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Chapitre 4

J'avançais jusqu'au lendemain à l'heure où Quitterie et Samuel avaient leur rendez-vous. Ils se retrouvèrent devant une boulangerie et Samuel acheta un pain au chocolat pour Quitterie. Cette dernière voulut le rembourser mais il lui répondit qu'elle allait le rembourser en émotions en chantant le soir même.

Ils prirent donc leurs goûtés et allèrent s'asseoir sur un banc dans le parc d'à côté. Quitterie sortit son téléphone et chercha le fameux quizz.

«Si vous pourriez dîner avec n'importe qui dans le monde, qui choisiriez-vous?»

Samuel marqua une seconde de réflexion.

«Si je devais choisir quelqu'un de connu qui m'a marqué alors ce serait Emma Watson ou Steven Spielberg. Et toi?

-Eh bien... Si je dois choisir quelqu'un de connu alors ce serait Emma Watson aussi je crois ou Malala Yousafzai. Mais si je devais choisir n'importe qui sur Terre ce serait juste une personne que j'aime et qui m'aime en retour. Mes parents ou mes amis proches.

-Je partage ton avis. Je peux ajouter la fin à ma réponse?

-Non c'est du plagiat.

-C'est injuste. J'avais juste pas compris la question...»

Samuel fit mine d'être offusqué ce qui fit rire Quitterie. Sur ce Samuel lut la deuxième question.

«Aimeriez-vous être célèbre? De quelle manière?

-Pas vraiment. Je n'ai jamais rêvé d'être connue. Parfois il m'arrive d'en rêver mais je suis confortablement assise dans l'ombre. Et puis ceux que j'aime savent qui je suis et cela me suffit amplement.

-Wow... C'est très beau comme réponse.

-Et toi alors?

-Ça dépend. Je ne veux pas spécialement être connu mais si en faisant ce que j'aime je le deviens alors je ne vais pas m'en plaindre. Et puis j'aimerais bien devenir connu pour avoir aidé quelqu'un voir toute l'humanité d'une quelconque manière.

-J'aime bien ta réponse. Je suis d'accord avec toi.

-Ah non tu n'as pas le droit c'est du plagiat.»

Quitterie leva les yeux au ciel amusée avant de lire la prochaine question.

«Avant un coup de téléphone répétez vous ce que vous allez dire? Pourquoi?

-Non.

-Moi si...

-Pourquoi?

-Je ne suis pas vraiment à l'aise au téléphone. Je trouve cela déstabilisant. Tu ne vois pas la personne. Tu ne vois pas son expression. Tu l'entends juste et j'ai toujours peur de me ridiculiser.»

Samuel sourit amusé.

«Comment définiriez-vous une journée parfaite?

-Je ne me réveillerais pas trop tôt ni trop tard pour pouvoir profiter de ma journée. Je mangerais avec ceux que j'aime puis me promenerais tout simplement avec eux dehors. Le soir je me poserais dans ma chambre au bord de la fenêtre et lirais un livre en respirant l'air frais. Ou encore mieux! Passer une journée à la plage! Les vagues, la chaleur... Et toi?

-Je te rejoins sur le début mais le soir je me verrais plus me poser devant un bon film avec de la glace et des gâteaux.

-Oh oui! Avec une couette et des chocolats chauds!

-Exactement!

-Faudrait qu'on le fasse...

-C'est une excellente idée.»

Les deux terrestres échangèrent un regard brillant que je tentais de garder à jamais ancré dans ma mémoire.

«Quand avez-vous chanté la dernière fois pour vous même? Pour quelqu'un d'autre?»

Quitterie sourit en lisant la question. Samuel lui rendit son sourire.

«Bon bah toi la dernière fois que tu as chanté pour quelqu'un ça a dû être hier soir n'est-ce pas?

-En effet.

-Et pour toi même?

-C'était il y a même pas une heure.

-Je crois que j'ai chantonné dans ma douche ce matin mais ça s'arrête là.

-Tu ne veux pas monter sur scène avec moi?

-Je veux bien mais je vais gâcher votre spectacle.

-Ah dommage alors.»

Ce fut le tour de Quitterie de lire la sixième question.

«Si vous pouviez vivre jusqu'à 90 ans et garder soit l'esprit soit le corps d'un trentenaire pour les soixante dernières années de votre vie, que choisiriez-vous ?

-Hum... Je choisirais le corps.

-Ouais moi aussi.

-Allez à moi. Avez-vous un pressentiment concernant la façon dont vous allez mourir ?

-Je dois avouer que je n'y ai jamais vraiment pensé. Enfin il m'est déjà arrivé de penser à ma mort. Quand j'étais petite il y avait une période où j'en avais très peur mais je ne me suis jamais demandée comment je mourrais. Comme tout le monde j'imagine je rêve d'une mort sans douleur et calme me disant que je ne regrette rien. Mais je ne sais pas comment je vais mourir et je n'aime pas vraiment y penser.»

Je levais les yeux au ciel. La faucheuse était la seule qui connaissait la réponse à cette question et personne ne pouvait modifier sa réponse.

«Citez trois choses que votre partenaire et vous semblez avoir en commun.»

Samuel regarda Quitterie droit dans les yeux ce qui la fit frissonner. Elle se força à maintenir le regard brûlant du jeune homme.

«De ce que j'ai vu jusque là je dirais que nous sommes tous les deux passionnés. Visiblement nous partageons le même point de vu sur pas mal de choses et j'ai l'impression que nous sommes tous les deux heureux, satisfaits et quelque part assez dépendants de ceux qu'on aime.»

Quitterie hocha la tête. La dernière question fut lue par Samuel.

«Quelle est la chose pour laquelle vous êtes le plus reconnaissant dans la vie ?

-Tout. Je suis consciente de l'immense chance que j'ai d'être née dans un pays où il n'y a pas de guerre civil, où les femmes ont des droits. Je suis consciente de ma chance d'avoir un toit, à manger, accès à l'éducation... J'ai une chance inouïe et aucun droit de me plaindre mais je suis surtout reconnaissante pour ma famille. Ils m'ont aimée dès le début et me soutiendront à jamais.»

L'heure finit par arriver et Samuel accompagna Quitterie de nouveau à sa répétition. Il avait réussi à détourner son attention mais à présent le stresse montait. Quitterie allait de nouveau très bien chanter, danser et s'amuser et Samuel allait de nouveau la raccompagner chez elle ensorcelé.

Quant à moi je restais en retrait. Je ne retournais pas au spectacle et m'assis sur le banc du couple. Je restais là et pensais. Les questions du questionnaire fusaient en moi et je sentis quelque chose d'étrange. Quelque chose que je ne connaissais pas et que je ne pouvais expliquer. Ne pas comprendre me rendait furieuse et en même temps je me sentais trop lourde pour bouger. Je restais donc assise sur le banc à penser.

Je ne mangeais pas. J'étais célèbre sans que personne ne sache qui je suis vraiment. Je n'avais pas de téléphone et même si j'en avais je n'aurais qui appeler. Mes journées étaient toutes les mêmes alors je ne pouvais les différencier. Je n'avais jamais changé j'ignorais ce que cela faisait. Je vivais depuis toujours sans pour autant vivre vraiment. Je n'allais jamais mourir. Je n'avais pas de partenaire. Personne avec qui partager tout cela. Pour quoi étais-je reconnaissante? Étais-je reconnaissante pour le fait d'être moi?

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