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CHAPITRE 3

#LA_REUNION_DE_SON_PERE

#EPISODE_3

Ils avaient conduit Rolis dans la case où les notables avaient l'habitude de siégér.

Ils l'avaient tellement molesté, qu'il n'avait plus le courage de placer un mort.

Ils étaient 8 notables installés sur des chaises, Rolis était debout au milieu de la salle. Après environ 10 minutes de silence, l'un des plus vieux présents avait pris la parole.

Memkam : pourquoi tu as l'air tellement surpris de ce qui se passe ? Ton père ne t'avait pas préparé ça ?

Rolis : préparer à quoi ?

Les autres notables tous étonnés, avaient commencé à se regardent entre eux... Il y avait des chuchotements du genre ;

- vous êtes même sûr que Jean avait bien vu les signes à la naissance de cet enfant ?

Memkam : ton père ne t'avait jamais parlé de sa succession ?

C'est à instant que le souvenir de son dernier rêve avant le décès de son père était revenu...

Rolis : oui, je crois qu'une fois j'ai fait un rêve avec lui et il me parlait des choses bizarres sur sa mort et le village... Il y avait même une corneille à un œil jaune

Memkam : Voilà... Et comment tu disais d'abord qu'il ne t'avait rien dit ?

Rolis : je n'avais plus ça en mémoire.

Memkam : ce que tu dois comprendre, c'est que tu es le successeur de ton père, et ton père avait beaucoup de responsabilités dans ce village... Comme nous, ton père protégeait ce village et ce depuis des décennies... Il avait succédé à ton grand-père, comme aussi nous avons succédé à nos parents... Maintenant pour remplacer ton père, c'est toi qui as été choisi ! 

Pour Rolis c'était de simples titres honorifiques. Il ne comprenait pas toujours pourquoi il avait été victime d'une bastonnade ni la raison pour laquelle il se retrouvait au fond d'une brousse

Memkam : jusqu'à aujourd'hui, tu étais un enfant à nos yeux, nous t'avons tapé juste parce que c'était la dernière fois qu'on avait cette opportunité... Désormais tu es le chef, tu es père de toute une famille. C'est comme ça la tradition, avec le temps, tu vas comprendre.

Pendant qu'il parlait, la corneille à un œil jaune était venue atterrir au milieu de la salle... Les autres notables avaient commencé à sortir un en un... Au moment pour Rolis de sortir, on l'avait bloqué.

Memkam : non toi tu ne sors pas. C'est ton père qui est là, il veut te parler une dernière fois !

Ils avaient fermé la case derrière eux... Rolis était tout seul à l'intérieur quand il avait écouté la voix de son père... C'était là corneille qui parlait.

Surpris de ça, il était allé se réfugier dans coin de la case

Jean : il ne faut pas avoir peur mon fils, c'est vrai, tu es jeune et de mes fils, tu es celui qui ne connaît le moins les traditions de ce village, mais ce n'est pas grave, tu auras le temps d'apprendre tu n'auras pas de choix. C'est toi que j'ai choisi... C'est toi que les ancêtres m'avaient montré

Il était déjà mort de peur en écoutant une corneille parler, pourtant il n'était même pas au bout de ses surprises... Tellement de choses devaient encore se passer...

Jean : j'ai pris le poids de cette famille et ce village sur moi, aujourd'hui cette responsabilité te revient. Désormais en prenant chaque grande décision dans ta vie, tu dois prendre le village en considération...

Même la force pour demander quelque chose, il n'avait pas, il espérait juste que tout cela s'arrête une fois et qu'il rentre directement dans son pays d’adoption... Pour lui, même dans sa tête, il était Allemand. Il ne se sentait pas concerné par toutes ces histoires de village et de traditions...

Heureusement on avait ouvert la porte... La corneille s'était envolée pour sortir... Rolis se sentait soulagé.

Cette fois, les notables entraient dans la case étant déguisés et masqués avec des chasses mouches en mains... Ils dansaient en faisant un cercle au tour de Rolis

Chacun passait et déposait le chasse mouche sur l'épaule de Rolis en prononçant des mots en langue Mbakou qu'il ne comprenait pas.

À un moment, on avait stoppé le rituel de danse pour passer à un autre. Memkam était venu le retrouver on milieu et lui avait remis une kola et un verre de vin palme

Memkam : mâche ça, mais n'avale pas. Ensuite tu rinces ta bouche le verre de vin et tu recraches tout en trois tranches au sol

C'est vrai que cette kola avait un goût un peu amer, mais il n'avait pas eu beaucoup de difficulté à mâcher pour faire ce que Memkam avait demandé

Ensuite un autre vieux était entré avec deux calebasses ; l'un contenait un liquide rouge et l'autre le cœur d'un animal qu'on venait de tuer

Memkam : prends ça, mange et tu avales

Rolis : c'est quoi comme ça ? C'est un cœur ?

- vous êtes même sûr que c'est l'enfant de Jean ici ?

Avait demandé l'un des notables présents.

Memkam : Il ne faut pas avoir peur, tout va bien se passer... Tu es successeur de ton père et c'est juste ton initiation qu'on fait comme ça... Tant que nous n'avons pas terminé ici, tu ne pourras pas retrouver le chemin pour sortir d'ici...

Ce qu'il ressentait en ce moment, était inexplicable. Lui qui avait toujours négligé les paroles de sa femme concernant la sorcellerie, aujourd'hui il voyait ça en face de lui.

Il avait pris son courage en main pour manger cette viande crue

Putain c'était d'un goût d'horreur dans sa bouche. Ce truc était d'un dégoût à vomir qu'il voulait tout sortir de sa bouche, mais tellement ils avaient les yeux fixés sur lui, pour lui demander de manger ça et son envie de retrouver sa famille lui avait donné la motivation pour continuer à manger

Il avait juste une chose en tête... Terminer ces histoires barbares et retourner chez lui en Europe pour ne plus jamais revenir

Quand il avait réussi à avaler ce cœur... Un vieux s'était levé avec un chasse mouche et le lui avait posé sur chaque épaule en chuchotant des trucs qu'il ne comprenait pas, les autres avaient les yeux fermés, lui aussi il avait fermé les yeux avant de recevoir la moitié de la calebasse qui contenait le liquide rouge sur la tête... Il lui avait remis l'autre moitié de boire.

En buvant, Rolis avait compris que c'était du sang, il ne savait pas si c'était humain ou animal... Il buvait juste pour que tout ça se termine et il rentre.

Memkam : pour le moment c'est tout, comme ton père l'a été avant toi, tu es maintenant membre du conseil des notables. Chaque fois que le village aura besoin de toi, tu dois répondre présent.

Ils l'avaient habillé en tenue traditionnelle et on lui avait remis le sac et le chapeau de son père

Memkam : en signe de puissance, je fais de cette corneille ton totem

C'était les derniers mots de Memkam et ils étaient sortis de la case avec lui, pour le ramener au village où il avait trouvé une foule qui dansait, accompagnée des coups tirs des fusils artisanaux pour accueillir le nouveau chef de famille.

Tout le monde le prenait dans ses bras et le Félicitait comme s’il avait gagné un trophée... À cet instant, sa seule préoccupation était de savoir si sa femme et son fils étaient en sécurité.

Il les avait vu bien gardés aux côtés de sa mère. D'un signe de la main, il avait fait comprendre à sa mère qu'il voulait lui parler.

Rolis : maman qu'est-ce qu'ils m'ont fait comme ça ?

Chimène : la chose que je craignais le plus mon fils. Ils t'ont fait successeur de ton père et cela implique que tu n'auras plus de vie... Ton arrière-grand-père avait des engagements vis-à-vis de ce village...

Rolis : j'ai déjà dit que je ne suis pas dans vos histoires là, d'ailleurs je rentre immédiatement

Chimène : si c'était le choix de ton père, tu n'auras pas d'autres. La tradition c'est pour toujours et à jamais. Peu importe le lieu où tu te trouves, quand ils auront besoin de toi, ils vont trouver les moyens de faire revenir... C'est surtout dans ses moments que tu ne dois pas chercher à voir leur limite. Dans le passé, ton père avait essayé et il avait fini par regretter

Rolis ne voulait rien comprendre. Il était allé juste récupérer ses valises dans la maison où elles se trouvaient pour rentrer avec sa famille.

Memkam le notable qui l'avait initié l'avait vu un peu nerveux et s'était rapproché de lui.

Memkam : notable Rolis qu'est-ce qui ne va pas.

Il portait déjà le titre de notable

Rolis : juste des petits problèmes à mon lieu de service, je dois rentrer

Memkam : où en Allemagne ?

Rolis : oui

Memkam : tu sais que tu n'as plus le droit de retourner là-bas n'est-ce pas ? À moins que cela soit pour les vacances

Rolis : non et pourquoi ça ?

Memkam : on t'a dit que tu avais désormais des responsabilités vis-à-vis de ce village donc tu ne peux travailler aussi loin et venir à nos réunions... sauf si tu as les moyens pour ça

Rolis : ah d'accord

Il souriait devant lui, pour Rolis, tout ça n'avait pas de sens. Il allait seulement retourner chez lui.

Memkam : Je suis sûr que tu seras vaillant et courageux comme ton papa...

Rolis : Merci... J'ai compris mais je dois aller à Douala d'abord

Memkam : Il faudrait que tu rendes ton papa fier de toi plus tard... Ta présence n'est plus nécessaire pour le moment ici. On aura encore besoin de toi seulement pour la prochaine réunion des notables

Rolis : d'accord, j'ai compris tonton

Il était remonté à Douala avec sa famille et trois jours après, ils avaient pris le vol pour l'Allemagne. Pour lui, c'était fini, il fallait reprendre sa vie normale et son quotidien d'avant... 

Son entreprise avait accepté qu'il continue le travail sans problème, ses collègues l'avaient salué pour lui adresser beaucoup de courage... Il était content de les retrouver.

Deux mois étaient passés, il gardait toujours des mauvais souvenir de son village

Depuis un moment, sa mère l'appelait pour l'informer que les notables réclamaient sa présence au village pour une réunion importante et à chaque fois, il s'en foutait...

Ce matin en partant au travail, après avoir déposé son fils et sa femme, il avait vu la corneille à œil jaune venir se poser sur le capot avant de sa voiture pendant une dizaine de secondes avant de s'envoler de nouveau

Il ne le savait pas encore, mais s'il continuait à ignorer les appels des notables, sa vie allait bientôt basculer

À suivre...

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