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La tourmente

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LA TOURMENTE

Ce matin, Djifa est dans les toilettes de sa chambre qu'elle s'est payée dans un hôtel de renom de Lomé pour y passer la nuit après sa fuite à la piscine la veille. Elle est devant le miroir, face à son reflet, appuyée de ses mains au lavabo. Tout son chagrin emplit ses yeux encore irrités et pleins de larmes, son visage garde toujours le deuil à ce lever du soleil.

-Ne suis-je pas belle ? N'ai-je pas un corps bien fait pour lui ? Ne pourrait-il plus faire de sortie avec moi ? Ne me suis-je pas donnée à fond pour notre relation ? Ne lui inspire-je pas du bonheur ? Elle a quoi de mieux que moi ? Et qu'est-ce qu'elle pourra bien lui offrir sans que moi, je n'en sois pas capable ? Depuis quand tout ceci ? Pourquoi fallait-il qu'il me fasse ça au lieu de me le dire, que je ne lui convenais plus ? Pourquoi fallait-il qu'il m'humilie autant et me largue au visage que je ne suis qu'une idiote qu'il trimballait tout ce temps ? se demande-t-elle en se contemplant dans le miroir.

Elle s'effondre encore en sanglots, pétrissant ses cheveux de ses mains. Tellement, elle a mal. Elle n'était donc rien pour lui pour qu'il l'insulte ainsi ; lui faire croire, elle l'idiote, qu'il était parti en voyage, et ramener une autre jusque dans le lit qui devrait devenir leur lit conjugal dans trois semaines. Un lit dans lequel ils se couchent tous les deux ensemble et font tout.

-Pourquoi fallait-il qu'il l'amène jusqu'à la maison ? Pourquoi ne pouvait-il pas l'emmener quelque part loin pour son plaisir et c'est sous mon nez à forte chance que je les voie, il l'a amenée ?

Elle est complètement dépitée, se sent tant mortifiée. L'affliction est grande. Sa tête est si lourde, et elle n'arrive pas à se l'imaginer. Tellement elle voudrait se réveiller dans un lit et soupirer que c'était juste un rêve. Mais chaque effort qu'elle fournit lui rappelle que c'est un vilain cauchemar en plein éveil. Elle a passé toute la nuit comme si vider tout de son corps. Hélas ! Le jour voit encore toute sa détresse plus approfondie au contraire, à ressasser cet instant choc.

Quelques instants de sanglots encore devant le miroir, qu'elle se ressaisit, sereine :

-Non, Djifa, tu dois cesser de pleurer pour lui. Oui, il ne mérite pas tes larmes. Il ne mérite pas que tu pleures à cause de lui et il ne te mérite pas. Dans ton cœur, garde désormais tes mots ; et toutes ces tendresses pour le guérir de tous ces maux qui le morcellent. Qu'il fasse sa vie avec celle qui a du prix à ses yeux. Il ne t'a jamais voulue, et ne t'a jamais eu de considération. Il faut que tu cesses de lui donner le mérite qu'il n'a pas. Ramasse ton cœur morceau par morceau, recolle-le et affronte la vie. Du beau soleil doit être plutôt derrière les nuages, tout nouveau, tout luisant pour toi !

Abla veille ce matin au gré de son père pour s'assurer qu'il aille bien, qu'il se retienne. Il n'a pas dormi de la nuit, et nul besoin qu'il le dise ; tout est visible sur lui. Elle fournit alors tout un effort pour cacher sa propre inquiétude de ne pas voir aussi sa sœur. Et surtout, son anxiété de ne pas savoir ce qui lui est arrivé ou ce qui se passe exactement. Au même moment, elle se doit de se montrer sereine, pour ne rien afficher d'elle à son père au risque d'augmenter encore plus son angoisse. Elle ne le supporte pas dans son état et il faut qu'elle prenne soins de lui, essaye de l'égayer et le convaincre d'aller à ses courses avant qu'elle-même ne parte pour le campus. Et elle le fait si bien.

Après donc les travaux matinaux dans la maison pour lesquels elle s'est levée plus tôt, et être allée aménager la chambre de sa grande sœur, elle a préparé à leur père, son petit déjeuner qu'elle lui sert avec des taquineries. Nubukpo n'est pas du tout d'humeur, et il sait très bien aussi que sa fille lui cache à son tour, son propre désarroi, pour lui faire plaisir. Il se laisse aller pour ne pas la décevoir. Il n'est quand même pas d'un âge où l’on peut lui cacher de pareilles choses en trompant sa vigilance avec des flatteries.

Avec tant de peines, Agbé parvient à sortir de sa chambre pour le boulot. Pas de sommeil eu jusqu'à la clarté de la nature, tourmenté par la scène de la veille. Surtout pensant à Djifa dissoute dans la nuit.

"Et si quelque chose lui arrivait pendant qu'elle l'échappait cette nuit par cette attitude malsaine qu'il avait eue avec elle pour la pousser dans le vide encore ?" Sur cette question, était toute sa pensée toute la nuit. Que de remords, il éprouve ! La culpabilité l'ayant envahi toute la nuit, l'envahit toujours. C'est avec de la lourdeur qu'il est parvenu à sortir de son lit pour les toilettes, car le travail appelant ; il a une grande responsabilité sur les épaules : la destinée de sa famille qu'il est appelé à conduire et conduit déjà depuis son mariage avec son ex-femme. Il n'a pas pu sortir à temps pour le petit déjeuner avec la famille. Les efforts de sa petite sœur n'ont pas pu le dissuader lorsqu'elle était venue le réveiller et le faire sortir de sa chambre quand la table était prête. Il s'en veut tellement pour la jeune femme que le sort a dû placer sur son chemin pour la consoler en ayant confiance en lui, et il a lamentablement failli à cette noble mission.

À sa sortie de la chambre, et qu'il descend au salon, il a droit au bienveillant sourire de la sœur qui lui en donne chaque matin avant son départ et le soir à son retour. Il lui donne à son tour ses bises complices malgré lui. Ils sortent. La sœur, accrochée à son bras, le conduit jusqu'à sa voiture, telle une bonne épouse, qui bénit la journée de son mari par sa tendresse avant sa sortie de la maison le matin.

Déjà au bureau ce matin, les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur de bureau, pianotant, Dodo entend toquer la porte.

-Oui, entrez ! fait-il sans même lever les yeux.

La poignée de la serrure bouge, la porte est entrebâillée. Posément, des pas viennent s'arrêter devant le bureau. Il entend une voix féminine le saluant :

-Bonjour, monsieur le directeur !

Il reconnaît du coup la voix qui le salue de la sorte. Cœur tressailli, il lève d'un réflexe, les yeux, écarquillés. Il ne s'est pas trompé. C'est bien elle.

Djifa se pointe devant son fiancé, visage serein, nonobstant tout son endolorissement qu'y frappe à la toute première vue.

-Je suis venue déposer ma démission au poste de comptable de l'entreprise, monsieur le directeur, lui tend elle une enveloppe A4.

Dodo est ahuri. Il n'en croit pas. Il ne l'a même pas imaginé un seul instant.

-Démission ! Mais non ! Quand même pas !

Djifa lui laisse la lettre sur le bureau et tourne déjà les talons. Il se lève et la rattrape au plus vite à la porte en lui prenant un poignet.

-Attends, s'il te plaît ! On peut toujours parler, et on doit parler.

-Monsieur le directeur, je ne veux plus travailler dans votre structure et c'est une décision personnelle. Veuillez bien me la respecter sans m'embêter, s'il vous plaît ! dit-elle nerveusement sans même tourner son regard pour le voir debout derrière elle, son poignet toujours dans sa main.

-Écoute-moi, je ne m'attends pas à ce que tu me pardonnes et je n'attends rien de toi non plus nous concernant. Mais je te prie de ne pas quitter cette entreprise que l'on a su construire à deux. Et si tu veux, je peux te laisser sa possession.

-Je ne sais pas de quoi vous parlez, monsieur le directeur. Vous et moi, n'avons jamais construit quoi que ce soit à deux. Et je vous rappelle que ma décision est personnelle.

-Si c'est ce que tu veux, alors, qu'il en soit ainsi !

Djifa sort du bureau encore affligée. La secrétaire assise à son poste, tête baissée ses deux avant-bras sur son bureau, et entérinant d'un petit sourire discret du coin des lèvres, Elle la dépasse amèrement et s'en va, les yeux coulants.

Djifa est la comptable de l'entreprise de Dodo : une petite structure qu'il avait mise sur pied grâce à sa fiancée avec le seul héritage (vente d'une minuscule portion de terrain champêtre), que lui avaient laissé ses défunts parents. Avec convictions, Djifa y a investi ses petits moyens financiers. Elle apporta même la grande partie du capital pour la mise en place de la structure, ainsi que toute sa dévotion depuis cinq ans déjà ; un an après qu'ils se sont rencontrés pour se mettre ensemble. Ils étaient encore tous les deux étudiants. Aujourd'hui, la toute petite structure a pris de taille. Elle est alors copropriétaire.

Mais, ce qui est le plus affligeant, et plus insultant pour Djifa, pour qu'elle décide de mettre fin à tout sans rien discuter, la secrétaire de cette entreprise est la fille avec laquelle elle a surpris son fiancé Dodo au lit. La secrétaire y est recrutée il y a deux ans quand l'entreprise a commencé à devenir importante. Le pire, elle était une amie du campus qui chômait. Djifa lui avait fait appel dans leur entreprise pour pallier son oisiveté. La gratitude à son égard : l'amie secrétaire couche avec son fiancé derrière elle, et maintenant, jusque dans leur lit à quelques jours seulement de leur mariage.

La sonnerie est appuyée. Quelques instants après, la guérite s'ouvre sur Abla. Elle tombe sur le mécanicien de sa sœur dans sa tenue de travail : une blouse à la couleur complètement méconnaissable par les crasses, sur un pantalon du même sort, et qui attendait que l'on vînt lui ouvrir.

-Ah, Abla, Bonsoir !

-Oui, Bonsoir, fovi Gagnon. Entre !

-Non, ne te dérange pas. Je n'en ai pas pour longtemps. Au fait, Djifa m'a appelé hier nuit qu'elle a laissé sa voiture dans la rue. Elle m'a indiqué où elle l'avait laissée, et où je pouvais trouver aussi les clefs. Et elle m'a demandé de la lui chercher pour l'emmener au garage, après, t'apporter les clefs que voici.

Il tend les clefs, Abla les prend.

-Elle ne t'a pas dit où elle-même est et pourquoi elle a laissé la voiture dans la rue ?

-Non, juste de la lui récupérer et t'apporter les clefs. J'ai donc emmené la voiture au garage. Je devais venir depuis, mais je m'étais dit qu'aujourd'hui lundi, tu serais allée sur le campus.

-Tu avais raison. Je venais même de rentrer, et tu ne m'aurais pas vue.

-Bien ! Mais dis-moi, il y a quoi qui ne va pas ? Djifa était trop bizarre, et à cette heure de la nuit qu'elle m'avait appelé, j'avais eu trop peur. Elle a laissé son véhicule qui n'a aucun problème dans la rue, et depuis matin, elle est injoignable.

-On est perdus plus que toi à la maison, fovi Gagnon.

-[Soupir...] en tout cas, je suis venu juste apporter les clés. Et je m'en retourne déjà comme ça.

-Akpé lo, fovi !

Ils se font au revoir. Gagnon monte au volant de la voiture avec laquelle il est venu et s'en va. Abla essuie des larmes s'extravasant de ses yeux et rentre aussi en refermant le portail derrière soi.

Ensemble, ils sont dans leur salon cet après-midi, Agbé et son papa AZIANYO-DUMADEY Gbétiafa, sa maman madame AZIANYO-DUMADEY Agbétõzounkè, son frère cadet de 27 ans AZIANYO-DUMADEY Koudzo et leur petite sœur de 21 ans AZIANYO-DUMADEY Sessimé. Une discussion s'invite alors sur Agbé par leur père, pour parler de son cas autrement alarmant depuis quelques jours déjà, et indépendamment de son divorce. Une discussion devenue houleuse.

-Agbévidé, tu venais à peine de divorcer de ton épouse pour infidélité. Et tu es là, déjà, à perdre encore la tête à cause d'une autre femme que tu as eu à rencontrer, et à passer juste quelques instants avec elle !

-Papa, ces quelques instants ont largement suffi pour me rendre compte de qui avec j'étais, et à l'apprécier. Chaque seconde était succulente.

-Tu t'écoutes ? Tu as passé plus de quatre ans avec une femme avant de l'épouser sans jamais te rendre compte de qui elle était. Elle t'a trompé avec un autre, trois mois après votre mariage, et pis, dans ton propre lit. Tu viens d'obtenir le divorce il y a seulement deux semaines sans sa présence. Et tu prétends connaître une autre femme en quelques instants. Une femme que tu dis avoir rencontrée en plus dans la même déprime que toi ?

-Papa, je t'assure que cette jeune femme est unique. À ses côtés, je sentais en moi ce que je n'ai jamais ressenti auparavant auprès d'une quelconque femme. C'est une femme exceptionnelle. Jamais, je ne me suis senti autant en paix comme en sa compagnie.

-Mon fils, tu es encore sous le choc et tu dois guérir de tes blessures émotionnelles. Ne cherche pas à combler le vide de ta femme pour aller te jeter dans un abîme. Donne-toi du temps, intervient sa maman.

-Mère, je ne suis pas malade et je ne dois guérir d'aucune blessure émotionnelle.

-Si ! Tu es malade, Agbévidé ! lui réplique son père.

-Fogan, je pense aussi que tu dois te donner du temps. Et franchement, ton attitude depuis une semaine déjà m'inquiète. On est tous là pour te soutenir, lui ajoute son petit frère.

Agbé un peu exaspéré :

-On dirait que vous vous moquez tous de moi ici ! C'est un procès de tendance vous me faites ou quoi ? Je vous dis que j'ai rencontré la femme qu'il me faut et je vais la retrouver à tous les coups, quoi que vous fassiez ou disiez !

-Tu dois m'arrêter ça tout de suite ! lui ordonne autoritaire, son père. Si je ne te connaissais pas assez, je dirais que tu as pris des stupéfiants. Il y a quoi qui te passe par la tête ?

-Han ! fait Agbé brusqué par les propos du père.

Sessimé, la petite sœur, est choquée aussi par les propos de leur père.

-Mais, arrêtez de vous acharner sur mon grand frère pour mieux apprécier ce qu'il éprouve en lui. Pourquoi passer du temps à lui prêter des intentions et à lui raconter ce qui ne raffermit pas du tout ! Papa, comment peux-tu insinuer des choses comme ça sur fogan ?

-Toi, tu te tais ! Qu'est-ce que tu en sais ? lui lance le père.

Elle devient silencieuse.

-Je vous l'ai déjà dit. Faites ce que vous voulez, dites ce que vous pensez, je ne serai pas tranquille tant que je ne retrouverai pas cette femme ; cette perle rare. Oui, la perle rare ! déclare encore Agbé, contraignant plus son père.

-C'est sûr, tu as complètement perdu la tête et il ne te reste qu'une coquille vide ! lui déballe sans ménagement au visage, le papa.

Agbé boude. Agbétõzounkè contrainte, joint ses deux mains pour demander timidement excuses à son fils, histoire de le calmer, et qu'il n'aille pas en prise de bec avec son père.

-Excusez-moi ! dit Agbé.

Il se lève et quitte le salon pour dehors.

-Reviens ici, tu vas où ? Je te dis de revenir ! lui ordonne son père.

Il ne se retourne même pas. Sessimé se lève et suit son frère dans le même temps.

-Attends, s'il te plaît, fogan !

Agbétõzounkè aussi, essaie de calmer son époux qui continue de bouder, très nerveux du comportement d'Agbé à les quitter de la sorte.

-Calme-toi, s'il te plaît, ésrõ nyé ! Allons doucement avec lui, je t'en supplie, lui dit-elle.

Juste Agbé arrive au seuil du salon pour mettre pieds dehors, Sessimé le rattrape en lui prenant un bras.

-Attends, fogan, où vas-tu ? Ne sors pas dans cet état, je t'en prie ! Calme-toi et ne prends pas en compte les propos de papa.

Agbé soupire.

-Je ne sors pas, Sessimé. Je vais juste rester un peu au dehors dans la cour de la maison. Tu peux me faire un verre de citronnelle infusée au gingembre, s'il te plaît ?

-D'accord ! Donne-moi alors quelques minutes seulement et je te le fais, fofo nyé lonlon a (mon grand frère chéri).

-Merci beaucoup, chérie. Tu y presses aussi un citron et y ajoutes deux cuillerées de miel.

-Comme le veut exactement mon frère chéri.

Ils se donnent de bises. Sessimé retourne pour aller faire à son frère, sa citronnelle infusée, sans même perdre une seconde pour s'attarder sur leurs parents et leur frère figés à leur place.

Agbé fait quelques pas dans la cour un peu espacée de la maison. Il a la tête effective d'une personne qui cherche, une issue, plus que sérieuse, à un besoin très crucial, le temps que sa sœur lui serve sa boisson.

Sessimé sort, en main, un verre couvert rempli sur un plat et promène son regard pour le repérer. Elle le trouve, adossé à l'une des quatre voitures de la maison. Elle l'approche et lui remet poliment son élixir commandé :

-Fogan, voici ta boisson.

-Merci beaucoup, mon trésor !

-De rien, mon amour. Dis-moi, la tata en question, tu es sérieusement tombé amoureux d'elle ?

Agbé jette un regard doux à sa sœur, soupire et sirote un coup de sa boisson. Sessimé comprend le message qui lui est lancé comme réponse et sourit à son tour.

Apparaît tranquillement et les approche, les deux mains au fond des poches de sa culotte, Koudzo.

-Je peux ? demande-t-il à Agbé.

Agbé lui renvoie un regard, hausse les épaules puis lui montre d'un geste de la tête, son côté contre la voiture, l'invitant ainsi à prendre place sans souci.

Koudzo prend place à côté de son grand frère, les jambes croisées, les mains toujours dans ses poches. Il maintient son regard par terre avant de le lever quelques secondes après vers le ciel en soupirant.

-Sessimé, peux-tu nous laisser, s'il te plait ? Je veux discuter un peu avec fogan, dit-il.

-Pas de souci, fovi Koudzo, lui répond-elle. Mon cœur, je suis à l'intérieur ! redit-elle à leur grand frère.

-Merci, mon amour ! lui répond-il aussi.

Elle se retire pour les laisser tous les deux.

Koudzo, après que leur petite sœur est partie :

-[Soupir...] Dis-moi, fogan, tu es sûr de toi pour cette femme, et que ce n'est pas le vide contraignant causé en toi par ton mariage aussi vite tombé au fiasco ? Je voudrais aussi, mon cher grand frère, comme notre maman l'a dit, te demander de prendre le temps de guérir de tes blessures émotionnelles avant de décider d'une nouvelle aventure amoureuse avec qui que ce soit.

Calmement, Agbé répond :

-Écoute, Koudzo, je ne souffre de rien et je suis bien sain contrairement à ce que vous pensez tous. Je sais ce que je veux. Je sais ce que j'ai senti en cette femme. Et je sais ce qu'elle est.

Sessimé arrive sur leurs parents au salon.

-Des jaloux ! leur lance-t-elle ironiquement en leur tirant le visage pour les niquer, et court prendre les escaliers...

Koudzo ne fait que soupirer, non convaincu de la réponse de son frère. Agbé lui reprend :

-Quand mes yeux se sont posés sur elle dans les secondes où j'ai failli la renverser, j'ai eu une forte sensation. Puis, une attraction inexplicable d'elle du coup, juste en la voyant depuis le volant à travers le pare-brise, durant les quelques secondes seulement de l'incident. Et quand j'ai continué ma voie, elle a envahi toutes mes pensées. Moi-même je n'y comprenais rien. Les belles femmes, ce n'est pas ce qui manque et que je n'ai jamais vu. Ça, tu le sais très bien. D'ailleurs, je n'avais même pas eu de temps pour bien l'apprécier en ce moment-là pour que cette attirance soit juste par sa beauté. Et ce qui sur elle ou en elle, me hantait, je ne me le définissais pas. Elle me subjuguait tout simplement avec un impact fort sur moi. Autrement, elle me harcelait, me condamnait à la revoir de nouveau. Alors j'ai voulu me retrouver dans un lieu épatant pour me distraire et la sortir de ma tête. Et c'est ainsi que j'ai décidé d'aller devant le palais des congrès et y rester au calme, admirant les enfants faire du ski sur l'esplanade. J'arrive sur les lieux, elle y est. Coïncidence ? Le soir tombait, elle avait bu beaucoup d'alcool déjà pour noyer sa déprime. Je lui ai soulevé la tête en me mettant en face d'elle. C'est là que j'ai même vu sa beauté. Mais cette fille n'est pas seulement belle, Koudzo. Elle est dotée d'un charme fou qui brillait encore dans ses yeux malgré son regard sinistre dû à ses pleurs et à l'alcool. Ce charme m'avait encore plus envahi pour me procurer une certaine tendresse que je cherchais depuis pour me réconforter profondément. N'aurais-je pas dû m'approcher d'elle ? Et chaque instant que je passais avec elle me comblait d'une telle quiétude... Koudzo, elle s'est enracinée dans mon cœur, elle a conquis tout mon Être !

-[Soupir...!] Fogan, c'est tellement intéressant de t'écouter décrire ce que tu as vécu. Si tu es sûr de toi, que tu n'es pas en proie au désespoir, et que tu désires effectivement cette femme, je te donne mon entier soutien. Je veux juste te savoir heureux, mon frère...

-Merci Koudzo, mais ce que j'éprouve pour ce joyau n'est pas un simple désir. C'est plutôt un besoin vital ; de l'amour indéfectible. Un amour qui efface tout ce qui était en moi comme peines, pour implanter tout d'elle. C'est comme si je m'étais mépris sur l'amour. Le vrai. Et c'est maintenant que je le découvre, que j'éprouve effectivement ce sentiment si beau.

Il sirote encore sa boisson, et soupire et s'exclame :

-Ô la perle ; perle rare !

Koudzo pose la main sur l'épaule de son frère pour le réconforter et lui témoigner tout son amour fraternel et son soutien total... ; sa vraie souffrance ne vient que de commencer apparemment : retrouver cette femme, la conquérir !

FATIDIQUE COÏNCIDENCE

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