#Les_Femmes_De_Ma_Vie
#Episode_4
Papa s’était enfui en nous laissant comprendre qu’il était à l’origine de notre malheur. On devait s’en aller sur le champ. Avec le bénéfice sur les ventes du matin que maman avait pris le soin de garder et le reste d’argent de la femme voilée, nous avions entrepris de quitter la ville pour aller nous installer à la capitale. De ce côté, la vie était certainement bien plus dure mais loin de ce monstre qu’était mon père. Je voulais tellement comprendre ce qui s’était passé pour que maman soit éprise d’un homme aussi brutale que lui.
Pendant qu’elle classait nos vêtements dans un petit sac bon marché, je lui posais des questions sur son passé.
Moi : dis maman, pourquoi tu as épousé papa ? N’y avait-il pas d’autres hommes ?
Maman : si j’avais épousé un autre homme, serais-tu en vie ?
Moi : je n’en sais rien
Maman : cesse donc de me poser des questions et aide-moi à tout ranger. Nous devons partir ce soir. Je ne sais pas où nous allons atterrir mais partons d’abord.
Moi : on s’en va parce que tu es sûr que l’agression du matin c’était lui, n’est-ce pas ?
Maman : il l’a dit lui-même, tu as entendu comme moi. Nous devons partir, j’ai bien peur qu’il ne revienne plus fort.
En un laps de temps, nos affaires étaient prêtes. Avec son foulard, elle avait emballé la marchandise est les accessoires pour la friture des beignets. Nous étions obligés d’abandonner le maïs trempé pour la bouillie. Il faisait farouchement noir lorsque nous avions pris la route pour la gare routière. C’était un peu plus loin mais maman avait prévu que nous prendrions une moto pour y arriver. Chose qui fut faite.
A notre arrivée, le chargement avait à peine commencé, il fallait attendre certainement des heures. Maman me fit asseoir et m’acheta de quoi grignoter avant d’aller s’aligner pour acheter notre billet. Pendant que je mangeais, j’aperçus la silhouette d’un ami à papa qui téléphonait en me regardant. Aussitôt, j’allai interpeller maman.
Moi : Ma’a… On doit fuir. Quelqu’un appel papa pour nous trahir
Maman : qui ? Il est où ?
Le temps de nous retourner pour le regarder, deux hommes avaient entouré nos sacs. Le visage de maman s’était froissé. Elle pensait que tout était terminé. Elle sortit des rangs pour prendre nos affaires. Les deux hommes la regardaient avec dégoût, comme s’ils furent envoyés pour nous humilier et nous ralentir. L’un d’eux se mit à parler à voix haute.
-cette femme que vous voyez est une Haram, elle a osé voler son mari et la voici qui veut fuir avec leur fils.
Tous se retournèrent vers ma pauvre maman qui n’avait que ses yeux pour pleurer. Une colère montait en moi surtout lorsque j’entendais les choses horribles qui se disaient sur maman. Un homme fut assez courageux pour lui lancer la première phrase injuirieux. Il s’en suivi toute sorte de mort. J’allai me coucher sur elle, elle criait, je criais. Pourquoi mon propre géniteur m’en voulait à mort ? Quel était donc cette qualité d’homme ?
Soudain une voiture gara et une courte femme voilée sortit de là. Sa classe sociale lui imposait du respect. Les gens arrêtèrent de martyriser ma mère sans jamais la connaitre. Elle s’approcha de nous, c’était elle. Elle s’écria :
-qu’a donc fait cette pauvre femme pour que vous la traitiez de cette façon ?
Un homme répéta ce qu’avait dit l’envoyé certain de mon père :
-cette femme que vous voyez est une Haram, elle a osé voler son mari et la voici qui veut fuir avec leur fils.
La femme resta un moment sans rien dire. Elle aussi allait certainement nous juger sans chercher à comprendre le fond de l’histoire. Elle enleva son voile de la tête. C’était une bien belle femme mais jamais plus que ma mère. Elle regarda nos bourreaux.
-si quelqu’un n’a jamais été Haram sur cette terre, alors qu’il me jette la première pierre, au cas contraire qu’il s’en aille d’ici.
Tous se retournèrent pour continuer ceux pourquoi ils étaient là. Autour de nos sacs, ces hommes attendaient certainement l’arrivée de leur maitre. Prise de honte, maman s’était recouverte tout le visage. Notre sauveuse se mit à notre niveau.
-je ne vous connais pas mais je sais que vous êtes une belle personne. Quand j’analyse la situation, j’ai tout bonnement l’impression que c’est votre mari qui est derrière tout ça. Même pour l’agression du matin, il y est pour quelque chose.
Maman : comment vous savez tout ça ?
-ce n’est pas important. Ce que vous devez savoir c’est que lorsque je croise le chemin de gens comme vous, je me dois de les aider. Vous êtes certainement en fuite alors je vous propose de vous amener jusqu’à destination.
Maman : il va arriver d’un moment à l’autre alors nous devons vite partir. Ce que je lui ai fait tout à l’heure doit être encore encré en lui. Il va nous tuer cette fois.
-je me demande pourquoi vous ne lui avez pas coupé les pieds une fois.
Maman : vous en savez déjà trop sur moi, qui êtes-vous ?
En ce moment je vis papa arriver de loin en fureur. Il avançait vers maman comme s’il allait en finir avec elle. Bien que boitant, il se sentait encore assez fort pour battre sa femme en publique. Il arriva jusqu’à nous.
Papa : je vais alors en finir avec vous aujourd’hui.
La mystérieuse femme voilée s’écria à se faire entendre par toute la foule.
-entre un homme qui poursuit sa femme et son fils dans toute la ville pour en finir avec eux comme il l’a dit, et cette femme qui protège son fils au prix de votre mépris, qui est Haram aux yeux de notre créateur ?
Personne ne répondit. Elle se tourna vers mon père qui avait honte au milieu de cette foule. Elle s’avança vers lui sans avoir peur de lui. Il ne savait plus quoi dire. Elle avança jusqu’à ces hommes devant nos sacs.
-chargez ces affaires dans ma voiture
Ils s’exécutèrent sans riposter. Qui était donc cette femme que tous écoutaient ? D’où venait-elle pour tout connaitre sur notre vie ?
Elle installa maman dans la voiture, lui donna à boire et à manger. Cette voiture était une mini maison. Assise près de ma mère, j’entendais de loin ce que disait cette femme à mon père.
-un jour tu viendras en rampant pour demander pardon à ton fils. Seulement son cœur aura tellement durcie qu’il te reniera en tant que père. Tu t’en iras errer avec ta méchanceté en enfer.
Je n’avais pas compris grand-chose. Je savais juste que je détestais mon père, je le haïssais de toutes mes forces et de tout mon être. Si maman me l’avait accordé, je lui aurai jeté une pierre sur le visage.
Une fois dans la voiture, la femme voilée démarra. Elle me lança des paquets remplis de quoi amuser ma bouche pendant tout le voyage. Maman s’était endormie, tête posée sur mes pieds. Etait-elle faite pour souffrir ? J’avais fini par m’endormir également. Le voyage fut tellement long mais on arriva à bon port. Maintes aventures nous attendaient dans cette grande ville où les débrouillards étaient soumis à toutes sortes de tentations.
Cette femme nous avait amené jusqu’à chez elle. Elle nous avait lavé et habillé, nourri et hébergé. Sa maison était tellement belle et grande. Maman et moi y faisions le ménage à longueur de journée pour la remercier.
Un soir arriva, le soir qui avait changé beaucoup de chose. On était assis au séjour lorsqu’un homme arriva dans la maison.
-Salam Alaykoum…
Il cherchait le regard de maman mais celle-ci baissait son visage. Notre sauveuse quant à elle, souriait en regardant cet homme droit dans les yeux. Elle savait pourtant qu’une femme ne devait regarder que son mari dans les yeux. L’homme prit place et demanda :
-c’est toujours ici ou bien c’est ailleurs ? Je vois que tu as de la visite
-c’est toujours ici, répondit la femme. Va dans la chambre, ajouta-t-elle.
Lorsqu’il s’en alla, elle regarda maman.
-je vais te montrer comment on gagne de l’argent dans cette vie tout en gardant le respect des hommes. Tu peux venir voir si tu veux.
Maman : je ne comprends pas, qui est cet homme ?
-c’est l’une des personnes grâce à qui j’ai eu tout ce que vous voyez. Ton fils et toi pouvez avoir une vie bien plus belle que celle dans laquelle je vous ai trouvé. Il suffit de me suivre dans mon style de vie.
Maman : et c’est quoi ton style de vie ?
-tu le sauras. Je vais te former. Tu es jeunes, tu es belle, pourquoi souffrir alors que tu as tout pour gagner ta vie ? C’est parce que tout le monde est à mes pieds là où je vous ai trouvé que j’ai tout sut sur vous en un laps de temps.
Maman : humm…
-bon, je vais y aller et demain matin, je vais t’expliquer comment ça se passe. D’accord ?
Maman : d’accord !
Elle nous laissa seul. J’étais curieux de savoir ce que faisaient un homme et une femme dans une chambre.
Moi : dis maman, ils font quoi là-bas ?
Maman : allons arranger nos affaires, nous devons partir très tôt demain matin.
Moi : mais pourquoi ? On est bien ici ?
Maman : on est au mauvais endroit mon fils. Nous devons partir d’ici
Moi : pour aller où ?
Maman : là-où le vend nous guidera
Nous avions arrangé nos affaires sans que je ne comprenne rien de ce qui se passait. J’étais tellement déçu de devoir quitter tout ce luxe. Se rendant compte de mon état, maman vint vers moi.
Maman : tout ça n’est rien mon garçon. Ce sont les choses de la terre et elles resteront sur terre une fois qu’on mourra. Ne t’attriste pas pour ça.
Moi : elle a été trop gentille avec nous maman
Maman : à un prix que je ne peux pas payer. Tu comprendras quand tu seras plus grand. Ne t’inquiète pas.
Pendant qu’on travaillait, on commença à entendre des voix dans l’autre chambre. La femme voilée criait fortement.
Moi : héééééé maman, l’homme-là fait quoi ? On part voir. Il l’a tape ?
Maman : mouf ! Couche-toi vite et ferme tes oreilles. Dors !
Moi : maman…
Maman : j’ai dit, dors !
Comment dormir lorsqu’il y avait autant de cri dans l’autre pièce ? Maman s’était mise à prier fortement jusqu’à ce que le sommeil l’emporte. Très tôt le matin, elle m’avait réveillé.
Maman : on s’en va Ibrahim. Réveille-toi !
On alla à pas rapide jusqu’au séjour. J’avais encore le sommeil dans les yeux.
-mais vous allez où ? Sans même me dire au revoir.
Maman : mon fils et moi avons déjà abusé de ta bonté. Nous devons aller nous frayer notre propre chemin
-mais tu n’es pas obligé de partir. Tu peux rester ici et commencer une activité. On a parlé hier soir nor. Regarde un peu sur la table.
Il y avait tellement de liasse de billet d’argent !
Mon : wow !
Je reçus un vif coup sur la tête de la part de maman.
Maman : ce n’est pas comme ça qu’on m’a appris. Je dois aller me chercher aussi.
-tu vas donc faire comment pour me rembourser tout ce que j’ai dépensé sur ton fils et toi pendant cette semaine ? Jusqu’au dernier centime.
Maman : lorsque je me serai faite assez d’argent, je te rendrai tout jusqu’au moindre centime.
-je veux tout ça dans les deux jours qui suivent. Ça avoisine déjà une centaine de mille alors presse-toi de tout me rembourser. Si tu ne t’en sens pas capable, tu peux toujours revoir ma proposition de travailler avec moi. A deux nous allons gagner deux fois plus.
Maman : tu marches voilé et pourtant tu es pourri de l’intérieur.
-ne me juge pas sans me connaitre. Tout comme toi j’ai mes problèmes à résoudre. Je n’ai pas de temps à perdre alors décide-toi. Sois tu utilises ce qu’Allah t’a donné comme atout pout gagner ta vie, ou tu ta lance à ta sordide aventure après m’avoir tout remboursé.
Maman : comment ça se passe ?
A suivre…
#Les_femmes_de_ma_vie#Episode_5#Fatima (maman d’Ibrahim)Ce que me demandait de faire cette femme pour gagner ma vie était tout simplement inadmissible. Je ne pouvais souiller mon corps pour mon pain, je n’en avais pas le cœur. J’étais une mère, ce genre de mère qui devait être un modèle de droiture pour son fils. Je me devais d’être son plus grand exemple dans la vie.Face à cette proposition de notre sauveuse, je devais donner l’impression d’être d’accord avec elle pour qu’elle baisse la garde afin que je puisse continuer ma route avec mon garçon. C’est pour cette raison que je lui avais demandé comment ce genre de vie fonctionnait. Elle m’avait répondu :-en fait ce n’est pas difficile. Bon, puisque je dois voir un aut
#Les_femmes_de_ma_vie#Episode_6#FadimaIbrahim s’était endormi. Il sonnait six heures du matin. Je m’étais levé malgré mon corps malade pour chercher de quoi manger. Je regardais à gauche puis à droite. Je ne voyais rien aux alentours. A un moment je levai les yeux vers le ciel, nous étions enfin bénis. Ces feuilles d’arbre, je les reconnaissais. Ma mère à moi avait bien des fois utilisé cela pour calmer nos fièvres. Elles étaient sucré et assez hydratante. Je louais le ciel car jamais il ne nous abandonnait.J’étais compté parmi les femmes de petites tailles. Je ne pouvais attraper les feuilles de ma main. J’essayai de sauter mais rien. Un bâton non loin de moi arrangea la situation. Je me mis à donner des coups assez violents aux feuilles
#Les_femmes_de_ma_vie#Episode_7#15_ans_plus_tard#FadimaLa vie avait changé, mon bébé et moi avions connu la situation stable de toutes les personnes normales. J’avais ce petit point de vente connu par tout le quartier. Tous étaient amoureux de mes beignets. Je les faisais avec tellement d’amour ! Mon fils quant à lui avait décidé de ne pas aller à l’école, il préférait suivre une formation en pâtisserie tout en allant dans des chantiers en constructions pour y fournir sa main d’œuvre. Bien que les choses aient changé dans nos vies, le sourire de mon fils avait disparu. Il était devenu un homme froid avec tout le monde. J’étais la seule exception. Il détestait son père, il détestait tous ceux qui posaient une seule main sur une femme. Mon
#Les_femmes_de_ma_vie#Episode_8#IbrahimJe voulais présenter des excuses. Je n’y comprenais rien du tout.Moi : je suis vraiment désolé. Je ne vais plus jamais recommencer. J’ai besoin de ce travail.-tu t’amuses on ne te paye même pas, lança le monsieur d’un air colérique.Carlos ne pouvait rien faire pour moi. Même parler tout simplement pour me défendre lui était impossible. Pour le simple fait d’avoir dit à une femme que qu’elle était belle, je
#Les_femmes_de_ma_vie#Episode_9#IbrahimIl était là, en face de moi. J’avais le choix entre le décapiter et l’aider. Que faisait-il sur une chaise roulante ? Ce matin encore je revoyais ses photos de mariage avec cette jeune fille. Je lisais la tristesse dans les yeux de maman. Pourquoi semblait-elle ne pas détester cet homme qui nous avait fait autant de mal ? On dirait qu’elle partageait sa douleur.Moi : mais maman, j’ai l’impression que ce qu’il nous a fait ne te dit absolument rienMaman : ce n’est pas ça mon chéri. C’est juste que je ne peux pas gâcher ma soirée à cause de ça. Nous allons juste écouter ce qu’il a à nous dire. Quoi qu’il en soit, j’ai un cœur. Le voir comme ça me fait quand même quelque chos
#Les_femmes_de_ma_vie#Episode_10#IbrahimCet homme avait le visage relevé vers moi, il me regardait surement. Il avait des lunettes noires, il n’y avait aucun moyen de savoir qui il pouvait bien être. Ma dulcinée ne cessait de me regarder de haut en bas sans cligner des yeux. Je voulais sourire mais son père allait surement m’envoyer en prison pour ça. Ne sachant quoi dire, je me retournai pour m’en aller avant d’être interpeller par ma dulcinée.-Laadji veut faire le tour du chantier, veuillez-vous en occuper.Ce Laadji n’avait-il pas de bouche pour me le demander ? En tout cas j’avais chaud au cœur en entendant cette douce voix pour la deuxième fois. Je voulais tellement qu’elle me sourit mais elle semblait ne pas savoir ce que c’est que le bonheur. Elle était or
#Les_femmes_de_ma_vie#Episode_11#FatimaBien des heures à réfléchir, aucun moyen de comprendre ce qui se passait autour de moi. Pourquoi cet homme est-il revenu dans nos vies alors que nous avions été bénis ? Nous vivions désormais heureux. Et cette ruse dont je n’avais pas fait part à mon fils pour éviter qu’il ne commette un crime, était-ce vrai ? Et s’il marchait ? Et s’il se jouait de nous ? Je devais comprendre ce qui n’allait pas.Tous mes clients avaient compris en soirée que quelque chose n’allait pas, tous avaient compris pendant les jours suivants que mon sourire avait laissé place à de la tristesse. La semaine était passée sans qu’Abdoul ne face une nouvelle comédie, sans que Carlos ne cherche à me contacter, sans qu’
#Les_femmes_de_ma_vie#Episode_12#IbrahimJe l’avais amené au pied de l’arbre qui nous avait sauvés la vie. Cet arbre dont je m’occupais depuis toutes ses années. Sa tristesse ne m’enchantait pas alors je cueillis quelques feuilles pour elle.Moi : tu connais ces feuilles ?-non, c’est quoi comme ça ?Moi : moi-même je ne connais pas le nom mais j’aime ça grave. C’est très bon-tu es une chèvre alo