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Chapitre 6

Épisode 6

On se regardait, on paniquait. On reprit le téléphone mais la vidéo n’y était plus. On se laissa croire que c’était le fruit de notre imagination.

Nadine : c’est quoi ça Anna ? Ça veut dire quoi ?

Anna : je ne sais pas, je n’y comprends rien du tout. C’est sûr qu’on a halluciné

Nadine : oui c’est ça, on a juste halluciné

 Cette journée passa sans plus aucun évènement inexplicable. Nadine et moi parlions peu. On se demandait juste quelques ustensiles de cuisines, ou encore les documents de telle ou telle matière. Nos sujets quotidiens n’avaient pas surgi ce jour. De retour de l’hôpital, papa n’avait pas bonne mine. Les nouvelles était-elle mauvaise ? 

Anna : que ce passe-t-il papa ?

Il se jeta sur le lit comme un sac de macabo

Papa : les embouteillages et les klaxons ont failli me rendre fou. Les nouvelles sont les mêmes ma chéri, je continu juste mon traitement. On ne trouve rien de concret dans mon corps.

Nadine : c’est sans doute les maladies de l’âge papa, tout va aller pour le mieux.

Papa : mais ne soyez pas surprises d’entendre un jour que je ne suis plus, je vous le dis toujours je ne suis fait que de chair. Nous ne sommes fait que de chair et à n’importe quel moment nous pouvons partir.

Anna : NON papa, ne dit pas de telle chose, je vais plutôt te réchauffer la nourriture.

En posant la poêle sur la cuisinière, les évènements du matin et Charles ne cessaient de me hanter. Je voulais comprendre mais aucune explication n’était à ma portée. JE fouillai encore et encore jusqu’à ce que je fasse calciner le repas de papa. Il avait préféré manger un repas froid. Ayant remarqué que Nadine et moi avions la bouche pesante, il nous fit asseoir près de lui.

Papa : demain je vais partir et quand je vous vois comme ça je ne sais pas ce que je vais dire à vos mamans qui attendent de vos nouvelles.

Anna : tout va bien papa, il y a juste eu un peu de titillement entre nous mais c’est déjà passé.

Papa : je me souviens que vous parliez pendant des heures sans vous essoufflés mais là vous n’osez même pas vous regarder.

Nadine : dis aux mamans que tout va très bien car tel est le cas. Ne les rends pas soucieuses pour rien.

S’il savait ce qui se passait ! Il alla rejoindre son canapé après avoir pris ses médicaments. Nadine posa la main sur ma joue comme pour me demander de ne plus y penser mais était-ce possible ? Une fois au lit, elle attendit que papa commence à ronfler pour rouvrir le sujet.

Nadine : hey Anna, et si on n’hallucinait pas ? On ne peut pas croire à l’imagination alors qu’on a vu ça à deux. Souvient toi ce qui s’est passé quand on était petite

Anna : je ne sais pas quoi te répondre, jusqu’aujourd’hui on ne sait pas si c’était encore un rêve commun ou pas. Comment expliquer qu’une personne qui vient de mourir se retrouve dans l’eau et nous parle ? Nous sommes des scientifiques Nadine.  

Nadine : et si grand-mère y était pour quelque chose ?

Anna : tu penses que Maria nous enverrai dans un cauchemar comme celui de la nuit dernière ? 

Nadine : j’ai de plus en plus peur mais j’ai l’impression que quelqu’un veut nous envoyer un message. La personne qu’on a vue dans notre rêve veut nous parler à toute les deux.

Anna : dort-il n’y a rien

Nadine : non il y’a quelque chose que nous devons découvrir. Comment expliques-tu le fait

Anna : tu me fais peur Nadine, tu me fais très peur. 

Nadine : c’est bon ma puce, dormons

Au bout d’une heure, ce fut à mon tour de lui tapoter l’épaule.

Anna : Nadine… Réveille-toi s’il te plait

Nadine : je ne dors pas, dis-moi c’est Charles n’est-ce pas ?

Anna : quand je me couche je revois son visage, son sourire, ses lèvres. JE le revois sous toutes ses formes. Nadine je veux le revoir. JE l’aime et beaucoup

Nadine : une nuit j’ai rêvé de toi en train de pleurer. Tu pleurais et criais très fort mais ton Charles riait. Il tenait un bâton et te donnais des coups aux fesses mais moi j’étais cloitré dans une vitrine comme un bijou. Je ne pouvais rien faire pour toi. C’est depuis ce jour que j’ai commencé à être contre votre relation.

Anna : ton rêve n’était pas faux en tout cas

Nadine : quand tu m’as traité de jalouse j’ai préféré me taire. Parfois il faut laisser l’enfant se bruler pour qu’il comprenne qu’en fait le feu est dangereux.

Anna : je suis désolé du comportement que j’ai affiché ces derniers temps, je ne comprends pas ma facilité à aimer un homme de cette façon. D’habitude je suis plutôt…

Nadine : il est difficile d’expliquer ce sentiment bien que tu t’y laisses aller plus que ce que j’imaginais.

Anna : je n’arrive pas à l’oublier, je ne veux pas l’oublier.

Nadine : tu vas y arriver ne t’en fait pas. Allé, dormons maintenant.

Anna : je pari que papa a tout entendu, il ne ronfle plus.

Papa toussa comme pour nous faire comprendre qu’on n’avait pas tort. Avec lui on avait appris à être ouvert dans toutes les circonstances. Cette nuit fut calme et paisible par rapport à la précédente. Très tôt, papa commença à s’apprêter car il voulait être au village avant midi. On ne pouvait pas l’en dissuader.

Nadine : il fait encore tout noir dehors, on agresse ici papa

Papa : vous pensez que qui nourrit mes porcs au village quand je ne suis pas là ? Vos mamans aiment seulement quand je vends ou quand j’en tue un pour donner leur part. Nettoyer la porcherie et nourrir les porcs c’est toujours moi.

Anna : oui papa on sait ça mais patiente au moins jusqu’à ce qu’il fasse bien jour. Tu prendras le bus de 9h

Papa : je prends celui de 6h et le débat est clos

Il parlait en comptant des billets qu’il nous laissa sur la table en trois blocs. Un pour Nadine, un autre pour moi et le dernier pour la maison.

Papa : faites-en bon usage

On avait sauté de joie. On avait l’habitude de recevoir la pension chaque fin du mois mais là il nous gâtait. Avant 6h, papa était prêt à partir. Je portais son petit sac de voyage tandis que Nadine portais un sac rempli de vêtement que nous avions gardé pour nos petites sœurs. On arriva de bonne heure à l’agence. En moins d’une dizaine de minutes, le bus s’en alla. On souriait encore des bises que papa avait laissés sur nos fronts.

 Les jours se mirent à passer et bientôt deux semaines que cette situation avec Charles n’était presque plus d’actualité. Nadine et moi n’avions plus vécu de scène inexplicable et les disputes avaient cessées. Ce jour en rentrant du marché, j’aperçus dans une vitrine une chaine tellement belle que je ne pus m’empêcher de m’approcher. Nadine me suivait en manipulant son téléphone. Pendant que je contemplais cette merveille, Nadine semblait se perdre dans ses pensées. On regardait dans la même direction mais elle donnait l’impression de voir autre chose. 

Anna : tu es sûr que ça va ? 

Nadine : regarde un… Regarde ton reflet Anna, tu es… 

Anna : Mais je ne vois même pas mon reflet avec tous ces bijoux. Tu fais comment pour voir ça ?  

Nadine : on s’en va 

Elle me prit par le bras et on s’en alla en courant. Qu’avait-elle vu ? Sur le chemin, on remarqua la voiture de Charles et mon cœur se mit à battre de plus en plus fort. Je sentais un nœud se former dans mon ventre, je respirais fortement. De l’autre côté de la rue, il me regardait sans cligner des yeux, sans sourire. 

Nadine : ignore-le, il n’en vaut pas la peine

Anna : je veux lui parler (en me détachant d’elle)

Nadine : si tu parles encore à ce fou je te laisse là

Anna : fais comme tu veux, moi je vais lui parler.

À chaque fois que cet homme se mettait sur notre chemin ça se terminait en dispute entre Nadine et moi. Je n’avais compris cela qu’après bien de malheurs. Je traversai pour le rejoindre dans le souci qu’il adoucit mon cœur. Qu’il me dise que ce n’était qu’une blague de mauvais gout et qu’il m’aime.

Anna : salut Charles

Charles : hummm ne reste pas là, ma femme va bientôt arriver avec ma fille et je ne veux pas qu’elles te voient. Ne me crée pas d’ennuis.

Je le regardais sans rien dire, je me sentais lourde tout à coup. J’avais froid, mon cœur s’emballait. Mes paupières s’alourdissait, une voix criait ‘’mais qui est-ce chéri ?’’ Je sentis mon corps se verser au sol au ralenti et la main de Nadine me soutenir la tête. Elle criait en suppliant qu’on m’amène à l’hôpital. Au bout d’un instant je ne voyais et n’entendais plus rien. Là où j’étais il n’y avait pas de lumière ni d’obscurité. Je n’ai jamais su décrire cet endroit. Une voix d’infirmier parlait mais je n’arrivais pas à décrypter son message. Nadine lui répondait en pleurant. Il y avait une autre voix de femme et puis celle de Charles. Jusqu’à mon réveil je les entendais sans pour autant les comprendre. 

Quand j’ouvris les yeux Nadine s’était endormi, elle tenait nos téléphone en main. En tournant ma tête je vis d’autres lits autours de moi. Il était tous recouvert de Drap blanc. On constatait que quelqu’un y était allongé mais je ne voyais la tête de personne, ils étaient couvert comme des cadavres. Je me retournai vers Nadine pour la réveiller mais elle n’était plus là. Les personnes couchées autour de moi se mirent à bouger. Ils se levaient tout doucement. Pendant que je regardais à gauche, je sentis quelqu’un m’arrêter le poignet de la main droite. C’était la même silhouette du rêve. 

-je dois te parler, je dois parler à ta sœur.

Tous les autres s’étaient levés de leur lit mais le drap blanc les recouvrait toujour. Je n’arrivais pas à crier, je me détachai de sa main et tombai du lit en me reculant. Je transpirais et grelottait de peur. Cette voix ni féminine ni masculine se faisait entendre de plus en plus. Elle ne cessait de répéter ‘’ce sont elles les sœurs de sang, elles doivent mourir’’. Je rampais en me dirigeant vers la sortie. La porte était verrouillée, ils s’avançaient tous vers moi, ils tendaient leur main. Ils répétaient ‘’sœur de sang’’. Je criais sans jamais n’entendre moi-même, je suppliais en tournant la poignée de cette maudite porte jusqu’à ce que je sursaute de mon lit d’hôpital. Nadine était encore dans son sommeil et ne cessait de s’agiter, elle répétait ‘’Anna ouvre la porte, je suis juste derrière’’. Le docteur essayait de la réveiller, c’est lui qui m’avait réveillé apparemment. Elle sursauta à son tour et se jeta dans mes bras.

Nadine : que nous arrive-t-il ? C’est quoi tout ça ? 

On avait à nouveau fait des rêves similaires. 

Nadine : j’étais assise devant ton lit, je somnolais et puis je me suis retrouvé à l’extérieur. Je voyais tout ce qui se passait ici mais je n’arrivais pas à entrer. Ils s’approchaient vers toi, ils voulaient te faire du mal mais moi j’étais impuissante. Cette porte refusait de s’ouvrir et cette personne était là derrière moi. Elle ne cessait de dire ‘’tu es une sœur de sang, tu dois mourir’’.

Anna : si ça continu nous rentrons au village le dire à la famille. Je ne sais pas ce qui se passe mais ça ne sent pas bon.

Nadine : quelqu’un nous veut du mal, on cherche à nous séparer. 

Le docteur nous avait longuement regardés, il semblait ne pas trouver les mots pour nous parler.

-vu les circonstances je ne sais pas comment vous dire ce qui se passe mesdemoiselles, là je vous sens en état de choc. Je peux vous conseiller ?

Nadine : on vous écoute docteur

-retournez vers vos racines, j’ai déjà entendu parler de l’histoire des sœurs de sang mais je ne sais pas si c’est la même chose pour vous. Si vous êtes vraiment des sœurs de sang alors vos vies sont en danger, surtout…

Anna : surtout quoi Docteur ?

-surtout celle de votre bébé

Anna : non, non docteur, non, je ne peux pas être enceinte. On s’est protégé, on s’est très bien protégé. Je ne suis pas enceinte Docteur.

Nadine me serrait dans ses bras, elle me caressait la joue. ‘’Ça va aller’’ me chansonnait-elle. Plus rien ne s’expliquait. On devait retourner au village, Maria ne nous avait pas qu’unis, elle nous avait fait porter la semence du diable.

À suivre…

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