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LA RÉUNION DE SON PÈRE
LA RÉUNION DE SON PÈRE
Auteur: FRANCK MARCEL

CHAPITRE 1

#LA_RÉUNION_DE_SON_PERE 

#EPISODE_1

Rolis : non... Non... Laissez-moi, je n'ai rien fait !!!

Valérie : ça va chéri, c'est juste un rêve, réveil toi.

C'est en sursautant qu'il s'était réveillé.

Valerie : tu as encore fait le même rêve ?

Rolis : oui

C'était déjà la énième fois, que Rolis faisait un rêve dans lequel, une corneille à un œil de couleur jaune, venait le chercher dans son sommeil, jusqu'à cette brousse où il était poursuivi par des hommes avec des masques. À chaque fois, il réussissait toujours à se réveiller avant qu'on ne l'attrape. 

Les rêves semblaient tellement réels qu'il se réveillait chaque fois en sueur, pourtant ils dormaient dans une chambre climatisée.

Ingénieur en mécanique automobile, Rolis est un jeune Camerounais, âgé de 35 ans, qui vivait en Allemagne depuis ses dix ans. Il était marié depuis dix ans à Valérie, une Camerounaise qui était arrivée en Europe clandestinement. Les deux avaient un beau garçon de huit ans.

Valérie : Humm, je t'ai déjà demandé de parler de tes rêves à tes parents

Rolis : pour quelle raison ? sont-ils des psychologues ?

Valérie : je me suis toujours demandé quel était notre véritable problème avec la tradition. C'est vrai que tu n'as pas grandi en Afrique, mais parfois certains rêves comme ça, peuvent être liés aux pratiques de sorcellerie.

Rolis : comme tu as si bien dit, je n'ai pas de croyances en ça. Comment quelque chose en quoi je ne crois pas, peut m'affecter ?

Valérie : pourquoi tu ne crois pas en ça ?

Rolis : je n’ai aucun problème avec ça. Pour ma part, c'est juste des histoires qui ont été créées par les marabouts africains, pour extorquer de l'argent à des pauvres familles.

Valérie : je l’ai toujours dit et je le dirai toujours, c'est juste parce que tu ne t'es jamais retrouvé dans une situation à croire

Rolis : contentons-nous de la situation présente. Celle à laquelle je ne crois pas.

Valérie : va voir au moins un psychologue dans ce cas, j’espère que tu ne vas pas refuser 

Rolis : c’est bon, je vais chercher un.

Valérie : pas besoin de chercher, notre voisine en face est psychologue

Rolis : d'accord, donne-moi juste l'adresse de son bureau et le soir après mon boulot, je vais passer la voir.

Malgré leur divergence sur certains sujets, ce couple était fait pour être ensemble. Ils vivaient tellement dans l'harmonie et l'amour que certains trouvaient une ressemblance physique entre eux.

Après cette discussion matinale, Valérie devait aller réveiller leur fils unique, pour qu'ils se préparent ensemble pour sortir.

Chaque matin, il devait d'abord déposer son fils dans son école, sa femme dans établissement de garderie d'enfants où elle travaillait, avant de se rendre dans son entreprise où il était mécanicien.

De loin et même de près, une famille comme celle-ci, il n’y en avait qu’une par siècle. Tout allait pour le mieux et ce sur tous les plans. 

À son lieu de service, Rolis était irréprochable, il était l'un des meilleurs mécaniciens et était respecté par tous ses collègues.

- hé Rolis s'il te plaît, j'ai une panne qui me tracasse depuis hier. Un véhicule qui fume bleu ; j'ai remplacé les segments et j'ai regardé une possible défaillance des injecteurs, mais rien... La voiture continue à laisser échapper une fumée bleue.

Rolis : Il faut m’emmener voir ce véhicule.

Une fois devant le véhicule, Rolis avait demandé qu'on démarre pour qu'il puisse voir cette fumée bleue.

Rolis : tu as regardé les joints de queue de soupape ?

- non, pourquoi j'aurais dû ?

Rolis : les joints de queue de soupape. Leur rôle est d'assurer l'étanchéité de la queue de soupape. Lorsqu'un joint devient poreux ou usé, le moteur absorbe l'huile de la queue de soupape à l'ouverture de la soupape lorsqu'elle laisse échapper de l'air. C'est ainsi que cette huile est consumée dans la chambre de combustion laissant échapper des volutes bleues. Un remplacement du joint de queue de soupape est alors vivement conseillé, si c'est confirmé qu'il est défectueux.

- je ne sais pas comment tu fais à chaque fois, tu es simplement un génie.

C'était comme ça chaque fois à son lieu de service, lorsqu'une panne dépassait tout le monde, on pouvait toujours compter sur Rolis pour trouver une solution. Il avait la mécanique dans le sang.

Pendant ce temps, dans un petit village au Cameroun, se trouvait un groupe d'hommes qui était en réunion dans une petite case avec la corneille à un œil jaune sur le toit, un milieu de la forêt... Pendant qu'une grande pluie s'abattait sur tout le village MBAKOU.

- alors Jean, tu as déjà préparé ton enfant ?

Jean était le papa de Rolis. Il faisait partie des Nkamvë (les neuf notables représentant chacun les pères fondateurs de la chefferie.)

Jean : depuis j'essaie d'entrer en contact avec lui, mais c'est un peu difficile.

Dans cette réunion, chacun avait la possibilité de connaître son successeur dès sa naissance. 

Il y avait plusieurs signes qui montraient le successeur le jour de sa naissance... Ça pouvait être une grande pluie ou encore, de l'eau qui coulait sur les murs de la cuisine de sa mère ou encore l'apparition d'une panthère en pleine journée dans la concession du dit notable etc...

Une fois le successeur né, le chef de famille devait lui fait quitter la concession, parce qu'une concession ne possède pas deux chefs. Le futur successeur étant né, il devait quitter trop jeune le domicile de ses parents pour revenir seulement au décès de son père. C'était pour cela que Rolis avait été envoyé en Europe dès son plus jeune âge.

Cette méthode permettait aussi de protéger le futur successeur de la concession contre les autres femmes du notable qui pouvaient être jalouses, du fait que ce n'est pas d’elles que le successeur soit né

- peut-être tu ne sais pas, mais tes pauvres jours s’écoulent et ton fils doit être prêt avant !

Jean : calme-toi mon notable, tu sais très bien que tout n’est pas encore perdu. Les choses vont s’arranger, tu verras.

- je te préviens juste, parce que la difficulté revient à nous, lorsque nous avons un successeur qui n'est pas préparé

Jean : je sais, notable Memkam et ne t'inquiète pas, il va être prêt avant mon départ.

De l'autre côté en Allemagne, Rolis avait terminé son boulot et il s'était rendu au cabinet de la psychologue dont sa femme lui avait parlé le matin. Après une série de questions, il était retourné chez lui trouver sa femme, qui avait déjà dressé la table pour le dîner. C'est lui qu'on attendait.

Valérie : le genre de sourire que tu as là… Humm tu as vu la psychologue ?

Rolis : oui et je suis satisfait de ses explications à mes rêves...

Valérie : elle t'a dit quoi ?

Rolis : après avoir écouté mes rêves et mon histoire sur mon enfance, elle m'a fait comprendre que cette forêt représentait sûrement mon village et la corneille devait être mon esprit qui cherche à retourner sur ma terre natale. Elle a sûrement raison, ça fait 25 ans aujourd'hui que j'ai quitté mon village et je ne m’y suis plus jamais rendu.

Valérie : et les hommes qui te suivent dans la forêt représentent quoi ?

Rolis : elle a dit que c'est sûrement la partie de mon cerveau qui n'est pas prêt pour mon retour au village.

Valérie : Je savais que tu allais être satisfait d'elle... Mais le métier de psychologue, c'est l'arnaque du siècle. Être payé juste pour écouter les gens, c'est vraiment la classe.

Rolis : écoute madame, si tu veux, prochainement en sortant d'ici, c'est dans un cabinet que tu vas aller t'asseoir, d’accord ? Maintenant mangeons d’abord, parce que je meurs déjà. C’est comme si j’ai fait des années sans manger...

Valérie : tu n'as pas souvent faim quand ?

Rolis : ne profite pas pour m'insulter s'il te plaît.

Cette soirée se passait bien jusqu'au moment de son rêve. La corneille était passée le chercher comme les fois précédentes, mais une fois dans la forêt, à la place des hommes qui le suivaient souvent, c'est sur son père qu’il était tombé.

Rolis : papa tu fais quoi là ? Tu as pris de l'âge en plus

Jean : c'est normal mon fils, bientôt je ne vais plus être là, et c'est toi qui seras à la tête de la famille

Rolis : mais papa, pourquoi moi ? J'ai été écarté de vous depuis mon enfance et aujourd'hui j'ai déjà ma propre famille...

Jean : tu as été le choix depuis ta naissance, le moment venu, tu vas tout comprendre.

Il était perdu face à tout ce que son père lui disait.

Jean : regarde là 

Rolis : quoi ? La corneille qui a un œil de couleur jaune ?

Jean : oui, Je n'étais pas encore née, quand cette corneille volait déjà sur le toit de ma concession. Il avait été un guide pour mon père avant d'être mon guide. Demain il sera aussi ton guide et tu auras aussi la tâche préparer ton fils un jour pour qu'il soit son guide.

Il ne comprenait rien, pour lui, il était juste dans ce rêve et allait bientôt se réveiller.

Jean : c'est tout ce que j'avais à te dire

Cette nuit était différente des précédentes. Il avait profondément dormi jusqu'au petit matin. C'est la sonnerie de son téléphone qui l'avait réveillée

C'était sa mère de l'autre côté du téléphone pour l'annoncer que son père était décédé dans la nuit

À suivre...

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