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Chapitre 2

Une semaine après, Manuella sort de l'hôpital accompagné de Souleymane qui a tenue à l'amener jusqu'à chez elle, en ne faisant pas trop attention au refus catégorique de la jeune fille. Il arrête un taxi et marchande avec lui. Celui-ci accepte de les amener à la médina avec un prix raisonnable.

Sur la route, Souleymane la contemplait comme s'il était ébahi.

- Donc tu t'appelles Adjara Manuella Diagne, un nom très rare. Es-tu réellement une sénégalaise ?

- Bien sûr que oui, mais tout le monde m'appelle Manuella. Et toi Souleymane c'est quoi ton nom de famille ?

- Je suis un DIOP, digne fils d'un roi.

Elle rigole face à cet homme prétentieux et continue de contempler la ville. Sentant le regard appuyé de cet homme sur elle, elle se tourne vers lui et dit :

- Y'a-t-il quelque chose d'irrégulier sur mon visage ?

- Oh non pas du tout excuse-moi. C'est juste que, .... , que je n'avais pas trop fait attention à toi depuis tout ce temps qu'on était à l'hôpital. Avec la lumière du jour, je constate que tu as des yeux uniques en tant qu'Africaine.

- Avez-vous peur de moi ? Demande-t-elle sur la défensive.

- Pas du tout, et pourquoi aurais-je peur ? C'est juste qu'il est très rare de voir une africaine aux yeux bleus. Mais cela te donne une identité et te démarque par rapport aux autres.

- Hum, je croyais que vous étiez comme les autres.

- Qui sont les autres ?

- Personne laissez tomber.

- Comme tu veux et s'il te plait, on peut se tutoyer tu sais.

Manuella ne répondit pas mais sourit et se tourne vers la vitre pour contempler la beauté de la nature sous ses pensées lointaines.

Une vingtaine de minutes après, le taxi se gare devant une modeste demeure d'une famille lébou à la médina. Manuella sentit son cœur battre à un rythme irrégulier pendant que Souleymane descendait du véhicule. Elle se tourne vers lui et lui demande gentiment de ne pas entrer dans la maison afin de lui éviter des problèmes. Le jeune homme ne comprenant pas ce qu'il voulait dire, fronce les sourcils.

- C'est vraiment gentil de votre part de m'avoir accompagné jusqu'ici mais je vous demande juste de rentrer chez vous, vous avez tout fait et je vous en suis reconnaissante de vous être occupé de moi afin que je puisse guérir au plus vite. Dit Manuella.

- Mais il faudrait que je vous aide car vous ne pourrais pas faire grand-chose avec votre jambe. Laisse-moi t'aider s'il te plaît.

- Je sais que vous ne me voulez que du bien mais il est temps pour vous de vaquer à vos occupations et si ma tante me voit avec vous, elle va se faire des films et j'aurais des problèmes avec elle.

- Ne t'inquiète pas je lui expliquerai ce qui s'est passé. Et ....

- Non non non, surtout pas. Merci pour tout mais ne vous sentez pas coupable de ce qui m'arrive. Rentrez chez vous sain et sauf.

- Mais donne-moi ton numéro de téléphone alors pour que je puisse vous joindre et prendre de vos nouvelles.

- Je n'ai pas de téléphone désolé.

- MANUELLA cria une voix à l'autre bout de la rue.

La jeune fille sursauta et se tint la tête voyant que la dame traversait la rue pour venir vers elle. Elle se tourne vers Souleymane et le supplie de rentrer chez lui avant que les choses ne s'aggravent. Celui-ci très têtu et sentant que la fille allait avoir des problèmes, se décide de rester pour comprendre sa réaction.

La dame arriva à leur niveau et asséna à Manuella une paire de gifle qui retentit automatiquement sur ses oreilles.

Souleymane était plus que choqué et a voulu intervenir en s'interposant devant la dame.

- Mais vous êtes malade, qu'est-ce qui vous prend de frapper gratuitement cette jeune fille, n'avez-vous pas vu l'état dans lequel elle est ? Dit Souleymane.

- HEY JE NE VOUS PERMETS PAS DE ME PARLER DE LA SORTE. QUI ETES VOUS POUR ME DIRE CE QUE JE DOIS FAIRE ? POUSSEZ VOUS POUR QUE JE RÈGLE LE COMPTE A CETTE JEUNE FILLE. ESPÈCE DE DEVERGONDE, tu étais surement chez les hommes à traîner comme tu sais si bien le faire, « Tiaga bi, tay rek lay def nonou sa ndeye »

- Je suis désolé mais il est hors de question que je vous laisse la faire quoi que ce soit Madame. Cette fille étais hospitalisé parce que je l'ai heurté en pleine rue, ce qui lui à coûter sa jambe qui s'est cassé. Alors si vous ne vous occupez pas d'elle je serai obligé de la ramener à l'hôpital jusqu'à ce qu'elle guérisse. Au moins là-bas elle sera bien traitée.

- Souleymane, je t'en prie laisse-moi gérer les choses et va-t'en. Je vais me débrouiller et la famille comprendra mon absence pendant tout ce temps et s'il te plait n'insiste pas.

- OUI VA REJOINDRE TA FAMILLE JEUNE HOMME ET LAISSE LA GÉRER SA VIE. ET JE TE CONSEIL DE T'ÉLOIGNER D'ELLE CAR C'EST UNE FILLE MAUDITE.

La dame tira le bras de Manuella qui ne savait plus où se mettre après cette humiliation en pleine rue. Souleymane se résigna à rentrer le cœur lourd et plein d'appréhension. Il sentait que cette jeune fille avait besoin d'aide mais son problème était pourquoi sa famille se comportait comme sa avec elle.

Qu'avait-elle fait pour mériter un tel traitement et surtout devant les inconnus ?

Est-ce qu'elle serait une dévergondée comme sa tante l'a si bien dit ?

Il marcha de longues minutes avant de prendre un taxi pour retrouver ses amis à sacré cœur.

Pendant ce temps, Manuella se faisait traiter par tous les noms.

- Tu crois que tu peux nous leurrer, tu fugue pendant une semaine et revient avec une jambe plâtrée. Tu crois que c'est cela qui va m'empêcher de te frapper. Dit sa tante paternelle en joignant parole aux actes.

- Ma tante je n'ai rien fait qui puisse mériter un tel traitement. J'ai eu un accident, je n'étais pas chez qui que ce soit. Arrêtez ....

La tante continuait son manège jusqu'à ce qu'un de ses oncles pénètre la grande cour de la maison.

- Mais que se passe-t-il dans cette maison ? Thiaba qu'est-ce que tu es en train de faire encore à cette pauvre fille ?

Kabir laisse-moi gérer les choses à ma manière. Cette fille veut devenir la risée de tout le quartier, alors elle le sera mais pas sous mon toit.

- Tu es devenue folle là, c'est trop.

Tonton kabir baissa les yeux sur la jeune fille et son cœur rata un battement en la voyant allongé, la jambe plâtrée.

Il l'aida à se relever puis la conduit dans la chambre des jeunes filles. Il la regarde avec tristesse en se rappelant de son père qu'elle a perdu il y'a à peine 10 jours. Il voulut la prendre sous son aile mais n'a pas de place chez lui, vu qu'il a deux épouses et ses enfants dans un appartement de deux chambres salon. Mais il se promit de passer tous les jours s'enquérir de ses nouvelles.

- Ma fille, ne pleure pas sinon je ne saurais quoi faire. Tu sais que je suis là même si tu te sens seule, et je te défendrai toujours contre cette sorcière qui me sert de sœur. Soit forte, la vie est ainsi faite et surtout n'oublie jamais, Allah nous éprouve à tout moment pour mesurer le degré de notre croyance.

- Mon oncle, Allah m'a oublié depuis des lustres. Je ne suis plus que l'ombre de moi-même depuis qu'il m'a pris mon père. Je ...

- Ne dit pas cela ma fille, Allah sait ce qu'il fait. Il faut juste endurer et être patiente, tout ira bien maintenant explique moi un peu comment tu as fait pour revenir avec une jambe cassée après une semaine de disparition.

Manuella, se sentit en sécurité et se mit à lui raconter tout ce qui s'est passé ces derniers jours et surtout comment Souleymane l'a aidé à s'en sortir à l'hôpital et tous les frais qu'il a pris en son nom. Mais elle n'a pas oublié de lui souligner, comment sa tante l'a appris la nouvelle de la mort de son père.

( ........

Tante Thiaba : Manuella où es-tu enfant de malheur ? Espèce de sorcière à cause de la malédiction avec laquelle tu es née, ton père vient de rendre l'âme, tu n'as plus personne à ta rescousse. « Deume biga done khawma ani niit ak beut you bleu, wakhou mala nak ak sénégalaise, kène khamoul foula sa yaye dieulé » Je savais que tes yeux ne montrent rien de bon. Ta mère la sorcière nous a mené dans un bateau plein de surprises. Mais tu me trouveras sur ton chemin quoi que tu fasses, tu verras que tu n'as plus de père pour te protéger contre ma foudre.

......... )

C'est dans cette profonde douleur que la jeune fille éclata en sanglots sous le regard meurtri et impuissant de son oncle. 

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Excellente Weekend à vous.

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