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Chapitre 4

Le murmure exalté est entendu partout. Mais les gardes se mettent à disperser le bon peuple par des gourdins.

- Gare au roi! Gare à Sa Sainteté! Ah, idiot, où avances-tu sans regarder? Range-toi de côté, bâtard…

Et le monde se glisse dans tous les trous, bien loin des gourdins, presse, crie, jure. Des citadins affluent vers notre mur, comme des ruisseaux printaniers aux grandes crues. Le foule augmente derrière le mur, à côté, en bas… Le mur se penche. Un tas d'imbéciles!

Je me penche pour regarder mieux ce que se passe là-bas, et je sens comme si on m’a donnée une douche de l'eau froide – la terrible vieillarde se balade au tournant dans l'impasse. C'est sûrement elle! Voici la courbe du bâton et la clairière sur tout le visage. Peut-être elle ne m'a pas aperçut? Je me rejete en arrière et chuchote:

- Nico, c'est la sorcière, là-bas

Mais il ne m'entend pas. En se soulevant, lui et Francisque, ils regardent des chevaliers et s'entre'appèllent l'un à l'autre:

- Ouf, je voudrais fouiller des livres d'or, pour qu'il suffise à la cotte de maille, des braies, une épée et un protège-poitrine!

- T'es un sot! Donc tu marcherais à pied? Quel sort de chevalier serais-tu?

- Je trouverais beaucoup d'argent et j’acheterais tout! Même un cheval. Et une selle, couverte de peinture.

- A quoi bon?

- J'irais aux sarrasins – tuer des dragons.

Ma gorge se serre: ah voilà comme il est! On ne nous a marié encore, et lui, il va prendre ses jambes à son cou. Donc, il s'en fiche de toi, Clémentine Bernadette… Voilà qu'un fiancé de rêve!

Boeuf! Je donne une bonne taloche à ce jocrisse! A ses oreilles d'âne. Sainte Blandine! Maintenant je m'en fiche de la vieillarde, du froid aussi bien que des impertinents hardis qui ont grimpé sur notre mur.

Les moines nous passent. Des chervaliers sévères les suivent. Les chevaux reniflent, en remuant des narines fines, et transposent ses sabots lourds sur le pavé. Oh, les voilà: des casques, des manteaux bleus – je pourrais avancer le bras et les toucher. Mais j'oublie des caparaçons et des étoffes. Je bouille de colère. Je suis furieuse, en répétant: “Je trouverai de l'or moi-même, ou mieux je trouverai des pierres fines, je me marierai un marchand ou le chef des gardes, et toi, sans-le-sou, toi... je ne te laisserai plus mettre ton pied chez moi. Je les trouverai et voilà tout!»

Sans y penser, je crois moi-même, que j'aurai un trésor, quoi qu'il soit un diamant, grand comme mon poing. Que mes yeux crèvent!

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