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Épisode 3

La grande horloge de l'aéroport affichait 11h54. Je passais à peine la douane mais j'étais malgré tout à l'heure. Heureusement que je n'avais qu'un bagage à main, si j'avais eu une valise à enregistrer je n'aurais jamais été dans les temps.

                      

Ça avait été une vraie course contre la montre. J'avais dû rentrer chez ma cousine qui habitait à une trentaine de kilomètres de Porto, boucler ma valise, ranger un minimum la chambre dans laquelle j'avais passé ces quatre derniers jours, et surtout j'avais dû faire le tour du voisinage pour un dernier au revoir aux différents membres de ma famille qui habitaient tous dans l'unique rue du hameau. Le bon côté des choses c'est que j'avais pu prétexter un énorme retard pour ne pas faire trop faire durer les au revoir. En effet il m'était depuis toujours très difficile de partir en les laissant dernière moi. Heureusement avec l'âge j'avais appris à gérer mes émotions et je réussissais à ne plus pleurer devant la plupart des membres de ma famille. La seule pour qui mes yeux ne pouvaient pas rester totalement sec était ma grand-mère. Même si à cause de l'éloignement géographique nous n'avions jamais pu tisser un lien plus profond, je l'admirais beaucoup. Elle avait élevé ses 10 enfants quasiment seule, mon grand-père devant aller travailler du levé jusqu'au couché du soleil pour pouvoir nourrir à peu près convenablement toute cette marmaille. Cette vie l'avait marqué. Le cancer qu'elle avait combattu pendant plus de 2 ans aussi. Je la sentais fatiguée et de plus en plus fragile. Ses années étaient comptées, elle se rapprochait inexorablement de son dernier souffle, celui auquel je ne pourrais certainement pas assister car elle serait loin de moi. Alors, avec elle, les au revoir se transformaient en adieux potentiels qui me déchiraient le cœur chaque fois un peu plus.

                      

"Les passagers du vol P622 à destination de Paris-Orly sont priés de se présenter porte C."

                      

Je voyais des gens s'agglutiner devant la porte C. En bonne dernière arrivée je me retrouvais au bout de la file d'attente, j'avais largement le temps de passer un coup de téléphone avant que ce ne soit mon tour. 

                      

Une sonnerie, deux sonneries.

                      

-Allô ma chérie, me dit ma meilleure amie.

                      

-Salut Jess, ça va?

                      

-Oui, j'ai tellement hâte que tu arrives!

                      

-Moi aussi j'ai hâte de te voir! Le déménagement s'est bien passé?

                      

-Oui, c'est bon, j'ai bien géré, et mon pote Sylvain m'a filé un sacré coup de de main. Par contre quand tu vas voir l'état de ton appart' tu vas serrer! Tu as pas mal d'affaires quand même. Entre ça et les meubles on peut presque plus circuler dans ton salon.

                      

-C'est toujours un plaisir de te parler en tous cas! Tu sais comment me motiver, lui dis-je sur le ton du reproche.

                      

-Oh, ça va! Pour te motiver tu n'as qu'à te dire qu'une fois tous les cartons déballé ta nouvelle vie commence.

                      

-Ça, ça me motive déjà bien plus! Lui Répondis-je avec enthousiasme.

                      

-En fait, j'ai rencontré nos voisins du dessus.

                      

-Et alors, t'en as pensé quoi?

                      

-Honnêtement, ils m'ont fait un peu peur au début. C'est le genre casquette, survêt, baskets.

                      

-Tout ce que tu détestes quoi.

                      

-Tout à fait. Mais bon, j'étais en train de galérer à mettre des cartons dans l'ascenseur et dès qu'ils m'ont vu ils m'ont aidé puis ils ont monté les 5 étages à pieds pour m'aider à vider l'ascenseur une fois en haut.

                      

-Ah ouais quand même les gars sont sympa. 

                      

-Carrément! Et toi? T'as passé un bon week-end prolongé?

                      

-Oh oui! Ça m'a fait du bien de revoir ma famille. Et il s'est passé un truc un peu fou de mon côté, mais il ne reste plus que trois personnes devant moi, je vais embarquer donc je te raconte tout ça une fois arrivée, ok?

                      

-Ben j'ai pas le choix donc à tout à l'heure.

                      

-Bye. Je raccrochai et tendis ma carte d'embarquement ainsi que ma pièce d'identité à l'hôtesse. Je m'empressai de rejoindre mon siège dans l'espoir de fermer les yeux le temps du vol, ma nuit avait été courte et mouvementée. Je n'avais qu'une envie: dormir, mais, comme trop souvent depuis quelque temps, à peine avais-je les yeux fermés que je me mis à réfléchir à ce que ma vie était devenue en si peu de temps. 

                      

Moi qui n'avais absolument pas l'âme d'une aventurière je me retrouvais à quitter ma ville, ma famille, mon travail et mes amis pour partir vivre à Paris. Certes, l'aventure n'en était pas totalement une dans le sens où je partais rejoindre ma meilleure amie qui elle était déjà installée dans la capitale depuis la fin de ses études, mais tout de même je laissais derrière moi tout un pan de ma vie. 

                      

Il m'était devenu trop difficile de continuer à vivre dans mes souvenirs, de prendre le risque de le croiser lui, mon ex, et sa petite vie désormais parfaite.

                      

Alors même si l'oublier me serait certainement impossible, j'avais fui dans l'espoir de me reconstruire loin de lui.

Commentaires (1)
goodnovel comment avatar
Doriane Nkolo
je pense que c'est très passionnant
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