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Celui qu’il ne fallait pas rencontrer

 

— Hé oh ! Eva t’es avec moi là ?

— Hum, oui, excuse-moi je suis un peu fatiguée, j’ai passé la nuit sur les sites d’annonces d’emploi, répondis-je en me réveillant tout en me cognant à la vitre côté passager. En me regardant dans le miroir, je vis que j’avais une marque rouge sur le visage, et un peu de salive au coin de la lèvre inférieure, preuve que je dormais profondément, appuyée sur mon poing fermé.

— Ah c’est sûr si tu m’avais dit que tu discutais avec un beau mâle sur Meetic j’aurais trouvé ça bizarre dit-elle avec de l’amusement dans la voix, t’inquiète pas, tu vas bien finir par trouver un poste et peut- être quand tu t’y attendras le moins, me rassura Carla tandis qu’elle tapotait sur son autoradio pour trouver un bon titre de musique issu de sa playlist. Elle finit par choisir AC/DC Highway to hell. Elle secouait la tête en rythme avec la musique, il faisait déjà nuit, nous étions sur la route de la Chapelaude, la départementale N°40, celle qui menait à Chazemais et notamment au fameux château de la Bouchatte. Nous nous rendions à un gala de charité, Carla était issue d’une famille noble du Bourbonnais et m’avait demandé de l’accompagner. J’avais opté pour une robe de cocktail rouge en taffetas et elle m’avait prêté sa paire de Louboutin tout juste sortie de l’emballage. Elle portait une robe noire courte en mousseline de chez Chanel qui mettait bien en valeur ses longues jambes de gazelle interminables ainsi que sa silhouette élancée, ses escarpins en strass terminaient le tableau. J’étais secrètement « jalouse » de cette fille, elle pouvait manger tout ce qu’elle voulait sans prendre un gramme et moi un simple regard sur une religieuse au chocolat et je prenais cinq kilos… Enfin, nous étions amies depuis l’enfance et elle avait été là pour moi dans les pires comme dans les bons moments de ma vie. Carla avait des cheveux d’un blond californien éclatant, des extensions qui descendaient en cascade sur ses épaules. Elle avait un regard noisette qui lui donnait un air espiègle surtout avec ses cils charbonneux et un regard de biche souligné d’un trait d’eye-liner. Ses ongles étaient quant à eux toujours manucurés à la perfection et en accord avec ses tenues ou les périodes de l’année. Dans les soirées, elle était celle qui savait mettre l’ambiance, celle qu’on remarquait. Lors de nos virées shopping à Vichy, elle s’arrêtait tous les dix mètres pour dire bonjour, une vraie célébrité locale. On aurait pu croire, si on s’arrêtait à son apparence, qu’elle était superficielle mais ce n’était pas le cas. Elle avait le cœur sur la main et toujours prête à aider la veuve et l’orphelin. Je l’avais même surprise une fois dans son manoir bourbonnais près de Moulins à pleurer en regardant un reportage sur le massacre des gorilles. Elle était fantasque et me faisait rire surtout lorsqu’elle disait que j’étais coincée et prude comme une bonne sœur qui sort du couvent. Moi, j’avais les cheveux châtain foncé légèrement ondulés à vraiment frisés par temps de pluie, les yeux gris, mon corps avait la forme d’une bouteille de coca-cola. Carla était ma seule famille depuis la mort de mes parents adoptifs dans un accident d’avion, il y a cinq ans. Nous arrivâmes enfin au portail d’entrée du château, deux agents de sécurité attendaient postés droits comme des piquets. Carla baissa sa vitre et montra les deux invitations, l’agent lui fit signe d’avancer la voiture sur le chemin qui menait au château. Il y avait des milliers de photophores déposés tout le long, on aurait dit des lucioles qui dansaient dans la nuit nous accompagnant jusqu’au château. Au détour d’un virage apparut enfin la façade du majestueux château éclairée par des spots roses adaptés au thème du gala de charité au profit de la recherche contre le cancer du sein. Cette belle demeure avait été construite en 1875 sur demande du Général Louis Henri d’Auvergne issu d’une ancienne famille de la noblesse du Berry et notamment de l’Indre. Les terres étaient jadis la propriété de son épouse Marie Laure Aufrère de la Preugne appartenant quant à elle à une famille noble du Berry installée à Préveranges. Il y avait un grand nombre de voitures de luxe, des Ferrari, des Lamborghini, Porsche et autres bolides. En sortant de la voiture, Carla regarda le sol et cria :

— Ah mon dieu, des graviers ! fais attention à mes Louboutin ! dit Carla en faisant une grimace qui déformait son beau visage.

— Heu, ok, tu veux que je les enlève ?

— Non, mais fais gaffe tout de même hein !

— Promis ! répondis-je en levant les yeux au ciel.

Il fallait faire le tour du château pour entrer dans la salle de réception nouvellement aménagée par les propriétaires. Il suffisait de gravir les quelques marches de l’escalier extérieur pour atteindre la grande salle de réception. Il y avait foule, Carla semblait connaître chaque invité, moi je la suivais tentant de me frayer un chemin et ne surtout pas la perdre de vue. J’avais horreur de me retrouver avec des inconnus, j’étais mal à l’aise, tout le contraire de mon amie qui était comme un poisson dans l’eau parmi tous ces aristocrates locaux, des notables, des élus ou chefs d’entreprise. Je regardai la décoration de la salle, c’était magnifique. Les propriétaires, un couple dynamique, avaient quitté la chaleur du Sud pour s’installer dans le Bourbonnais dont ils étaient tombés sous le charme de la qualité de vie champêtre et la douceur de vivre dans cette belle demeure située à quelques kilomètres de la commune de Chazemais et dotée d’un parc, aux arbres centenaires, d’environ dix-sept hectares. Ils avaient beaucoup d’idées d’amélioration avec notamment des chambres d’hôtes, des foires-concerts, des expositions d’artistes ou des marchés nocturnes. J’aimais beaucoup la teinte pourpre des murs qui s’accordait bien au blanc des soubassements. Au centre de la pièce, au plafond, prenait place un lustre montgolfière à pampilles monumental surmonté d’une belle rosace en plâtre mouluré. Des tables rondes aux nappes en satin de couleur rose étaient disposées dans toute la salle avec tout autour de jolies chaises blanches et dorées Charivari Napoléon III. Il y avait aussi de jolies compositions de fleurs de lys blancs en centre de table, disposées autour des chandeliers immenses de couleurs blanc laqué, leur parfum embaumait toute la salle. Toutes les femmes et les hommes portaient de belles toilettes de grands couturiers parisiens. Toute cette foule me donnait le tournis. Je pris une coupe de champagne qu’un serveur me proposa, j’avais définitivement perdu Carla qui discutait et riait avec des gens dans le fond de la salle.

Je bus une gorgée du précieux liquide doré en regardant toujours le décor du plafond et surtout le lustre à pampilles qui me fascinait. Les cristaux renvoyaient la lumière en formant de petits éclats de couleur arc-en ciel, c’était un magnifique spectacle pour qui voulait bien lever les yeux vers cette merveille et prendre le temps d’observer. J’avais toujours le regard sur le lustre lorsque brusquement, je heurtai quelque chose, on aurait dit un mur en béton mais non c’était bien un homme. Tout le contenu de mon verre se déversa sur la veste de l’inconnu. J’étais figée sur place, attendant la réaction qui n’allait pas tarder à se manifester. L’individu avait la tête baissée, il prononça un juron, ses mains posées sur sa veste toute tâchée par le liquide qui avait déjà pénétré le tissu bleu roi de son beau smoking, laissant apparaître une grande auréole sombre.

Lorsqu’il releva la tête, c’était comme si le temps avait suspendu sa course tellement cet homme avait un charme sauvage et inquiétant à la fois. Il avait des yeux noisette très clairs avec quelques touches de vert comme des petites émeraudes parsemant son iris. Son regard de prédateur était si intense qu’il me transperçait de part en part, une vague de chaleur envahissait tout mon corps et j’avais l’impression d’être dans un brasier. L’incendie me consumait lentement de l’intérieur comme si de la braise incandescente me transperçait de part en part. Il ne s’exprima pas mais son regard semblait sonder le mien, on aurait dit qu’il voulait voler mon âme. Mon tatouage sur mon épaule me brûlait également en sa présence, c’était vraiment étrange.

Son nez était assez fin mais légèrement dévié et ses lèvres rebondies et bien dessinées, sa mâchoire, légèrement décalée. Il avait les cheveux châtain foncé très épais avec quelques reflets roux par endroits.

Il était immense, il dominait tous les autres hommes de la pièce, il avait des épaules larges taillées en V, on devait se sentir protégé dans ses bras puissants, pensai-je. Il était très classe dans son smoking bleu roi et il portait des chaussures italiennes noires impeccablement cirées.

Soudain, un homme costaud en smoking noir et portant une oreillette surgit en me poussant de la main, tout affolé et fronçant les sourcils. Il faut dire que je ne m’étais pas rendu compte car j’étais tellement hypnotisée par le regard de l’homme que je m’étais rapprochée beaucoup trop près.

— Monsieur le Marquis, mon Dieu votre costume Dolce ! cria-t-il tout en s’agitant nerveusement.

— Oui, on dirait que « mademoiselle catastrophe » a taché mon beau costume tout neuf s’exprima-t-il avec une élégance rare. Sa voix était mélodieuse et envoûtante.

Je repris mes esprits.

— Je suis désolée, Monsieur, je vais payer le pressing si vous voulez, bredouillai-je.

— Non laissez faire, c’est déjà sec au toucher. Il tournait déjà les talons et dit au- revoir « mademoiselle catastrophe » !

— Mais, je…

Je n’eus pas le temps de finir ma phrase pour lui dire mon nom, il saluait déjà des gens. On aurait dit une star car tout le monde lui faisait des courbettes.

J’entendis néanmoins une phrase qui me déplut fortement, son garde du corps le suivait de près et lui dit :

— Elle aurait pu payer le pressing !

— Non, c’est encore une rusto du coin qui n’a pas les moyens, ses Louboutin sont certainement des copies chinoises.

Il était tout simplement horrible et prétentieux ! Quel sale type, me répétai-je en essayant de m’en convaincre, bien qu’il n’eût pas manqué de me faire de l’effet quelques minutes plus tôt.

Je cherchai Carla, elle était toujours en grande conversation avec un groupe de personnes dans le fond de la grande salle de réception. Elle me fit signe de venir avec de grands gestes et me montra la table qu’elle avait réservée. Au centre de la pièce, il y avait une table avec une urne posée dessus pour la récolte des fonds de la soirée. Carla vint enfin s’asseoir à côté de moi, c’était une table ronde de huit personnes, mon amie semblait connaitre tous les convives et moi aucun.

À la table juste à notre droite, il y avait un couple assez connu dans le Bourbonnais, Alix et Archambault.

Ce dernier était un riche propriétaire terrien descendant des ducs de Bourbon, ils menaient une vie assez secrète, m’expliqua Carla. Le dîner qui devait être hors de prix fut servi vers vingt heures. C’était un menu avec quelques spécialités bourbonnaises cuisinées à la façon des restaurants étoilés avec des produits du terroir comme le fameux pâté aux pommes de terre, une belle pièce de bœuf charolais et ses champignons de la forêt de Tronçais et en dessert quelques mignardises sucrées. A la fin du repas, je me sentis observée. Je décidai de scanner la salle, la lumière était tamisée par la présence des nombreux chandeliers. Des ombres, telles des fantômes, semblaient glisser sur les murs. Soudain, je le vis, là juste en face de moi, le fameux Marquis que j’avais heurté en début de soirée. La lumière des chandelles éclairait son visage et son regard était braqué sur moi, ses sourcils bien dessinés légèrement froncés. On aurait dit que ses pupilles ressemblaient à des feux follets dansant telles les flammes des bougies des candélabres. Que me voulait-il ? Pourquoi me fixait-il ainsi ? Je me sentais mal à l’aise, c’était comme si son regard me mettait à nu, sans protection, vulnérable telle la proie et son prédateur. Il me semblait le connaître, son regard si intense hantait mon esprit comme un lointain souvenir, une ombre d’un passé révolu. Il semblait si sûr de lui mais, en même temps, une grande tristesse émanait de sa personne. Soudain, une vision de lui, caressant mon bras nu, comme s’il projetait des images dans mon esprit. Impossible, pensai-je. Je sentais son souffle chaud dans mon cou. C’était si troublant, si perturbant que je me sentais défaillir. Mon corps était sous son contrôle, des frissons puis une chaleur intense semblaient parcourir chaque parcelle de mon anatomie même en des endroits que je croyais endormis depuis longtemps… bref des sensations contradictoires autant que pouvait l’être cet homme mystérieux et dangereux à la fois.

Carla me donna un coup de coude dans les côtes :

— Oh ! mais dis donc on dirait que le Marquis de Poligny n’a d’yeux que pour toi ce soir ! C’est étonnant, d’ordinaire il ne s’occupe que de sa personne ou alors il est entouré de bimbos sans cervelle.

— Oui, son regard me fait peur on…

— … on dirait qu’il va te dévorer, miam ! miam ! termina Carla en pouffant presque.

— Y’a rien de drôle, quel curieux personnage. J’ai eu l’occasion de lui parler rapidement, il est très arrogant et prétentieux.

— Oui, mais très riche et propriétaire du château de Levis ma belle.

— Comment ça ? Je croyais que le château était à l’abandon et complètement délabré depuis des années ?

— Il l’a racheté et a sauvé le monument, il y a quelques mois et il est en rénovation. C’est un descendant d’une des familles qui le possédait il y a des siècles.

Dans la noblesse locale, on croyait la branche de sa famille éteinte mais apparemment un héritier mâle a fui la France pour l’Angleterre. Ils souhaitent organiser des soirées mondaines, des évènements culturels, des rassemblements de voitures anciennes ou de luxes et des marchés du terroir…

— Chut ! taisez-vous maintenant s’il vous plaît, ça va commencer ! chuchota ma voisine en fronçant les sourcils, une vieille dame parée de bijoux somptueux. On se regarda avec Carla avec un sourire entendu.

Les enchères s’enchainaient une à une, des tableaux, des sculptures, des voyages puis vint le moment du séjour d’une semaine en chambre d’hôte au château de Levis qu’offrait justement le Marquis de Poligny. Les enchères se disputaient entre Carla et Archambault.

Carla emporta finalement l’enchère pour deux mille cinq cents euros.

— Mais tu es folle ou quoi ? lui dis-je à voix basse.

— T’inquiète pas ! je sais ce que je fais.

— Bravo, Carla Delcour remporte le séjour au château de Levis offert par le Marquis de Poligny, s’exclama le commissaire-priseur en frappant la table avec son marteau.

Soudain Carla se leva et dit :

— Je l’offre à mon amie, Eva du Plessis, ici présente, cria-t-elle à l’assemblée en me désignant de la main. Je ne savais plus ou me mettre tellement c’était gênant.

Je regardai en direction du Marquis, il semblait en colère. Il me lança un regard noir et il tapa du poing sur la table ce qui eut pour effet de réveiller les convives installés à sa table puis il se leva et quitta la salle.

— Whaou, il a l’air ravi ton marquis, dis-je à Carla.

— Mais non tu verras, je suis sûre que tu vas passer un beau séjour, cela te changera les idées et puis je passerai te voir, je t’ai pas dit : c’est mon cousin en fait.

— Quoi ? enfin pourquoi tu ne m’en as pas parlé avant ?

— Surprise, surprise, dit-elle en me faisant un clin d’œil. Et puis il a besoin de voir un peu de monde, il est toujours cloîtré dans son château comme un moine, ça ira bien avec toi ma petite « nonne » dit-elle en riant si fort que tout le monde se retourna pour regarder la scène.

— Génial, rétorquai-je en grimaçant.

— Certes avec cette somme j’aurais pu acheter un beau sac VUITTON mais je préfère que ce geste permette de te donner un coup de pouce du destin.

La soirée touchait à sa fin, je pris une dernière coupe de champagne puis me dirigeai vers la porte qui donnait sur le parc. Il faisait chaud, j’avais besoin de prendre l’air après toutes ces émotions. Le Marquis avait déserté les lieux.

Le parc aux chênes centenaires était magnifique et le paysage semblait s’étendre à perte de vue. Je me déchaussai pour marcher dans l’herbe car avec les chaussures à talons ce n’était pas pratique. L’herbe était fraîche, je frissonnai légèrement mais c’était délassant. Le ciel était dégagé et on pouvait admirer les étoiles par milliers. C’était reposant de voir ce ciel dégagé et ces dégradés de blancs et de bleus.

Soudain, mon tatouage commença à me picoter puis à me brûler au fur et à mesure que j’avançais. Je regardai autour de moi, rien, étrange.

— Alors, « mademoiselle catastrophe » une petite promenade au clair de Lune ?

— Mon Dieu, vous m’avez fait peur ! ça vous prend souvent d’effrayer les gens comme ça ? Et je ne m’appelle pas « mademoiselle catastrophe », soufflai-je visiblement énervée. Il était là caché dans la pénombre, adossé à un vieux chêne en train de fumer une cigarette. Les rayons de la Lune se reflétaient sur son visage d’albâtre, il avait vraiment beaucoup de charme et sa voix était envoûtante, un peu comme un ange du mal, un démon tentateur. Ses yeux de fauve luisaient sous les rayons de la Lune, c’était un spectacle à la fois fascinant et terrifiant. C’était un peu cela qu’il dégageait : de la fascination et du danger.

— Oui, « Eva » si j’ai bien compris Carla, finalement nous ne nous sommes pas présentés dans les formes, dit-il toujours sur un ton arrogant qui m’énervait au plus haut point. Je me nomme Karl-Louis, Marquis de Poligny mais on m’appelle toujours Karl dans l’intimité des cercles et bien que nous ne soyons pas du même rang, vous serez la bienvenue dans mon château. Je vous enverrai une invitation dans la semaine par courrier.

— Vous n’aviez pas l’air content à l’annonce de mon nom tout à l’heure, dis-je en croisant les bras.

— Je n’ai pas l’habitude d’avoir de la compagnie, je suis un solitaire, voyez-vous. Mais cette fois, j’ai offert ce séjour pour une bonne cause car j’ai des choses à me faire pardonner par le Tout-Puissant, puis je suis bien occupé. Vous serez seule la plupart du temps.

— Parfait ! répondis-je du tac au tac. Énervée, par son arrogance, je regardai dans une autre direction puis quand mon regard revint vers l’arbre, il avait disparu. Incroyable, il était à côté de moi à présent, comment avait-il fait ?

— Vous aimez marcher pieds nus dans l’herbe alors ? Il portait une veste en cuir dont le parfum arrivait à mes narines. Il fixait le ciel étoilé avec un regard mélancolique.

— Oui, ça m’arrive et puis je ne voulais pas abimer les chaussures de mon amie. Il ne répondit pas.

— J’adore observer le ciel, les nuits d’été c’est vraiment féerique et reposant. On regarde vers le passé. Il était si étrange et passait d’une humeur à une autre complètement différente. C’était vraiment déconcertant. Je contemplai en même temps que lui ce merveilleux spectacle.

— Vous connaissez Carla depuis longtemps ? C’est la première fois que je vous vois avec elle, demanda-t-il toujours sans me regarder.

— Oui, depuis l’enfance mais je suis revenue dans le Bourbonnais il y a peu de temps. Je sentis un courant d’air froid puis, regardant à l’emplacement où il se tenait quelques secondes plus tôt, il avait encore disparu.

Le murmure de sa voix mélodieuse semblait faire écho dans le lointain : « très jolis vos pieds ». C’était tellement étrange que je m’enfuis sans me retourner jusqu’à la voiture de Carla, pieds nus, mes chaussures dans une main à même les cailloux au sol. Mon cœur battait à tout rompre, Elle me dit :

— On dirait que tu as vu un fantôme ? ça va ?

— Oui, oui, tout va bien. Rentrons, il se fait tard, répondis-je en haletant.

 

 

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