effet de la surprise, son regard était devenu méfiant.

— Je suis Ella, me suis-je alors dépêchée de me présenter la main tendue. Je suis l'institutrice de Joël. 

Soudainement plus détendue, la jeune femme s'est alors dressée à ma hauteur. 

— Bonjour madame, m'a t-elle alors salué en me serrant la main.

Avec subtilité, j'ai tout de suite tenté de satisfaire ma curiosité.

— Vous devez sûrement être la maman de Joël ? Je suis ravie de faire enfin votre connaissance. Il ya quelques jours j'ai eu à discuter du travail de votre fils avec votre  époux, monsieur Clotaire.

En face de moi, j'ai vu la jeune femme se raidir. Le regard soudain durcit, elle m'a détrompé.

— Le docteur Clotaire n'est pas mon époux. 

C'était alors à mon tour de me figer. Docteur, elle avait dit ? Ainsi Ivan Clotaire était un médecin ! Cet  homme si bizarre ! Je tombais des nues. La tête pleine d'interrogations, j'aurais sans doute poser des questions. Mais la jeune femme ne m'en a pas donné l'occasion. Comme si elle s'était soudainement  rendue compte qu'elle avait parlé plus qu'il n'y fallait, elle a précipitamment mis un terme à notre conversation.

—Excusez-moi madame mais il faut que je parte, a t-elle lâché le regard à l'affût un peu comme une bête traquée.

Ensuite, elle s'est éloignée. En me laissant  son fils surtout ! Qu'est-ce qu'elle avait à s'être enfuie comme ça ? En jetant un regard perdu au petit garçon à mes côtés, je suis restée perplexe. Pourquoi la maman de Joël ne l'avait pas emmené avec elle ? Qui  était cette femme ? Décidée à tirer cette histoire au clair, je me suis d'abord résolu à attraper la main de mon petit élève et à le conduire jusqu'au bus scolaire qui était sensé le reconduire chez lui comme ses autres camarades. Après quoi, j'ai foncéctout droit au bureau du directeur. Par un bref résumé, je lui ai fait le point de la situation.

—Et vous dîtes qu'elle s'est enfuie ? m'a t-il demandé.

—Oui ! Je lui ai répondu. Elle s'est enfuie comme ça sans raison en m'abandonant son garçon.

Soupirant bruyamment, le directeur a eu l'air bien embêté. Pensif, il a gratté son crâne dégarni.

—Y en marre de ces parents divorcés qui viennent foutre le bordel dans mon école, a t-il lâché exaspéré.

Le directeur avait raison d'être autant irrité.  Ce genre de situation délicate étaient tellement récurrentes.  A l'école, nous étions fréquemment confronté à des parents qui s'entre-déchiraient pour la garde de leurs enfants. Le cas présent en lui-même n'avait donc rien d'exceptionnel. 

—Je suppose qu'il faut appliquer la procédure habituelle dans ce genre de cas et prévenir le père, a déclaré le directeur l'air las. 

Saisissant l'occasion de me rendre utile, je lui ai aussitôt proposé mon aide.

 

— Je peux le faire si vous le souhaitez. Le petit Joël est mon élève et j'ai déjà eu à établir le contact avec son père.

Le regard suspicieux, le directeur m'a jaugé un moment par dessus ses lunettes. Finalement, il a décliné l'offre. 

— Merci bien miss Morgan pour votre sollicitude. C'est aimable à vous mais je vais me charger moi même de contacter le père de ce petit. En tant que directeur, cette responsabilité m'incombe. 

Quelque peu déçue, je n'ai eu d'autre choix que de me résigner.

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