Share

6

Chapitre 6 : rivalités 

-Yolande

La polygamie ? C’est quelque chose qui ne m’a jamais intéressée. Je suis assez possessive et jalouse en relation, je ne me vois pas partager mon homme. Non. 

Surtout qu’apparemment c’est une tendance chez eux, 79% des hommes de sa famille sont polygames. Il y a même un qui a 5 femmes. Pardon, on dit que deux appelle trois. Sa femme ne lui a rien fait mais il veut une deuxième épouse. Non merci. 

J’ai repris ma vie là où je l’ai laissée. Ce matin j’ai un entretien d’embauche, interprète dans un cabinet juridique. Si seulement ils me prennent, ça sera un grand soulagement pour moi car je suis vraiment serrée financièrement. 

J’ai été retenue au cabinet. Merci Seigneur ! Je n’en pouvais plus de manger les pâtes. Je vais doucement mais sûrement m’organiser car j’ai envie d’acheter un terrain au Gabon. A coup sûre çà ne sera pas pour maintenant. Qui a dit que la vie d’adulte était facile ?

Monsieur OKOUMBA : alors comme ça tu nous laisses le mois prochain ?

Moi : oui, j’ai trouvé du boulot. 

Monsieur OKOUMBA : ah bon ? Où ?

Moi : Arneph et associés. 

Monsieur OKOUMBA impressionné : félicitations ! 

La petite Cyrielle m’a demandé de l’aider à refaire sa garde-robe. Quand j’ai vu le budget j’ai failli m’évanouir. Bref, on a passé un super après-midi à rigoler et faire les magasins.  Plus on avait un chauffeur à disposition. 

Cette petite m’impressionne beaucoup, elle sera quelqu’un d’important sur cette terre. Un véritable amour, un ange. Par contre elle parle tout le temps de la soeur Veronique mais jamais de la femme de son père. D’ailleurs pourquoi elles sont dans la même ville mais l’enfant est à l’internat ? En tout cas, ce ne sont pas mes histoires oh. Même si j’ai été surprise qu’elle me choisisse moi pour l’aider à faire son shopping. 

A la fin de la journée elle m’a fait un énorme câlin. J’ai compris que quelque chose clochait chez cette petite. Quelque chose que je ne cerne pas encore. 

Je ne sais pas comment monsieur OKOUMBA et moi nous sommes retrouvés à déjeuner tous les midis ensemble. Sa famille m’intrigue énormément. Sa femme et sa fille sont dans une autre ville que lui, la fille à l’internat dans la même ville que la femme. Je me retiens vraiment de poser la question mais ça me brûle les lèvres. 

-Patricia 

Je fais deux fois plus attention à mon physique. J’ai pris un nouveau coach, une nutritionniste, je me suis inscrite à un cours de danses latines. J’ai refait la décoration de la maison et acheter un aquarium, c’est bon pour la détente. Il y a aussi une chute d’eau, le son qu’elle produit est tellement agréable. Ma garde-robe a été revisitée. A la base, même à la maison je suis toujours tirée à quatre épingles, mais la c’est pire. Fini les chaussons, maintenant je ne marche qu’en talons (parfois aiguilles, parfois pas). Pas un seul ongle ne doit être en mauvaise état. 

C’est pour dire combien de fois je me bats pour mon foyer, pour que Cyril oublie cette histoire de polygamie. Plus attentionnée que moi en ce moment il n’y en a pas. Je nous ai même pris des vacances au Maroc.

En même temps je n’oublie pas mon objectif, tomber enceinte. S’il faille le poursuivre jusqu’à Paris pour tomber enceinte, je le ferai. 

.

Je vais finir par croire que cette histoire de polygamie était juste pour me faire peur. Cyril est comblé, tout se passe bien entre nous. Et puis soyons sérieux, Cyril va détourner son regard de moi pour une dame de ménage ? Une boniche qui doit sentir des aisselles ? Et puis, c’est quand même l’ambassadeur, il ne va pas s’afficher avec quelqu’un qui récurait les toilettes de l’ambassade. 

Je pense que c’était pour me forcer la main par rapport à sa fille. Rien de plus. Mais le type est déjà mordu. Attends, est-ce qu’on peut même me comparer à cette femme ? Elle a eu les petites miettes, mais elle n’aura jamais mon rang. Jamais !

**Juin**

On va tous au Gabon pour le mariage d’une cousine à Cyril. 

Maman : ah ça ! Patricia, tu brilles hein. 

Moi avec le malin : c’est comme ça quand ton homme est fou de toi, n’a d’yeux que pour toi. Regarde ce qu’il m’a offert pour nos un an de mariage -je lui ai montré mes boucles d’oreilles et la chaîne- 24 carats de diamant. 

Maman émerveillée : ah ça ! Mais pour ta mère est où ?

Moi : reste tranquille. Est-ce que je peux t’oublier ?

Maman ravie : quand je disais que tu étais mon plus gros investissement. 

On a passé toute la journée à papoter et ce n’est qu’en milieu d’après-midi que je suis rentrée chez moi prendre une douche et aller assister à la réunion de mariage. Ici la concurrence est rude car plus de la moitié des femmes dans cette pièce a une co-épouse. A la moindre occasion on a sorti son basin riche, son sac de marque. Moi je suis ainsi de nature donc ça ne me dit rien. 

La concurrence n’est pas seulement dans l’habillement mais aussi dans “qui cuisine le mieux”, “qui a les plus beaux enfants”, “qui est plus intelligente”, etc. Je les regarde seulement batailler. Petite réunion qui peut prendre une heure va prendre une journée parce que tout le monde veut se faire voir et entendre. 

Olga (une belle-sœur à Cyril) : tu n’es pas au courant de ce qui se passe ?

Moi : non. Raconte. 

Olga : il y a maintenant les clans des premières femmes contre les deuxièmes. 

Moi amusée : et les troisièmes ? Les monogames ?

Olga : les monogames sont avec les premières, les autres s’en foutent. 

Moi : toi tu es avec qui ?

Olga : personne oh ma belle-sœur. Je m’occupe de mon foyer et c’est tout. Les histoires la on sait comment ça finit. Sinon tu brilles hein, donne-moi le secret. 

Moi : la paix. 

Olga : c’est parce que tu es en France que tu peux avoir la paix, sinon ici les problèmes te persécutent. Tu fuis un, l’autre t’attends devant. Moi-même qui suis toujours chez moi à m’occuper de mon foyer je ne suis pas épargnée. 

Il y en a qui s’accrochent par amour, d’autres estiment qu’elles ont trop investi dans la relation. Certaines restent pour l’argent et d’autres pour les enfants. Mais dans le fond, si elles s’accrochent autant à leurs mariages, c’est parce qu’elles ont peur des moqueries. Si un foyer échoue, c’est forcément la faute de la femme. Après tout elles ont été éduquées pour être des épouses, pas comme les hommes.

.

Belle-maman : Patricia qu’est-ce qui se passe avec l’enfant là-bas ?

Moi étonnée : rien. Pourquoi ?

Belle-maman : alors pourquoi elle est toujours à l’internat et pas dans la maison de son père ? Patricia je vais te dire quelque chose, Cyril est mon fils, c’est moi qui l’ai éduqué et je le connais comme le fond de ma poche. Si tu ne fais pas d’effort avec Cyrielle, tu perdras ton foyer. 

C’était peut-être vrai avant, mais plus maintenant. Cyril est heureux, comblé. Sa fille est avec nous les week-ends et je ne l’empêche pas de passer du temps avec elle. J’aurai pu me plaindre, demander à ce qu’il m’accorde plus de temps car on me se voit que deux jours sur sept, mais je ne le fais pas. Il a tout ce qu’un homme peut désirer. Mais bon… pour ne pas entrer dans des polémiques bêtes, je préfère la laisser croire qu’elle dit vrai. 

Belle-maman : Cyrielle a souvent du mal à s’ouvrir, elle est très réservée, mais va vers elle. Ne baisse pas les bras. Parce que je ne te cache pas que je ne suis même pas un peu contente de cette situation. 

Genre j’en ai quelque chose à foutre. 

Belle-maman : tu vas faire un effort ?

Moi lui souriant : oui, promis. 

Belle-maman ravie : ok. 

.

J’ai été très prise par les préparatifs du mariage. Le marié est aussi d’une grande famille, aucun détails ne doit être négligé. Comme toutes les belles-filles sont en concurrence et veulent toutes prouver leur talent, je suis obligée de suivre la cadence. C’est épuisant. 

L’avantage d’être au Gabon c’est qu’on a moins la fille de Cyril sur le dos. Elle reste la plus part du temps avec sa grand-mère, sa tante ou ses nombreux cousins. Je peux donc profiter aisément de mon mari. 

Le mariage a été une pure réussite. Moins beau que le mien, mais beau. Les mariés et leurs enfants étaient beaux, mon époux et moi étions beaux. Je suis soulagée que tout ceci prenne fin car je n’en pouvais vraiment plus de ce rythme effréné. 

Cyril me donnant une enveloppe : tiens. 

Moi l’ouvrant : qu’est-ce que c’est ?

En voyant le contenu, l’enveloppe m’est tombée des mains. 

Moi : tu étais sérieux avec cette histoire ?

Cyril : mais bien sûr !

Je lis le document le cœur déchiré. Il veut vraiment la polygamie ?

-Yolande

Ça me fait tout drôle de déjeuner toute seule à midi. Je m’étais habituée à la compagnie de monsieur OKOUMBA. Il m’a dit qu’il se rendait au Gabon pour un mariage. Le Gabon… ça fait dix ans que je n’y ai pas mis pied. Je me sens tout d’un coup triste, nostalgique. 

Je veux rentrer mais pas comme ça. Je vais habiter où ? Le temps de trouver un boulot je vais vivre de quoi ? Il me faudra acquérir la terre, puis monter la maison, c’est de l’argent que je n’ai pas. Et qui va surveiller mes travaux ? A qui vais-je donner la gestion de mon chantier, de mon argent pendant que je suis ici ? Il y a trop de paramètres en jeux.

Puis d’un coup, sans transition, mes pensées convergent vers monsieur OKOUMBA. On dirait qu’il me manque. 

-tu es folle Yolande ? Un homme marié ? La mari d’une autre ?

J’ai beau le crier mais le sentiment de solitude est toujours là. Je pense que c’est ça le problème. Je ne connais personne ici en dehors de Marie-Ange, et maintenant qu’on ne se parle plus je suis toute seule. Sans famille, ni amis, ni petit ami et surtout sans argent. Pour le moment mon salaire c’est pour rembourser mes dettes et payer mes factures, le seul extra que je me permettais était ce déjeuner tous les midis avec l’ambassadeur. 

Je ne suis pas habituée à la solitude, à tout ce silence. J’en ai marre de travailler comme un forcené et ne même pas pouvoir m’offrir un sous-vêtement. 

[TOC TOC TOC]

J’ai d’abord été surprise. Peut-être que c’était un voisin vu que le visiteur n’a pas sonné en bas pour que je lui autorise l’accès à l’immeuble. 

Moi : j’arrive. 

J’ai arrangé ma tête à moitié défaite et je suis allée ouvrir. 

Cyrielle : surprise maman Yoyo !

Ça pour une surprise ! Je l’ai réceptionnée dans mes bras heureuse. 

Monsieur OKOUMBA : bonsoir maman Yoyo. 

Moi : bonsoir monsieur l’ambassadeur. 

Je les ai accueillis avec les moyens de bord. Ce qui est bien avec eux c’est qu’ils sont plutôt simples. Ils sont restés avec moi jusqu’à 20h, ça m’a fait du bien d’avoir un peu de compagnie, de chaleur humaine. 

Je me sens faible, avec une envie de rendre, mais rien ne sort. C’est désagréable, je pense même à me forcer mais l’idée me répugne alors je cherche une position plus confortable sur le lit.

Maintenant c’est le ventre, je vais m’assoir sur le WC et attends. Cette envie de rendre me revient mais rien ne sort. Je finis ma commission, nettoie et retourne me coucher. A peine je touche le lit que l’envie de rendre revient cette fois plus forte. J’arrive à temps dans le lavabo pour rendre mon petit-déjeuner. Je rends même par le nez, ce qui me fait paniquer. Je me nettoie la bouche ainsi que le lavabo avant de me diriger vers le téléphone. Composer le numéro de la seule personne que je peux appeler en cas de besoin. Maintenant je comprends pourquoi les femmes enceintes se plaignent des nausées. 

Je lui explique brièvement la situation avant de courir dans la salle de bain rendre pour la deuxième fois. Mes narines sont bouchées par la nourriture et j’ai beau me moucher, il y en a toujours. 

[DING DONG]

J’ai juste la force de lui ouvrir, prendre les médicaments qu’ils me donnent et retourner me coucher. 

Monsieur OKOUMBA : tu ne veux pas aller à l’hôpital ?

Moi : non, ça va mieux. 

Monsieur OKOUMBA me touchant le front : tu fais de la fièvre. 

Moi : ça va descendre. 

Je déteste les hôpitaux, je les ai vraiment en horreur. Je n’ai même pas le temps de discuter avec lui que mes paupières se ferment d’elles-mêmes. 

Je me rappelle avoir ouvert les yeux plusieurs fois mais avoir été incapable de rester éveillée plus de cinq minutes. Qui m’a envoyée manger la nourriture façon façon du dehors ? 

J’ai passé tout le week-end à dormir. Si je n’étais pas célibataire depuis cinq ans déjà, j’aurais fini par croire que je suis enceinte. Monsieur OKOUMBA est passé tous les jours me déposer de quoi manger pour les médicaments. 

Le dimanche soir ça allait déjà beaucoup mieux même si j’étais toujours fatiguée. 

<vous avez un aperçu de mon week-end>

Moi : merci monsieur. 

Monsieur OKOUMBA : tu ne vas donc jamais m’appeler Cyril comme tout le monde ?

Moi : …

Puis je me suis souvenu. 

Moi : vous n’êtes pas en week-end avec votre famille ?

Monsieur OKOUMBA : Cyrielle est avec moi, ici. 

Mais ta femme ? La question me brulait la langue mais je n’ai pas osé la libérer. Je ne sais pas pourquoi, quelque part, cette réponse me ravissait. Il n’est plus avec sa femme ?

**Septembre**

Cyril m’enlaçant : reste encore. 

Moi : j’ai des heures à respecter moi. 

Je me détache de lui et me dirige vers la salle de bain. Je suis déjà à la bourre alors je speed. Toilette, maquillage et j’enfile mes vêtements avant de foncer au boulot. 

Je ne sais pas comment ça a commencé, je sais juste que c’est la quatrième fois.

Ah si ! Ça a commencé un soir où j’avais grave envie de sex, il était là, je me suis dit juste une fois. Apparemment il n’est plus avec sa femme et je suis célibataire. Pour preuve, elle n’est même pas en France mais au Gabon. Même s’il ne veut pas entrer dans plus de détails. 

-Patricia

Je suis restée plus longtemps au Gabon pour aller voir chez les noirs pourquoi je n’arrive pas à concevoir. On a fait des bains et tout ça, j’ai voulu lui demander un petit filtre d’amour pour mon mari mais il m’a clairement déconseillé de le faire. 

Je voulais aussi rester surveiller les travaux de ma maison. Je construis deux villas de quatre chambres à deux niveaux. 

.

Maman : Patricia il faut retourner dans ton foyer. 

Moi : quel foyer ? N’est-ce pas il a deux femmes ? Il peut aisément se passer de moi. Je verrai bien combien de temps il lui faudra pour réaliser que sa souillon ne me vaut même pas l’orteil. Je ne suis même pas contre la polygamie en temps que telle, juste la personne avec qui je dois partager mon mari. C’est une insulte pour moi. 

Maman : il faudra seulement assumer jusqu’au bout. Comme tu ne peux jamais écouter quand on te parle. 

Moi entêtée : je vais bien assumer. Quand sa souillon lui fera honte devant les gens avec son manque de savoir vivre, son langage de bas quartier et son manque de classe, c’est là que Cyril comprendra que les femmes comme moi ne courent pas les rues. 

Maman : en tout cas j’ai fait ma part. 

Cyril ne peut pas vivre sans moi, je l’ai marqué au fer. Et on ne parle pas de sex. Je m’occupe de sa maison comme une pro, lui-même et son corps, je suis indiscutablement une hôte parfaite. Il peut compter sur moi quand il invite des personnalités importantes à la maison. 

Les chiffons et les serpillères ne se mélangent pas. Quand Cyril l’aura compris, on pourra discuter. Pas avant.

Me faire avoir une ménagère pour rivale, qu’est-ce que je n’aurai pas entendu ?

-Yolande

Cyril : c’est l’anniversaire de mariage de l’ambassadeur de Côte d’Ivoire. J’aimerais que tu m’y accompagnes. 

Moi : euh… ok !

Cyril : c’est samedi prochain. 

Samedi la ? Dans une semaine la ? Est-ce que je vais trouver une tenue digne de ce nom ? Est-ce que j’aurai le temps et l’argent pour me faire belle ?

-Cyril

Maman : ah Cyril, ce sont les caprices de femmes. Viens seulement la chercher c’est tout. Depuis deux mois, elle me dit que tu n’appelles même pas.

Moi : je suis tout simplement fatigué de me plier en quatre pour Patricia quand la seule chose que je lui demande elle est incapable de le faire. 

Elle veut jouer la tête de mule, libre à elle. Mais je ne viendrai pas la chercher. 

Maman après un soupir : donc toi aussi tu veux rentrer dans cette histoire de polygamie ? Tu en connais les conséquences Cyril ?

Moi : maman je suis avec une femme qui en même pas un an m’a rapproché de ma fille. En même pas un an, elle a fait que Cyrielle accepte de laisser son internat, sa soeur Veronique pour vivre avec nous. 

Maman choquée : vous vivez ensemble ? Ça fait combien de temps ?

Moi : ça fait deux mois qu’on se fréquente si on peut le dire ainsi, mais non on ne vit pas ensemble. Elle vient à la maison le week-end mais en semaine c’est elle qui récupère Cyrielle à l’école et s’en occupe jusqu’à ce que je me libère. 

Maman : ah !

Moi : bref… je te laisse maman, bisou. 

Il serait temps que Patricia comprenne que le monde ne tourne pas autour d’elle. Personne n’est irremplaçable. Il n’est pas question que je me plie en quatre pour elle, cède à tous ses chichis et en retour elle ne peut même pas ne serait-ce que faire semblant de s’entendre avec ma fille.  Ce qui est la seule chose que je lui demande. Tous ses discours sur les belles-mères etc. que du pipeau. 

Est-ce que j’utilise Yolande pour rendre Patricia jalouse ? Pas le moindre du monde. Yolande est une fille vraie, qui ne fait pas de calculs sur moi. Elle n’est pas vilaine, elle est très intelligente, cultivée et pleine de compassion. Cerise sur le gâteau, elle s’entend à merveille avec ma fille. 

Quand je rentre à la maison, non seulement une bonne odeur de nourriture m’accueille, mais aussi des rires de joies. On passe du temps ensemble, tous les trois. Je me réveille avec ma fille dans ma maison, je la vois heureuse toute le journée. Cyrielle est déjà en 5e. Dans deux ans c’est le lycée et ensuite elle s’en ira de la maison. A ce moment je ne l’aurais pas vu grandir, elle aura été éduquée par mille et une soeurs. 

Alors que Patricia continue à faire sa diva. Ça me permet de passer plus de temps avec Yolande. Je ne lui ai pas menti, je lui ai dit ce qui était, à savoir : Patricia a décidé de rester au Gabon. Elle en a déduit ce qu’elle a déduit… ou pas, de mon silence. 

.

Je sais qu’elle n’a rien à se mettre de convenable pour l’anniversaire de mariage de samedi. Alors je suis allé la chercher sur son lieu de travail trente minutes avant la fermeture. Je l’ai emmenée dans de grandes boutiques faire son shopping. 

Yolande : je ne peux pas accepter un cadeau que je ne peux pas repayer. 

Moi : en général on ne repaie pas un cadeau. 

Yolande : je ne vais pas accepter une chemise à 200€. Tu peux me faire plaisir ailleurs. 

Moi : sauf que c’est ici que je veux le faire. C’est avec cette chemise, ce sac et cette chemise que je veux te voir samedi. 

Yolande : tu sais à combien s’élève la facture ?

Moi agacé : on est en couple ou pas ? En te mettant avec moi il était claire que certaines choses allaient changer non ?

Yolande : mon accoutrement te dérange ?

Moi : bon écoute laisse tomber. Tu iras habillée comme tu veux. Satisfaite ?

Yolande : tu n’as pas répondu à ma question. 

Moi : tu es ma compagne, tu iras à cette réception avec moi. Si tu n’es pas à la hauteur des autres femmes tu sais ce qu’on dira de moi ? 

Yolande : que ta copine est une souillon ?

Moi après une grande inspiration : dans la société dans laquelle nous vivons, si je vais au travail avec une chemise froissée, quelle serait la première pensée des gens ? Ils ne diront pas « peut qu’il n’avait pas de courant » « peut-être que son fer à repasser l’a lâché ». Ils diront « sa femme ne l’a pas vu sortir de chez lui le matin, elle ne pouvait pas lui repasser la chemise ? ». De même si tu n’es pas entretenue, je passe pour un irresponsable. Un chiche. Tu comprends ?

Yolande : …

Moi : il en va de mon honneur, de ma réputation. Alors s’il te plaît, laisse-moi gérer les factures. 

-Patricia 

Sacha (une connaissance) : pourquoi est-ce que je te mentirai ? Il est venu avec elle bras dessus bras dessous. 

Moi bouillonnant de colère : ok. 

Sacha : je ne t’ai rien dit oh !

Moi : t’inquiète. 

Clic !

J’ai pris le premier vol pour Paris. Cyril ne peut pas autant me manquer de respect, je dis non. Non. 

Quand je suis arrivée, madame était dans la cuisine avec la fille de Cyril. Je n’ai même pas cherché à savoir ce qu’elles faisaient. 

Cyrielle : bonjour maman Patricia. 

Moi : bonjour. 

La souillon : je peux faire quelque chose pour vous ?

Moi  à chaud : peut-être dégager de ma vie, de mon foyer. Peut-être me fiche la paix. Peut-être avoir un peu de dignité et te trouver un homme à toi plutôt que courir après le mien. 

Elle n’a pas répondu, je vois bien qu’elle était gênée. Alors je décide de pousser plus loin, en lui faisant un chèque. 

Moi : je pense que c’est suffisant pour ne plus avoir à te voir. 

Pour toute réponse, elle est montée à l’étage et en est redescendue un peu plus tard avec un fourre tout. Elle est sortie de la maison après avoir dit au revoir à Cyrielle. Genre ? Pff !

-Yolande

Je me sens tellement conne d’un coup. Non mais tellement conne. Genre il allait laisser sa femme, une femme aussi classe pour moi ? Il allait quitter leur monde de riche pour venir me chercher dans la boue ? De toutes les filles qu’il a rencontrées, c’est moi qui devais remplacer sa femme ?

Je me suis mise à pleurer. 

En même temps il n’a jamais dit que c’est fini avec elle, juste qu’elle est au Gabon. C’est moi-même qui ai commencé à me faire des films, à déduire des choses. Je me sens tellement stupide que j’ai envie de me baffler. Je suis en colère contre moi. Et voilà que je suis devenue la maîtresse de l’ambassadeur, on dira que c’est à cause de son argent. 

[Bruit de porte]

Eh merde ! J’ai oublié de mettre la sécurité pour l’empêcher d’entrer car il a le double de ma clé. 

Cyril : Yolande ?

Moi : vous êtes toujours ensemble. Elle est venue récupérer son foyer. J’aurai servi à tenir le lit chaud. 

Cyril : Yolande ?

Moi : quelle conne j’ai été. Bien sûr qu’un homme ne laisse jamais sa femme. 

Cyril hurlant : Yolande !

[Silence]

Moi en pleurant : elle est venue me narguer chez toi, m’a manqué de respect. Mais je ne pouvais pas répondre. Parce que c’est moi-même qui lui ai donné le bâton pour me chicoter. Je me suis faite des idées, j’ai couché avec un homme marié. 

Il est venu prendre mon visage dans ses mains, j’avais beau me débattre, il ne lâchait pas. 

Cyril : tu n’as pas à te sentir mal. 

Moi le fixant : pourquoi ?

Cyril : …

Moi le poussant : tu vois. 

Il a saisi mon bras et a tiré dessus. 

Cyril : c’est avec toi que je veux être. 

Moi : le même plat réchauffé de tous les temps. Tu m’aimes mais tu ne peux pas la laisser. Elle a la bague mais j’ai ton coeur. Change de technique. 

Cyril : tu as la bague quand tu veux Yolande. Nous sommes mariés sous le régime polygame. 

Moi ahurie : quoi ! Tu me… sors d’ici s’il te plaît. 

Cyril : …

Comme il ne bougeait pas je suis allée m’enfermer dans la chambre. La polygamie ? Sérieusement ? Il insiste avec son histoire la ?

Je ne sais pas à quel moment je me suis endormie pour être réveillée par mon horloge. J’avais mal à la tête, pas envie de me lever, mais il fallait bien aller au boulot. J’ai souri, ri, mangé, bu et à la fin de la journée je suis retournée dans ma solitude. Si je reste dans cet appart je vais finir folle. Alors j’ai mis des chaussures et je suis sortie. J’ai erré comme une âme en peine jusqu’à ce que mes pieds n’en peuvent plus. J’étais à Château rouge sans m’en rendre compte. Je n’avais même pas mon portefeuille pour profiter à prendre deux trois trucs. 

Quand je suis revenue chez moi j’ai foncé me coucher. Mal à la tête, aux pieds, au corps. 

J’ai été réveillée par Cyrielle. Elle tenait un plateau plein. 

Cyrielle joyeuse : joyeux anniversaire maman Yoyo. 

Moi encore dans les vapes : merci. 

Cyrielle : j’ai tout fait toute seule, comme une grande. Papa a seulement acheter le pain. 

Cyril : quel vendue ! Viens on va lui laisser le temps de s’habiller. 

Ce n’est qu’après leur départ que j’ai réalisé que ce n’était pas mon anniversaire. Mais Cyrielle avait l’air tellement ravie que j’ai préféré ne rien dire. 

Cyril me rejoignant dans la douche : tu me manques. 

Moi : …

Cyril : le problème ne vient pas de toi. 

Il m’a raconté son histoire, de la mère de Cyrielle à sa femme. Je l’écoutais en brossant mes dents, feignant l’indifférence. 

Moi le regardant à travers le miroir : pourquoi tu ne divorces pas alors ?

Cyril : parce que je n’ai pas envie de lui faire de mal, c’est une bonne épouse malgré tout. 

Je suis peut-être trop jeune ou trop bête pour comprendre cette phrase. 

Cyril : si tu acceptes tu n’auras pas à la supporter car vous ne vivrez jamais dans la même ville. C’est sa condition. 

Moi : et toi -je ne suis retournée pour lui faire face- tu vivras où ?

Cyril : où je peux entendre le rire gai de ma fille.

Related chapter

Latest chapter

DMCA.com Protection Status