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Chapitre 3

~𝒞𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 3~

Point de vue de Chad

2 jours après l'enterrement

Je donne deux coups lĂ©gers, la porte finit par s'ouvrir et laisse apparaitre la mère d'Andrew, Jenna. Ses longs cheveux noirs sont attachĂ©s en un chignon rapide, le visage pale et Ă©puisĂ©. Aujourd'hui, l'appartement d'Andrew doit ĂŞtre complĂ©tement vidĂ©, dĂ©barrassĂ©. Je leur ai proposĂ© mon aide et ils ont de suite acceptĂ©e, de plus Jenna ma mĂŞme autorisĂ© Ă  emmener quelques affaires. J'ai l'impression que plus les jours passent, plus l'existence de mon meilleur ami disparait, comme une petite poussière. D'abord son corps disparait, et maintenant son appartement est vidĂ©. Son existence est presque effacĂ©e. C'est fou, les personnes connus, mĂŞme morte, seront toujours dans la mĂ©moire des gens. Mais les Hommes qui n'ont pas « marquĂ© Â» le monde, eux, se font extraire de l'univers en un coup de vent. Andrew mĂ©ritait de faire partie de ces gens, il mĂ©ritait d'avoir une place dans chaque mĂ©moire du monde entier. Il mĂ©ritait que l'univers se rappelle de lui Ă  chaque instant.

Jenna m'invite à entrer et ma respiration se bloque aussitôt. Il y a tant de souvenirs dans cet appartement, tant de choses précieuses et voilà qu'aujourd'hui cet endroit sera comme effacé.

- Nous avons terminé de débarrasser la cuisine, nous n'avons pas touché à sa chambre. Je te laisse faire. Jenna essuie ses larmes. Si jamais Sarah est dans la salle de bain.

Je sers la main de Jenna pour la soutenir et file saluer la deuxième mère d'Andrew puis vais dans la chambre à mon meilleur ami. J'ouvre la porte et me force à ne pas fondre en larmes. J'attrape le cadre posé sur son étagère. Nous voilà tous réunis, Kelly, Stella, Andrew, Aicha et moi, au bord d'un feu de camps. Nous étions en train de faire griller des marshmallows. Je me souviens de cette soirée, c'était quelques jours avant le drame. Nous étions tous réunis et heureux. Je crois que c'était l'une de nos plus belles soirées.

Après avoir débarrassé plusieurs coins de sa chambre, je m'attaque à sa table de nuit.

Andrew, je t'en supplie je ne veux pas trouver de capote.

Je rigole intĂ©rieurement et ouvre le tiroir mais me voilĂ  surpris face Ă  ce que je trouve. Une boite rouge, en bois. Je l'ouvre, intĂ©ressĂ©, et ce que je trouve me retourne le ventre. Une tonne de photos se trouve dans cette boĂ®te mais cette fois, ce n'est pas notre groupe. C'est Andrew, Alexis et moi. J'en attrape une, puis enchaine avec toutes les autres. J'ai la boule au ventre et les larmes aux yeux. Tout ça, c'est aussi parti en un coup de vent. Je finis par apercevoir une photo de dos, avec quelque chose griffonnĂ©. Je l'attrape et lis ce qu'il y a Ă©crit : « notre dernier souvenir Â». Je tourne tout de suite la photo. Effectivement, ce soir-lĂ , c'Ă©tait notre dernier souvenir d'Alexis, notre dernier moment tous les trois, ensemble. C'Ă©tait le soir de notre bal de promo. On dĂ©testait ça, enfin surtout Alexis. Elle ne voulait pas y aller, et rien ne la faisait changer d'avis. Elle nous a forcĂ© a s'y rendre Andrew et moi mais c'Ă©tait hors de question de la laisser toute seule. Alors nous avons abandonnĂ© ce bal de promo et nous l'avons fait Ă  notre façon, chez Andrew. C'Ă©tait notre soirĂ©e, Ă  nous trois. Mais personne ne se doutait, Ă  cet instant prĂ©cis, que tout aller s'Ă©crouler le jour d'après.

Je remets les photos dans sa boite et la met dans le carton « Ă  emmener Â». Je ne pourrais pas les jeter. Andrew me dĂ©testerait et j'ai beau vouloir Ă  Alexis, elle comptera toujours pour moi. Ce sont mes plus beaux souvenirs alors je ne dois pas les foutre Ă  la poubelle. Vous avez beau dĂ©tester une personne, vous avez beau lui en vouloir, si elle a fait partie de votre vie et que vous l'avez aimĂ© comme quelqu'un de votre famille, elle comptera toujours.

Me voilà prêt à fermer la porte de cet appartement en compagnie de Sarah et Jenna. Nous y voilà. Les cartons sont pleins à craquer, l'appartement est vide. Il n'y a plus rien a lui, c'est terminé. Les souvenirs qui rodent dans ces pièces seront bientôt remplacé par d'autres avec différentes personnes. Nous fermons tous ensemble la porte, le cur lourd.

- Chad tu veux te joindre Ă  nous pour le diner ?

Je regarde mon portable et remarque qu'une journée entière est déjà passée.

- C'est gentil mais je vais rentrer. Prenez soin de vous, bonne soirée.

J'attrape mon carton et m'en vais dans ma voiture.

Arrivé chez moi, je m'assois sur mon canapé et pose le carton devant moi. Je l'ouvre à nouveau et sort son contenue. Je n'ai pas emmené grand-chose, cela ne sert à rien. Rien ne le fera revenir. Ce sont seulement ses affaires, des vêtements, des objets qui n'ont plus de propriétaire alors j'ai seulement emporté les photos et son blouson de hockeys. Il adorait ce blouson, et dieu sait que si quelqu'un avait le malheur de lui piquer il aurait pu lui couper la tête. J'ai pensé que je devais le faire.

J'attrape les photos et les regarde à nouveau. Mon cur s'est à nouveau brisé en nous voyant tous les trois réunis et cette soirée tourne en boucle dans ma tête. Nos éclats de rire, nos discussions, tout. J'aurais tellement aimé revivre tout ça, une dernière fois.

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