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Chapitre 3

#Les_Femmes_De_Ma_Vie

#Episode_3

Comment garder la foi lorsqu’on n’a jamais un moment de bonheur ? Lorsqu’à chaque fois nous sommes persécutés ? Je commençais à remettre en question l’existence de celui que maman me faisait prier et adorer plus que tout. Au bout de quelques minutes de marche, je sentis que maman était fatigué de me porter ainsi.

Moi : tu sais maman, papa m’a déjà donné tellement de coups que je ne ressens presque plus rien après un bout de temps. Donc je peux maintenant marcher.

Maman : ne cesse pas de ressentir la douleur mon fils, je ne voudrai pas que ton cœur durcisse.

Je n’avais pas compris grand-chose à ce qu’elle venait de dire mais au moins elle m’avait posé par terre. Une fois à la maison, elle s’était allongée sur la nappe et s’était mise à réciter des quantiques religieuses. Elle avait tellement chanté qu’elle s’était endormie. J’étais assis là, comme un bon à rien pendant que maman faisait tout. J’eus une idée, je devais moi aussi allé chercher de l’argent. 

Je lui posai une bise sur la joue et je sortis de la maison. Je savais qu’elle serait fâchée à mon retour. Ma petite mémoire avait déjà enregistré la route, j’avais juste peur de revoir ces ‘’Haram’’ sur mon chemin. Avec mes petits pieds, je faufilai entre les pistes jusqu’au grand marché de la veille. Il était encore plus rempli de monde qu’à la veille. Je devais trouver une activité, je ne savais même pas par où commencer. Je vis un petit garçon d’environ mon âge. Il classait les courses d’une femme dans sa voiture. Après quoi il reçut quelques pièces. Je commençai à harceler la clientèle.

Moi : hé mama, je peux porter votre sac ? Salam Laadji laissez-moi vous aider…

Au bout d’une trentaine de minutes à répéter la même phrase avec le sourire aux lèvres, une femme voilée m’interpella et me confia un sac vide.

-tu vas me suivre, tu t’en sens capable ?

Moi : bien sûr mama, je suis très fort… Alhamdoulilah j’ai enfin une cliente !

J’aurai dû me taire. Cette femme avait rempli son sac de caillou à la place de nourriture ou quoi ? Je transpirais tellement que je sentais mes vêtements couler. Pour couronner le tout, elle saluait tous ceux qu’elle voyait sur son chemin. Des heures à la suivre m’avaient néanmoins rapporté un revenu assez costaud. Maman et moi allions bien manger ce jour. Après avoir porté ses courses jusqu’à une voiture non loin du marché, elle démarra aussitôt. Seulement, je remarquai son porte-monnaie par terre. Elle était déjà bien loin.

‘’Je ramasse ou je laisse ? Maman me dit toujours de ne pas prendre ce qui n’est pas à moi. Mais c’est là par terre, ça souffre. Est-ce que c’est Haram ?’’ Me demandais-je.

Au bout de quelques secondes, je ramassai le porte-monnaie et me mis à courir en direction de la maison. J’étais passé sur notre piste d’égression à la ‘’speedy Gonzales’’, ces gens, même s’ils le voulaient, n’auraient pas pu m’agresser. De retour à la maison, maman était éveillé et très furieuse.

Maman : tu sors d’où Ibrahim ? C’est le porte-monnaie de qui entre tes mains ? Je sens que tu veux pleurer.

Moi : maman, je suis allé chercher de l’argent pour qu’on mange bien ce soir. Je ne veux plus rester là à ne rien faire.

Maman : et qui t’a demandé d’aller chercher de l’argent ? Je t’ai dit que je ne pouvais plus le faire ? S’il t’arrivait malheur là dehors ? Tu allais me laisser où ? Apprends à réfléchir hein. 

Moi : excuse-moi maman…

Mes yeux brillaient déjà. J’aurais supporté mille coups de fouets, je ne pouvais supporter les cris de ma mère contre moi. Je sniffais, je m’essuyais le visage. Elle m’avait arraché le porte-monnaie des mains l’avais ouvert et en était étonné.

Moi : il y’a quoi dedans maman ?

Maman : de l’argent, beaucoup d’argent. Des pièces personnelles aussi. Il y’a aussi un numéro de téléphone, on va appeler la personne et lui rendre ses affaires. 

Moi : et comme on n’a même pas de téléphone la ?

Maman : on va le faire au call-box. 

Moi : ma’a prend…

Je lui tendais mon labeur du jour. Elle avait à nouveau froissé son visage mais mon aire de chien battu l’avais fait sourire. Maman était la plus belle femme du monde. Il suffisait qu’elle m’expose sa belle dentition, qu’elle valorise son piercing sur le nez en souriant. Elle compta mes pièces et me félicita sans oublier ses reproches.

Maman : c’est bien mon chéri mais ne me fait plus des coups pareils. Quand tu veux sortir tu me préviens.

Moi : tu aurais certainement refusé.

Maman : tu es même trop petit pour te mettre sur ce genre de tâche. Bon, allons rendre les choses de quelqu’un.

On marcha jusqu’au premier kiosque sur notre chemin. Dans mon cœur, je priais que cette femme nous récompense.

Moi : dis maman, elle va nous donner un petit quelque chose ?

Maman : si oui alors c’est bien, au cas contraire c’est toujours bien. Il ne faut pas compter sur ce genre de chose mon fils, c’est toujours décevant. Faisons juste ce qu’Allah recommande, rendons lui son porte-monnaie. 

Maman composa le numéro. Elle parlait certainement à cette femme.

Maman : Salam madame, je suis en possession d’un porte-monnaie qui contenait ce numéro. C’est mon fils qui l’a…

Elle s’arrêta de parler. Je n’entendais plus que des ‘’Okay’’, ‘’c’est compris’’. Ensuite elle indiqua notre position et on prit place près du vendeur qu’on avait déjà payé. Constatant mon regard posé sur ces multiples bonbons et biscuits qui ne faisaient pas partir de mon quotidien, maman m’en acheta un. J’étais tellement ému.

Moi : merci maman… 

Le vendeur fut étonné de me voir aussi heureux pour ce qu’il avait appelé ‘’un seul paquet de biscuit’’. Il ne voyait pas les choses comme moi. Je contemplais encore mon biscuit sans vouloir qu’il finisse un jour lorsque la voiture de tout à l’heure gara en face de nous. La femme voilée sortit de là et vint vers nous. 

-inshallah ! Vous m’avez sauvé la vie. Qu’Allah vous comble pour toujours.

Maman : remerciez mon garçon

Moi : comme vous étiez déjà trop loin, j’ai couru donner ça à maman.

-tu es un brave garçon mon petit. Tu as de l’avenir, ne cesse jamais d’être honnête. 

Elle retira tout l’argent qui était dans le porte-monnaie et me le tendit. J’étais époustouflé. Je me retournai vers maman.

Moi : est-ce que je peux prendre maman ?

Maman : tu l’as mérité mon chérie !

Je pris ces billets avec le sourire aux lèvres. La femme s’en alla en nous remerciant encore plus. Une fois à la maison, je donnai tout l’argent à maman. On se mit à compter. Ce montant était largement supérieur à celui que nous avaient pris ces bandits. 

Moi : wow maman ! C’est beaucoup hein ! Pourquoi certains ont autant d’argents et d’autres mangent seulement la patate ?

Maman : c’est le monde des humains mon chéri. Devant Allah, tout ceci ne vaut rien. Au jour du jugement dernier, ton argent, tes bijoux, te voitures… Tout ça ne servira à rien. Si tu dois bruler alors tu bruleras. Fais juste ce qui est bien mon fils.

J’avais juste compris la dernière phrase.

Moi : on fait comment maman ? On part acheter les ingrédients ? Tout notre argent est encore revenu.

Maman : tu vois pourquoi je t’ai demandé de ne jamais perdre la foi. Si Allah t’enlève quelque chose, c’est pour te le rendre au centuple. Ne remet jamais en cause l’existence de ton créateur.

Moi : finalement on part au marché ? 

Maman : hahaha, oui on part mais cette fois on change de route. Viens boire ton remède d’abord.

En moins d’une dizaine de minutes, on était au marché car on avait emprunté une moto. Les achats se firent assez rapidement. Comme maman ne mettait plus son voile depuis qu’on était parti de la maison, elle était considérée comme une femme célibataire. Le marché terminé, nous avions pris le chemin pour le retour. Sur le trottoir, maman fut interpellé par un monsieur assez mure. Il courut jusqu’à elle.

-Salam jolie dame, il y’a mon patron dans cette voiture qui voudrai te parler.

Je n’avais jamais vu une aussi grosse et belle voiture de toute ma vie. Elle était énorme. Maman semblait s’en foutre.

Maman : s’il voulait vraiment me parler, il aurait eu l’amabilité de sortir de sa caisse. En tout cas mon fils et moi avons plus à faire que ça. Allons-nous en Ibrahim.

Le simple fait d’entendre que j’étais le fils de maman avait fait fuir cet homme. Dans notre communauté, une mère célibataire était victimes de nombreuses persécutions. 

Moi : ma’a… Tu as vu sa voiture ? 

Maman : il n’a rien de plus que nous mon chéri. Toi et moi avons tout car on est ensemble. Le reste n’est qu’éphémère. 

Moi : ça veut dire quoi ?

Maman : que nous devons vite marcher 

Nous avions pressé le pas car le jour se couchait presque. Une fois près de la maison, on se rendit compte que la porte était ouverte. 

Maman : j’ai pourtant les clés sur moi. C’est moi qui l’ai ailleurs fermé.

Moi : c’est comme si on a cassé la porte.

Maman : on va passer par derrière pour voir

On alla contourner. Il y avait des pas derrière la maison. Une respiration se faisait entendre de l’intérieur. Maman posa les sacs et m’ordonna de ne pas bouger de la. Je ne pouvais pourtant pas la laisser toute seule. Dès qu’elle fut un peu éloigner, je commençai à la suivre. Elle ramassa une latte, je fis pareil. On continua jusqu’à l’intérieur de la maison. Cet homme sans cœur y était assis et avait un fouet en main. On eut un moment de sursaut.

Moi : papa ?

Papa : tu appelles qui papa ? Vous avez pensé que vous pouvez me dépouiller de tous mes biens et vous en aller comme ça ? Je vais vous montrer le feu. Ramassez vos affaires, on rentre à la maison.

Moi : même pas en rêve, on ne rentrera plus chez toi.

Papa : tu oses me répondre ? Je crois que ces deux jours t’ont fait croire que tu avais un peu grandi. Je vais te montrer comment on respecte les grands. 

Il cherchait déjà à dérouler son fouet. Maman le regardait avec tellement de colère dans les yeux. Je me demandais bien ce qu’elle pouvait avoir en tête. 

Maman : si tu touches à cet enfant, tu vas regretter de m’avoir prise comme concubine. Tu vas regretter de m’avoir fait quitter ma famille. Je vais te tuer Abdou.

Papa : tu m’appelles maintenant par mon nom ? Tu as oublié comment on respecte son mari ?

Maman : tu n’as jamais été et ne sera jamais mon mari. Tu m’as usé et m’a battu sans relâche. La roue tourne mon cher ami.

Papa : je vais vous tuer tous les deux

Il avait avancé d’un bond. Maman avait soulevé sa latte sans crainte. 

Papa : tu n’as pas le cœur 

Sans réfléchir, maman lui avait donné un coup sur les pieds. La force de frappe avait raclé papa qui était plus léger qu’une plume. Maman lui avait pris son fouet des mains. 

Papa : c’est Haram de battre son mari, tu bruleras…

Et un coup de fouet bien appliqué sur cette bouche. Il s’était à peine levé que la latte l’avait de nouveau renversé. Maman versait sur lui tout ce qu’elle gardait en elle pendant toutes ces années. Elle le traina par son habit et la jeta à l’extérieur. Je courus pour lui donner ma part de coup mais maman me retint.

Maman : ne porte pas la malédiction mon fils, il reste et demeure ton père. Jusqu’à ta mort tu l’honoras en tant que telle.

Papa : je crois que ce qui vous est arrivé ce matin était petit. Je vais vous détruire la vie, je vais vous nuire.

Tant de cruauté, cet homme ne méritait pas d’être mon père, il ne méritait pas que je l’honore.

A suivre…

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