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Chapitre 3

- Il vaux mieux que tu ailles à l'église. Sur-le-champ, dit Nico.

- Elle n'a rien fait quand même. Elle n'a pas eu du temps, Je dis.

- J'espère, renifle Nico.

- On ne manquera pas le Pape, donc? Et la suite du roi…?

Je m'alarme, et Nico sourit astucieusement:

- Si tu m'taquinais pas, je dirais que j'ai trouvé une belle place, d'où l'on peut voir tout. Et bien, maintenant essaie d'voir quelqu’chose de ta taille – peut-être t'verras des sabots des chevaux.

Je comprends que je me suis moquée de lui à contretemps.

- Ah bon, Nico, je vais plus te taquiner, - Je dis et souris innocemment.

- Promis?

- Sur mon âme! - Je dis, en croissant mes doigts.

* * *

La route est remblayé par la paille jaune. Nico marche devant nous comme un général si vite, que nous le rattrapons à peine. Surtout la grosse Jisquette, elle souffle comme la bouillie dans un pot.

Le peuple arrive. Quelqu'un se bouscule dehors, quelqu'un se montre des fenêtres, les autres grimpent sur les toits et le rempart. On barde comme sur le marché près des Portes de la ville.

Soudain le son des cloches se répand des bains romains par l'air glacé. Tout le monde se tait, mais ensuite on se met à se signer, jeter des chapeaux et hurler:

- Vive le nouveau Pape! Vive Clément le Cinquième!

Les cloches de l'église Saint-Irénée, de Saint-Juste et de Saint-Jean battent tous ensemble. Les clochers du château de l'archevêque de l'autre côté de la Saône leur répondent en bonne harmonie. Oh, Mon Dieu, que c'est beau! Comme si l'air sonne lui-même – dzonne-dzonné – on peut ouvrir la bouche et saisir la sonnerie sur la tongue, comme un cristal de neige.

Nico m'arrache de la foule.

- Alors quoi, tu as pétrifié? On te frappera des pieds, ma petite.

Mais je reponds:

- Je voudrais bien savoir d'où tout le monde sait le nom du Pape? Je n'ai pas entendu dire, qu'il est Clément

- Et moi, d'où je l'sait? Nico dit. - Peut-être, le héraut lisait la bulle.

Nico hausse les épaules et donne un coup de pied à un verrat, qui trotte devant lui.

- Restons ici, se lamente Jisquette, qui est ennuyée de courir.

Je me tourne et tout de suite je vois cette vieillarde-là, toute en noire. Non loin de moi. Elle se tient au milieu de la route, si elle se fiche du roi aussi bien que du Pape, et file quelque chose par ses doigts rebutants.

- Ouille! C'est elle... Vas-y Nico! Je pousse un cri perçant et cours comme un lapin à l'impasse Turquet.

Nous nous glissons dans une fente entre une vieille maison et un mur en bois. Mais Jisquette reste dehors – la paresse a été née avant elle. Francisque gravit le premier sur des poutres. Nous le suivons. Une brindille m'accroche, je déchire la cotte un peu. Oh, non!

Mais en revanche nous nous installons sur une poutre solide. Ravie, j'applaudis: voilà Gourguillon, pavé par une raie droite de la colline, et plus loin je peux voir des toits-toits-toits rouges, roujâtres, presque oranges et la bande verte de la Saône derrière les arbres nues.

- Regarde! Crie Nico.

Son doigt sale montre en haut de la coline, et je vois des moines en soutanes grises apparaissent près des maisons. Les moines marchent cérémonieusement, sans hâte, en chantant des psaumes. S'ils n'ont pas froid? Derrière eux des drapeaux éclatants flottent, des lances de cavalerie brillent. Mon cœur bat.

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