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Chapitre 3

Je suis en peignoir et je bloque devant la robe que mon père m’a apportée. Une robe cocktail, rose pâle. Le bustier était incrusté de diamants sûrement faux, enfin quoi que maintenant je peux en douter. Ça fait déjà dix minutes que je la regarde et je n’ai pas envie de la passer. Je décide de l’enfiler. Et bizarrement elle me va à la perfection. Elle tombe parfaitement sur mes pieds, elle est ajustée à la taille et le dos nus tombe parfaitement. La jupe est légèrement fendue, pile comme il le faut ni trop peu ni pas assez. Je passe au maquillage et à la coiffure. J’ai accentué mes yeux et j’ai laissé mes cheveux noir tombé en cascade sur mon épaule. 

C’est beaucoup trop pour un homme que je ne connais pas. Je n’ai jamais porté ça pour Kaïs, et je ne porterais jamais ça pour lui aujourd’hui. Les larmes commencent à monter, c’est lui que j’aime et le jour de ma demande en mariage je me retrouve à aller voir un autre homme. Je suis complètement dévasté. Comment c’est possible ?  

« Benthi (Ma fille), il y a les chaussures aussi. Ta mère avait tout préparé pour ton rendez-vous … sa voix est pleine de sanglots, j’ai mal pour lui...

- Merci beba, je lui fis une petite bise sur le front et j’enfile une paire de couleur crème. Il y a un châle qui va avec la robe beba ?»

Il me tend un magnifique châle rose pâle, serti de diamant et une boîte à bijoux. Il pose doucement le châle sur mes épaules et je prends le temps d’ouvrir la boîte à bijoux. Je tombe sur une magnifique rivière de diamant avec son bracelet et de jolies boucles d'oreilles. Mes larmes sont présentes, je suis émue que ma mère ait tout préparé à l'avance pour que tout soit parfait, même si j’ai le cœur brisé. Je mets alors les bijoux et j’entend en même temps le bruit du quartier qui s'élève jusqu’en haut de la tour. La limousine est arrivée c’est sur. 

« Ma fille, tu es magnifique, sa voix s'apaise un peu

- Merci beba, Je vais y aller, il doit m'attendre. »

Je l'embrasse et me dirige vers la porte. Djelloul et Rania me regardent et me dirent en même temps :

« Wallah (Je le jure sur Dieu) tu fais gaffe, t'es belle. Mais je crois que tu ne vas pas descendre toute seule, j'explose de rire.

- Merci, Djelloul tu m'accompagnes touplais ? Je lui fais ma tête de bébé” 

C’était couru d’avant, pas besoin d'attendre sa réponse qu’il me tient déjà la main. La descente de l’ascenseur est beaucoup trop lente, les étages ne passent pas assez vite. Ou alors elle est trop rapide… Je ne sais pas, je ne sais pas si je suis pressé de le voir ou si je vais lui cracher dessus en arrivant la bas.  Arrivée au pied de la tour, une limousine blanche m'attendait. Je regarde mon frère les larmes aux yeux, il me murmure à l'oreille que tout se passera bien et qu'il nous suivrait avec Farid, son meilleur ami. il dépose un baiser sur mon front et je m'approche de la limousine et un homme habillé tout de noir m’attend patiement pour m'ouvrir la porte.

« Mademoiselle, prenez place, monsieur vous attend.

- Bien, merci. »

Je m'apprête à rentrer dans la voiture, quand je vois toute la cité me regarder. Mais plus particulièrement Kaïs. Il vient de réaliser que c’est moi. Je le vois courir en hurlant mon prénom. Mes larmes coulent, je ne peux rien faire... Je ne veux pas le blesser. Je monte dans la voiture et demande au chauffeur de se dépêcher de partir.

Je regarde par la vitre le corps de Kaïs retenue par les jeunes du quartier et je peux l'entendre crier encore :

« Je suis un zoulette moi, ma femme elle part avec un autre ? Je suis un PD moi ? Moi Kaïs, si je ne me venge pas de ce fils de pute je meurs tout de suite ! »

Je ne sais pas ce que je peux faire, je vais écrire à Kaïs « Kaïs, hobi, haiyati, habibi,( Mon amour)  mon rajel (mon homme)... je t'aime, mon cœur seras toujours à toi, mon esprit, mon âme et mon corps aussi. Je suis tienne depuis le jour où tu as touché mes lèvres. Je t'aime jusqu'à la mort même plus... »

J'éteins mon portable et j’ai aperçu la voiture de mon frère nous suivre. Après une bonne heure de route, nous arrivons d'un restaurant étoilé. La voiture s’approche du parking et mon estomac devient lourd, très lourd. J’ai l'impression que plus la voiture s’approche, plus la boule me paraît énorme. J’ai les mains qui tremblent et j’ai du mal à déglutir. J’angoisse, j’angoisse de plus en plus. La voiture s’arrête et je ne veux plus descendre, je veux rentrer. Je commence à angoisser réellement. J’ai la gorge nouée, je vais lui dire de faire demi-tour. C’est le bruit de la portière qui me réveille de mon angoisse, le chauffeur est juste devant moi et me tend un écrin. 

« Mademoiselle, votre mère, a confié votre diadème au prince. Il voudrait que vous le portez ce soir, son ton est si robotique

- Euh, mais je n'ai pas prévu de le porter ! Je n'ai rien pour l'attacher, j’ai la voix qui se brise et le main qui tremble de plus en plus

- Laissez moi faire, me dit-il en posant sa main sur les miennes »

Ce tout petit geste d’un inconnu me rassure. Il pose le diadème dans mes cheveux et celui-ci tient à merveille, comme s’il était fait pour moi. Je me retourne et distingue la voiture de mon frère avec Farid. Je souffle en imaginant Farid dire à Djoudjou : « Aaah Princesse toi aussi tu devras porter une couronne »

Je rigole toute seule mais le chauffeur me coupe :

« Mademoiselle, monsieur vous attend. »

Retour brutal à la réalité. L'ascenseur émotionnel n’a pas décidé de s’arrêter pour ce soir. Je me dirige vers l'entrée du restaurant. Un tapis rouge, avec des pétales de rose sont éparpillés un peu partout, un grand lustre de cristal montre la splendeur de la pièce. C'est dans un restaurant très chic qu'il m'a invité, je ne sais pas comment je vais réussir à payer ma part... Je m'approche de l'accueille et presse sur la clochette, une femme accoure :

« Bonjour, madame, que puis-je pour vous ? Vous avez réservé ?

- Mademoiselle Euh je veux dire Princesse Kahina du Qatar

- Excusez-moi, je ne vous ai pas reconnue... Suivez-moi !, elle passe devant l'accueil et me fait une révérence»

Nous nous dirigeons vers un petit salon, ça sera un peu plus intime que dans la salle où tout le monde se trouve. J'entends une voix masculine surgir de celle-ci. 

«Papa, elle est en retard ; une princesse ne se doit pas d'être en retard. »

La femme toqua à la porte,

« Oui ?

- La princesse est arrivée. »

La femme me laissa la place pour rentrer. Je déglutis un coup, souffle et entre dans la pièce.

Je pénètre dans la salle et  je voiis de jolies mur gravé, de la mosaïque blanc, dorée et bordeaux. De jolis rideaux blancs en voile tombent tout le long des murs. De douce bougie à l'odeur de rose, parfume la pièce. J'entends le bruit de l'eau qui coule, c'est apaisant, mais je n'ose pas me retourner pour voir d'où ce bruit provient. Je sens qu'il bouge derrière moi, je ne veux pas qu'il découvre mon visage. La boule qui pèse dans mon estomac est toujours présente. Bien trop présente.

Je me retourne et découvre une fontaine murale, magnifique avec de douces lumières dans le bassin. La pièce me fait penser à un hammam . La table trône au milieu de la pièce, deux assiettes sont dressées, de jolies liserés dorés dessinés tout le long de celle-ci apportent une touche de luxe. De jolis bouquets de roses sont éparpillés partout dans la pièce ainsi que des pétales bordeaux et blanche. Il n'a pas fait les choses à moitié… Enfin il a dû demander à ce qu’on mette en scène la pièce surtout.

Je ne sais pas où me mettre, j'avance doucement vers la fontaine et met ma main droite dans l'eau et joue avec les petites bougies dorées qui flottent. Je n'apprécie pas ce qu'il a dit à son père sur moi avant que j'arrive. Je viens seulement de réaliser que ma vie est un mensonge et je dois déjà rencontrer mon futur mari. J'ai vraiment du mal à réagir...

Je l'entends se racler la gorge.

«Salem Aleykoum (Bonjour), j'espère que le voyage n'as pas été trop long ? Son ton est sec et violent

- Aleykoum Salem (Bonjour), Veuillez m'excuser pour mon retard, mais la journée a été très éprouvante pour moi... ma voix est tremblante et mes yeux sont plein de larmes de colère.

- Vous avez entendu ce que j'ai dit à mon père ? Est-ce qu'il regrettait ce qu'il avait pu dire précédemment ?

- Je ne voulais pas écouter à la porte, j’ai toujours la main dans l’eau, l’eau m'apaise, Veuillez m’excu…

- Ne vous excusez pas, c'est de ma faute, il me faudra à l'avenir être plus patient. »

A l’avenir, la boule au ventre redevient lourde… Je ne réponds pas, je ne sais plus quoi. Je ne veux pas d'un mektoub ( avenir/destin) avec lui . Je l'entend reculer une chaise :

« Je vous en prie venez, vous asseoir, vous n'allez pas rester debout aussi longtemps, il parle plutôt bien avec un ton solennel

- Je ne veux pas que vous montrez mon visage....

- Je peux comprendre, mais je suppose que le plat qui va bientôt arrivé, désire que vous le mangiez. »

Je ne savais plus quoi faire, partir ? Non, mon frère sortirait de la voiture pour le tuer, il pensera qu'il m'a fait du mal... Je décide de souffler une nouvelle fois, et je me dirige vers la table en baissant la tête.

Je m'installe à table et vois son corps musclé se déplacer en face. Je ne veux toujours pas voir son visage. Je repense une nouvelle fois à Kaïs. Une fois nos visages découverts tout sera réel...

« Je peux vous tutoyer ?

- Je suppose que ça nous détendra et que l’ambiance sera plus paisible. C'est trop officiel....

- Enfin. Bon, je compte jusqu'à 3 et à 3 tu me montres ton visage et tu découvriras le mien ! Le ton qu’il emploie à changer d’un coup comme s’il devenait enfin lui même

- Non je ne suis pas prête, ça va trop vite ! Je suis prise de panique

- 1

- Non ! Ma curiosité commence à me trahir et un rire m’échappe

- 2

- Non, ne me force pas, je rigole à moitié, il le fait exprès.

- 3 »

Ma curiosité a pris le dessus...

Le temps s’arrête, je ne vois plus que ces yeux. Ces yeux noisette, ils sont si magnifique, ces longs cils accentuent son regard profond et intense... Sa barbe est parfaitement taillée, elle entoure de douces lèvres charnues et roses. Il me sourit, et je distingue de belles dents blanches. Son nez est plutôt aquilin. C'est un beau mec. Il dégage pas mal de charme ! Il passe sa main dans ses cheveux bouclés. Et remplace sa couronne. J’ai du mal à déglutir, je suis stupéfaite, je m’attendais à voir quelqu’un de moche.

« En tout cas, tu es sublime !

- Euh merci... »

L'entrée arrive et je commence à jouer avec mon assiette... Je ne sais pas quoi lui dire. De longue minute s’écoule et je commence par manger ma salade dans un silence de mort. Rien ne vient chambouler notre repas. C’est à ça que va se résumer ma vie...

«Je sais que tout cela est compliqué, Kahina. Mais ce n'est pas en baissant la tête que nous allons pouvoir nous connaître. Il faut qu’on tisse des liens, que je sache au moin si tu aimes le blanc ou le noir !

- Je ne veux pas de ce mariage, j'ose enfin dire ce que je pense.”

Je ne me suis pas rendu compte mais j’ai pratiquement hurlé. Je relève la tête et il me regarde, il dépose lentement sa serviette sur la table et me dit 

“Moi non plus, tu sais. Je suis en couple depuis longtemps, et je ne peux pas me marier avec celle que j'aime parce que mon père désire tenir sa promesse. Je pensais qu’avec le temps il l’aurait oublié. Mais non. Ça ne m’arrange pas tout ça.  »

Il est donc amoureux, donc nous pouvons tout annuler. J’entrevois enfin une lueur d’espoir ! 

« Il faut tout annuler alors. Racontez ce que vous...Enfin racontes ce que tu veux dire à ton père, que je ne suis plus pure, que je suis déjà marié, que mes parents pensaient que tu avais déjà fait ta vie ! Peu importe mais annule ce mariage !

- Si je pouvais nous ne serions pas là, son regard devient de plus en plus intense et noir

- Mais moi aussi je suis amoureuse, moi aussi je veux être heureuse, je veux que tout le monde soit heureux. Nous ne nous connaissons pas alors, pourquoi se marier ? Les larmes glissent toutes seules, je me retiens depuis trop longtemps.

- Parce que nous devons récupérer ce qui nous revient, ce qui t’appar… je lui coupe la parole

- Je devais me marier, moi aussi, tu le sais ? Hein avec mon copain qui m'aime depuis 2 ans maintenant, qui attendait qu'on se remette de la mort de ma mère. Il est venu pour la khotba ( demande en mariage) aujourd'hui, et on a appris que je t'étais promise ! Tout est gâché, tous mes plans. J'étouffe un cri et un sanglot

- Non ne pleure pas s'il-te-plait, il s'avance vers moi, sa voix lui aussi est tremblante.

- Mais pourquoi ? Je suis sûr que ça te brise le cœur aussi de devoir te marier avec moi?

- Arrête…

- Trouve une solution. “

Le temps s’écoule et les plats se succèdent, le silence qui pesait tout à l’heure et de nouveau présent. Je n’ose même plus le regarder. Mes larmes tâchent la nappe et ma boule au ventre risque de devenir mon ami. 

“Nous pouvons nous marier pour les médias. On se marie devant Allah pour avec nos âmes sœur. Ils viendraient vivre avec nous au palais? "

Et si c’était la solution ?

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