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Chapitre 3

#illusion

#Épisode_3

De ma maison au centre de formation bilingue, je n’avais que trente minutes de route à pied. Après avoir déposé Fatima à l’école, le chauffeur revenait me prendre. Avec lui j’étais au centre en moins de cinq minutes. Samira me coiffait toujours en boudant sur le fait que sa mère lui interdise les sorties. Une fois terminé, on descendit ensemble rejoindre maman au séjour. Elle avait déjà fait venir le décorateur pour les fêtes.

Moi : Bonjour maman, je vois que tu ne blagues même pas cette année

Fatoum : non ma fille, ne parle pas comme ça. Il y’a une année où je blague ? Rentre vite du centre, tu vas m’aider. Et toi Samira, si tu n’as rien à faire tu n’as qu’à venir m’aider. 

Samira : je dois aller réviser pour mon examen de demain

Moi : et moi je risque rentrer super tard dans la nuit même

Fatoum : vous savez quoi ? À midi pile je veux vous voir ici. Quand c’est pour travail là vous fuyez tous. On vous dit je vais travailler à votre place ? Marchez vite et revenez aussi vite.

Maman m’avait appris à gérer ma vie professionnelle surtout en ce qui concerne les finances. Elle avait fait de moi une étudiante brillante en comptabilité et m’avait également fait étudier le droit des affaires. Elle voulait que fréquente pour elle, pour combler ce qu’elle n’avait pas par faire faute de moyens financiers. La seule chose qu’elle n’avait jamais jugé bon de m’apprendre c’était de m’occuper d’une maison. Je ne savais rien faire dans ce domaine. La famille de Samira s’occupait de tout dans la maison, ils étaient tous payé pour ça. Je ne mettais pieds dans la cuisine que lorsque je devais bavarder avec Samira ou encore pour prendre un verre d’eau. Je savais à peine allumer un feu sur la cuisinière, combien de fois y poser une marmite ?

Maman avait planifié nos vies, pour elle nous n’aurions jamais à travailler comme des femmes de ménages pour qui que ce soit. Je m’étais habitué à cette vie bien que j’avais peur d’être un jour coincé. Plus je grandissais, plus j’avais envie de me mettre aux tâches de ménages mais au moment de prendre une assiette à Samira pour la rincer, elle me glissait entre les doigts et finissait en mille morceaux. Tout était déjà fait pour Fatima et moi, nos doigts n’étaient jamais sales. Comme chaque matin en m’accompagnant jusqu’au portail, Samira essayait de me faire comprendre qu’un jour je regretterai de ne rien connaitre sur le véritable travail de la femme.

Samira : tu sais même si j’avais tout l’or du monde, je ne payerai pas pour qu’on lave mes assiettes alors que j’ai de grands enfants à la maison. Je n’accepterai pas que quelqu’un d’autre vienne dresser le lit sur lequel ma fille ainé a passé la nuit. Vraiment mon ami, tu dois apprendre à faire ce minimum de travail toute seule.

Moi : j’ai essayé mais ça n’a rien donné. Tu veux que je fasse comment ? Je ne veux plus casser les plats de maman et rétrécir les habits dans la machine à laver. Ne t’en fais pas j’ai un avenir déjà tracé. Je ne peux pas souffrir dans l’avenir tant que maman est là.

Samira : ma chérie, tu connais déjà ton avenir quoi ? Laisse-moi te dire que demain tu peux te réveiller que tout ce luxe a disparu, tu vas faire comment ? Vraiment ne me déçoit pas en parlant comme une ignorante. Tout ceci n’est qu’éphémère. 

Moi : qu’Allah nous préserve du malheur

Samira : il nous préserve toujours. Mais avant qu’il ne tende sa main toi tu dois déjà avoir mis la tienne

Moi : merci pour les conseils ma chérie, on va encore faire des essais de travaux ménagers ce soir après la décoration

Le chauffeur vint m’ouvrir le portail en faisant ces yeux doux à Samira, j’avais déjà remarqué cette attirance dangereuse entre ces deux. Dans cette rav 4 blanche dernière version, on nous accompagnait à nos différentes destinations toutes les journées. Hamid était mon chauffeur ainsi que celui de Fatima. Assise derrière, je ne manquai de mettre sur table ce sujet qui m’intriguait depuis un bout de temps. Il connaissait le tempérament de ma mère en ce qui concerne les relations entre employés. 

Moi : Hamid tu cherches palabres avec maman ou quoi ?

Hamid : si la patronne te demandait de quitter ton petit ami parce qu’elle juge que ça te ralenti à l’école, le ferais-tu ?

Moi : non elle sait que ça ne peut pas me ralentir. Je sais aussi que ça ne peut pas vous ralentir mais j’ai peur que tous les deux perdiez vos différents emplois à cause de ça. Elle a été formelle en interdisant ça. 

Hamid : j’espère que je peux compter sur toi pour le silence.

Moi : mais tu veux rien comprendre toi ? En tout cas je t’ai déjà prévenu. Quand ça va cuir je serai plus là.

Hamid : c’est pour ça que je t’aime. Au fait je veux que tu me couvres ce soir. Je veux faire une surprise à Samira et j’ai besoin de la voiture

Moi : en plus tu veux que je vous aide dans ça ? Non je refuse

Hamid : tu me brise le cœur en quatre-vingt et dix-neuf morceaux. Tu peux encore sauver le dernier morceau

Moi : tsuip… Je t’écoute

Hamid : tu peux aller rester chez une amie après les cours comme ça je donnerai vite fait sa surprise à Samira et je reviens te chercher. Ça ne prendra même pas trente minutes. Tu diras à ta mère que tu voulais que je t’attende chez ton ami.

Moi : et si elle te voit dans la ville ?

Hamid : ça deviendra mon problème

Moi : l’amour la quoi !

Hamid : quand ça nous tient

En passant près de l’école Fanon, je remarquai la voiture de service de mon beau père. Je stoppai tout de suite Hamid.

Moi : Hey Hamid, il faut garer un peu voir. La voiture de papa fait quoi ici alors qu’il en censé être en mission ? Ce parasite trompe surement maman.

Hamid : le meilleur conseil que je puisse te donner c’est de ne pas te mêler de leur vie privée. Continuons notre chemin

Moi : tchié Hamid, je veux savoir. Gare au parking là-bas, je veux descendre.

Hamid ne m’écoutait pas, il continuait sa route comme si je prêchais au Sahara. J’étais furieuse contre lui. 

Moi : Hamid tu sais quelque chose et puis tu ne dis rien ? J’espère que tu ne couvres pas les magouilles de se lèche botte de malheur.

Hamid : tout comme je garde tes secrets sur tes positions au lit avec ton homme, je garde également les secrets des autres membres de ta famille. Vous me faites confiance et jamais je ne trahirai qui que ce soit sauf en cas d’extrême urgence.

Moi : mais là nous sommes dans un cas de sur-urgence extrême. Cet homme trame quoi ?

Hamid : rien de mal je t’assure. Tu seras même ravie alors calme toi.

Ha se Hamid ! Mon préféré parmi tous les employés de bureau de maman. Il ne froissait pas son visage et ne fronçait pas les sourcils comme ses collègues. Il savait rester sérieux mais son visage se détachait à chaque fois qu’il en ressentait le besoin. Dans son costar noir brodé d’un brin de fil blanc qui quittait du col à son oreille, il donnait l’aire d’un chef d’entreprise. Il était Belhomme, normal que Samira ait craqué. Pour le taquiner avant qu’il ne me laisse devant mon immeuble, je lui rappelais ce qu’il me disait il y’a juste deux mois.

Moi : N’est-ce pas tu vas te remettre en couple pendant saison des pluies quoi ? Maintenant c’est quelle saison Hamid ?

Hamid : quand j’ai vu Samira traverser la grande cour en courant avec sa robe de nuit sur elle à six heures du matin, j’ai eu directement froid. 

Moi : tchié, elle ne m’a rien dit quoi ? Elle va m’entendre

Hamid : je lui ai demandé d’attendre que je le fasse d’abord. Ne lui en veut pas

Moi : d’accord. On se voit tout à l’heure

Hamid : on fait comme j’ai dit

Dès qu’Hamid m’ouvrit la portière, le majordome de l’immeuble vint me chercher comme l’exigeait ma mère. Son influence dans la ville nous mettait constamment en danger alors il nous fallait qu’elle nous sache toujours sous surveillance. Mon centre de formation se trouvait au deuxième niveau. Je fus accompagné jusqu’à ce que je prenne place en salle. Les yeux étaient toujours rivés sur moi, tous connaissaient qui j’étais. Au bout d’une dizaine de minutes, Elie arriva à son tour. Il était essoufflé.

Moi : tu as couru dans tout Yamoussoukro ou bien ?

Elie : si tu savais, on m’a fait faire le tour de la ville pour un seul livre. 

Moi : orrr patience mon bébé, repose toi un peu avant que l’enseignant n’arrive. On n’a encore dix minutes.

Elie : laisse-moi d’abord te dire que tu es très belle

Moi : merci mon chéri

Elie n’était pas le plus beau des hommes, il n’était pas le plus élégant non plus. Il n’avait pas non plus la silhouette d’un sportif mais c’était toutes ces imperfections qui m’avaient attiré vers lui. Il savait être le moins beau de la salle de classe lorsqu’on faisait la terminale mais il se vantait du contraire. À trop me moquer de lui, je finis par tomber dans son piège un beau matin. Il était le tout premier à arriver en salle ce matin et je suivais directement. En entrant en salle sans prêter attention, je me cognai contre son ventre, il avait un gros bidon. Il guetta pour voir s’il n’y avait personne et me tira brutalement contre lui. Un simple baiser sur ma joue calma mes airs de fille de haute société jusqu’à cet instant.

On avait su s’entendre car on avait de grands rêves en commun. Maman n’a jamais été contre le fait que j’ai un petit ami, peu importe sa classe sociale. Elle voulait juste d’une personne capable de ne pas me faire souffrir, un homme qui a de grands projets. L’échec de notre visa n’était pas faute de moyen financier car maman avait décidé de payer tous les frais pour nous deux. Elle voyait en Eli un homme avec un avenir brillant. Pour elle j’avais fait un bon choix. 

Après que le cours soit terminé, j’appelai Hamid pour qu’il vienne nous chercher. On avait décidé d’aller nous promener près du lac aux caïmans en attendant qu’Hamid fasse sa surprise à Samira. Eli me parlait comme toujours de ses ambitions.

Eli : une fois qu’on sera arrivé aux USA, on va d’abord chercher un petit emploi juste pour avoir des sous en poche par nous-même. Là pendant qu’on fréquente on n’a aucun souci d’argent même si ta mère tarde un peu.

Moi : tu peux souvent parler d’autres choses que les projets et tout et tout ? On est déjà à trois années de relations et tu n’as jamais parlé d’un futur avec moi.

Eli : c’est quoi ? Tu veux déjà te marier ?

Moi : non ce n’est pas ça. Le souci c’est que même parler peut-être du nombre d’enfants qu’on pourrait un jour avoir, même pour plaisanter quoi ! 

Eli : parce que je t’ai dit que je voulais déjà les enfants ? Je suis là je planifie ma vie tu me parles d’enfants ? Tu es pleine aux as donc ta vie est déjà tracée. Je me cherche encore.

Moi : tu grondes maintenant pourquoi ? N’est-pas normal qu’on inclut notre vie de couple dans nos projets ? Ou bien après avoir réalisé tes rêves tu vas me quitter ?

Eli : en tout cas laisse d’abord ce sujet. On est ensemble et on s’aime, c’est le plus important. Réalisons nos rêves d’abord et on verra tous ce que tu dis après.

Moi : je ne demande pas que tu m’épouse maintenant ou qu’on fasse des enfants. Je veux juste savoir si dans le minimum de tes prières j’apparais souvent. Tu vois notre vie future après le travail comment ?

Eli : j’ai d’abord mal à la tête depuis le matin, laisse-moi rentrer me reposer… Au fait je n’ai pas un rond sur moi chéri…

Je lui donnai quelques billets comme d’habitude pour qu’il assure sa soirée. Il s’en alla en me laissant une bise sur la joue comme toujours. J’avais souvent pensé qu’il puisse être en train de profiter de la situation financière de ma famille pour gravir tous ses échelons, qu’il m’exploitait mais tout de suite je recadrais cette pensé. On était déjà un vieux couple très heureux, Eli ne pouvait pas être comme ces autres gars. Je réussis à me convaincre que j’avais eu tort alors je lui fis un long texto pour m’excuser.

À suivre…

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