CHAPITRE .03

     Alyssa

Je sentais mon pouls s'accélérer à une vitesse folle. J'étais complètement en panique. De ce que j'avais pu comprendre, quelqu'un était entrain de s'attaquer à ma famille. Pourquoi ?! Dans quel but ?! Je tentais tant bien que mal de garder mon calme bien que c'était presque mission impossible. Qui arriverait à garder son sang-froid dans ce genre de situation après tout ?! Mon regard se déportait sur Lindsay. Elle semblait tout à fait concentrée sur la route bien que son pied appuyait un peu trop sur la pédale d'accélérateur à mon goût. Tant pis, nous n'avions pas le temps.

«Alyssa, lorsque nous serons arrivées, j'ai besoin que tu suives mes instructions à la lettre. Comme Keith l'a dit, on se contente de récupérer ta famille et vous foncez ensuite vous mettre à l'abri dans le véhicule. Tu ne bouges surtout pas de là. C'est compris ? Il risque de vouloir s'en prendre à toi alors tu nous laisses nous en charger.» Me lançait-elle en gardant les yeux rivés sur la route. Je sentais néanmoins son ton se faire sérieux et imposant un certain respect. J'en fus assez étonnée de sa part. C'était plutôt inhabituel.

«O-oui bien sûr mais dis-moi... Qui est-ce qui s'en prend à eux ?» Fis-je d'une voix plutôt faible.

«Je ne sais pas trop. Je pense que c'est un des serviteurs du Diable. Il a du apprendre que l'on voulait te récupérer et ils sont toujours dans nos pattes quand on essaye de récupérer de nouvelles recrues. Je pense aussi qu'ils connaissent Émilie. La vieille rancœur entre démon et ange vois-tu...»

Aucun mot ne s'échappait d'entre mes lèvres. Je bouillonnais de l'intérieur rien qu'à imaginer que quelque chose avait pu arriver à mes proches. J'aurais dû rentrer immédiatement à la maison plutôt que de les suivre ! Plusieurs jurons firent irruption dans ma tête tant je me sentais idiote et inutile.

Une dizaine de minute plus tard, nous arrivions finalement devant ma maison. J'aperçus alors Keith avec de splendides ailes d'une couleur semblable à ses yeux verts, déployées dans son dos. C'était donc ça la forme originelle d'un Sylphe ? C'était tout à fait splendide... J'en perdais perdais presque mon souffle.

Je reprenais toutefois mes esprits bien assez vite en voyant avec horreur la créature aux yeux rouges ainsi qu'aux crocs acérés qui lui faisait face. Il semblait bien plus âgé que nous. Dans la trentaine sûrement. Ses yeux étaient d'un rouge sanglant alors que ses cheveux noirs en pagaille lui donnaient un air encore plus sauvage. Il avait beau être dangereux, je ne pouvais m'empêcher de lui trouver une certaine aura attirante. Toutefois, mon cœur ratait un battement lorsque je déportais mes yeux sur autre chose. Ma mère et mon frère étaient couchés d'un air inconscient dans la neige rouge. Étaient-ils?... Non impossible... Je restais figée sur place tel une statue de glace.

«Saleté de vampire ! Keith ! Occupes-toi de lui ! Dépêches-toi Alyssa on fait ce qu'on a dit !» Jura Lindsay en descendant rapidement du véhicule.

Mon cerveau ne prit pas deux secondes de plus à réfléchir pour agir. Je bondissais en dehors du véhicule en manquant de glisser sur une plaque de verglas et me précipitait en courant vers les deux corps inertes. Le vampire me remarqua au vue de son grognement mais Keith s'en chargeait bien assez vite en l'emportant dans les airs loin de nous. Je me chargeais alors de porter mon petit frère tandis que Lindsay se chargeait de ma mère. Très vite, nous nous retrouvèrent tous enfermés dans la voiture avec les portes fermement verrouillées. Je n'avais nullement envie que cette créature dehors nous tombe dessus. Pour une fois, je remerciais intérieurement Keith d'être là.

«Comment vont-ils ?! Lindsay dis-moi qu'ils sont encore en vie je t'en pris !»Criais-je en la secouant un peu.

«Du calme Alyssa ! Ils sont juste blessés et ils doivent sûrement être morts de froid. Keith a dû sûrement venir à temps avant qu'il ne les vide de leur sang. Je vais me charger de soigner leurs plaies et de les réchauffer. Toi tu restes ici et tu ne bouges surtout pas d'accord ?!»

Tout mes muscles se contractèrent vivement. Une fois de plus, elle avait laissé de côté son image de fille innocente pour une attitude bien plus froide et dure. Je raclais le fond de ma gorge et m'exécuta en décidant de me taire. Mes yeux l'observèrent donc attentivement. Lindsay venait de retrousser ses manches après avoir minutieusement inspecté les plaies des deux blessés. Inspirant un peu, je remarquais alors qu'une bulle d'eau se formait dans ses mains. C'était quoi ça ? Demeurant néanmoins silencieuse, Lindsay déportait doucement la bulle sur les blessures sur Steve et ma mère. Et peu à peu, je vis les plaies se refermer très lentement.

«C'était quoi ça ?...» Fis-je bien que j'avais décidé de me taire plus tôt.

«C'est une forme différente de l'altruisme que possède ta mère. Je suis une Naïade donc je contrôle plus ou moins l'élément de l'eau. Ça me permet en partie de soigner les blessures. Dans tout les cas, ils ont besoin de repos maintenant... Dès que Keith en a fini avec ce vampire, on se barre d'ici pour les amener en sécurité.» Lâcha Lindsay avant de regarder par la fenêtre. Elle avait prit soin de déposer de grosses couvertures sur les deux corps refroidis.

Concluant qu'elle cherchait son partenaire, je décidais de glisser ma tête vers la fenêtre. Mauvaise idée. Je sursautais vivement en manquant de me taper la tête contre le toit. Le vampire venait d'être projeté violemment contre le sol après que Keith l'eut lâché. Il crachait du sang, et pas d'un peu. Le choc avait même provoqué quelques secousses sur le sol. Bon sang, quelle puissance. On ne pouvait pas contredire le fait qu'ils n'étaient pas humains.

     Keith

Ce vampire m'avait vraiment causé pas mal de soucis. Moi qui détestait me battre à tout va, c'était un peu foutu pour le coup. Bien heureusement, j'avais réussi à parvenir à temps avant que cette abominable créature ne fasse d'avantage de dégâts sur Émilie et Steve. Lindsay saurait très probablement soigner ces quelques blessures. Je les déposais donc un peu plus loin afin de les éloigner au mieux du combat. Ils étaient déjà assez blessés pour le moment. J'enchaînais alors les coups bien qu'il arrivait à me les renvoyer sans soucis. Il avait de la réserve celui-là.

Une fois qu'elles furent arrivées, j'avais opté pour autre technique d'attaque bien plus efficace. Il avait remarqué Alyssa et comptait bien s'en prendre à elle au vue de son regard. Je ne pouvais pas le laisser faire comme ça. On avait bien trop besoin d'elle pour qu'elle se fasse éliminer par ce vampire. Déployant fortement mes ailes d'une couleur émeraude aux reflets du soleil, je le saisissais par le col et l'entraînais dans les airs, suffisamment haut pour qu'elles soient hors de danger. Il n'allait pas s'en prendre à elles aussi facilement. Oh que non.

«Qu'est-ce que tu fais ici ? Qui t'a envoyé ? Répond sale créature.»Lançais-je en fronçant les sourcils.

«Ah ah tu es bien marrant petit ! Comme si j'allais répondre à un gamin.» Répondit le vampire en me riant au nez. Il ne tenait pas vraiment à sa vie celui-là.

«Je suis sérieux. Réponds moi ou je te lâche.» Je détestais qu'on me prenne pour un enfant sachant que dans l'académie j'étais un des êtres les plus respectés. Il ne devait sûrement pas le savoir.

«Et bien fais-le. Je ne te répondrais pas. J'ai bien plus peur de mon maître que d'un pauvre Sylphe comme toi.»

Mes sourcils se froncèrent vivement. Il ne voulait pas me répondre correctement. Et comme je savais que faire la discussion avec ce genre de créature était impossible, j'allais m'en débarrasser. Je m'envolais alors un peu plus dans les airs avant de prendre une grande inspiration. Mon ennemi ne sembla pas vraiment comprendre mon geste. Et sans attendre une seconde de plus, je fonçais tête baissée vers le sol. Le vampire grogna fortement en s'agrippant à mes bras, plantant ses ongles dedans. Je n'y fis néanmoins pas attention et poursuivit ma descente en pic. Puis, alors que nous n'étions qu'à plus de cinq mètres du sol, je le lâchais en balançant un coup de pied dans son ventre de toutes mes forces. Il s'effondrait alors au sol en crachant son venin dans un cris strident. Une fissure c'était même ouverte dans le sol dû au choc de sa chute. Son sang se répandait rapidement sur la neige, dessinant un tapis rouge.

«Pars maintenant avant que je ne t'arrache la tête sale vampire.»

Crachais-je en le laissant pour mort au sol. Je n'hésitais pas une seconde de plus et frappait contre la vitre afin que l'on vienne m'ouvrir. Il fallait partir au plus vite.

     Alyssa

Je n'en croyais pas mes yeux. Cet homme venait de pulvériser ce vampire d'une traite. Enfin, j'ignorais encore s'il était vivant ou non. Peut-être était-il vraiment mort ? J'en serais bien ravie vu ce qu'il avait fait subir à ma famille. Je vis alors Keith frapper doucement contre la vitre de la voiture. Me tournant brièvement vers Lindsay, je la vis donc me faire signe de lui ouvrir. Je grimpais devant et appuyais sur le bouton qui déverrouillait les portes. Il ne perdit pas une seconde de plus et grimpa dans le véhicule à la place conducteur juste à côté de moi.

«Il faut se dépêcher de partir d'ici. Il est simplement sonné mais pas mal amoché. Il ne nous fera rien pour le moment. On doit en profiter pour se réfugier en lieu sûr avant qu'il n'aille prévenir son maître ou ses camarades.»

Ce furent les seules paroles qu'il prononça avant de démarrer rapidement le véhicule et partir à toute allure vers on ne sait où. Un peu sonnée de par la rapidité de la voiture, je me calais rapidement dans mon siège en attachant ma ceinture. Lindsay restait quant à elle derrière à effectuer toujours quelques soins juste au cas où. Pour le coup, je lui faisais pleinement confiance.

Une vingtaine de minutes plus tard, Keith s'arrêtait finalement devant une maison tout à fait splendide. Un style moderne avec un très grand jardin. Elle semblait en très bon état malgré le temps hivernal. Ainsi les maisons et les belles personnes ça s'accordent ? Il faut croire. Je descendais du véhicule toute émerveillée de par la beauté des lieux. Toutefois, je repris bien assez vite mes esprits en repensant aux événements passés. Je me précipitais donc vers les portes arrières mais remarquais que Keith et Lindsay s'en étaient déjà chargés.

«On va les amener se reposer dans nos chambres. Vas dans le salon Alyssa. On se rejoint ensuite.» Déclarait calmement Keith tout en ouvrant la porte principale.

J'entrais donc dans la grande demeure en me dirigeant comme convenu vers le salon. Il était d'une grandeur étonnante avec une décoration simple mais charmante. Comment deux personnes pouvaient-elles vivre à elles seules dans une aussi grande maison ? C'était tout à fait impressionnant. Je me posais finalement sur le canapé en déposant mes mains sur mes genoux. J'attendais ainsi sagement qu'ils reviennent. Pour faire quoi ? Je n'en sais rien. J'attendais.

Au final, après dix bonnes minutes, j'entendais des pas résonner dans les escaliers. Concluant qu'il s'agissait d'eux, je me redressais convenablement. Ils étaient là, tenus devant moi. Leurs visages semblaient exprimer une grande fatigue. Plutôt normal. Keith venait de se battre contre un vampire et Lindsay avait soigné toutes les blessures. Je les laissais alors prendre place sur le canapé situé pile en face de celui où je me tenais.

«Hum...Vous allez bien ?» Finis-je par dire en les regardant. Question plutôt idiote je sais.

«Oui, ça va allez. Concernant Émilie et ton frère, tu peux te rassurer. Je me suis bien occupée d'eux. Ils sont sains et saufs. Ils ont juste besoin de beaucoup de repos et de rester au chaud.» Répondit Lindsay en essuyant les quelques perles de sueur sur son front avec son avant bras.

«M-merci beaucoup Lindsay. Je ne saurais jamais comment te remercier assez. A toi aussi Keith... Merci de les avoir protégé...» Pour le coup, j'étais sincère. Je leur étais réellement reconnaissante d'avoir pu sauver ma famille. Seule, je n'aurais rien pu faire.

«Tu n'as pas à nous remercier Alyssa. C'était tout à fait normal. Néanmoins, il va vraiment falloir que l'on parle sérieusement de ce qui va avenir maintenant.»

Keith semblait tout à fait sérieux. Je savais d'avance de quoi il comptait me parler. Et très honnêtement, je ne voulais pas aborder le sujet. Toutefois, une petite voix au fond de ma tête me faisait signe de l'écouter et faire simplement preuve de maturité. Je hochais donc mon visage en restant silencieuse. Cette réponse de ma part sembla le satisfaire.

«Ce vampire que tu as vu tout à l'heure est un sbire de Satan. Je pense que je n'ai pas besoin de te faire une présentation de cette personne. Les démons en ont toujours eu après nous. Ils font tout pour se mettre en travers de notre route lors de nos recrutements. Tu vas penser que c'est de notre faute et ça l'est. Je l'avoue. C'est en partie de notre faute si tout cela arrive. Toutefois, il faut que tu saches que tôt ou tard un événement de la sorte se serait produit.Tu as du sang d'ange Alyssa. Tu nous es par conséquent reliée. Et ils s'en seraient donc attaqués à toi et à tout tes proches. Tout ça pour vous éliminez. Ce que je veux dire c'est qu'en restant avec eux tu risques de leur attirer des problèmes. C'est pourquoi, nous avons vraiment besoin que tu nous rejoignes. Si tu viens à l'académie, ils ne pourront plus rien contre toi. C'est dans le règlement et même nos ennemis le respectent. Si tu viens là-bas,tu pourras apprendre à protéger les êtres qui te sont chers. Nous avons vraiment besoin de toi.»

Pendant toute la période où Keith avait parlé, j'avais pu brièvement remarquer que Lindsay avait baissé son visage. Elle ne semblait pas vraiment à l'aise. Était-elle trop fatiguée ? Sûrement mais une autre expression se lisait dans ses yeux. Comme si... Comme si elle se sentait triste pour moi. J'étais entrain de rêver ? Elle s'inquiétait réellement pour moi ? Je déportais à nouveau mes yeux sur le Sylphe en prenant un petit temps de réflexion. J'essayais de peser le pour et le contre.

«Je sais que ce n'est pas évident pour toi. Comme nous l'a dit ta mère, tu as déjà plus ou moins planifié des choses dans ta vie future et nous rejoindre signifierait tout abandonner pendant une longue période... Tout comme ta famille ou tes amis...» Ajouta la fille aux yeux d'argents en se pinçant la lèvre.

«Je ne pourrais pas les revoir c'est ça ?...»

«Tu le pourras, je pense, mais ce sera très occasionnel. Tu ne pourras peut-être les voir que deux ou trois fois par an... C'est une manière de les préserver. Moins tu les verras et moins ils attireront l'attention de nos ennemis. Tu comprends ?» Fit-elle en me fixant.

«Mais si je vous rejoins, il ne leur arrivera plus rien ? Ni à maman, Steve ou encore Vanessa ? Ils seront tout à fait tranquilles vous en êtes sûrs ?» Je restais assez sceptique à ce sujet par rapport à l'événement d'aujourd'hui.

«Ils seront préservés en dehors de tout ça. Tu peux te rassurer. Plusieurs cas comme toi ont vécu la même chose et dès lors qu'ils nous ont rejoins, leurs familles ont été préservé loin de toute cette guerre. Je te le promet.»

Mes yeux s'étaient à nouveau déportés sur lui. Je le fixais intensément. Comment ça il me le promettait ? Bien que l'idée d'être loin de tout mes proches me paraissait être une chose presque invivable, je ne pouvais pas supporter le fait de les savoir constamment en danger. Je ne pouvais pas impliquer Vanessa et Steve dans toute cette histoire. Ils ne le méritaient pas. D'autant plus que désormais, mon petit frère était au courant de tout. Il avait sans doute vu le combat. J'en devenais folle rien qu'à y penser.

Pour le coup, plus rien d'autre ne m'importait. J'en venais même à laisser de côté mes projets d'avenir dans ma tête. Adieu ma grande école ? Plus que tout, je voulais que mes proches soient en sécurité. Et ce, même si je devais laisser mes rêves de côté. J'avais été inutile aujourd'hui et cette idée me torturait l'esprit. Je ne voulais pas revivre la sensation de vide qui c'était créée en moi lorsque j'avais perdu mon père il y a de ça quelques années...

Néanmoins, il fallait que je réfléchisse sérieusement à ce que je comptais faire. Si je les rejoignais, je risquais peut-être d'y laisser ma peau. Après tout, je ne connaissais la vérité que depuis hier et voilà que je venais d'être plongée en plein dans de monde aujourd'hui ! Ce n'était pas une décision à prendre à la légère. Mon cerveau commençait sérieusement à s'échauffer tellement je me torturais l'esprit. J'inspirais alors un grand coup pour ensuite redresser soudainement mon visage. Mon geste sembla les surprendre un peu au vue de l'expression de leur visage.

«Je n'ai aucune idée de ce qui va m'attendre dans cette académie ou encore si je vais regretter mon choix en laissant tout derrière moi mais... Je ne peux pas me faire à l'idée de mettre en danger tout ceux que j'aime par ma faute. Je veux devenir plus forte afin de pouvoir les protéger tout en les laissant en dehors de ça. Je veux qu'ils vivent normalement comme des humains normaux. C'est pourquoi... Je veux rejoindre cette académie. Lindsay, Keith, je veux vous rejoindre. Faites de moi un des meilleurs soldats qui soit.»

J'avais pris ma décision. Je me devais d'assumer mon nouveau rôle et par conséquent les nouvelles portes qui s'ouvriraient dans ma vie future. Voilà mes nouvelles résolutions. Allais-je m'y brûler les ailes ?...

     Alyssa

Deux jours s'étaient écoulés depuis les événements précédents. J'habitais depuis lors chez Keith et Lindsay. Tout deux avaient fortement insisté sur le fait que nous devions rester avec eux. Question de sécurité me direz-vous. Il faut dire qu'avec un vampire dans la nature ce n'était pas bien prudent de rester chez nous. Ma mère et mon frère avaient eu le temps de guérir de leurs blessures mais ils restaient tout de même dans leur chambre à se reposer. Ils en avaient besoin. Keith s'était d'ailleurs chargé au passage d'informer et de rassurer ma mère dès son réveil. Depuis, elle dormait profondément comme un petit loir.

Pour ma part, bien que je ne l'avais pas voulu au début, j'avais été obligé d'aller quand même au lycée. Très honnêtement, je me demandais bien pourquoi. Après tout, j'avais fais mon choix. Je renonçais à ma future carrière ainsi qu'à ma petite vie banale d'adolescente pour devenir un des soldats du Paradis. J'avais encore du mal à réaliser ça. Mon départ avait été programmé pour la fin de semaine. En toute honnêteté, je n'en avais pas encore parlé à ma mère de vive voix. Je n'osais pas. Elle était encore bien trop fatiguée pour que je puisse lui annoncer une telle nouvelle. Il en était de même pour Vanessa. J'avais du mal avec elle. Vraiment.

Je me sentais vraiment mal à l'idée de me dire que dans quelques jours je l'abandonnerais. Et ce, sans aucune raison valable. Elle m'en voudrait j'en étais sûre. J'avais peur. Peur rien qu'à la voir. C'était une situation horrible.

«Tout va bien Alyssa ?»

Cette voix me sortit de mes pensées. J'étais debout devant l'enceinte du lycée après la fin des cours. Le regard dans le vide, je remarquais rapidement que Vanessa s'était mise devant moi en haussant un sourcil.

«Je vais bien ne t'en fait pas ! Je pètes la forme hé hé ! Tu rentres encore en voiture aujourd'hui je suppose ?» Fi-je pour rapidement me changer les idées et enlever n'importe quels soupçons.

«Ouais vu que tu ne prends plus le bus je préfère rentrer en voiture. Ce sont encore les deux canons qui viennent te chercher je suppose ?» 

Tout le quartier avait été rapidement mis au courant de notre attaque. Bien heureusement, Keith avait fait passé cela pour un cambriolage qui avait mal tourné. Ainsi, tout le monde savait plus ou moins que je n'habitais plus chez moi pour cette raison. Autant vous dire qu'avec ça, je n'avais pas manqué d'attirer la jalousie de certains. Et oui, il y en a toujours qui ne peuvent s'empêcher d'envier les autres pour X ou Y raisons non valables.

«C'est vraiment un coup de chance quand même qu'ils aient pu vous sauver pile poil au moment où ce voleur allait vous attaquer ! Et en plus de ça ils vous accueillent chez eux. Franchement t'es vraiment trop chanceuse je suis trop jalouse !» Me déclarait-elle en bougonnant un peu.

«Je n'appelle pas ça vraiment de la chance si tu veux mon avis Vanes'...»

«Hum c'est vrai que dans un certain sens ce n'est pas cool. Mais dis-toi que même si ils n'auraient pas été là, je t'aurais accueilli les bras grands ouverts ! Alors au final, tu serais quand même chanceuse !» Elle me sourit de toutes ses dents.

Lui rendant son sourire, je remarquais alors que mon taxi était arrivé. Vanessa semblait l'avoir également remarqué d'ailleurs. Je lui embrassais la joue en la serrant dans mes bras pour ensuite monter dans le véhicule en m'attachant directement.

«Je suppose que tu ne lui as toujours rien dit ?» Me déclarait Keith. Il venait tout les jours me chercher après les cours. Par principe de sécurité comme il dit. Au moins, c'était plus pratique.

«Non, je n'ai pas encore trouvé d'excuses valables... A la limite je préférerais largement qu'il n'y ait pas d'au revoir... Je sens qu'autrement je n'aurais pas le courage pour. Je ne l'ai même pas encore dit à maman alors je n'ose même pas imaginer avec Vanessa...» Soufflais-je en collant mon front contre la vitre, l'air perdue.

«Je sais que c'est difficile mais dis-toi que nous partons à la fin de la semaine. Tu ne la reverras plus pendant un bon moment après ça. Tu es sûre de vouloir partir sans un au revoir ou même sans explication valable ? Elle risque de t'en vouloir.»

«Dans tout les cas, elle m'en voudra de toute manière. Je le sais.»

Keith ne répondit rien à mes mots et je n'insistais pas pour en parler d'avantage. Peu de temps après, nous arrivions enfin à la maison ou plutôt au manoir vu sa grandeur. Je descendais donc sagement et rentrais au plus vite au chaud. Nous étions entre la transition de janvier à février et il faisait encore relativement froid à cette période de l'année. Retirant donc mon veston, je remarquais que Lindsay était tenue dans les escaliers, un petit plateau de nourriture dans les mains. Depuis l'accident, elle avait prit grand soin de ma mère et de mon frère. Et dans un certain sens, on pouvait dire que je lui en étais fort redevable. J'arrivais désormais à faire un peu plus confiance à mes deux sauveurs. Je leur devais bien cela après tout. Par conséquent, on pouvait dire que nos rapports s'étaient améliorés.

«Oh Alyssa tu es de retour ! Alors cette journée de cours ?»

«Plutôt bien. La routine en faite. Hum qu'est-ce que tu fais avec ce plateau ? Tu comptais le manger en cachette ?» Fis-je en la regardant calmement.

«Ah ah non en faite je comptais l'apporter à Steve. Il s'est réveillé peu après ta mère et disons qu'il a assez faim. Émilie t'attend dans la chambre d'ailleurs. Je crois que vous avez besoin de parler toutes les deux de tu sais quoi.»

Mon corps se raidit pendant de courtes secondes. Ils étaient réveillés. Et pour de bon visiblement. Je me devais d'affronter ma famille désormais. Inspirant grandement, je passais devant Lindsay pour me diriger d'un pas lourd vers la chambre où reposait ma mère. Hésitante, je donnais deux petits coups contre la porte avant qu'une voix ne m'interpelle. C'était elle. J'entrais alors, le regard baissé.

«Alyssa mon enfant !» Lançait ma mère en essayant de se redresser du lit. Mauvaise idée. Elle était encore un peu trop faible pour pouvoir marcher convenablement.

«Maman restes couchée tu es encore faible !» Fis-je un peu alertée en m'approchant d'elle pour qu'elle ne retente pas l'expérience.

«Je suis tellement rassurée que tu ailles bien ma chérie... Viens ici.»

Je la vis alors me tendre ses bras en souriant tendrement. Lui rendant son sourire, je me calais rapidement contre elle en fermant les yeux. C'était tellement apaisant de retrouver son odeur qui avait bercé mon enfance. Je sentais sa main faire doucement des allez et venus dans mon dos. C'était très apaisant.

«Je suis tellement désolée... J'aurais dû rentrer plus tôt ce jour-là...» Avouais-je en me pinçant la lèvre, gardant le visage enfoui contre elle.

«Allons bon, cesses de me raconter des bêtises. Ton frère et moi allons très bien maintenant. Et puis, je savais déjà qu'un événement de la sorte allait se produire. J'aurais dû être plus prudente voilà tout. Mais qu'importe, l'important c'est que tout aille mieux maintenant.» Ses lèvres trouvèrent doucement leur place dans ma crinière brune.

Elle avait raison. Je ne faisais que rejeter la faute sur moi. Je savais que ce n'était pas quelque chose à faire puisque ce n'était en aucun cas ma faute mais je regrettais. J'aurais voulu être plus forte pour pouvoir les protéger mais je ne l'étais pas. Et par conséquent, je devais le devenir. Reculant doucement de l'emprise des bras de ma mère, je la regardais dans les yeux sérieusement. Cette étincelle dans mon regard sembla la surprendre au vue de l'expression qu'elle me donna en retour.

«Maman, je...»

Je n'eus même pas le temps de poursuivre que ma mère m'interrompit en posant sa main sur mon épaule. Ne la comprenant pas pour le coup, je la regardais en haussant un sourcil.

«Je le sais déjà Alyssa. Tu veux rejoindre cette Académie c'est ça ?»Lâchait-elle finalement en me regardant d'un air un peu attristé.

Elle le savait. Comment ? Keith et Lindsay lui avaient-ils dit ? Non impossible. Ils m'avaient promis de ne rien dire car je devais m'en charger seule. L'avait-elle deviné de par elle-même dans ce cas ? Je n'y comprenais strictement rien.

«Je te connais par cœur... Je savais pertinemment que le jour où quelque chose nous arriverait, tu voudrais les rejoindre. Je le savais Alyssa. Je t'en pris ne fait pas ça. Tu ne sais pas dans quoi tu t'engages. C'est bien trop dangereux et tu n'y es pas préparée.» Ses mains se serrèrent sur mes épaules alors que la voyais froncer les sourcils.

«J'ai déjà pris ma décision. Je sais que tu n'es pas d'accord parce que tu veux me préserver mais je veux me rendre utile. Tu ne peux pas savoir à quel point je m'en suis voulue de n'avoir pu rester que simple spectatrice. Je sais que c'est dangereux mais je veux vraiment devenir plus forte. Tu n'as pas à t'inquiéter, Keith et Lindsay seront là pour m'aider. Et quand tu me reverras, je serais bien plus apte à vous protégez. Je te le promets maman. Je vais racheter tes fautes.»

Ma mère resta silencieuse pendant quelques instants. Pour ma part, je n'osais rien rajouter alors je me contentais de la fixer sérieusement. Cela pouvait paraître perturbant de voir à quel point j'avais pu changer d'avis en seulement quelques jours mais cette attaque m'avait ouvert les yeux. On ne pouvait pas être tranquille. Plus maintenant. Et si je pouvais faire quelque chose pour laisser ceux que j'aime en dehors de tout cela, je le ferais.

«Toi-même, tu l'aurais fais à ma place.» Ajoutais-je finalement pour appuyer mes propres propos.

J'avais beau paraître plus ou moins forte extérieurement, je savais que si ma mère me contredisait, je perdrais toute ma crédibilité et je faiblirais. J'avais peur en réalité. Je n'osais le montrer mais c'était vrai. La peur me rongeait les os. Je ne savais pas vraiment dans quoi j'allais m'aventurer mais une chose était sûre : les difficultés ne manqueraient pas. J'allais faire mon entrée dans un monde totalement inconnu et cet inconnu m'effrayait terriblement... Une des mains de ma mère trouva place sur ma joue, m'incitant au passage à relever mon visage.

«Je vois qu'essayer de te faire changer d'avis ne servira à rien... Dans ce cas, je veux juste que tu me promettes une chose. Fais attention à toi. Ne laisse personne choisir pour toi. Suis simplement ton instinct. Même si cela peut te paraître dingue. Accordes ta confiance aux gens qui le méritent selon toi. C'est tout ce que je peux te conseiller vu que je ne pourrais pas garder un œil sur toi...»

L'un de mes sourcils venaient de se percher en l'air sur mon visage. Que voulait-elle dire par-là ? Je n'en savais trop rien alors je me contentais uniquement de hocher positivement mon visage. Un doux sourire s'affichait sur son visage avant qu'elle ne me serre à nouveau dans ses bras. Je m'y calais rapidement en soufflant un peu, rassurée.

«Le départ est prévu pour la fin de semaine...»

Au vue de sa réaction, elle ne s'attendait pas à ce que les choses soient aussi rapides. Moi aussi, j'avais pensé cela au début et j'aurais préféré qu'il en soit autrement. C'est pourquoi, je voulais profiter au maximum de tout mes proches plutôt que d'aller au lycée. Disons qu'en deux jours, j'avais perdu presque tout intérêt pour mes études. A quoi bon étudier maintenant ?

«Oh je vois... Bien, dans ce cas, je pense qu'il ne nous reste plus qu'à profiter du temps qu'il nous reste ensemble. Histoire de faire en sorte que tu passes les meilleurs jours de ta vie avant ton départ.»

Les jours suivants défilèrent à une allure impressionnante. Je ne voyais pas le temps passé. Tout allait si vite. Ma mère et Steve étaient pleinement remis sur pied. Et bien que mon petit frère était assez déboussolé au début, Keith l'avait prit de côté afin de lui expliquer au mieux la situation actuelle. Je sais. Je ne voulais pas qu'il soit au courant au début mais je pense que l'informer était peut-être la meilleure chose à faire après l'incident. Au final, la pilule était plutôt bien passée. Comme je l'avais prédis, il s'imaginait déjà être un super héro. Fait qui ne manquait pas de nous faire rire ironiquement.

Quant à Vanessa, je ne lui avais rien dit. J'avais pensé à mille et une façon de lui annoncer mon départ mais rien ne m'était venu. Alors, j'avais eu une idée. J'aurais préféré lui dire de vive voix mais cela m'aurait sembler trop dur. J'avais donc préparer quelque chose pour elle. En attendant, je me contentais de passer de fabuleuses journées avec elle à faire comme si de rien n'était.

Comme me l'avait promit ma mère, ces derniers jours furent magnifiques. J'avais presque l'impression que nous étions comme avant : une famille tout à fait normale. Comme à l'époque où mes parents étaient encore ensembles et que nous étions heureux. Je sais c'est très cliché. Non que nous ne l'étions pas aussi après mais c'était différent. En plus de ça, à ce moment-là, Keith et Lindsay n'étaient pas là. En parlant d'eux, on pouvait dire que nos rapports s'amélioraient de jour en jour. Il faut dire que je n'avais pas vraiment eu le choix. Ce serait eux qui m'amènerait vers ma nouvelle destinée. Et comme me l'avait dit ma mère, mon instinct me faisait désormais signe de leur faire confiance. Chose que je fis.

Le jour J arrivait finalement. A mon grand regret. J'avais déjà tout préparé la veille. Mes valises, mes paroles d'adieu et tout simplement moi. J'avais besoin de me préparer mentalement et physiquement à tout ce qui allait se passer. J'allais abandonné cette grande maison dans laquelle j'avais vécu quelques jours inoubliables. Ma famille irait quant à elle retourner chez eux. Chez nous. Mes deux sauveurs leur avaient proposé de leur donner la maison mais ma mère avait refusé. Elle avait beau adoré cet endroit, sa maison lui manquait plus que tout. Ils allaient y retourner après que les choses ait été remises en ordre.

«Bon et bien je suppose qu'il est temps de se dire au revoir...»

J'étais tenue sur le seuil de la porte. Mes affaires avaient déjà été chargées dans le coffre de la voiture où Keith et Lindsay m'y attendaient. Leurs au revoir avaient déjà été fait et ils avaient tenu à ce que j'ai une certaine intimité avec ma famille pour leur dire au revoir convenablement.

J'avais sur moi un simple pull avec une grosse écharpe et un jean noir. Le tout accompagné de petites bottines. Ma mère et mon frère étaient également tout aussi couverts que moi. Le regard humide, je tentais de rester forte. Nous avions vécu tant de choses ces derniers jours que je ne voulais pas gâcher ce bonheur. Je tendais alors une lettre à ma mère.

«C'est pour Vanessa. Transmets lui s'il te plaît. Et dis-lui que je l'aime, que je suis désolée.» Fis-je, la voix tremblante mais essayait tant bien que mal de se faire forte.

«Je lui donnerais c'est promis.» Me dit-elle en prenant soigneusement l'enveloppe dans sa main pour m'adresser un faible sourire.

«Bon on te fait confiance hein ! Tu as intérêt à devenir la plus grande héroïne de tout les temps histoire que ton petit frère n'ait pas honte de toi ! Je compte sur toi pour faire ça ! Quoi que, empotée comme tu es tu pourrais très vite devenir la risée de cette Académie tiens !»

Steve venait de lancer ces paroles sur un air blagueur. Comme à son habitude. Néanmoins, cette fois-ci, ce n'était pas pareil. Je remarquais que sa mâchoire tremblait et ses yeux devenir luisants. Et sans que je n'ai le temps de m'en rendre compte, il se blottissait contre moi en me serrant fortement. Des larmes perlèrent sur ses joues ainsi que sur mon haut. J'étais surprise. Moi, qui essayait tant bien que mal de ne pas craquer, mon petit frère d'habitude si joyeux venait de fondre en larmes par ma faute. Je le serrais fortement contre moi.

«Allons bon le grand Steve qui se met à pleurer maintenant mais où va le monde !» Lançais-je soudainement d'un air faussement amusé afin de détendre un peu l'ambiance.

«Fais attention à toi Alyssa... Ne pars pas comme papa...» Murmurait-il à mon intention pour que maman ne nous entende pas.

«Comptes sur moi. Il ne m'arrivera rien. Je te le promets.»

Ma main se calait rapidement dans ses cheveux pour les caresser. J'avais horreur de le voir comme ça. Je savais pertinemment que la perte de notre père l'avait affecté plus que quiconque. Ils étaient tellement proche que depuis, Steve se renfermait dans les jeux vidéos pour noyer sa peine. Il allait vraiment me manquer. Même nos disputes... Ces petits détails tellement embêtants parfois allaient me manquer. Je le gardais précieusement enfoui contre moi en l'écoutant se calmer silencieusement.

Quelques minutes plus tard, je le vis se décoller de moi. Il avait encore la mine humide mais faisait tout pour paraître le moins faible possible. J'étais tellement fière de lui. Ma main glissait doucement contre sa joue avant que ce ne soit le tour des adieux avec ma mère. Je les redoutais également. Elle savait pertinemment ce que j'allais vivre là-bas et pourtant elle me laissait foncer tête baissée. Tout ça à cause de cette confiance aveugle.

«Prends soin de toi maman.» Je me forçais à sourire, la serrant dans mes bras.

«Ce serait plutôt à moi de te dire ça ma puce. Retiens bien tout ce que je t'ai dis surtout... Bon, comme je pense que tu n'as pas envie d'adieux déchirants, je te dirais simplement ces quelques mots. Ne les oublies jamais. Je t'aime Alyssa. Je suis fière de toi.»

«Je t'aime aussi maman. Je vous aime tout les deux. Ne l'oubliez jamais non plus.»

Ces simples paroles suffirent à me donner le courage nécessaire pour pouvoir me lancer. Un doux sourire aux lèvres, j'embrassais tendrement sa joue avant de me décoller d'elle. Pas besoin de rendre la situation encore plus triste. Je n'aimais pas les au revoir et eux non plus. Je me séparais doucement des deux en leur accordant un tout dernier sourire. Puis, je montais à l'arrière du véhicule et fermait mes yeux.

     Alyssa

Nous étions en route depuis maintenant plus de six heures. Je ne voyais pas de fin à notre voyage. C'était long. Terriblement long. Et rester aussi longtemps dans un véhicule n'était pas chose évidente. Mes fesses pouvaient clairement vous le démontrer. Autant vous dire que je n'avais pas manqué de gigoter dans tout les sens toutes les demies heures histoire de détendre mon corps. Rester inactive était l'une des pires choses qui soit... Les deux devant semblaient se porter comme des charmes pour leur part. C'était à se demander comment ils pouvaient faire preuve d'autant de patience. Créatures surnaturelles ou non, ce n'était pas normal d'être aussi calme. Nous n'avions fait qu'une seule pause. Juste pour manger et faire rapidement un pause toilettes. Et dès que c'était fini, on repartait aussitôt. Super, non ?

Fatiguée de tout cela, je laissais ma musique dans mes oreilles me donner une petite ambiance. J'avais opté pour quelque chose de plutôt efficace pour me garder éveiller en douceur. Et pour le coup, «The Hills»de The Weeknd me paraissait parfait. J'adorais cette chanson.

La neige recommençait à tomber dehors. Il s'agissait de petits flocons qui fondaient immédiatement une fois touchés le sol. C'était beau. Émerveillée par ce paysage glacé, j'enfouissais mon visage dans le creux de ma main.

«Quand est-ce qu'on arrive ?» Fis-je finalement en retirant l'une de mes oreillettes.

«Dans environ une heure. Ça ne devrait plus être très long.» Me répondit Lindsay en buvant son café.

Encore une heure ? Bon sang mais où est-ce qu'ils m'amenaient ces deux-là? J'avais beau leur faire confiance désormais, je me demandais bien où est-ce qu'on allait comme ça. L'académie... A quoi elle ressemblait au juste ? J'avais eu le temps de me faire pas mal d'idées sur le sujet mais rien de bien concrets. Est-ce que j'allais réussir à m'intégrer convenablement ? Là était la question. Il y avait de tout là-bas. Autant des êtres sympathiques que des monstres. Allais-je rencontrer des personnes comme le vampire de la dernière fois ? D'ailleurs je me demande bien s'il est toujours envie celui-là. Qu'importe. Ce qui était le plus important c'était que je devais devenir forte.

Préférant ne plus y penser pour le moment, je fermais mes yeux et m'assoupis contre la vitre peu à peu.

 . . .

Je ne sais combien de temps est passé depuis que je me suis assoupie. Tout ce que je sais, c'est qu'en ouvrant les yeux, je découvrais une large et épaisse forêt sur ma droite. Je me décollais de la vitre en m'essuyant la lèvre légèrement. Merde, j'avais dû baver un peu durant mon sommeil vu que j'avais la bouche ouverte. Trop sexy vous ne trouvez pas ? Pourvu qu'ils ne m'aient pas vu... Vanessa m'aurait sûrement trouvé désespérante à ce moment-là... Lorsque je tournais ma tête à gauche, j'apercevais encore de nombreux arbres mais je pouvais percevoir au loin des montagnes. Où est-ce qu'on était à la fin ? Regardant de tout les côtés, je remarquais que nous nous étions arrêtés devant un énorme portail. Intriguée, je regardais devant moi et sursautait un peu en voyant deux grands hommes bien baraqués venir vers nous. En retrait, j'observais Keith descendre doucement la vitre de son véhicule.

«C'est nous ! On est de retour avec une recrue comme prévu.» Il passait par la même occasion une carte à l'homme que je devinais être un gardien.

L'homme en question inspectait rapidement le papier avant de le rendre à son propriétaire. Son camarade quant à lui passait sa tête par delà la fenêtre histoire de nous regarder à tour de rôle. Ils faisaient vraiment peur pour le coup. Il s'agissait de deux hommes d'environ la trentaine. Le premier était blond avec des yeux marrons ainsi qu'une carrure relativement imposante. Son coéquipier était quant à lui tout aussi imposant. Il était roux avec des yeux pareils à ceux de l'autre. Des frères ? Non. Ils n'émanaient pas la même chose. Dans tout les cas, ils n'étaient pas vraiment rassurants dans leur uniforme.

Une fois le véhicule visiblement inspecté, le blond fit un simple signe de tête. Un petit clic se fit entendre et le grand portail de fer noir s'ouvrait à nous. Et lorsque nous le traversions, je ressentis une drôle de sensation. Mon cœur avait fait un léger bond dans ma poitrine. C'était quoi ça ? Bizarre... Je laissais toutefois cette impression rapidement de côté en déportant mon attention sur les locaux face à moi.

«Bordel mais c'est énorme !» Pensais-je à voix haute, la bouche complètement ouverte.

«Économises un peu de ton oxygène tu n'as pas encore tout vu crois-moi !» Lançait Keith d'un air amusé en continuant de rouler sur le chemin menant au grand bâtiment central.

C'était donc ça l'Académie ? C'était tout à fait énorme. J'en étais impressionnée. Et au fur et à mesure que nous avancions, je discernais encore mieux les détails du bâtiment. Il s'agissait d'une bâtisse énorme, d'environ trois étages si ce n'est plus. On aurait dit un château. Un style assez baroque et ancien. Une grande porte marquée d'écriture en tout genre surplombait l'entrée d'où l'on pouvait remarquer quelques vases floraux décorant cette partie. On pouvait également apercevoir plusieurs fenêtres dont certaines éclairées. Il devait être sûrement dix huit heures actuellement et la pénombre de la nuit commençait à tomber. Chose plutôt normale.

Une fois le véhicule stoppé, Lindsay et Keith descendirent du véhicule. Pour ma part, je mis un certain temps à comprendre que je devais également le faire. Ce fut donc avec embarras que je descendais de la voiture en gardant mes yeux rivés sur les lieux.

«C'est beau n'est-ce pas ?» Lâchait Lindsay d'un air presque fier.

«Vous vivez vraiment là-dedans ?» Fis-je en continuant de détailler au mieux l'endroit qui allait devenir ma maison.

«Non, enfin disons qu'ici c'est le bâtiment commun. C'est ici que tu auras cours avec tout le monde pour certaines matières. Autrement, nous avons chacun des dortoirs opposés. A droite ceux sont les nôtres. A gauche ce sont ceux des autres. Tu verras, on te fera le tour des lieux mais d'abord il faut aller informer la direction de ton arrivée.» Me répondit-elle d'un sourire.

Sans plus attendre, je m'engageais dans le bâtiment tenu devant moi. Je ne l'avais pas vraiment remarqué au début mais l'endroit était étonnamment calme. Je m'attendais plutôt à voir du monde partout autour de moi. Bizarre. Haussant les épaules, je reprenais rapidement mon air béat en découvrant l'intérieur. Les murs étaient d'un blanc immaculé. Couverts de tapis et de tableaux en tout genre, on voyait que bien que les lieux marquaient le lien entre l'ombre et la lumière. Il y avait pas mal de contrastes. C'était tout à fait divin. Incroyable. Ils devaient être sacrément riches ici pour avoir autant de luxe.

D'un pas prudent, je m'aventurais dans ces lieux en prenant soin de ne rien abîmer. Pour le coup, je me sentais bien tâche d'être vêtue de mon vulgaire pull avec mon jean et mes bottines. Il allait falloir que je m'habitue à autant de luxe dans ma vie. On montait donc un grand escalier jusqu'à atteindre le premier étage. Tout aussi beau que le rez de chaussé. Après quelques pas, on parvenait enfin devant une grande porte brune couverte d'un écriteau doré. On pouvait y lire deux noms : Monsieur Bright et Madame Knight. Tiens, un homme et une femme ? Ils étaient deux ici ? Mes deux compères frappaient doucement à la porte avant d'entrer. Je les suivis en silence.

«Nous sommes de retour avec la recrue.» Fit Keith d'un ton solennel.

Mes yeux se levèrent avant que je ne les aperçoive. Ils étaient tout deux assied à leur bureau respectif. Il y avait un homme d'environ la quarantaine disposé devant un grand bureau de marbre blanc et sur un fauteuil en cuir rouge. Des cheveux blonds comme le soleil, des yeux d'un bleu pareil à ceux de l'océan ainsi qu'une barbe naissante. Son costume laissait clairement deviné un corps musclé à travers son mètre quatre vingt dix. Il était grand, imposant et d'une beauté à vous couper le souffle. Juste à côté, je remarquais une femme. Tout aussi belle que l'homme. Elle avait une carrure de mannequin malgré qu'elle devait sûrement avoir le même âge que l'homme. Une longue crinière parfaitement disciplinée de couleur noir de jais ainsi que des yeux d'une couleur semblable. Son teint était légèrement hâlée. Pour sa part, elle était tenue assise sur son bureau de marbre noir, un dossier à la main. Les deux se tournèrent donc vers nous.

«Ainsi, tu es la fille d'Émilie je suppose ? Enchanté, je suis Monsieur Bright. Bienvenue chez nous.» Me déclarait l'homme en se levant du bureau. Je l'apercevais s'approcher de moi en me tendant sa main.

«Alyssa Taylor, enchantée.» Bafouillais-je en prenant sa main d'un pas hésitant.

Aussitôt que nos mains furent jointes, je levais les yeux vers lui d'un air surprise. Cette aura. Il dégageait quelque chose d'incroyablement puissant. J'en étais presque affaibli. Remarquant cela, il relâcha ma main avant que je ne remarque la femme s'approcher à son tour de moi.

«Ainsi c'est elle ? Je m'appelle Madame Knight. Je dirige toute la partie "démoniaque" de l'Académie et mon collègue ici présent s'occupe plutôt de toute la partie "angélique". Tu peux donc te douter que tu seras essentiellement pris en charge par lui. Toi et moi nous n'aurons pas vraiment affaire ensemble.»

Bizarrement, pour une créature de l'ombre, elle ne me semblait pas si méchante. Ses traits lui donnaient certes un air assez dur et froid mais elle ne me semblait pas si cruelle que ça. Je la remarquais finalement sortir par une porte donnant sur une autre salle. Sûrement pour nous laisser juste entre nous.

«Bien, comme l'a dit ma collègue, je suis celui qui gère la partie "angélique" de l'Académie si on peut dire. Étant donné que tu es nouvelle ici, Keith et Lindsay seront chargés d'être plus ou moins tes anges gardiens. Ils prendront soin de toi afin que ton insertion ici se passe au mieux possible. Bien évidement, tu es en première année alors qu'eux sont en seconde. Mais ne t'en fait pas, nos élèves ici sont dans l'ensemble plutôt respectueux. De toute manière, tu auras le temps de te faire ton propre avis au fur et à mesure. Niveau dortoir, on t'a attribué dans une chambre déjà occupée par une personne. Ne t'en fait pas elle est très gentille donc je pense que tu devrais bien t'entendre avec. On vous a mis dans la même classe pour tes débuts donc tu n'auras qu'à te fier à elle. Au passage, nous te présenterons au reste des élèves ce soir durant le dîner commun. Lindsay, je te laisse te charger de l'accompagner je dois parler un peu avec Keith si tu me le permets.»

Lindsay hochait donc silencieusement son visage avant de me prendre la main. Ne sachant pas trop quoi dire, je me décidais à conserver également le silence. Je laissais donc les deux hommes discuter entre eux tandis que nous descendions déjà les escaliers.

«Tu vas voir, tu vas te plaire ici !» Me lançait Lindsay en souriant grandement.

Pour le coup, je n'osais rien répondre. J'ignorais encore si elle avait raison ou non. Qu'importe. On ressortait finalement du bâtiment par la même entrée que tout à l'heure pour ensuite nous diriger à droite. On passait alors devant un autre bâtiment commun au premier. Puis, après quelques pas, j'apercevais au loin un bâtiment juste énorme avec deux étages. C'était ça les dortoirs ? Bon sang c'était géant ! Impressionnée, j'avançais. On ne voyait pas grand chose avec cette obscurité mais j'arrivais à distinguer qu'ils'agissait d'un bâtiment pareil au premier mais avec un peu plus de modernité de par son architecture. Arrivée devant la porte d'entrée, je vis Lindsay faire passer un petit pass dans une fente. Le voyant rouge devenait alors immédiatement vert. Dis donc, c'était bien protégé ici. Un petit clic se fit entendre et la demoiselle poussa la porte. J'entrais donc à son tour et découvrait un intérieur tout aussi magnifique que dans l'autre bâtiment que j'avais visité. Ils avaient le goût du luxe ici. Quoi que ici, on ressentait tout de suite que l'accent était plus porté sur la lumière. Tout était lumineux et très épuré.

«Suis-moi. L'étage des filles est au second. Les garçons sont au premier au passage. Interdiction d'y aller.» Me prévint-elle avant de monter les marches. Les lieux semblaient dépourvus d'ascenseurs ici.

Après quelques minutes, on arrivait enfin devant ma chambre. Elle portait le nombre 117. Sans attendre, ma camarade y toqua deux petits coups avant d'entrer comme si de rien n'était. Curieuse, je la suivis rapidement et découvrit donc mon nouveau petit nid. Cela ressemblait à une chambre universitaire. Deux lits avec un espace pour chacun. Le mien, à gauche, était complètement vide, comportant uniquement mes valises. Je tournais alors mon regard sur la droite et fut assez surprise d'y découvrir le décor. L'espace de ma camarade de chambre comportait un mur vert pin avec diverses inscriptions en lettres d'or dessus. C'était un autre langage. Ancien je crois. Latin ou grec. Il me semble si je me souviens bien de mes cours. On pouvait également y voir une grande étagère remplie de bouquins ou autres petites babioles décoratives. Elle avait l'air d'être une sérieuse celle-là.

C'est alors que je l'aperçus. Elle était tenue sur son bureau noir, bouquinant certainement on ne sait quoi. Timide, je n'osais pas dire grand chose pour le moment. Je n'étais jamais trop à l'aise pour les nouvelles rencontres. Elle semblait totalement préoccupée par autre chose. C'est alors que Lindsay se chargeait d'arranger immédiatement les choses.

«Et bien alors comme ça on ne dit même pas bonjour ? Je te ramène une camarade et c'est comme ça que tu me remercies ?» Lâchait-elle en déposant une main sur l'épaule de la fille en question.

De ce que je voyais de dos, elle portait un pull noir avec de légères entailles sur les épaules les rendant ainsi dénudées accompagné d'un jean bleu foncé et une paire de converses noires. Un style plutôt sobre mais sympa.

«Hum ? Oh c'est toi Lindsay. Désolée je n'ai rien entendu. Tu disais ?»Fit l'inconnue en retirant son écouteur de son oreille tout en se tournant. Elle me remarquait alors puis haussa un sourcil. Visiblement, elle n'avait même pas remarqué qu'on avait déposé mes valises ici.

«Ce que j'étais entrain de te dire c'est que je te présente ta nouvelle colocataire. Elle s'appelle Alyssa c'est l'ange dont je t'avais parlé tu te souviens ?»

Sans que je n'ai le temps de m'en rendre compte, Lindsay venait de me prendre par les épaules pour me caler face à face avec la jeune fille. Quelle numéro celle-là pour le coup. Mes yeux se déportèrent donc sur la fille. Elle était vraiment jolie. Dotée d'une chevelure mi-longue châtains aux mèches claires avec des yeux bleus. Elle paraissait assez petite mais était tout à fait adorable et remplie de charmes. Toutes les créatures ici étaient-ils donc tous des canons ?!

«Je vais vous laissez faire connaissance toutes les deux. On se rejoint pour le dîner. Prends soin d'elle surtout et si jamais tu as un soucis Alyssa appelles-moi ou vient me voir à la chambre 130. Bisous les filles.»

Sans nous laisser une seconde pour parler, Lindsay était déjà partie. Je lâchais donc un léger soupire avant de reporter mon attention sur la fille désormais seule avec moi.

«Elle a l'air de bonne humeur comme d'habitude à ce que je vois. Je m'appelle Nelly, je suis une sorcière. Enchantée.» Elle me tendit doucement sa main, m'offrant un sourire.

«Hum et bien je suppose que je n'ai pas à me présenter étant donné qu'on l'a déjà fait pour moi. Enchantée. Une sorcière ?» Fis-je en haussant un sourcil alors que ma main se retrouvait dans la sienne.

«Oui. Il existe deux grosses catégories de sorcières. Celles qui opèrent pour le bien de l'humanité et celles qui, au contraire, opèrent plutôt pour les forces de l'ombre. Et pour ma part, je suis du côté des gentils. Enfin ouais on peut dire ça comme ça.»

C'était bien la première fois que j'apprenais ça dis donc. Il allait vraiment falloir que je me renseigne un peu plus sur les diverses créatures existantes dans ce bas monde.

Une fois les présentations faites, je me décidais à installer quelques unes de mes affaires. J'avais besoin de me sentir chez moi. Nelly m'avait informé que le repas était généralement servi pour 19h30. J'avais donc environ une heure devant moi. J'en profitais pour accrocher diverses photos sur mon mur. Sur ma vie d'avant. Je sais. Je ne fais que remuer le couteau dans la plaie mais j'en avais besoin. C'était un moyen pour moi de ne pas oublier mes origines ainsi que ce qui m'avait motivé à venir ici. Quelques guirlandes furent accrochés par-ci par-là. Je voulais conserver la couleur blanche sur le mur. J'adorais donné un style très convivial et accueillant à mon espace de vie. Ceci finalement fait, je m'affalais lourdement sur mon lit. Ma camarade en avait profité pour se replonger dans sa lecture mais avait tout de même retirer ses écouteurs. Elle semblait plutôt sympathique comme on me l'avait prédit.

«Je vais manger, tu viens ?» Me lançait Nelly après s'être redressée de son bureau.

«J'arrive !»

Je me relevais donc rapidement de mon lit et me dirigeais en direction de la sortie. Nelly avait prit les devants. Comme je ne connaissais pas les lieux, mieux valait-il que je la suive. J'apercevais déjà au loin plusieurs silhouettes s'empresser de descendre les escaliers et sortir du bâtiment. Dis donc, ils semblaient être des affamés ici. Silencieuse et pas forcément à l'aise, je me contentais de me mêler à ce bain de foule. Je n'aimais pas ça de base mais tant pis. Je devais prendre sur moi. Je sais, je passe souvent pour une asociale.

J'avançais donc soigneusement parmi la foule malgré que j'arrivais de moins en moins à discerner les marches sous toute cette masse de gens. Et forcément, l'erreur m'arriva comme toujours. Je loupais l'une des marches et dérapais complètement. Mon corps basculait en arrière alors qu'un léger couinement sortait de mes lèvres. La dernière chose que j'aperçus fut Nelly faisant de gros yeux tout en essayant de me rattraper. Trop tard. Elle était trop loin. Je fermais fermement mes paupières, m'attendant au pire.

Toutefois, la chute fut moins violente que je ne l'imaginais. Je rouvrais les yeux faiblement et regarda un peu tout autour de moi. Puis, sentant quelque chose sur moi, je tournais la tête et aperçue une main sur mon bras et l'autre me tenant la hanche.