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  PARTIE 10

(...)

-Tu es bien matinale. J'espère que tout va bien 

-Je crois que je vais perdre mes enfants.

-Comment ça ?

-Figure toi que Bilo sort avec Racine

-QUI ? Crie-t-elle. J'ai cru mal entendre 

-Tu as bien entendu. Racine que tu détestes

-Il n'est pas mort celui-là ?

-Gaëlle !

-C'est tout que mérite ce salopard. Ta fille est folle ou quoi ? Ce sale type qui a l'âge d'être son père en plus. Elle a quoi dans la cervelle ?

-Tout ça n'est pas le pire.

-Ne me dis pas qu'il a osé en parler 

-Il lui a dit Gaëlle. 

-Donc celui-là va te gâcher la vie éternellement. De quel droit annonce-t-il ce genre de choses à tes enfants ? DE QUEL DROIT ? Si jamais je le crois je vais lui couper ce qui fait de lui un homme 

-Si tu avais vu comment Bilo m'a regardé. J'ai eu tellement honte. Je ne sais même pas si je vais oser les regarder dans les yeux.

-Pourquoi aurais-tu honte ? Ce n'est pas comme si tu avais fait ça de gaieté de cœur. Et puis ce ne sont que des enfants. Ils n'ont absolument rien à redire sur ta vie. Ne va pas culpabiliser là-bas. Tu es leur mère et aucun enfant ne peut juger sa mère.

-Je n'ai presque pas dormi de la nuit. Comment vais-je leur expliquer cela ? Je ne peux leur dire la vérité. Je veux qu'il garde la bonne image qu'ils ont de leur grand père. 

-Qui l'aurait cru ? Que tu puisses te soucier de ton père un jour ? 

-Pas moi en tout cas. Je ne sais pas quoi faire. J’aurai préféré qu’il ne découvre jamais ça

-Écoute. Parle leur calmement. Toute façon je ne vois même pas en quoi ça les regarde. Ils ne sont que des enfants, qu'ils restent à la place d'enfants. 

-Oui mais ce sont mes enfants, les miens.

-Et alors ?  Tu es leur mère qui se bat tous les jours pour qu'ils ne manquent jamais de rien. C'est ça qu'ils doivent retenir et non ton passé. Quand je te dis que tu as trop choyé ces petits, hum. 

J'ai discuté avec elle encore un moment avant de remonter dans ma chambre me doucher. Ahmidou était réveillé quand je suis ressortie.

-Ça va ? Demande-t-il en se levant pour m'embrasser 

-Mieux qu'hier en tout cas

-Tu m'attends qu'on aille les voir ensemble.

-D'accord. 

Il m'embrasse encore avant d'entrer dans la salle de bain. Je m'habille et range la chambre. On descend ensemble puis on petit déjeune dans le jardin en tête à tête, les enfants ne s'étant pas encore levés

-Quoi qu'il se passe, promets moi de ne pas l'empêcher de repartir poursuivre son rêve 

-Ne me demande pas ça, pas après ce qu'elle a fait hier. Elle devrait déjà être en route pour le Fouta. Elle ne mérite pas de retourner en France. Elle n’était pas comme ça avant d’y aller

-S'il te plaît. Laisse la s'en aller. Promets le moi.

-Pas après le manque de respect notoire qui caractérise cette petite. Après tout ce que je lui ai appris. OK je l'ai chouchouté mais je lui ai inculqué des valeurs aussi. Je lui ai appris le respect de ses aînés, la compassion et la considération d'autrui. Où a-t-elle mis tout cela ? 

-Je sais que je te demande l'impossible mais pour l'amour que tu as pour moi, promets moi de la laisser partir. Mon père m'a empêché d'accomplir mes rêves et je ne veux pas de ça pour eux peu importe ce qu'elle a fait. Promets le moi

-Promis, dit-il comme si on lui arrachait les tripes

-Merci

-Mais je ne les laisserai pas te manquer de respect encore une fois. Trop c'est trop. Ces enfants ont pris trop de confiance dernièrement. D'abord Malika et maintenant Bilo. Hammel je ne parle même pas de ses frasques à lui. Je crois que je les ai trop dorlotés et pas assez bastonnés.

-Ne touche pas à mes bébés sinon c'est toi que je frappe. Ils sont jeunes, dis-je pensive. Ils font leurs propres erreurs comme nous avant eux 

-Je n'étais pas comme eux. Jamais je n'aurai osé me comporter comme elle l'a fait devant mes parents. J'étais un garçon très sage moi

-Vraiment ? Dis-je en souriant. Je vais dire ça à Ouleye. 

-Elle confirmera.

-Bien sûr. 

On continue à discuter jusqu’à ce que Lika nous trouve là. Je suis contente de la voir moins triste que ces derniers temps. J’espère qu’elle continuera à sourire après le départ de William mais je n’y crois pas vraiment

-Bonjour papa, maman, lance-t-elle avant de saisir le reste de ma salade de fruits

-Ça va mon coeur ? Je lui demande alors qu’elle en met une bouchée dans sa bouche

Elle n’a pas l’air au courant de ce qui se passe. 

-On fait aller, dit-elle après avoir avalé sa bouchée. Et vous ?

-Tu es rentrée à quelle heure toi ? Lui demande son père 

Je me demandai quand il allait poser la question

-A 22 heures comme convenu, répond elle. J’ai même trouvé Hammel et Bilo dans le salon. Ils pourront témoigner. 

-On te croit sur parole pas la peine de te justifier, je lui dis. Tes frères sont réveillés ?

-Peut-être. Je ne les ai pas croisés en tout cas 

-D’accord. Tu iras voir William aujourd’hui ?

-Non. Il passe la journée chez ses grands parents. Je n’ai pas voulu m’incruster même si lui voulait que je vienne. 

-J'espère que tu respectes les règles ? Lui dit son père 

-Oui papa, dit-elle en touchant ses cheveux 

Chose qu'elle fait quand elle ment. Ahmidou rêve si elle pense que sa fille n'embrasse pas son copain. Il a autorisé la relation non ? Qu'il assume maintenant 

-Maman ? 

-Oui chérie ?

-C’est vrai ce qu’a dit Bilo sur toi, que tu étais...enfin tu vois quoi ?

Je ne ferai pas de commentaire sur Bilo. Elle aurait pu épargner ça à sa petite sœur mais ce n'est pas plus mal qu'ils le sachent tous.

-Je vois oui. Ça ne te dérange pas d’attendre que tes frères se lèvent qu’on en parle tous ensemble ? 

-Non non. Ça me va. Je vais aller m’apporter plus à manger. Papa a tout fini, dit-elle en lui tirant la langue

Elle s’en va et revient avec un plateau bien rempli. Son père se moque d’elle en le traitant de gourmande. Elle répond qu’elle assume même si ça ne l’aide pas à avoir un corps parfait comme Bilo

-Tu es très belle comme ça ma chérie

-Merci maman d'amour 

Je regarde mon mari, surprise. Il lève les épaules et les abaisse, signe qu'il n'y comprend rien non plus. Je me retourne vers Malika qui continue de manger. Je suis assez surprise que son attitude ne change pas à mon égard. Pourtant Lika a un caractère bien trempé. Quand j'imaginai le jour où ils sauraient, parce que je savais au fond de moi que tôt ou tard ils sauront, qu'elle sera la moins indulgente et compréhensive. Il faut croire que je me suis trompée.

-Maman tu devrais faire un petit déjeuner comme ça tous les jours. C'est super bon

-Je suis ravie que tu te régales

-Moi aussi, répond elle en riant.

-Et tu as pris cinq kilos d'un coup, le taquine son père 

-Midou laisse la tranquille. 

-Laisse le maman. Il est juste jaloux de ma jeunesse et de ma beauté 

-Quelle beauté ? Tu es trop moche, lui dit son père 

-Dit celui à qui elle ressemble comme deux gouttes d'eau, j'ajoute 

-Voilà. Merci maman. Dis lui bien ça. Si je suis moche c'est de sa faute.

Ils ont continué à se chamailler comme d'habitude jusqu'à ce que Bilo arrive. Midou a fermé son visage. Ma fille m’a regardé avec dédain avant de tourner les talons sans adresser la parole à qui que ce soit. On aurait pu me poignarder que ça ne m'aurait pas fait aussi mal que ce regard. Midou allait s'énerver mais je lui ai fait signe de laisser tomber. Lika est partie la rejoindre. 

-Je vais la tuer celle-là, dit-il 

-Tu ne vas tuer personne. Ne te mêle pas de ça. Tu vas envenimer les choses 

-Déjà qu'elle ait fréquenté ce...type, ça me reste à travers de la gorge alors si elle continue de cette manière je ne pourrais pas me retenir de bien la corriger. Je ne la reconnais plus. Qu'est-ce qui n'a pas marché avec elle ?

-Laisse moi gérer ça toute seule. Ne les touche pas.

-Hum

Hammel lui était plus gêné qu'autre chose quand il m'a vu. Il m'a quand même salué avant de disparaître comme un voleur. Seule ma petite dernière restait avec moi. Elle m'a aidé à préparer le déjeuner. Les enfants ont dit ne pas avoir faim mais ils sont quand même descendus manger quand Midou s'est vraiment énervé. C'est le repas le plus bizarre qu'on ait jamais fait. Seule Lika parlait. Je les ai réunis dans le salon après le déjeuner. Je ne savais pas par où commencer ni comment amener le sujet.  

-Contrairement à vous je n'ai pas eu une vie facile. Il m'est arrivé beaucoup de mauvaises choses dans ma vie qui ont conduit à ce métier que j'ai dû exercer, pas pour plaisir mais pour vivre. Je ne vais pas vous raconter ma vie parce que de un ça ne vous regarde pas et de deux je serai obligée de parler de mon père et je ne dis pas du mal d'un mort. 

Je marque une pause avant de poursuivre 

-On rencontre des fois de mauvaises personnes qui font tout pour nous gâcher la vie. Malheureusement j'étais entourée de ce genre de personnes et ça a engendré beaucoup de choses dont ce que vous savez.

-Prostitution maman. Prostitution. Pourquoi tu ne le dis pas hein ? Crie Bilo en se levant

-ASSIEDS-TOI, crie son père. 

Je fais signe à Ahmidou de la laisser avant de me tourner vers elle.

-J'ai exercé le métier de prostitution dis-je en la regardant par besoin et je l'ai arrêté avant même de rencontrer votre père. 

-Il n'a pas pu t'épouser en sachant ça. Tu lui as dit quand ça était trop tard, c'est ça ? Demande à nouveau mon aînée. 

-Je lui en ai parlé dès que ça était sérieux entre nous avec tous les détails. Vous, vous n'avez pas besoin de tout savoir. Je n'ai pas de compte à vous rendre.  J'aurai préféré que jamais vous ne sachiez mais je savais que ce moment arriverait un jour. C'est quelque chose qui s'est passé bien avant votre naissance. Je regrette chaque jour mais on ne peut changer son passé. Néanmoins je suis fière de ce que je suis devenue et je ne serai pas la personne que je suis aujourd'hui si toutes ces épreuves n'avaient pas fait parti de ma vie. 

-Il fallait y penser avant. C'est trop facile de faire ses choix et de venir dire qu'on regrette. Que je sache personne ne t'a obligé à vendre ton corps pour des billets de banque. 

Ahmidou l'a giflé avant que je ne puisse l'arrêter. Il allait recommencer mais je me suis interposée. J'ai tendu ma main pour toucher ma fille mais elle a reculé. 

-Si tu avais vécu la même chose que moi, tu ne dirais pas ça. 

-Si j'avais vécu je ne sais quoi j'aurai trouvé une autre solution. Quoiqu'il se passe dans votre vie, restez digne. N'est-ce pas ce que tu nous répètes à chaque fois ? Tu es là toujours à donner des conseils alors que tu as fait la pire chose au monde. Tu ne sais même pas à quel point tu me dégoûtes en ce moment. Je t'admirai tellement maman. Tu étais mon modèle. Je faisais tout pour te ressembler. Je faisais tout pour que tu sois fière de moi. Mais tu n'es que mensonge et cachotterie. Rien en toi n'est vrai. Mais heureusement je sais qui tu es maintenant. 

-Bilo, je l'appelle ne pouvant plus retenir mes larmes 

-Ne m'appelle pas, dit-elle en laissant couler les larmes à son tour. Plus jamais. 

Elle quitte le salon pendant que j'essuie mes larmes. Eh Dieu pourquoi ?

-Ne pleure pas maman, me dit mon fils. Laisse nous le temps de digérer. Ça remet beaucoup de choses en question. On se reposait tous sur toi tu sais et là on ne sait plus vraiment quoi penser. On aurait jamais pensé que tu as été.... Peut-être que tu devrais tout nous dire pour qu'on comprenne mieux

-Je ne peux pas vous en dire plus. Je suis désolée. 

-Moi je ne t'en veux pas, me dit Lika. Et ça ne change rien de ce que je pensais de toi. On ne connaît pas ta vie et même on n'a pas le droit de te juger. Certes ça fait un choc mais je suis sûre que tu avais de bonnes raisons. Si papa a pu passer outre, on doit le faire aussi.  

Ça me réconforte un peu d'entendre ça. 

-Je suis mitigé pour ma part. Je ne sais pas quoi penser de tout ça. Il me faudra un peu de temps pour m'y faire. Ce n’est pas évident. 

-Bien sûr mon chéri.

-Je vais voir Bilo, dit-il Ne lui en veux pas. Elle est juste… Bref essaye de la comprendre mam’, ajoute-t-il avant de s’en aller rejoindre sa sœur.

-Ne pleure pas maman, me dit Lika en se levant pour me prendre dans ses bras. Laisse leur un peu de temps. 

...

-Je t’aime maman, dit-elle doucement 

Je la serre plus dans mes bras. C’est la première fois qu’elle me le dit depuis qu’elle a grandi. Quand elle le pensait elle se contentait de me prendre dans ses bras. C’était sa manière à elle de me le faire savoir. 

-Je t'aime aussi ma chérie.

Après ça, elle m'a collé toute la journée. Elle avait peut-être peur de me laisser seule et que je me remette à pleurer. Cela me faisait du bien de l’avoir à mes côtés. Ahmidou s’est entretenu avec Bilo dans son bureau malgré mon désaccord. Après ça ils ne se sont plus parlés. Ça me déchire le cœur de les voir comme ça. J’ai essayé de reparler à ma fille mais elle n’a pas voulu m’écouter donc j’ai laissé tomber. Je gardais espoir qu’elle vienne me parler avant de rentrer mais rien. Elle est repartie n’adressant la parole ni à moi ni à son père. Ahmidou ne voulait pas l’accompagner disant qu’elle ne reconnaissait plus sa fille du coup c’est Hammel qui l’a déposé à l’aéroport où elle devait retrouver William. Mon passé s’est mêlé à mon présent et le résultat est désastreux. 

**************

BILO GRÂCE KA 

-TOI, DANS MON BUREAU TOUT DE SUITE, m'a dit mon père avant de sortir sans attendre de réponse. 

J'essuie mes larmes avant de me lever 

-Tu veux que je vienne avec toi ? Me demande Ham’

-Ça va aller. T'inquiète 

Je rejoins mon père dans son bureau. Il n'a pas l'air très content mais franchement là j'ai déjà trop mal donc peu importe ce qu'il me fera ça, je ne pourrai pas aller pire

-Je n'ai même pas envie de te parler tellement tu m'as déçu. J'ai l'impression d'avoir failli à mon rôle de père avec toi. Qu'est-ce que j'ai raté avec toi pour que tu te permettes d'humilier ta mère ? 

-Tu m'as appris à ne pas être hypocrite et je ne le suis pas. J'ai juste dit à ma mère ce que je pense

-Et tu crois pouvoir en être fière ? Tu crois vraiment que c'était la bonne manière. Tu as été irrespectueuse. Tu as 22 ans maintenant. Tu n'es plus une enfant alors j'attendais de toi que tu te comportes comme une adulte mais faut croire que ton esprit n'a pas grandi. Tu es l'aînée. Tu es sensée donner l'exemple à tes frères, pas humilier ta mère devant eux.

-Ils avaient le droit de savoir 

-CE N'ÉTAIT PAS À TOI D'EN DÉCIDER, crie-t-il

…..

-Si tu étais aussi intelligente que tu le dis, tu en aurais parlé à ta mère en privée et peut-être elle t'aurait expliqué pourquoi elle avait fait ça. Mais vu ton comportement des plus impolis tu ne mérites pas de savoir. Je veux que tu ailles t'excuser tout de suite.

-Je suis désolée si je t'ai déçu papa. J'aurai voulu que ça n'arrive jamais. Seulement je ne vais pas m'excuser 

-Je te demande pardon ?

-Je ne peux pas quitte à te décevoir encore une fois. Ça voudrait dire que j’accepte ce que j’ai découvert et ce n’est pas le cas. Tu sais mieux que quiconque papa que malgré ma soit-disante rivalité avec ma mère que je l’estimais plus que tout et découvrir ça m’a achevé. Jamais plus je ne la verrai comme avant. Tu la défends parce que tu l’aimes mais aurais-tu la même attitude envers moi ou Lika si on faisait la même chose ? 

-Tu es bien ingrate. Après tout ce qu’elle a fait pour toi, tu oses retenir que ça. Si tu es celle que tu es aujourd’hui c’est grâce à elle. Si tu as intégré cette école de mode excessivement chère c’est grâce à elle. Si tu as ce don de la mode c’est grâce à elle. Tu me ressembles peut-être mais c’est ta mère qui a fait de toi ce que tu es. Si aujourd’hui après tes frasques je te laisse retourner en France c’est encore grâce à elle. Tu aurais dû être celle qui la comprenne le mieux. Je ne tolérerai pas le fait que tu refuses de t’excuser. Trop c’est trop. 

-Si c’est elle que tu choisis 

-Pardon ? Il n’y a pas de choix entre toi et ta mère. Ce sera toujours elle avant toi. Jamais je ne te placerai au dessus d’elle

-Très bien dans ce cas. 

-Jusqu'à présent je t'ai accordé tout ce que tu voulais parce que tu étais travailleuse et déterminée à réussir comme ta mère mais après ce que tu as fait, je ne te donnerai plus un seul centime. Je veux que tu me rendes ma carte de crédit sur le champ. Puisque tu es assez grande pour juger ta mère qui a fait tous les sacrifices pour toi et tes frères, tu devrais l’être aussi pour te débrouiller toute seule. 

-Il n’y a pas de problème 

-Dernière chose. Si tu sors de cette maison sans t’excuser pour ton comportement inadmissible envers ta mère, ne reviens plus. Oublie que tu as un père. 

Je suis partie chercher sa carte de crédit que je lui ai remis avant de sortir pour de bon de son bureau 

**************

MALIKA KA

-Bilo ne t’en va pas comme ça. Tu ne vois pas le mal que tu fais à maman ? Tu fais pleurer ta propre mère et ça te laisse de marbre. Tu es quel genre de personne toi ?

-Celle-là n’est pas ma mère.

-Tu abuses. En quoi le passé de maman te regarde ? On est que des enfants alors de quel droit la juges-tu ?  

-Je n’ai pas envie de discuter de ça alors tu arrêtes ou tu t’en vas. 

….

-Pourquoi tu ne parles plus à papa ? Je reprends

-Parce qu’il défend sa femme. 

-Tu es vraiment sérieuse dans ton délire.  Tu voudrais quoi qu’il te dise tu as raison, je vais divorcer de maman. 

-C’est ce qu'il devrait faire. Comment peut-il vivre avec elle en sachant ce qu’elle a fait ?

-Et toi comment peux-tu lui en vouloir pour une chose qui est arrivée bien avant ta naissance ? Si on était tous jugés par rapport à ce qu’on fait on serait nombreux à être dans la moise, toi la première. Tu es devenue complètement folle ma foi si tu penses à un divorce entre papa et maman. C’est avec toi qu’il va divorcer oui.

-C’est ce qu’il a fait. C’est pour ça qu’on ne se parle plus 

-Le sang de maman coule dans tes veines Bilo. N’oublie pas ça 

-Je ne risque pas de l’oublier. Si je pouvais, je changerai de mère

Je la regarde choquée qu’elle dise de pareilles choses sans ciller. Je n’ajoute plus rien et on finit de boucler tous ses bagages dans le silence. Avec l’aide de Hammel on descend tout pour le mettre dans la voiture de papa. Bilo s’installe devant sans même retourner dans la maison

-Tu vas partir sans dire au revoir ? Je lui demande 

-Dire au revoir à qui ? Vous êtes là tous les deux ? 

-Hammel tu vas la laisser faire ça ? Je demande à mon frère 

-Elle ne veut rien entendre. J’ai fait mon possible. Je ne peux pas la forcer non plus, me répond il

-Bilo s’il te plaît. Ne t’en va pas sans dire au revoir. Si jamais il arrive quelque chose à maman ou papa tu le regretteras toute ta vie 

-Tant pis, dit-elle 

Je regarde Hammel, dépassée. Il hausse les épaules et me dit qu’on devrait y aller. Je monte dans la voiture en colère contre ma sœur. J’ai envie de la secouer très fort pour qu’elle sorte de son n’importe quoi. Je n’aime pas ce qu’elle fait alors là pas du tout. Je me tais la moitié du trajet (Vous me connaissez. Je ne peux pas me taire longtemps) avant de lui lancer

-Comme tu es fâchée, à ta place je ne toucherai plus à l’argent des parents ? Tu ne veux plus leur parler mais tu comptes utiliser leur argent à l’aise. 

-J’ai rendu à papa la carte bancaire qu’il m’avait donné ou devrais-je dire il me l'a repris. Je me débrouillerai toute seule. Toute façon j’ai ma bourse d’études. 

-Avec toutes les dépenses que tu fais ta bourse ne te suffira jamais. Ne me dis pas que tu vas aller travailler genre MC Do tout ça là. Tu ne sais rien faire de tes mains à part dessiner et coudre des vêtements. 

-Je me débrouillerai toute seule. Ne t’inquiète pas pour moi. Je ne mourrai pas de faim. 

-Par contre tu mourras de honte en tournant le dos à tes parents après tout ce qu’ils ont fait pour toi. 

-Tu m’agaces Lika. Continue de jouer la petite fille modèle et fiche-moi la paix tu veux. Si toi tu peux passer outre, ce n’est pas mon cas alors arrête de me parler de ça s’il te plaît. 

J’ai serré mon visage et elle aussi. Hammel lui avait décidé de ne pas s’en mêler. Je les ai abandonnés dès qu’on est  arrivés à l’aéroport pour aller voir William qui était là avec ses parents et Yanis. Je me sens coupable de l’avoir laissé tomber ces derniers jours mais maman allait trop mal pour que je la laisse seule. Je l’ai vu vite fait hier quand il est passé dire au revoir à mes parents mais comme l’ambiance était très bizarre à la maison, il n’est pas resté longtemps. J’ai salué tout le monde avant de mêler mes doigts à ceux de Liam et d’aller avec lui un peu à l’écart

-Désolée, dis-je en l’enlaçant. 

-Pourquoi ? Me demande-t-il

-On avait dit qu’on passerait toute la semaine ensemble.

-Oh ne t’inquiète pas. Si ta mère a besoin de toi, je passe deuxième. Elle va mieux ? 

Rassurez-vous je ne lui ai pas parlé de la cause des soucis. Je ne voulais pas lui mentir donc je lui ai juste dit que je ne pouvais pas en parler mais que je devais rester avec ma mère. 

-Il y a du mieux mais ce n’est pas la joie.

-Désolé.

Il pose ses lèvres sur mon front avant de me demander de le suivre, ce que je fais. Une fois qu’on fut un peu à l’abri des regards, il m’embrasse. Mon ventre se contracte agréablement et mon cœur se mit à battre à rythme fou. Je le regarde dans les yeux pour retenir le maximum de sensations possibles. Je veux me souvenir de chaque réaction de mon corps au contact des lèvres de Liam. Je veux me souvenir des frissons quand il pose sa main sur ma nuque, de la douceur de ses lèvres, de sa langue qui enroule la mienne, de cette étincelle dans ses yeux. Je veux garder se souvenir le plus longtemps possible et m’y accrocher, en rêver, jusqu’à ce qu’on se revoit et que je puisse sentir son contact à nouveau. Il pose son front sur le mien quand on sépare puis frotte son nez sur le mien. 

-Te quitter me tue Lili. 

-Je sais, dis-je le cœur gros. Je sais. 

Je le serre plus dans mes bras les larmes me montant aux yeux tout d’un coup

-Ne pleure pas s’il te plaît. Regarde moi. 

-Regarde moi ma Lili

Je lève la tête vers lui. Il essuie mes larmes puis m’embrasse légèrement

-Tu m’avais promis

-Je sais. Je suis désolée. Ça y est. C’est fini, dis-je en faisant du vent avec mes mains

-Ne me dis pas que tu essaies de sécher tes larmes de cette manière, dit-il en souriant

-Ne te moque pas de moi, dis-je en boudant 

-Je ne me moque pas, dit-il avec un sourire

-Très convaincant.

-Je t'aime, dit-il passant d'un coup d'un ton plaisantin à un ton sérieux. Tellement plus que tu ne le penses, ajoute-t-il après une pause.

-Je t'aime encore plus et tu vas horriblement me manquer.

-Je t'appelle dès que j'arrive 

Je hoche la tête. On s'embrasse une dernière fois avant d'y retourner. Ils ne tardent pas à y aller Bilo et lui. Je ne pus m'empêcher de pleurer à m'en faire mal.

-Ma pauvre chérie, me dit tata Gaëlle avant de m'attirer dans ses bras. Ça va aller. Ne pleure pas comme ça toi aussi 

-Je suis là moi, Me dit Yanis. Je vais bien prendre soin de la Lili de Liam. 

Ils me laissent partir après avoir essayé de me consoler en vain. Même tonton Jean Philippe a tenté sans succès. Hammel m'a proposé qu'on aille manger des glaces en centre ville pour se changer les idées mais je ne voulais pas. C'est maman qui a réussi à me calmer finalement. 

-Il y a pire que d'être séparé de son copain. Imagine ceux qui sont mariés et qui vivent séparer ou ceux qui ont perdus leurs conjoints. C'est pire pour eux et pourtant ils ne font pas comme toi. À te voir on a l'impression que tu ne le reverras plus jamais alors que d'ici quelques heures tu seras accrochée à ton téléphone pour lui parler. 

-Sniff 

-Ton amour pour William me fait peur Malika, chaque jour un peu plus. Regarde comment tu réagis juste parce que tu ne le verras plus physiquement ? C'est trop à ton âge. Dieu, que j'aime ton père mais me vois-tu agir ainsi ? Tu dois apprendre à dompter tes sentiments sinon tu te feras du mal.

-Comment on fait ? Je lui demande 

-Je n'en sais rien, dit-elle en rigolant tout d'un coup. 

Je le regarde contente de la voir rire malgré ma tristesse. Depuis cette histoire elle est tout le temps triste

-Tu es belle quand tu ris maman. 

-Aww merci mon cœur. Toi aussi tu es belle quand tu ris. William a dû te le dire.

-Oui

-Alors ris pour lui. 

Je me blottis encore plus dans ses bras. Elle reste avec moi jusqu'à ce que je m’endorme.

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