Chapitre 2

J'avais rêvé que je conduisais moi même une moto. Pas n'importe laquelle. Celle du motard aux gants bleus. Dans mon rêve je n'avais pas du tout peur de le croiser ou qu'il voit que j'avais sa moto au contraire. J'avais immédiatement su que je rêvais non pas à cause de ma peur qui s'était volatilisée mais parce que je n'avais pas le permis et qu'ainsi la moto faisait des choses vraiment bizarres sans que je fasses quoi que ce soit.

Je m'habillais et préparais mon sac avant d'attraper un fruit dans la cuisine que j'allais manger plus tard quand j'allais avoir faim. Une fois présentable je mis mes chaussures et sortais de la maison pour prendre le chemin de la fac. Cette dernière n'était pas vraiment loin de chez moi, j'avais de la chance. Sur le chemin j'écoutais de la musique au rythme entraînant et qui finit de me réveiller.

J'avais cours d'anglais une fois par semaine avec une classe de mon niveau. Elle était différente de ma classe habituelle mais je ne m'en étais pas rendue compte. Je ne faisais pas vraiment attention à ce genre de choses. Je regardais les interactions sociales. Pas les personnes en elles-mêmes.

Ainsi je ne remarquais pas non plus qu'une personne de ma classe n'était jamais venue en cours. Je le sus simplement quand la porte s'ouvrit en plein milieu du cours et que le prof demanda le nom du nouveau venu. Je ne levais pas la tête de mon cahier ennuyée par ma journée mais entendais la conversation :

"Qui êtes vous?

-Ash.

-Ash Yondel?"

Le nouveau venu s'assit sur la chaise à côté de moi tout en continuant à parler.

"Oui.

-Je me demandais si vous alliez venir un jour. J'imagine qu'ils vous ont dis que plus de cinq absences était un motif de renvoie."

Il ne répondit pas et posa son sac sur la table. Le mouvement dans mon champ de vision périphérique attira mon regard. Je lavais doucement la tête et vis que la personne à ma gauche portait des gants de moto bleus. Je fronçais les sourcils avant de lever le regard vers son visage curieuse.

Mon cœur loupa un battement quand je me rendis compte qu'il s'agissait bel et bien du motard que j'avais croisé la veille. Je ne pus retenir un rire anxieux devant la tournure de la situation.

Ce rire attira tous les regards puisque l'arrivée du motard avait jeté un silence sur la salle.

Le visage du motard n'exprimait aucune émotion mais je sentais dans son regard qu'il me demandait ce qui me faisait rire. J'haussais donc les épaules avant de me reconcentrer sur mon cahier.

Le motard ne parla pas et n'écouta pas vraiment de toute l'heure. Une fois la fin du cours arrive il sauta sur ses pieds et disparut de la salle.

Je rangeais mes affaires à mon tour et prenais le chemin vers chez moi.

La semaine suivante le motard arriva de nouveau en retard et prit place à mes côtés sans un mot. Le cours se déroula dans un silence religieux et nos regards étaient fixés par terre.

La fin du cours arrivée il sauta sur ses pieds et disparut en premier de la salle. En rentrant chez moi je décidais de passer par le musée pour quelques minutes pour me changer les idées. Quand je ressortais le soleil était sur le point de se coucher et tandis que je tournais dans une ruelle je vis une moto, le motard de ma classe d'anglais et deux autres jeunes hommes lui faisant fasse apeurés.

Je continuais ma route sans ralentir et arrivée à leur hauteur les deux inconnus me bloquèrent le passage me disant qu'il était trop dangereux de passer par là. Je regardais le motard assis sur sa moto sans aucune expression facile fixant la scène de loin.

Je me remis en route et dépassais la moto sans problème avant de m'arrêter. Est-ce que les deux garçons étaient entrain de se faire harceler par le motard? Si oui je devais les aider. Harceler était une des choses les plus pathétiques au monde. Mais quelque chose était louche.

Je me retournais et remarquais que les deux inconnus me fixaient.

"Tout va bien?"

Ils hochèrent la tête. Je me tournais donc vers le motard qui finit par se tourner vers moi en sentant mon regard.

"Je me trompe peut-être mais si non alors laisse les tranquilles. Ils ont l'air effrayés."

Le motard ne dit rien alors je tournais les talons et continuais ma route.

Une semaine plus tard le cours d'anglais se déroula de la même manière que jusque là. Excusez moi pour ces grandes ellipses mais comme il ne se passait rien d'intéressant dans ma vie je ne vois pas ce que je peux faire d'autre. À part si vous comptez savoir en détail les œuvres que j'ai admirés ai musée, les cours que j'ai révisés et les dessins que j'ai fais.

La semaine se déroula donc normalement. J'allais en cours, je ne parlais à personne, je ne voyais pas mes colocs quand un soir je décidais de me promener.

Il faisait nuit noir, le meilleur moment pour sortir. Je passais devant le laboratoire des robots et essayais de nouveau de voir à l'intérieur sans succès. J'avais vu une affiche comme quoi ils organisaient une journée porte ouverte et je ne comptais pas rater ça.

Dans la lumière du laboratoire je vis soudainement quelque chose dans ma vision périphérique. Je me tournais donc vers la silhouette et reconnus immédiatement les vêtements de motard. Pour une fois pas en moto quelque chose au fond de moi me poussa à le suivre.

Je marchais donc derrière lui en silence heureuse d'avoir quelqu'un qui suivre. Cela ne m'était jamais arrivé. Je marchais toujours en empruntant le même chemin et même si je me perdais dans mes pensées je devais me concentrer sur mes pas. Mais là je n'avais qu'à suivre quelqu'un sans réfléchir à la direction qu'il prenait.

Avant que je ne m'en rende compte nous nous retrouvions aux bords de la ville. Le motard ne s'arrêta pas et dépassa le panneau disparaissant dans l'obscurité. Quant à moi je le regardais s'éloigner sans bouger.

Je n'avais jamais mis les pieds en dehors de la ville. Je n'avais jamais eu la curiosité de me demander ce qu'il y avait derrière ce panneau. N'ayant plus qui suivre je tournais les talons et retournais chez moi.

Mais pour une raison quelconque la pensée se ce panneau ne me quittait pas. J'étais curieuse je voulais savoir ce qui était derrière. Je n'y avais jamais pensé et je me disais que cette pulsion allait finir par disparaître ai fil des jours mais ce ne fut pas le cas. À chaque fois que je voyais le motard je me souvenais du panneau.

Je décidais donc d'aller à la bibliothèque pour trouver une carte me montrant ce qu'il y avait derrière le panneau.

Dans le sens où était allé le motard il n'étais sensé rien y avoir pendant plusieurs kilomètres. Juste des champs une petite forêt, des rivières et un lac. Je me demandais pourquoi il était allé par là. Peut-être avait-il besoin de se vider l'esprit. Nous avions tous nos petits problèmes que nous voulions fuir.

Enfin j'étais plutôt du genre à leur faire face mais il m'arrivait aussi de vouloir me promener pour me changer les idées.

Un soir alors que je me promenais sans me rendre compte j'empruntais le même chemin que ce soir suivant le robot.

Me rendant compte de cela je me dis que j'allais aller jusqu'au panneau puis faire demi tour question de changer un peu de mon itinéraire habituel. Sauf qu'arrivée au bord de la ville je ne vis pas le panneau.

Je fronçais les sourcils. Je savais que c'était le bord de la ville. J'étais sûre que le panneau avait été là. Je haussais les épaules me disant que j'avais dû prendre le mauvais chemin et retournais chez moi.

Un autre soir je repris le chemin vers le panneau mais ne le trouvais de nouveau pas. Ça commençait à être étrange. Me tromper une fois daccord mais deux fois? Je savais quand même quel chemin on avait pris. Le panneau devait être ici.

Je décidais de revenir un peu en arrière et repris le chemin sûre d'avoir pris le bon mais le panneau n'était pas là. Je décidais donc de faire le tour de la frontière à la recherche d'un panneau. La ville était assez grande alors il me fallut du temps pour revenir là où j'étais partie mais je n'avais croisé aucun panneau.

En revenant sur mes pas je trouvais cependant le motard. Il était immobile devant l'endroit où devait se trouver le panneau fixant l'herbe en silence. Portant toujours ses gants bleus il ne se tourna pas vers moi en me sentant arriver.

Nous admirâmes l'herbe en silence pendant un long moment avant que le motard ne fasse demi tour. Je n'avais encore jamais parlé à personne de mon âge alors je ne sais pas pourquoi je l'ai interpellé mais je l'ai fais.

"Tu n'es pas en moto ce soir?"

Il ne répondit pas mais arrêta de s'éloigner.

"Il y avait un panneau ici une fois. Où est-il passé?"

Nimporte quelle personne m'aurait prise pour une folle en entendant cette question mais je m'en fichais. Je savais ce que j'avais vu. Je me faisais confiance. Même si j'étais la seule je devais être de mon côté.

"Ne cherche pas le panneau.

-Pourquoi?"

Pas de réponse.

"Je vais continuer à le chercher. Pour être sûre qu'il existe."

Le motard revint à ma hauteur.

"Il n'y a rien de bien derrière ce panneau.

-Tu y es allé?"

Son silence voulait dire oui.

"Je me demande comment c'est derrière. Si le panneau n'avait pas disparu ça ne m'aurait pas intéressée mais maintenant je veux savoir.

-Le chemin est rude. Seuls les robots l'empruntent.

-Donc tu es un robot?"

Il ne répondit pas. Je me tournais vers lui et le détaillais pendant un moment. Sentant mon regard il se tourna vers moi à son tour.

"Tu as la peau froide."

Je n'avais pas besoin de poser ma main sur sa joue pour le savoir. Je lui souris. Quelque part j'étais heureuse. De toutes les personnes qui m'entouraient ce robot était le plus à même de me comprendre.

Il pencha la tête de côté comme pour me demander pourquoi je souriais. Je me tournais de nouveau vers l'herbe.

J'avais envie de lui parler. Des centaines de pensées se bousculèrent dans ma tête mais finalement je décidais de ne rien dire.

Au bout de quelques minutes je tournais les talons et partais. De retour chez moi je dormais à poings fermés. Un sommeil sans rêve mais une fois réveillée j'étais plus apaisée que jamais.

Je devais trouver ce panneau.