Ethan part tôt, peu après que nous ayons fait l’amour. Il se glisse hors du lit après m’avoir câlinée quelques minutes et murmuré « Je t’aime ». Il croit que je dors. Je ne le détrompe pas. Ce n’est pas faute d’avoir envie qu’il reste, bien au contraire. Être séparée de lui, la semaine précédente, était aussi atroce que d’être amputé d’un membre. D’une partie de moi-même. À présent qu’il est de nouveau là, j’ai un peu envie de m’accrocher à lui. De le serrer si fort que nos corps se confondent. Que nous nous mélangions et que je sente son amour, sa lumière, rayonner à l’intérieur de moi pour toujours.
S’il savait que je suis réveillée et que je le regarde sortir, s’il savait combien je me sens vide sans lui, il lui serait impossible de partir, même pour s’occuper de notre mariage.Et j’ai besoin qu’il me laisse, au moins un moment. Il faut que je réfléchisse à ce que je vais faire ensuite. D’un côté, c’est très simple. Ethan et moi, ensemble. Pour toujours. C’est notre de
Ethan En cet instant, je n’ai jamais rien vu de plus magnifique qu’elle. Et ce n’est pas rien, quand on sait combien de fois cette pensée m’est déjà venue. Nous sommes dans mon domaine viticole de Toscane, et les vignes s’étendent à perte de vue.En début de soirée, le ciel s’embrase de teintes ocre, rouge et or. La beauté – riche, puissante, inoubliable – apparaît dans chaque pouce de terrain, chaque bouffée d’air. Et malgré tout, Chloe Girard Frost est ce qu’il y a ici de plus beau. En cet instant, elle se tient pieds nus au milieu d’un ancien pressoir à vin, ses longs cheveux roux volant au vent, sa jupe coincée entre ses cuisses. Elle a les pieds bordeaux alors qu’elle piétine les grappes sans relâche, et ses mains sont posées sur son ventre arrondi. L’un des vignerons s’adresse à elle, et je la vois rejeter la tête en arrière pour rire à gorge déployée. C’est un son sublime, magique. Et qui pour moi n’ira jamais de soi.
Personne ne m’avait prévenue que si on qualifie les Louboutin de « mortelles », c’est parce qu’elles vont réellement causer ma mort avant ce soir.Oh, je sais ce que vous pensez. À quoi est-ce que j’aurais pu m’attendre avec des escarpins rouge vif aux talons de douze centimètres ? Certes, elles ont la réputation d’être confortables. Mais les femmes savent bien qu’après quelques heures et quelques kilomètres, les plus confortables des chaussures à talons se transforment en instruments de torture.Même moi, je le sais. Et ce n’est pas rien, sachant que j’ai passé l’essentiel de ma vie en jean et tee- shirt. Avec des ballerines – mes chaussures préférées. En cet instant, je vendrais mon âme au diab
— Salut Chloe ! s’écrie ma colocataire sans lever les yeux vers moi.Elle est occupée à se vernir les ongles de pied avec la teinte verte la plus criarde que j’aie jamais vue. — On a reçu un colis pour toi, il y a une heure environ. Je l’ai mis sur ton lit, ajoute-t-elle.— Un colis ?Mon premier geste après avoir refermé la porte de l’appartement est de me débarrasser des instruments de torture rouge vif que j’ai portés toute la journée, et de les balancer à travers le salon du bout du pied. Je les regarde avec satisfaction se cogner contre le mur du coin-repas. Ce n’est pas comme ça qu’on traite des Louboutin à 1 000 dollars, mais au point o&ugra
Cher M. Frost,Bien que très touchée par la délicate attention dont témoigne votre cadeau, je ne peux pas l’accepter. Un aussi beau blender que celui-là... Cher M. Frost,Bien que j’apprécie la délicate attention dont témoigne ce charmant cadeau de bienvenue, il ne me semble pas approprié de l’accepter. En tant que stagiaire, je ne peux percevoir aucune rémunération... Cher M. Frost,Merci pour votre délicate attention. Cependant, je crois qu’il serait inapproprié que je l’accepte. Je vous présente mes excuses pour les désagréments occasionnés, et vous sais gré de votre compréhension.J’ai apprécié notre rencontre d’hier. Merci de vous être donné tant de mal pour m’accueillir. Bien sincèrement,Chloe Girard.Aussi incroyable que ça puisse paraître, ça m’a pris la moitié de la nuit, de rédiger cette lettre pour Smoothie Boy. Ethan. M. Frost. Quel que soit son nom. Après avoir dormi seulement deux heures et demie, peu m’importe la façon dont il veut q
Ethan sursaute de surprise devant ma réponse.— Non ?!On croirait qu’il n’a jamais encore entendu ce mot, mais je sais de source sûre que c’est faux. Je le luiai dit moi-même, hier. Juste avant de faire exactement ce qu’il voulait.Mes joues s’empourprent à cette pensée, même si je sais que cette fois, ça va se passer autrement. Jene vais pas céder. Je ne peux pas. Même si j’en meurs d’envie.— Non. Je suis désolée, mais c’est une mauvaise idée.Je m’attends à ce qu’il proteste. Il penche la tête de côté et me dévisage longuement, comme s’ilpréparait ses arguments. Mais pour finir, il se contente d’une question.— Pourquoi ?— Parce que ! Ce stage est très important pour moi. Je me suis vraiment cassé le
Je ne vais pas y arriver. Je le sais. Je suis dans les toilettes des femmes au premier étage du bâtiment 3, luttant de toutes mes forces pour ne pas pleurer. C’est idiot, j’en suis consciente. Après tout, j’ai déjà traversé bien pire. J’ai entendu et vécu des choses bien plus horribles.Mais ça remonte à longtemps, et à l’époque, je m’y attendais. Je m’y étais préparée. Ici, dans ce boulot dont j’espérais tant, cet endroit où j’avais tellement envie de mettre le pied, d’apprendre et d’apporter ma pierre, c’est un million de fois pire que lorsque j’étais plus jeune.Dire que la journée ne s’est pas bien passée serait un euphémisme. Rick est un vrai connard, champion pour me harceler sans en avoir l’air. Il est à la tête de l’op&ea
Il me dévisage un long moment, l’air vraiment horrifié.— Est-ce que j’ai bien compris ? finit-il par demander. Vous trouvez que je dépasse les limites ?— Pfff, évidemment. Je pensais m’être fait comprendre.Pendant une fraction de seconde, l’homme confiant que j’ai vu jusqu’à présent disparaît, et il sembledéboussolé. Puis son visage se ferme, masquant toutes ses émotions.— Je suis navré. Je pensais pour ma part vous avoir rassurée sur le fait que votre stage n’était pasremis en cause. Quoi qu’il puisse se passer ou ne pas se passer entre nous, vous n’avez rien à craindre de ce côté-là.— Merde, Ethan, je n’ai jamais dit que vous me harceliez sexuellement. J’ai dit que vous aviez dépassé les limites en tant que patron, lorsque vous m’avez confié le meilleur dossier. Je n’ai pas besoin de vos faveurs. Surtout pas quand elles ne m’attirent que des ennuis.Il se détend un peu.— Au sujet de ce dossier, ce n’est pas ce que vous croyez.— Oh, vraime
Mais les meilleures choses ont une fin – à mon grand regret. Alors que les frissons s’estompent et que ma conscience se réveille, je retrouve tout ce que j’avais banni pendant ces quelques instants.Ethan, toujours à genoux devant moi, m’embrasse les hanches et le ventre. Une partie de moi voudrait rester ici, dans ce moment. Le laisser me caresser tout son content. Ou tout le mien.Mais il faudrait plus que quelques baisers et un orgasme mémorable pour me faire oublier la noirceur que je porte en moi. J’ai pu l’enfouir tout à l’heure, la faire taire, mais à présent – alors que je reprends contact avec le monde – elle est là, attendant de m’avaler tout entière.Je suis trop à vif, trop écorchée. Mes défenses ont volé en éclats sous la violence du plaisir qu’Ethan m’a donné – et sou