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Chapitre 7

— Comment peux-tu avoir un air aussi éblouissant alors que tu viens de rencontrer  ton ex, demanda Eleanor toute sidérée lorsqu'elle pénétra le bureau de Dallas. Quand tu as la mine serrée lorsque tu es en colère, tu ressembles à un extra terrestre égaré sur la planète terre, gloussa-t-elle. Mais quand ton ex réussit à te mettre hors de toi même tu conserves toujours ce visage rayonnant. C'est quand même louche, non ? 

— Tu ne cesseras jamais de m'étonner Eleanor, lança Dallas en prenant un air ahuri. 

— Ce bureau a réussi à se tenir debout malgré le vacarme qu'il a subi de Dallas Morgan, constata-t-elle après avoir balayé d'un regard circulaire le désordre qui y régnait.

Elle redressa les deux sièges qui s'étaient échoués au sol avant de prendre place sur l'un deux.

— Qu'est-ce qu'il t'a fait cette fois-ci ? Demanda-t-elle en prenant un air sérieux. Pourquoi cette entrevue dans le bureau de madame Callen ?

— Monsieur veut que j’abandonne ma campagne de collecte de fonds parce qu’il est s'intéresse à la fondation.

— Dois-je comprendre que ton ex est ce prétendu acheteur ? S'exclama Eleanor.

— Oui et il n’est pas prêt à lâcher l’affaire, dit-elle avec une inquiétude manifeste. Je crains qu'il réussisse à convaincre de nouveau la fondatrice.Tous mes efforts auront été vains. Ça me met vraiment hors de moi.

— C'est quand même surprenant. J'ai l'impression que le destin y est pour quelque chose. Pourquoi pas une autre personne, à ton avis ?

— Qu'es-tu entrain d'insinuer ? S'enquit Dallas en affichant une mine d'incompréhension.

—  Ton ex se présente en tant que propriétaire de la maison sur laquelle nous avons travaillés et maintenant il s'avère qu'il soit l'homme qui prévoit racheter la fondation. À croire que le destin s'acharne à ce que vous soyez confrontés ...

— Je t'arrête tout de suite Eleanor. Le destin n'a rien à avoir avec cette situation. Ce n'est qu'une coïncidence, coupa-t-elle.

— Pourtant, ç'aurait été n'importe qui, non ? Si ton ex est derrière la fermeture de la fondation à laquelle tu  es attachée, c'est qu'il s'agit d'un tour de la vie, à mon avis.

— Qu'est-ce qui te prend tout à coup Eleanor ? S'emporta Dallas. N'ajoute pas ton grain de sel, je t'en prie.

— Si tu veux éviter que la fondation soit transformée en une espèce d'industrie, tu devrais mettre de côté ta fierté et ta rage et essayer de vous trouver un terrain d'entente. Prends un rendez-vous le plus rapidement avec lui et explique-lui ton intérêt pour cette fondation.

— Tu veux que je discute avec l'homme qui m'a fait tant de mal, fit-elle avec une pointe d'exclamation dans la voix.

— Oui, Essaye de l'amener à changer d'avis. Discutez-en comme des personnes civilisées. Il s'agit de l'avenir de ces femmes et de cette fondation, Dallas. Peu importe ce qui a dû se passer entre vous, tu dois faire fi à  cela afin de sauver cette fondation. Vas-tu prendre en considération mon conseil ?

— Je vais y réfléchir, marmonna-t-elle !

***

Dallas n'arrivait toujours pas à croire qu'elle ait fait une folie en acceptant d'écouter le conseil d'Eleanor. Après son départ, elle avait longuement hésité à prendre son téléphone et composer le numéro de Shawn pour prendre un rendez-vous avec ce dernier. Il a fallu qu'elle reçoive en fin d'après-midi plusieurs dons et lettres d'encouragement de la part des personnes assez généreuses pour qu'elle décide enfin de l'appeler. À sa plus grande surprise il avait accepté de discuter avec elle. Maintenant la voilà devant sa porte, hésitant encore une fois à signaler sa présence en appuyant sur la sonnette.

— C'est juste un rendez-vous pour une bonne cause, s'entendit-elle dire alors qu'elle s'apprêtait à appuyer sur la sonnette.

La porte ne tarda pas à s'ouvre. Il se tenait sur le pas de la porte à la considérer longuement avant de l'inviter à entrer.

— Bonsoir, souffla-t-elle.

— Bonsoir Dallas.

Il avait prononcé son prénom avec insistance qu'elle sentit son pouls accélérer. Elle prit le temps de le reluquer avant de pénétrer l'intérieur de sa demeure. Il portait un pantalon fait sur mesure et assorti au pull à col rond bleu marin qui mettait en valeur ses larges épaules. Elle fut prise d'une telel émotion lorsque le souvenir douloureux de leurs retrouvailles s'incrusta dans ses pensées à la vue du tableau qu'elle avait acheté pour le propriétaire sans imaginer une seconde qu'il s'agissait de Shawn Lodge. Comment pouvait-elle le deviner d'ailleurs ?

— Je t'apporte du café.

Elle voulut décliner l'offre mais il avait déjà regagné la cuisine. Elle prit siège sur l'un des sofas, prête à mener à bien ce pourquoi elle était là. À travers les baies vitrés, elle pouvait voir de gros nuages se former. Il n'allait pas tarder à pleuvoir des cordes. Cette pensée évoqua en elle, en  particulier une scène qu’elle n’aurait probablement jamais oubliée.

Ils profitaient de leur Picnic lorsque soudainement il commença à pleuvoir. Ils s'étaient précipités pour tout ranger et main dans la main ils coururent pour se mettre à l’abri. Alors qu'ils en riaient Aix éclats,  la nappe qui leur servait d'abri contre la pluie fut emportée par le vent. Ils entrèrent ensuite dans une boutique. Ceux qui y étaient ne purent s'empêcher de les fixer ; ils étaient tout trempés. Ils n’arrêtaient pas de rire aux éclats et de se donner des baisers sans se soucier des regards qui étaient braqués sur eux. Ils était heureux.

— Et si on profitait pour faire des achats pendant qu’on y est, avait dit Dallas. C’est bientôt l’anniversaire de ma mère et j’aimerais lui acheter un cadeau.

— D’accord, avait répondu Shawn.

Ils s'étaient avancés vers les étalages. Elle avait saisi un ensemble d’ustensile de cuisine qui l’avait attiré au premier regard.

— Ma mère adore cuisiner ; alors pourquoi ne pas opter pour cet ensemble ? Elle en serait ravie.

— Prends-le dans ce cas.

— Qu’est-ce que tu fais ?  Tu as changé d’avis ? Avait demandé Shawn lorsqu'elle avait retourné l'ensemble sur l'étalage.

— Non, je viens de fouiller mon sac et j'ai constaté que je n'avais pas assez de liquide sur moi. Je repasserai plus tard pour les prendre afin de les emballer

— Je vais les prendre.

— Non, tu n’as pas à le faire. J’ai dit que je repasserai après pour les prendre.

— J’insiste et puis où est le mal si j’achète un cadeau à ma future belle-mère ?

Dallas avait affiché un sourire.

— D’accord, alors on fera ceci. Tu payes la moitié et je ferai de même, avait-elle murmuré à son oreille. J’insiste, également.

Étant d’une famille très riche, le statut social de Dallas n’avait jamais été un problème pour lui. De même pour sa famille. Les amies de Dallas n'avaient cessé de lui chanter qu’elle avait gagné à la loterie en trouvant un mec plein aux as mais elle autre, elle s’en foutait pas mal de sa forfune. Tout ce qu’elle désirait chez lui était son attention et son amour. Ils se dirigèrent vers la caisse et payèrent comme convenu. Il pleuvait moins dehors et ils avaient décidé de quitter la boutique pour rejoindre la voiture qui avait été garée un peu plus loin devant le parc. En voulant prendre la sortie, Dallas s'était arrêtée devant les étalages de vêtements pour bébés. En saisissant des chaussettes tricotées avec de laines bleues, elle avait eu soudainement envie d’avoir un enfant de Shawn.

—J’aimerais tellement avoir un enfant de toi,  déclara-t'elle.

— Dans ce cas on pourrait l’acheter et le garder pour notre premier enfant. J’ai foi que ça ne tardera pas.

Les pas de Shawn l'arrachèrent de ses pensées. Il venait de pénétrer le salon avec deux tasses de café fumantes.

— J'espère que tu n'y as pas ajouté de lait.

— Aussi longtemps que je me souvienne, tu aimais prendre le café avec une bonne dose de lait.

— Mes goûts ont changé depuis ce temps.

— Je vais te faire une autre tasse dans ce cas.

— Non, ne te gêne pas, dit-elle en buvant une gorgée. Ça ne me dérange guère.

Il acquiesça de la tête et s'assit en face d'elle.

— Shawn, nous ne sommes pas obligés d'en arriver là. Je ne veux aucunement me dresser contre toi.

— Toujours aussi directe, constata-t-il en buvant dans sa tasse.

Dallas ignora sa remarque et sortit de son sac un pile de papier qu'elle posa sur la table basse.

— Comme je te l'avais dit au téléphone, je voudrais t'amener à renoncer à cette fondation parce qu'elle compte beaucoup pour moi.

— Dès que mes yeux sont tombés ce bâtiment, j’ai aussitôt su qu’il serait parfait pour mon projet. C'était surtout son emplacement qui m’avait attiré. Sa localisation impactera une forte chance de réussite à ma future entreprise. Elle sera très visible puisqu’elle est située dans le centre-ville et non dans une zone où se trouvent déjà de nombreux concurrents.

— Justement,  J’ai fait des recherches sur des bâtiments en ventes. J’en ai trouvé trois de disponibles et je suis sûr que l’un d’entre eux te plaira.

Il prit l’un des papiers sur lequel était imprimé un bâtiment presque en mauvais état mais assez colossal. Il le regarda avec une telle insistance qu’elle sentit qu'elle se sentit proche du but

— Ce bâtiment n'est pas mal, lâcha-t-il après quelques secondes d'examination.

— Il a été abandonné depuis cinq ans. J’ai pris en compte la localisation et la visibilité avant de faire cette recherche. Comme tu peux le voir, il est plus grand que la fondation. Étant donné qu’il avait été une entreprise.

— Il ne me convient pas ! Les deux autres non plus.

— Non mais, je n'y crois pas. Ça t'amuse de me rendre la tâche plus difficile ?  fit-t-elle d’une voix étranglée.

Il porta son café sur ses lèvres, heureux de l’avoir ébranlé.

— C’est la fondation qui m'intéresse, dit-il sur un ton sec.

Il l’observa sortir de son sac un album photo. Il haussa les sourcils. Que va-t-elle lui montrer cette fois-ci ?

— Ne te donne pas de la peine Dallas. Je ne pourrai revenir sur ma décision, s'empressa-t-il de lui dire.

Dallas fit mine de ne rien entendre et ouvrit l'album dans l'espoir que son second plan porte ses fruits. La première photo qu'elle montra, était celle d'une jeune femme au visage écorché. Shawn posa sa tasse sur la table et semblait porter son intérêt sur cette femme.

—  Elle s’appelle Elisa et elle a 23 ans. La dernière fois qu’elle s’est fait battre par son petit ami, elle est tombée dans les pommes ! Elle venait souvent à l’hôpital pour se faire soigner et les médecins trouvaient cela étrange. À chaque rapport, elle prétendait avoir glissé ou s'être fait couper. Les médecins, craignant pour sa vie nous ont fait appel. Nous l’avons recueillie à la fondation et elle avait mis un temps fou avant d'avouer que c’était son petit ami qui était derrière tout cela. Elle était terrifiée ! Mais Avec le temps et grâce à nos soins elle s’est vite rétablie. Aujourd’hui elle est heureuse, déclara-t-elle en tournant la page.

— Elle c’est Nora. Nous l’avions trouvée presque morte sur les trottoirs à minuit. Elle nous avait raconté que son mari la battait quand il rentrait ivre les soirs. La nuit où nous l’avions retrouvé son mari l’avait frappée jusqu’à ce qu’elle perde connaissance. Il pensait qu’elle était morte et il s'était débarrassé d’elle en la jetant sur le trottoir.

Shawn sentit son cœur durcir en voyant ces femmes. L'histoire de chaque femme qu'elle lui racontait lui rappelait celle de sa mère. Elle également avait vécu la même situation qu'elles en étant sous le toit de l'homme qui l'avait engendré. Pas un seul moment, elle n'avait était heureuse. Sa mère dût endurer les sauts d'humeur de l'homme qui avait été son époux. Étant enfant il avait eu l’habitude d’assister tous les jours aux cris et aux pleurs de sa pauvre mère. Heureusement pour eux, ils avaient réussi à sortir de cet enfer même si cela avait pris du temps.

— Je crois que j'en ai suffisamment entendu, dit-il sèchement en se levant du siège qu'il occupait. 

Dallas soupira et referma l’album, consciente qu'elle n'obtiendra aucun résultat positif. L'entêtement de Shawn sur cette fondation commençait par l'irriter au point où elle sentit sa colère se décupler.

— Dis moi une chose Shawn. Es-tu vraiment intéressé par cette fondation ou veux tu juste t'en approprier dans l'unique but de me faire du mal ? Sûrement que tu étais au courant que je suis attachée à cette fondation et le moyen le plus simple que tu as trouvé pour te venger pour je ne sais qu'elle raison était de la racheter, s'emporta-t-elle.

— Tu fais fausse route Dallas, rétorqua-t-il.

— J'ai du mal à te croire sinon tu aurais accepté mes propositions. Toi et moi savons très bien que rien ne t'oblige à avoir coûte que coûte cette fondation.

Elle sentit le rythme de son cœur accélérer lorsqu’il saisit ses mains qu'il carressa pour calmer ses tremblements.

— On en reparlera demain. Tu en as déjà fait assez aujourd'hui pour me convaincre. Tu dois être fatiguée.

— Je ne me reposerai tant que n'y as pas renoncé, s'exclama-t-elle en retirant ses mains.

— Si, tu le feras, tu es tendue et tu as l'air très fatigué. Tu passeras la nuit dans l'une des chambres de la maison.

Prise de stupeur, elle haussa les sourcils.  Passer la nuit chez lui ? Pense-t-elle ; Et puis quoi encore ? Cela ne faisait en aucun cas partie de ses plans. Il n'en était pas question !

— Non merci, déclina-t-elle sur un ton sec.

— De quoi as-tu peur ? Ce n’est pas comme si on ne s’était jamais retrouvé tout seul dans une même pièce, fit-il en portant sur elle un regard moqueur.

Elle le fusilla du regard.

— Il est hors de question que je passe la nuit ici. Je préfère mille fois rentrer sous cette pluie pour rentrer chez moi, clama-t-elle.

— Je te ferai savoir demain si je renonce à cette fondation ou pas mais à une seule condition. Que tu oublies vite cette idée de cheminer sous cette pluie pour rejoindre ton appartement et que tu passes la nuit ici.

Sans pour autant réfléchir à sa proposition, elle rangea ses affaires dans son sac et se leva du siège.

— C'est non. J'ai pris sur moi pour avoir une discussion en tête à tête avec toi Shawn. Passer la nuit sous le toit de la personne qui n'a pas hésité à m'humilier est la dernière chose que je ferai.

Elle se dirigea vers la porte.

— Tu es bien consciente que si tu traverses cette porte tu n’obtiendras aucune réponse de ma part et que je ferai comme si on n'avait jamais eu cette conversation.

Elle s’arrêta et eut soudainement envie de lui coller une baffe. Un sourire se dessina sur les lèvres de Shawn en voyant l’expression de désespoir sur le visage de Dallas. Elle se mordillât la lèvre.

—  Est-ce du chantage ?

— Appelle ça comme tu veux.

Elle posa la main sur le poignet et ouvrit la porte. Son sourire malicieux disparu lorsqu'elle regagna la sortie.

Il avança d’un pas nonchalant vers sa chambre sans se soucier de ce qui pouvait l’arriver.

— À ses risques et périls, marmonna-t-il.

Dallas poussa un soupire avant de se jeter sous cette pluie torrentielle. Elle savait pertinemment que c’était bien dangereux mais elle n’avait pas le choix. C'était ça où elle allait devoir supporter la présence de Shawn. Elle empressa ses pas malgré cette fraicheur qui la taraudait.  Elle avait déjà fait les cinq cents mètres de la rue et ne pouvait supporter davantage l’effet que lui procurait cette fraicheur. Elle grelottait et ses dents n’arrêtaient pas de claquer. Sans faire attention elle marcha sur une flaque d’eau et se tordit le pied droit. Elle poussa un cri de douleur et retira ses talons.

— Merci Eleanor pour cette brillante idée, s'exclama-t-elle lamentablement.

Elle se mit à fouiller dans son sac à la recherche de son téléphone. Lorsqu’elle le trouva enfin, elle appela Eleanor pour que celle-ci vienne la récupérer. Celle-ci ne prenait pas après plusieurs tentative, ce qui l'exaspéra encore plus. Elle essaya de contacter Omer qui également ne lui répondit pas.  Elle commençait par en avoir marre de cette situation. Elle fit demi-tour, contrainte à se réfugier dans la maison de son ex.

Elle appuya sur la sonnerie et il mit du temps à l’ouvrir.

— Tu as oublié quelque chose ? Il lui demanda en portant la main sur la bouche pour étouffer un bâillement.

— Je… Je crois que je ferai mieux de passer la nuit ici, déclara-t-elle furieuse de n'avoir pas eu d'autre choix. C'est juste par contrainte, ajouta-t-elle.

—  Je savais que tu reviendrais. Il n'y avait pas moyen que tu puisses arpenter les rues pour rentrer chez toi à cette heure-ci et encore moins avec cet orage. Il n’y a pas de taxi disponible. Suis moi, dit-il en s'effaçant de la porte.

Ils arpentaient les escaliers et traversaient un couloir. Shawn lui ouvrit une chambre. Après tant d'hésitation elle finit pas se laisser aller. Il alla chercher des serviettes et un peignoir pendant qu'elle se débarrassait de ses vêtements trempés. Jurant entre ses dents en se faufila dans la salle de bain et entreprit de prendre une douche. Elle entendit pendant un instant Shawn qui entrait dans la chambre.

— Des serviettes et un peignoir, dit-il à haute voix.

— Merci.

— Passes une bonne nuit.

Elle l'entendit refermer la porte et poussa un soupir de soulagement.

— Il fallait qu'il pleuve, lâcha-t-elle en passant une main irritée dans sa chevelure.

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