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Sous le charme de l'ange
Sous le charme de l'ange
Auteur: Catherine BEAUGRAND

Prologue

«  Te voilà tombé du ciel, Astre brillant, fils de l'aurore ! Tu es abattu à terre, Toi, le vainqueur des nations ! Tu disais en ton cœur : Je monterai au ciel, J'élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu; Je m'assiérai sur la montagne de l'assemblée…je monterai sur le sommet des nues, Je serai semblable au Très Haut. » (Ésaïe 14, 12-15).

Prologue

Avant d’être des démons, ils étaient des anges. En effet, certains se sont rebellés et ont choisi de faire le grand saut, utilisant ainsi le libre-arbitre que le Tout-Puissant leur avait offert. C’est ainsi qu’ils ont été bannis du Paradis et sont devenus démons.

Dans beaucoup d’ouvrages, ils sont décrits comme des êtres vils, sans scrupules, cherchant sans cesse à tromper les êtres humains, c’est souvent le cas mais il existe toujours des exceptions.

Quelque part


à l’aube de l’humanité…


Il y a fort longtemps après qu’Adam et Eve furent chassés du Paradis, leur descendance avait parcouru le monde et s’était installée un peu partout, ensemençant ainsi toute la surface de la Terre. Ces êtres ressemblaient à l’homme moderne et devaient désormais cultiver la terre, élever leur bétail pour survivre et connaître la souffrance et la mort. Le Paradis, où tout était à portée de main était désormais un lointain souvenir. Héléna, descendante de la septième fille d’Eve, vivait près des rivages de la Méditerranée, il y a quelques milliers d’années. Elle grandit là avec sa tribu de chasseurs-cueilleurs et c’est ainsi qu’Asmael, être mi ange-mi démon, fruit des amours de Samael et Lilith, fit pour la première fois sa rencontre. Il avait une beauté sauvage, à la fois inquiétante et envoûtante, son regard parfois trahissait sa double identité. Cette dualité était souvent difficile à intégrer. Ces deux forces en lui s’opposaient 

mais il lui arrivait de faire taire le démon pour laisser place à la douceur de l’ange. Il venait sur ces rivages profiter du paysage et du silence. Héléna ramassait des coquillages sur une plage déserte pour s’en faire un collier. Elle avait environ vingt ans et était magnifique avec sa peau hâlée, ses splendides cheveux bruns ondulés qui descendaient en cascade sur ses épaules. Ses yeux noirs lui donnaient une beauté sauvage et indomptable. Elle était vêtue d’une étoffe de tissu blanche laissant apparaître une plastique de déesse. Asmael ne pouvait plus détacher son regard d’elle alors que, chaque jour, il revenait l’observer en silence, restant invisible aux yeux de la jeune fille de l’homme. De jour en jour, de mois en mois, son amour pour Héléna grandissait, c’était plus fort que lui, il ne pouvait plus lutter contre ses sentiments. Il voulait la toucher, l’embrasser, ne faire plus qu’un avec sa belle. Celle que son cœur et son âme avait choisie.

Un jour, il décida de se rendre visible aux yeux de la jeune femme…  

Il ne révéla pas sa véritable identité à Héléna. Il voulait vivre cet amour comme un homme l’aurait vécu et cet amour était réciproque, grandissant comme un feu qui se propage sur les vastes étendues des plaines désertiques. Héléna se donna corps et âme à Asmael. Lorsque Lilith, reine des succubes, première épouse d’Adam, apprit la relation de son fils avec cette descendante d’Eve, qu’elle haïssait au plus haut point, elle condamna alors Asmael à une malédiction intemporelle :  il se réincarnera sans cesse mais, lorsqu’au bout d’un millénaire, il retrouvera son âme sœur et qu’ils connaitront à nouveau le plaisir charnel, le côté sombre du démon prendra le dessus et il offrira sa bien-aimée en sacrifice à Lilith. 

De nos jours…

 

Toujours ces mêmes cauchemars qui reviennent sans cesse hanter mes nuits depuis quelques mois. Je n’en peux plus de ces réveils en sursauts, de ma chemise de nuit qui me colle à la peau, de cette impression d’étouffer.  Cela avait commencé il y a quelques mois après l’apparition d’un tatouage étrange sur mon épaule droite dessinant sept petites étoiles. Un matin de juin, le jour de mon trentième anniversaire. C’était toujours la même scène qui se rejouait en boucle chaque nuit : je suis dans un étang, l’eau est sombre, le soleil est haut dans le ciel et j’aperçois son reflet argenté à la surface de l’eau. Je nage tranquillement puis soudain, je suis aspirée vers le fond par une force invisible, l’eau est trouble et vaseuse. Je sens les battements de mon cœur ralentir petit à petit, ne devenant plus qu’un écho faible dans ma poitrine. L’eau entre déjà dans ma gorge puis dans mes poumons, j’abandonne la lutte, je sombre dans les profondeurs quand soudain, je sens une main qui agrippe mon poignet et me tire vers la surface avec beaucoup de force. Je distingue de nouveau la lumière de la surface, des bras m’enveloppent doucement puis me bercent. Je ne vois pas tout de suite le visage de mon sauveur mais je sens seulement la chaleur réconfortante de son corps dénudé pressé contre le mien, son parfum musqué si enivrant mêlé à l’odeur âcre de la vase et son regard de fauve, profond, pénétrant presque irréel…

Nouvelle vie

C’était fini, j’allais enfin pourvoir tourner une page de ma vie mais j’avais aussi peur de l’inconnu, de ce que l’avenir me réservait. J’avais l’impression d’être sur un chemin sombre dont je ne voyais pas la fin.

C’était mon dernier jour dans cette boîte sordide dont je voulais oublier le nom, j’avais décidé de me libérer de mes chaînes. Je ne supportais plus cette ambiance morose, certaines collègues médisantes et jalouses. Chaque fois que j’arpentais le couloir aux murs bleu-vert, je sentais ces chuchotements dans mon dos, parfois quelques rires étouffés. Je ne racontais jamais ma vie privée alors elles en inventaient une, c’était leur jeu préféré. C’était comme si j’avais vécu en enfer durant toutes ces années, j’étais devenue quelqu’un d’autre, une ombre errante, il était temps de partir avant de faire le geste fatal. J’avais pensé plusieurs fois comment en finir avec cette vie, percuter un camion, prendre des somnifères à haute dose, arrêter de respirer, me perdre en forêt, bref il y a beaucoup de moyens pour mettre fin à ses jours.

Les responsables étaient des « bourreaux » comme je me plaisais à les nommer ; le directeur, d’abord, toujours plaisant avec son assemblée, charmeur même puis, dans l’intimité d’une pièce fermée, il avait un tout autre visage, celui du Diable et surtout un autre langage, bref un beau manipulateur pervers narcissique. J’avais fait énormément de cauchemars, toujours son regard noir qui me fixait, ses sourcils froncés. Il manipulait tout le monde même une autre responsable à laquelle j’avais donné le doux surnom de Dark Vador tant son âme était noire comme le costume du personnage. C’était une bonne femme aigrie, toujours mal fagotée même quand elle faisait un peu de toilette, elle n’avait aucune élégance, aucune prestance. Elle scrutait toutes les jolies femmes de la société, les jaugeant de la tête au pied avec un regard envieux et haineux. Elle ne souriait jamais et ne voulait jamais se remettre en question. Bref, ce fut un soulagement le jour où je vins chercher mon solde de tout compte, une sombre page de ma vie allait enfin se tourner.

Pendant l’année qui suivit, je voulus faire une reconversion professionnelle et notamment venir en aide aux personnes en difficultés. J’entrepris une formation d’aide à domicile et quelques années avant j’avais passé le concours et obtenu mon diplôme d’infirmière aux cours du soir, cela pourrait être sûrement utile, pensais-je.

Heureusement j’avais la foi, c’était sûrement cela qui m’avait permis de tenir toutes ces années.

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