Le piège

C'était l'incompréhension totale pour Lucia Monica. Jamais dans sa vie elle n'a eu à vivre pareille situation. Si elle ne percevait pas cet air sérieux sur le visage de cet inconnu, elle aurait crû que cela soit une mauvaise blague. Pourtant ce n'était rien de tel. Cet homme pouvait il être si serein après tous ça?

Un mariage, carrément! Comment cet homme qui ne la connaissait pas plus tard qu'hier pouvait lui demander de l'épouser si promptement? Le mariage c'est un sentiment sacré. C'est la promesse solennelle de cœur qui s'aiment et qui se sentent prêts à fonctionner dans une symbiose quasi parfaite. On ne se marie pas sur un coup de tête. Avec n'importe qui encore moins. Quand on fait le choix de sauter le pas, il faut d'abord être sûr de connaître la personne et de pouvoir vivre avec elle, de l'aimer même dans ses mauvais jours. Rien avoir avec elle et cet inconnu.

Elle aurait crû être dans un rêve. Pourtant la situation était tous ce qui a de réel. Cet homme n'avait pas l'air de blaguer quand il lui a fait sa demande. Ce qui, est d'autant plus surprenant.

Ce monsieur doit sûrement avoir perdu la tête. Il n'y a que cela qui puisse expliquer un tel délire. Et si tel est le cas, elle n'en payera pas les frais de sa folie. Elle a encore toute sa tête se disait elle.

-Je ne sais pas ce qui ne tourne pas rond chez vous. Mais il est hors de question que je me lance dans un truc pareil.

-Attendez, vous m'avez mal compris.

-Ah oui! Vous voulez dire que vous ne venez pas à l'instant même me démander de devenir votre femme monsieur?

-Si, si. Mais...

-Qu'importe ce que vous avez voulu dire. Je ne suis pas intéressée par votre... truc.

-Vous n'avez même pas encore ecouté ce que j'ai...

-Le peu que j'ai déjà entendu est suffisant pour que je puisse savoir que je ne souhaite pas m'embarquer dans votre délire, la coupa t'elle. Trouve toi quelqu'un d'autre. Je suis sur que la file d'attente est assez longue pour ça. Les femmes doivent se bousculer pour être avec vous.

Elle venait enfin de terminer son boulot dans la chambre de Mathis. Enfin, elle pouvait écourter cette stupide conversation qui n'allait inévitablement aboutir à rien d'intéressant. Elle range tout dans le chariot et se dirige vers la porte. Entre temps Mathis est allé se servir un verre de scotch. Il est assez pour boire, mais il s'en fichait. Il avait besoin d'être détendu.

-Vous savez, vous n'aurez pas besoin de vraiment jouer votre rôle d'épouse, entendit elle derrière elle. Juste quelques apparitions publiques au besoin. Assez simple, vous ne trouvez pas, dit il en buvant une gorgée de sa boisson.

Mon Dieu, quelle absurdité! Comment cet homme peut il être capable d'avoir pareille pensée? Lui proposer un mariage blanc? Mais ce genre de chose, ne sont elles pas supposées se passer que dans les films?

Elle se retourne, relève la tête afin de regarder l'homme en face de lui. C'est un très bel homme. Il a le physique qui va avec. Le genre que recherchent toutes les femmes. Et de surcroît il est riche. Très riche même si l'on tient compte de la suite qu'il occupe en ce moment. Un homme comme celui là peut avoir la femme qu'il veut. Alors pourquoi il l'a choisi elle? C'est encore plus farfelue quand on y pense.

-Vous êtes tellement grotesque, déclare t'elle avec dégoût. Qu'est ce que vous croyez? Que parce que vous avez de l'argent, vous pouvez tout vous permettre? Vous savez quoi, je vais vous le répétez une dernière fois. J'espère que cette fois vous allez comprendre. Moi, vivante, jamais je ne vous épouserai.

-On verra ça alors.

Le refus de Lucia a touché l'ego de Mathis. Maintenant plus que jamais il devrait l'épouser. Peut importe ce qu'il devrait faire pour arriver à ses fins. Ce qui est sur, cette fille effrontée n'allait pas s'en sortir aussi facilement. Il l'épousera à tout prix. Et après cela, il se chargera de lui apprendre les bonnes manières. C'était plus qu'une promesse.

Il la regardait laisser sa chambre d'hôtel tout de suite après la scène désagréable qui venait de se passer. Jamais une femme ne lui a autant manqué de respect. D'habitude, elles se précipitent toutes pour exécuter ses ordres. Pourtant celle là... Il s'est senti ridicule. Il alla enchaîné une deuxième verre, puis un troisième.

Lucia quand à elle, a repris son travail comme si de rien était. Elle avait assez tarder dans cette chambre. Il fallait qu'elle fasse moins de temps dans les autres si elle veut avoir le temps de tout finir. Mais elle était assez distraite par ce qui venait de se passer. Constatant cela, elle décida de ne plus y penser. Quitte à se forcer pour y arriver.

Ce qu'elle ne savait pas à ce moment là c'est que Mathis avait glissé quelques chose dans la poche de sa blouse sans qu'elle ne puisse se rendre compte. Et que cela pourrait lui causer des ennuis. Pour quelqu'un qui voulait faire profil bas, c'était déjà mal parti.

-Lucia, on te demande au bureau de la responsable des attributions de chambres, dit un collègue.

-D'accord j'arrive.

-Je me demande quelle bêtises tu as dû faire.

C'etait déjà l'heure de partir. Elle enleva sa blouse, l'accroche dans son cassier et se changea avant de passer au bureau du responsable.

-Il nous a été rapporté un incident dans l'une des chambres dont tu as dû t'en occuper aujourd'hui.

-Une incident ? Je ne comprends pas.

-Une des clients de l'hôtel nous a rapporté qu'il y a eu vol dans sa suite.

-Un vol vous dîtes ! Je suis encore plus confuse. En quoi cela me concerne, moi?

-En tout, vu que le client affirme qu'il n'y a que toi qui est passée aujourd'hui. Il t'a laissé seule un instant. Ce que tout à l'heure qu'il s'est rendu compte que sa montre en or massif avait disparu.

Pauvre Lucia, elle s'est retrouvée prise au piège que lui a tendu Mathis. Ce dernier doit maintenant se réjouir d'avoir eu gain de cause.