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Chapitre 2

Épisode 2 

Nadine : tu vas vraiment être comme nos mamans ? Te mettre à genoux devant un homme qui a tort ? J’ai vraiment pitié d’elles hein.

Anna : je serai soumise à mon mari quoi que tu dises, je le chérirais toujours.

Nadine : écoute ma chérie, j’acceptais encore que tu penses ainsi lorsqu’on était au village. Aujourd’hui on est en ville, à Douala, la ville de la vie.

Anna : je suis ici pour mes études et non pour jouer la vie. Une fois financièrement assise j’attendrai que mes parents me trouvent un homme comme promis.

Nadine : tu ne vas pas chercher ton mari toute seule ? 

Anna : si j’en trouve un c’est bien mais si c’est papa qui le trouve c’est encore mieux, je ne pense pas qu’il puisse faire un mauvais choix pour sa fille. Je te conseillerai de faire comme moi au lieu de promener tes fesses dans toutes les chambres ouvertes.

Nadine : tous tes complexes me dépassent. Je vis ma vie comme ça me chante, l’homme me respecte je le respecte. Sinon on va même bruler la maison.

Anna : une femme ne doit jamais faire le bras de fer avec son mari, qu’elle ait raison ou pas. Elle doit s’incliner car jamais elle n’aura un organe qui puisse se tendre tout seul à 5h du matin.

Nadine : bêtises, je pense que tu as bu Anna. Pardon parlons d’école c’est mieux, toi et moi sommes dans des mondes différents.

Bien qu’étant comme l’eau et le feu, Nadine et moi étions restés soudées comme nous l’avait demandé Maria. Nous avions grandi et étions arrivé en ville la même année dans le souci de poursuivre nos études supérieures. Grâce nous avait été accordé de réussir à notre concours pour entrer en faculté de médecine et sciences pharmaceutiques dans une Université de Douala, capitale économique du pays. Je me souviens encore du jour de notre départ pour la ville, maman avait pleuré toute les larmes de son corps à la simple idée de devoir me laisser vivre toute seule.

Maman : Héééé mon bébé, si quelqu’un t’appelle et que tu ne le connais pas fuis seulement. On m’a dit tellement de chose bizarre sur cette ville que j’ai peur que les mauvaises choses t’emportent. 

Anna : maman, je ne vais pas y aller toute seule, Nadine est avec moi. On risque même louer la même chambre.

Maman : là n’est pas mon problème, je te demande juste d’être prudente. Tu sais qu’ici on n’a pas de grandes routes ou de goudron. Quand tu arrives là-bas regarde toujours à gauche et à droite avant de traverser.

Anna : tu n’as plus besoin de me dire tout ça maman, je le sais déjà.

Maman : ne dis jamais à ta mère que tu le sais déjà, ses craintes sont toujours fondées.

Anna : j’ai compris maman, je vous appellerai chaque semaine.

Maman : chaque semaine ? Ne passe pas une seule journée sans nous appeler.

On avait pris toute la matinée pour parler de la conduite à suivre une fois en ville. Je comptais bien respecter toutes les instructions de maman. Papa m’avait juste dit :

-tu es notre fierté ma fille, Vas-y non pas pour t’exhiber comme elles le font mais pour nous rendre fière de toi. Nous ne sommes pas allés à l’école tes mamans et moi donc tu dois fréquenter pour nous. Ne laisse aucun homme te troubler dans tes études, ne te laisse aller par aucun loisir qui ne te sois pas exploitable pour ta réussite. Choisi bien tes amis car le diable marche à découvert.

Anna : je ne vous décevrais pas papa, je serai la fille exemplaire que vous voulez.

Mes frères et sœurs accompagnaient ma mère dans ses pleurs, mon père ne cessait de se moquer d’eux.

-elle y va juste pour un bout de temps (leur disait-il)

Pour un début il était prévu que chacune prenne toute seule sa chambre une fois en ville mais vu les économies qu’on pouvait se faire en louant la même chambre, Nadine et moi avion préféré en faire à notre tête. La première année s’était très bien passé, nous avions cette particularité d’être brillante à l’école. Cet après-midi, nous avions ouvert le seul sujet qui faisait de nous des êtres opposés. Pour Nadine il n’existait aucun homme qui puisse la contrôler. Pour moi la femme devais se laisser aller à tous les désirs de son homme, qu’elle l’aime ou pas. Du simple fait qu’elle ne soit qu’une infirme partie de sa côte, elle lui doit soumission comme le disait ma mère.

Anna : je ne peux plus continuer à étudier tant qu’on n’est pas d’accord sur ce sujet, je veux que tu comprennes mon point de vue et que tu essais de l’adopter.

Nadine : essayer d’adopter quoi ? Merde Anna, je suis dépassé par ta façon de voir l’homme et le mariage. Quand tu décris on dirait la prison.

Anna : nos parents vivent bien comme ça

Nadine : et tu penses que les personnes comme eux courent les rues ? Tu veux confondre les salops de Douala à papa ? En tout cas tu vas voir nor.

Avec le temps mes parents étaient devenus nos parents, ils l’avaient adopté et avaient pris soin d’elle comme si elle fut de leurs entrailles. Les autres femmes l’avaient accepté sous exigence de papa qui imposait qu’on la traite comme l’une des nôtre. C’était l’une des plus belles journées de ma vie. Vivre pour de bon avec ma sœur d’une autre mère bien que nos disputes étaient sans fin.

Anna : lorsqu’on est soumis à son homme il s’attendri tout seul, la fidélité s’installe même.

Nadine : avec quelle sorcellerie ? Lorsqu’on est soumise à un homme on devient sa balle de Ping Ball tu suis un peu ? Il te lance là où il veut quand il veut et comme il veut donc oublie un peu ce que tu racontes là.

Anna : un jour tu me donneras raison

Nadine : le jour-là les poules auront des dents. Parlons d’autres choses s’il te plait… La soirée de demain par exemple, tu y seras ?

Anna : tu sais très bien que je n’aime pas ce genre de chose. Tu vas me représenter.

Nadine : et tu fais quoi de Yan qui meurt déjà d’amour pour toi ? Tu vas enfin te décider à sortir de ton monde un jour ?

Anna : je suis très bien dans mon monde, je mange bien, je dors bien, l’école va bien. Le reste ne me dit rien pour le moment. Yan n’a qu’à aller au diable avec cette histoire d’amour qu’il ressent pour moi.

Nadine : tu as gagné, je ne parle plus. Je me demande même comment on fait pour vivre sous le même toit. 

Moi aussi je m’étais plusieurs fois posé cette question. Je dirai que les aimants de pôles différents s’attirent bien. Le soir arrivé, j’étais dans ma musique comme toujours et ma copine passait son troisième coup de fil avec son troisième ‘’bébé’’. Elle avait du boulot chaque soir. Après cet appel je devais lui parler, elle était mon ami et même ma sœur. Ce n’était pas une vie pour une femme.

Anna : Nadine tu penses que c’est bien ce que tu fais ? 

Nadine : de quoi parle l’auteur madame ?

Anna : tu penses que quel homme prendra en mariage une femme qui couchait avec plus de deux hommes par semaine ? Tu ne peux pas avoir un seul homme ?

Nadine : ne commence pas ton évangile pardon. Je t’ai déjà expliqué pourquoi je gère les trois gars ci.

Anna : tu as expliqué à qui ? 

Nadine : l’un est riche et beau comme un dieu mais nul de chez nul au lit. À peine un coup il est déjà mort et son zizi ne me satisfait même pas.

Anna : je dois t’amener chez un psychiatre.

Nadine : l’autre est très bon au lit, aussi beau que le premier mais son état de pauvresse me laisse sans voix. Même pas en mesure de m’acheter une brésilienne ? Le max que cet homme a posé sur ma main n’avoisine pas vingt mille francs

Anna : et le dernier ?

Nadine : je ne sais pas ce que je fais avec lui, c’est un vieux ‘’mougou’’. Il ne me sert à rien.

Anna : c’est impossible pour toi de rester seule ?

Nadine : je ne suis pas une prisonnière comme toi

Mes oreilles en avaient assez entendu pour ce soir. La journée qui arrivait était surchargée alors je devais bien me reposer. Très tôt le matin, on s’apprêta comme d’habitude pour rejoindre le campus. Malgré mon complexe en ce qui concerne le mariage, j’étais une jeune fille avec beaucoup d’élégance et presque d’extravagance dans l’habillement. J’aimais être regardé mais je ne regardais personne. Ce n’est que sur ce point que m’entendait très bien avec Nadine qui était capable de marcher toute nue au nom de la mode. Comme toujours, elle appréciait mon habillement.

Nadine : ma princesse à moi, tourne toi un peu je voix

Anna : si je n’étais pas aussi noir je devais rougir

J’avais hérité du teint de ma mère, au campus on me confondait à une Sénégalaise de par la véracité de mon teint purement Africain.

Nadine : je t’ai déjà dit que même le décapage ne peut rien pour toi

J’aimais vraiment cette jeune femme pleine de vie, de force et surtout d’amour. À notre arrivé elle était mon mentor, ma rescousse. J’étais timide et dans cette ville les filles timides sont des proies faciles pour les psychopathes. Nadine avait su se frayer un chemin menant à cour des grands pour nous protéger. 

Sur le chemin du campus, elle ne cessait de me faire des éloges sur ce garçon de Yan qui me courtisait à longueur de journée. Pour elle c’était inexplicable qu’à 20 ans je sois encore vierge.

Nadine : Yan est jusqu’ici le garçon le plus calme et sympa que j’ai rencontré depuis que je fais le tour des hommes. Il est beau et semble être très attentionné, tu devrais lui laisser une petite chance.

Anna : va l’épouser donc

Nadine : il a l’argent pour m’entretenir ? C’est le genre de gar pour toi.

Anna : je n’ai besoin d’aucun homme pour mon épanouissement, je veux juste que tu laisses mes oreilles en paix avec cette histoire. Un jour mon compagnon de vie va arriver.

Nadine : si tu arrives dans la chambre pendant la nuit de noce et tu découvres un monstre entre ses jambes tu vas faire comment ? Ma chérie ouvre ça, c’est moi qui te dis.

Anna : si c’est un monstre je vais supporter.

Nadine : c’est bien de parler, tu as même déjà vu quoi ?

Nous allâmes en cours et elle me fit asseoir près de Yan, il était vraiment beau garçon bien éduqué qui faisait de son mieux pour ne pas devenir trop collant avec moi. Il aimait l’école tout autant que moi, ce n’est qu’en ce sens que nous échangions souvent. Pour ne pas être muette ce jour comme d’habitude, j’ouvrai un commentaire en dehors de l’école en attendant l’entrée de l’enseignant.

Anna : comment imagines-tu ta femme de mariage ?

Yan : humm tu me parles là ! Depuis quand ai-je droit à un tel privilège ?

Anna : j’ai comme l’impression que je n’aurais pas due

Yan : non c’est juste que je ne m’attendais pas à ce que tu me poses une telle question, pour y répondre je dirai… Je voudrai une femme soumise en fait.

Il avait prononcé le mot clé de mon cœur. J’avais souri.

Anna : penses-tu qu’une femme soumise puisse amener son mari à être fidèle, attentionné… 

Yan : et même plus encore mais elle doit également réclamer son respect. Il y’a des hommes qui ne savent pas qu’une femme a de la valeur.

Anna : j’avoue je te savais nul dans ce genre de conversation

Yan : tu as décidé de me fermer toutes les portes

La journée passa très rapidement, je m’entendais mieux avec Yan. Une fois à la maison, c’était le moment le plus difficile de la journée, chercher de quoi se mettre sous la dent.

Nadine : Anna tu cuisines aujourd’hui s’il-te-plait ? Je te promets que toute la semaine prochaine je ferai à manger.

Anna : je préfère qu’on dorme affamé, tu m’s déjà répété ça combien de fois ? En tout cas tu te plains de quoi ? Tu vas aller manger à la soirée.

La faculté avait organisé une grande fête pour les nouveaux docteurs. Je trouvais cela inutile et je me sentais bien trop fatigué pour y aller. J’étais une jeune femme assez réservé, pas toujours calme. Je s’avais m’exclamer haut et fort quand je me sentais blessé. Ma seule devise, ma soumission envers l’homme qui un jour me fera, comme le disait maman le privilège de faire de moi sa conjointe pour la vie. Je ne respirais que par cette pensé. J’aurais dû m’épanouir comme Nadine.

À suivre...

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