Share

Chapitre 3

La pièce était grande, ma chambre était minuscule comparé à celle-ci. J'ai commencé par le grand garde-robe et j'ai fini avec la fenêtre qui donnait une magnifique vue sur l'océan. Cela m'a pris une grosse heure par chambre, ce qui me permis de terminer vers midi. Mon ventre commençait sérieusement à crier famine, n'ayant pas mangé ce matin. Je suis donc allée porter les produits de nettoyage là où ils étaient. Après m'être perdue deux fois, je finis par trouver la cuisine. À ma plus grande surprise, un bol de soupe encore chaud reposait sur le comptoir.

-Êtes-vous là ? Demandais-je.

Aucune réponse.

Il y avait un petit mot à côté du bol, ce dernier citait que c'était pour moi et que j'avais fait un joli travail. 

Un joli travail ? Il avait déjà inspecté les trois chambres que j'avais nettoyées ce matin ?

Mon repas englouti, je partis explorer le manoir. Si quelqu'un organisait une partie de cache-cache, bonne chance à celui qui devra chercher... J'avais longé deux ou trois couloirs lorsque j'entendis un bruit dans une pièce près de moi. Un frisson me parcourut la colonne vertébral. Curieuse, je mis les pieds dans la première pièce qui fût vide. Je me dirigeais donc dans la pièce voisine. C'est là que je vis l'étranger fantomatique au milieu de la pièce. Il était accroupit pour ramasser un vase cassée. Du sang coulait de son bras.

-Vous êtes blessé ! Lui dis-je.

Il se tourna pour m'observer.

-Ce n'est qu'une égratignure...

-Ouais, une égratignure qui laisse une grande traînée de sang au sol, bien sûr.

Il souffla. Je parlais trop pour lui.

-J'ai dit que ce n'était rien, me dit-il.

Je lui pris le bras pour regarder sa blessure. Il ne s'était pas raté. J'allais voir dans la salle de bain s'il n'y avait pas de quoi le soigner, puis quand je revins avec une trousse de soin, son bras n'avait plus rien. Je clignais plusieurs fois des yeux et laissais tomber au sol ce que j'avais dans les mains. Son bras était intacte...

-Mais... Vous pissiez le sang... Comment ?! M'exclamais-je.

Je n'avais pas halluciné, il s'était bel et bien coupé et voilà qu'il n'avait plus rien.

-Calmez-vous, bon sang...

-Seulement si vous m'expliquez ! Vous n'avez plus rien... Et je vous jure que je n'ai pas hallucinée!

Je ne lui laissais même pas le temps de répondre, je sortis soudainement de ma chambre en secouant la tête. Je ne pouvais pas être folle, bien sûr que non. 

Je m'enfermais dans ma chambre pour le reste de la journée.

Après m'être endormie pendant je ne sais pas trop combien de temps, je me rendis sur le balcon. Un petit peu d'air frais allait peut-être me faire du bien. Il faisait nuit. La marée était haute, c'était magnifique. La lune était haute dans le ciel. Mon père commençait déjà à me manquer. La scène de tout à l'heure me revint dans la tête. Peut-être que je me trompais et que j'avais tout halluciné. Il m'avait regardé comme si j'étais une idiote...

D'un coup, j'eus une drôle de sensation. Celle qui nous donnait l'impression d'être observé.

-Il y a quelqu'un ? Demandais-je, frissonnante.

-Moi, entendis-je.

Je sursautais, je ne savais pas quoi dire ni faire. Il continua.

-Désolé pour l'incident de tout à l'heure, je t'ai fichu une de ces trouilles.

Et voilà qu'il s'excusait...

-Je voudrais juste oublier... Soufflais-je.

-Parfait.

Je levais le regard vers le sien. 

-En revanche, je voudrais connaître votre nom.

-Comment ça, en revanche ?

-Vous m'avez foutu une trouille bleu, ce n'est pas énorme ce que je demande, non ?

Il soupira en passant sa main dans ses cheveux. Ce geste le rendit craquant.

-Daniel.

Je souris enfin.

-Vous voyez, ce n'est pas si horrible que ça de dire son prénom, maintenant je vous souhaite la bonne nuit, Daniel.

J'allais vers mon lit, mais l'homme me coupa la route. 

-J'aimerais mettre une chose au clair avec toi, me dit-il.

Je le regardais, attentive.

-Cesse tes allures de gamine et comporte-toi en être poli et civilisé.

J'eus un petit sourire en coin.

-Et si c'est dans ma nature ? Vous ne pouvez pas changer une personne.

-Ah bon, ce n'est pas ce que j'ai vu lorsque tu cherchais désespérément du travail ou lorsque tu t'adressais à ton pauvre père.

Je fronçais les sourcils, ce Daniel m'avait alors espionné chez moi. 

-Je croyais que tu voulais aller dormir, ajouta-t-il avec cette fois-ci, un sourire en coin qui me fit rager.

Je levais ma main pour le taper, mais sa main rattrapa la mienne en un temps record. Ses yeux se mirent à rayonner d'un teint rouge. La peur m'envahit et mon cœur battit rapidement. Je ne pouvais pas encore halluciner.

-Lâchez-moi ! Lui criais-je.

-Vous ne méritez pas un travail avec de telles agissements !

Je me tus aussitôt et tirais toujours sur mon poignet pour qu'il me lâche.

Il avait raison, il avait été le seul à m'aider concernant le travail. Je devais me calmer pour me ressaisir. Il me tira le bras pour que je me retrouve à quelques centimètres de lui. Il baissa ses yeux pour me regarder. Le teint rouge dans ses yeux avait disparu. Ses lèvres s'approchèrent de moi.

-Bonne nuit, me chuchota-t-il à l'oreille. 

Related chapter

Latest chapter

DMCA.com Protection Status