Share

2

  PARTIE 2

MALIKA KA

Je finis mes révisions, toute seule dans ma chambre puisque cette traîtresse de Dina m’a abandonné pour aller aider Rahim l’égocentrique. Oui je sais dire son prénom, y a quoi ? Ce mec est la personne la plus détestable qui existe et je pèse mes mots. Il a tous les défauts. Il est vaniteux, présomptueux, égocentrique, arrogant, hautain, insolent, condescendant, dédaigneux, altier. Bon j’arrête de citer tout le Larousse mais tout ça représente cet abruti de Rahim et bien plus. La seule personne qui l’aime vraiment dans ce monde c’est Dina. Je suis sûre que même ses parents ne le supportent pas. Le mec il a 14 ans et il me regarde déjà de haut. En fait il regarde tout le monde de haut, du bébé jusqu’au vieillard. J’ai envie de lui mettre des baffes à chaque fois que je le vois. Je ne le supporte pas. Mais parfois je dois tolérer sa présence pour Dina et vous n’avez aucune idée de l’effort surhumain que ça me demande.  

Ma sonnerie Skype me dérange dans mes révisions. C’est ma sœur donc je réponds

-Bibi ! Je crie en décrochant

-Arrête de m'appeler comme ça. C'est Bilo ou Grace ou tu te tais.

-Tu serais moins âgée je t'aurai présenté à quelqu'un. Vous auriez fait la paire tous les deux. Vous êtes issus de la même souche

-Il doit être au top alors. Papa est là ?

-Madame a encore besoin d'argent à ce que je vois. C'est pour quoi cette fois-ci, un sac ou des chaussures de luxe ?

-De quoi je me mêle ? Ta mère ne t'a pas éduqué 

-On a la même mère au cas où tu l'aurais oublié et elle sera ravie de savoir que sa fille la traite de mauvaise mère 

-Tu peux me passer papa là au lieu de me soûler. Je suis pressée

-Demande plus gentiment et je verrai 

-Lika ? 

-C’est moi oui et j’attends toujours

-S’il te plaît, dit-elle comme si on lui a mis un couteau à la gorge

-Tu vois quand tu veux. Il faut mettre en pratique l'éducation que t'a donnée NOTRE mère

-Je vais la tuer celle-là,  dit-elle comme si je n'étais pas là.

-Papa a un téléphone aussi. Pourquoi tu ne l'appelles pas directement ?

-Parce qu'il ne répond pas idiote.

J’ignore sa dernière phrase et pars toquer dans la chambre des parents et donne le téléphone à papa. Ma mère en profite pour me réquisitionner et me faire réchauffer le dîner et mettre la table.  J'appelle les habitants de cette maison pour venir manger. Papa me rend mon téléphone après avoir raccroché avec sa princesse. Je ne suis pas jalouse mais je me demande comment Bilo peut être sa préférée (Même s'il ne le dit pas, ça se sait), aussi égocentrique que Rahim cette fille. Mais elle je suis obligée de l'aimer, la famille comme dit Dina. La qualité qui sauve Bilo c'est qu'elle est très généreuse. Il suffit de la flatter un peu pour qu'elle m'achète ce que je veux avec l'argent de papa bien sûr.

-Bilo rentre dans 15 jours pour les vacances d'été, nous informe papa. Elle a validé son année

-Super. Je vais pouvoir faire mes commandes. J'aurai besoin de quelques matériels. Je peux voir directement avec elle babba ?

-D'accord mais n'exagère pas.

-Merci.  

Le reste de la discussion pendant le dîner se porte sur les pré-inscriptions de Hammel qui hésite encore entre la France et les États Unis pour ses futures études en Informatique. Papa voulait qu'il fasse génie civil pour reprendre l'entreprise familiale mais il n'a pas voulu. Bilo fait la mode comme maman, évidence évidente. Donc je suis le dernier espoir de papa. Ce que j’aime, c'est le dessin, la peinture. Rassurez vous je ne ferai pas des études d'arts. Pour l'instant je penche pour l'architecture et la décoration d'intérieur. Je ne suis qu'en seconde. Il me reste encore deux ans pour me décider alors rien ne presse.

William aussi passe son bac mais j’évite de penser à son prochain départ. Je profite de lui tant qu’il est là. 

On finit tous au salon après le repas sauf Hammel qui repart réviser. Il a intérêt d’avoir son bac sinon papa va le tuer. Il aurait du l’avoir l’année dernière mais pour mauvaise fréquentation il a redoublé sa première, ce qui n’a pas plu du tout aux parents. Je me blottis contre mon père pendant que maman joue aux comptables. Je profite de mon père parce que Bilo va complètement l'accaparer quand elle va revenir. 

-Comment ça se passe avec William ? Me demande-t-il 

-Très bien. On respecte les règles, je lui réponds en disant “Astah firoulah(Que Dieu me pardonne)” intérieurement.

-C’est bien ma fille. Reste sage. Tu es encore très jeune 

Les règles sont simples selon papa : “Pas de bisous sur la bouche avant mes 18 ans, pas d’attouchement avant le mariage”. C’était les conditions qu’on devait promettre de respecter pour qu’il nous autorise à sortir ensemble. Les attouchements encore on respecte mais qui ne fait pas de bisous à son copain. On met même la langue et c’est juste exquis. Hum je m’égare. Je prie chaque jour que papa ne nous surprenne pas. Il risque de me priver de Liam à vie alors qu’on a commencé à avoir une vraie relation amoureuse que quand j’ai eu 15 ans.

Je suis amoureuse de Liam depuis que je sais ce que amour veut dire et c’est réciproque. Avec Liam on n’a jamais rien fait à part s’avouer nos sentiments, même pas de bisous. On n’a rien dit à personne mais ma mère est très observatrice et j’ai été obligée d’avouer surtout quand Liam a pris THE Décision qui a confirmé ses soupçons. Elle m’a sermonné en me disant que William est mon frère et qu’on ne tombe pas amoureuse de son frère. Qu’elle m’excuse mais depuis quand Liam et moi on a un lien de sang que ce soit directement ou indirectement ? Mon père lui ne voulait pas, pas pour la question de fratrie que ma mère a inventé mais parce qu’on était trop jeunes. Il a finalement donné son accord quand j’ai eu quinze ans et Liam dix sept

Et sa religion vous vous demandez ? Bah ça c’est THE Décision. J’avais que 13 ans et lui 15 ans. A cette époque on s’aimait en secret. Je passais mon temps à dessiner William (Je le fais toujours d’ailleurs. C’est ma muse <3). Un jour j’ai oublié mon carnet de dessins chez tata Gaëlle. Je l’ai appelé pour qu’elle me le garde jusqu’à ce que je passe le récupérer le lendemain mais au lieu de ça elle a eu la bonne idée de le donner à Yanis pour qu’il me l’amène. Déjà qu’ils étaient tous intrigués de savoir ce que je mettais dans ce carnet. Quand je l’ai vu débarquer dans ma chambre avec mon carnet à la main j’ai su que mon secret était foutu

-Tu l’as ouvert ? 

-Un peu que je l’ai fait. Alors comme ça la petite Lika est amoureuse de William, dit-il en souriant 

-N’importe quoi.  Je ne suis pas amoureuse

-Hum hum. C’est pour ça qu’il est sur presque toutes les pages de ton carnet.

-Ça ne signifie rien ça. Je dessine tout le monde. 

-A part un croquis sur ton père et ta mère tout le reste est Willy

-Bah il est plus facile à dessiner. Il a les traits plus fins que vous tous

-C’est l’excuse la plus pourrie que j’ai jamais entendue. Avoue et je te dirai ce que William pense de toi. 

-Liam te parle de moi ? 

-Peut-être. Alors ? 

J’ai dit un “oui” d’une toute petite voix, morte de honte

-Oh tu es trop mignonne. Tiens, dit-il en me redonnant mon carnet

-Tu ne lui diras rien ? Je lui demande les yeux suppliants en prenant le carnet.

-Pourquoi ? Tu as peur que lui ne t’aime pas ? 

Je hoche la tête  

-Tu as tort parce qu’il est fou de toi depuis qu’il est tout petit. Il n’a que ton prénom à la bouche 

-C’est vrai ? Je demande avec le cœur qui bat fort

-Oui et il sera ravi de savoir que c’est partagé, répond il pendant que je souris à m’en fendre la mâchoire.

Je n'avais pas le courage d'aller voir Liam même après ce que Yanis m’a dit donc j’ai fait la lâche et j’ai confié la tâche à Yanis. J’ai cru qu’il allait venir me voir tout de suite mais non il ne l’a pas fait. Je me suis sentie triste toute la semaine là. Ma mère a cru même que je déprimais parce que Bilo venait de partir en France, la bonne blague. Dina m’a conseillé d’aller le voir pour lui dire moi-même. J’en ai rigolé jusqu’aux larmes quand elle m’a dit ça parce qu’elle est amoureuse de mon frère depuis la première fois qu’elle l’a vu. Elle n’ose même pas le regarder dans les yeux et elle me donne ce conseil, really ? Bref

Après un mois sans que William ne me parle de ça ou qu’il ne me parle tout court alors qu’il venait même à la maison voir Hammel m’a profondément attristé. Je me suis dite que Yanis s’était trompé et que je me suis ridiculisée. Mais c’était autre chose. 

***********CHEZ LES DA SYLVA************

WILLIAM DA SYLVA 

Un mois que j’y réfléchis mais je viens de prendre ma décision. D’abord parce que je veux le faire pour moi et ensuite pour nous. Je préfère sauter ce pas avant d’aller lui parler. Quand Yanis me l’a dit je n’en ai pas dormi de la nuit tellement j’étais excité et heureux. On est encore jeunes mais l’amour n’a rien à voir avec l’âge. Je ne saurai dire quand je suis tombé amoureuse d'elle. Je l'ai toujours aimé à mon avis même si j'en avais pas conscience quand j'étais enfant. Je me rappelle quand je rappelais toujours à ma mère qu'on devait prendre des chocolats pour Lika quand je l'accompagnais faire les courses. Comme elle aimait bien dessiner je prenais soin de mes crayons pour qu'elle puisse s'en servir quand elle était à la maison. Je me fâchais aussi quand les autres la taquinaient trop et j'essayais de la défendre autant que je peux. Ce n’est pas un amour de gamins qui me passera quand je serai majeur. Je l’aime plus que tout, plus que ma propre vie que je serai prêt à donner pour elle sans hésiter un seul instant.  

-Est-ce que je peux vous parler après le dîner ? 

-Nous tous ? Demande ma mère 

-Oui même Yanis. C’est très important 

-Oh tu n’as mis personne enceinte hein William ? 

-Maman ! dis-je tout gêné pendant que Yanis éclate de rire

-Excuse-moi chéri mais je préfère demander même si je doute que cela vienne de toi si ça devait arriver, dit-elle en regardant Yanis 

Si elle savait que c’était déjà arrivé à Yanis, je dis dans ma tête. Mais il a eu de la chance que la fille ait perdu son bébé avant qu’il ne trouve le courage de le dire aux parents. Il l’a quitté sans état d’âme après ça. Yanis est sans cœur. 

Je picore dans mon assiette, stressé par ce que je vais dire aux parents. Je ne sais pas comment ils vont le prendre. Yanis dit que c’est ma vie et que c’est à moi de décider. Que si c’est ce que je veux je dois le faire. Seulement je suis encore mineur et je ne veux pas faire de peine à ma mère parce que c’est important pour elle. Du coup j’en ai parlé à Kiki qui est plus réfléchi que Yanis. Elle m’a dit la même chose que mon frère. Elle m’a dit que si je saute le pas, elle le fera aussi en disant à maman qu’elle s’est fiancée avec un français sans son avis. Je crois que maman va faire une crise cardiaque entre nous trois. 

-On t’écoute William, me dit mon père. 

Je me donne du courage intérieurement pendant qu’ils me regardent tous les deux attendant que je dise quelque chose

-C’est si grave que tu n’arrives pas à le dire ? Me demande ma mère me stressant encore plus 

-Tu veux que je leur dise? Me demande Yanis 

-Il est au courant ? Questionne ma mère 

-Oui, je réponds tout simplement 

-Il a mis enceinte la fille d'autrui, redit ma mère comme si c’était la seule chose que je pourrais leur annoncer

-Je ne crois pas, lui dit mon père. 

-Bébé qu'est-ce qu'il y a ?

-Il est gay, plaisante Yanis

-QUOI ? Crie ma mère en se levant

-Je ne suis pas gay, dis-je à ma mère avant de donner un coup de coude à Yanis. Il raconte du n’importe quoi.

-C’est quoi alors ? Parle avant que ma tension ne monte. Tu me fais peur avec ton suspense de film indien. 

-Je veux me convertir à l’islam, dis-je d’un coup 

Ils me regardent tous les deux avec de gros yeux avant que ma mère ne sorte un "Jésus Marie Joseph" digne d'un oscar. Je ne dis rien leur laissant le temps de se remettre de leur émotion.

-Mais pourquoi chéri ? Qu'est-ce qui te déplaît dans ta religion ? Me demande ma mère une fois la surprise passée

-Rien maman. 

-Alors pourquoi vouloir changer ? Me demande mon père

-Parce que j’aime bien l’Islam. J’ai découvert cette religion quand Hammel et les autres apprenaient et ça me touche plus. J’y réfléchis depuis longtemps et je suis sûr de vouloir le faire

Un blanc passe avant que ma mère ne retrouve la parole

-Je ne sais pas quoi te dire bébé. Je ne m’attendais pas du tout à ça

-Je sais maman. Si j’ai hésité si longtemps c’est parce que je ne voulais pas que tu te sentes responsable de mon choix et que ça te fasse de la peine. 

-Tu en penses quoi Jean Philippe ? demande maman à mon père

-Pour être honnête, j’aurai voulu que tu continues dans ce quoi je t’ai éduqué William mais que ce soit Islam ou le christianisme on prie tous le même Dieu donc tant que tu restes pratiquant je ne peux que te donner ma bénédiction, répond il. 

-Merci papa. Et toi maman ? 

-Tu ne fais pas ça que pour les beaux yeux de Malika hein William ? Questionne-t-elle en me regardant

J’aurai été un blanc je serai tout rouge. Ma mère a le chic pour mettre les gens mal à l’aise. Et j’ai été encore plus mal à l’aise quand elle en a parlé à Tata Raki et qu’elle a commencé à ne plus me scruter comme son petit mari mais comme le garçon qui veut à sa fille. Par chance elle n’a rien dit à Lika et j’ai pu lui parler moi-même. 

********************RETOUR AVEC LIKA*******

J'entends frapper à ma porte un samedi après midi alors que je regardais un film sur l’ordinateur que Hammel m’a généreusement prêté contre une semaine à son service. Mes parents n'étant pas là, j'ai su que c'était un invité. Frapper à ma porte, trop peu pour Hammel Leyti KA. Pourtant il pète un câble quand je rentre dans sa chambre sans toquer. Où est la logique de refuser qu'on nous fasse ce qu'on fait aux autres ? Enfin bref, j’invite la personne à entrer. Mon cœur s’affole pendant que les frissons me parcourent quand William entre dans la chambre. Je scrute mes vêtements pour savoir si je suis potable, comme si je pouvais me changer si je ne l’étais pas.

-Salut

-Salut, je lui réponds sèchement

-Je te dérange ? 

-Oui 

-Tu es fâchée contre moi ? 

-Je ne suis pas fâchée. 

Un peu que je le suis. William a toujours été aux petits soins avec moi avant donc qu’il reste un mois s’en m’adresser la parole alors qu’il venait même chez moi, ça m’a fait très mal au cœur.

-Très crédible quand tu dis ça en me regardant aussi farouchement

-Qu’est-ce que tu veux ? Je lui demande en croisant les bras

-Yanis m’a dit pour le carnet et tout le reste. 

-Je suis au courant et j’ai cru bêtement quand il m’a dit que tu partageais mes sentiments. Tu as dû bien te moquer de moi quand il te l’a dit.  

-Pas du tout. Yanis avait raison. Je ne sais pas si juste dire "Je t'aime" peut résumer tout ce que je ressens pour toi. Je ne le crois pas. Je ne pourrais jamais te dire l'ampleur de mon amour pour toi parce qu'il me dépasse totalement. Il n'y a pas un jour où je ne me suis réveillé en pensant à toi, pas un jour où mon cœur n'a pas battu pour toi, pas un jour où je n'ai prié pour toi. Je t'aime depuis tellement longtemps que ça fait parti de mon quotidien. Ça m'est aussi vital que respirer, manger, dormir. Alors n'en doute jamais 

-Oooo....Okay, dis-je sans voix

-Si je suis resté aussi longtemps avant de venir te voir c'est parce que je devais prendre une décision.

-Ah oui ?

Il m'a expliqué sa décision et ma dit qu'il l'a fait pour lui mais aussi pour nous, que ça nous simplifierai le futur et qu'on pourra s'aimer sans contrainte et se marier si on veut le moment venu

-Liam ce que tu vas faire là, ce n'est pas petit. Tu ne pourras pas revenir en arrière. 

-Je le sais mais c'est ce que je veux

-Tu es sur ? Je ne veux pas que tu le regrettes après 

-Je n'ai jamais été aussi sûr d'une chose.

-Il va falloir prier cinq fois par jour 

-Je sais.

-Et jeûner aussi 

-Je le sais ainsi que toutes les autres choses que ça implique 

-D'accord 

Je n'ai pas tout vécu loin de là mais du haut de mes 13 ans ce jour-là je me suis dite que c'est la belle preuve d'amour qu'une personne puisse me faire et je ne l'en ai aimé que plus. Je n'ai pas eu peur qu'il me parle déjà  de futur parce que je ne voyais pas mon futur sans lui autant qu'il ne voyait pas le sien sans moi. Il y a de ces amours qu'on ne peut expliquer, avec lesquels on naît et qui font parti de nous,  grandissant d'années en années, plus forts et intenses malgré le temps qui passe, avec lesquels on ne pourra jamais lutter.  C'est ce genre d'amours que j'éprouve à l'égard de Liam 

Il s'est converti une semaine après avec Papa et tonton Assane (le frère de maman) qui est devenu un imam. Il n'a pas eu à changer de prénom, le sien ne signifiant pas quelque chose de mauvais dans notre religion. J'en étais ravie parce que j'adore son prénom. Papa lui a offert un coran et un tapis de prière et maintenant il est même plus avancé que moi dans les sourates pour vous dire qu'il prend ça très au sérieux. Il prie, il jeûne et fait tout ce qu’un bon musulman fait. Je suis fière de ce qu’il est, fière de l’aimer.

Related chapter

Latest chapter

DMCA.com Protection Status