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CHAPITRE 07

Marita

Ça fait une heure que les garçons sont sortis. Ils sont en mission et moi je m'ennuyais de dingue. Je ne sais même pas pour quelle raison je ne participe pas avec. J'étais en train d'errer dans les couloirs du département lorsque j'aperçois au loin une lumière tamisée qui s'échappe de la chambre de Pablo. Curieux ça! Il est censé être en mission et qu'est ce que fait sa chambre ouverte ? La première chose à laquelle je pense c'est que c'est certainement un groupe d'anciens qui est en train de foutre le désordre dans son appartement. Parce qu' en effet, vu qu'il est exagérément beau et que toutes les anciennes se rabattent sur lui, ils l'ont certainement mal pris. Sur la pointe des pieds, je me dirige dans un silence calculé, sur la pointe des pieds vers son appartement. Je pousse tout doucement la porte qui ne fait aucun bruit, heureusement pour moi. Et qu'est ce que je vois là ? Une belle blonde fine accroupie. Elle tient quelque chose en main qu'elle scrute d'un regard avisé. Je suis prise de jalousie que je ne saurais moi-même expliquer. On aurait dit que je suis sa petite amie et que je l'ai surpris en flagrant délit d'infidélité. Je me reprends très vite parce que la vérité c'est que je ne suis pas sa petite amie et qu'il n'est d'ailleurs même pas intéressé par moi. 

Le temps de mettre de l'ordre dans mes sentiments, je suis de plus en plus intriguée par cette belle jeune femme. Et là l'évidence me frappé : C'est Adriana. Je pensais d'abord me tromper mais non, c'est bel et bien elle. Je ne sais pas réellement comment me comporter parce qu' en plus d'être ma patronne, elle m'intimide exagérément. Elle intimide tout le monde d'ailleurs .Personne n'ose la regarder dans les yeux. 

Je ne sais comment le son est sorti de ma bouche. Je ne contrôlais plus rien en fait. 

Moi : Madame?

Elle se retourne prestement et me fixe droit dans les yeux. Je suis comme un toutou que son maître ordonne sans sortir le moindre mot de la bouche.

Elle se relève et croise ses mains sur sa poitrine.

Adriana : Oui, que faites-vous ici?

Je me mets à bégayer.

Moi :...euh, je..en fait.. je

Adriana : J'ai pourtant posé une question simple. Mademoiselle Marita, que faites-vous ici ?

C'est dingue ! Je viens de me rendre compte qu'en fait, je n'étais pas en mesure ni en droit de lui poser la moindre question. 

Je suis donc restée muette.

Adriana : si vous n'étiez pas au courant…

Elle s'avance vers moi tout en me regardant droit dans les yeux. Qu'est ce qu'elle est archi dominatrice! Je savais qu'elle était sûre d'elle mais pas jusqu'à ce point en fait. Je suis plus que confrontée à la réalité là. 

Elle est toute proche de moi à présent. Elle a toujours les mains croisées sur la poitrine et s'adosse sur le pas de la porte pendant que moi j'ai les yeux baissés comme la conne que je suis.

Adriana :...vous êtes chez moi ici. Vous êtes tous du premier au dernier mes employés. 

Moi : Oui, bien-sûr, Madame….je…

Adriana(me coupant la parole):... Et qu'est ce que vous essayez de faire là ? Vous étiez en train de m'interpeller ?

Moi : ...non, je…

Adriana : je vais prendre ça comme une simple maladresse de votre part et on va très vite envoyer cet incident aux oubliettes.

Elle se tait et me fixe droit dans les yeux, comme si elle voulait sonder tout mon être. 

Adriana : Cassie….

Mon cœur fait un bon, non en fait, il se brise en mille morceaux.

Je balbutie et les mots se coincent dans ma gorge. 

Je suis projetée d'un coup dans mon enfance. Je revois la petite fille abusée que j'ai été.  Mes yeux sont embués de larmes. J'essaye de les retenir tant bien que mal mais elles glissent inévitablement sur ma joue.

Adriana : … je ne veux entendre ce qui vient de se passer nulle part. Tu as une réputation de commère mais je sais que cette fois-ci tu vas le garder pour toi.

J'acquiesce machinalement.

Adriana : Très bien ! 

Elle se retourne en arrière pour regarder de haut en bas, de long en large. Elle émet un bruit inaudible et sort de la pièce sans oublier de la refermer avec la clé qu'elle a en mains. 

Je reste sur le pas de la porte, toujours avec la tête baissée. Je ne la vois pas s'en aller mais j'entends le bruit étouffé de ses escarpins sur le sol marbré.

L'instant d'après, je me suis écroulée sur le paquet, pleurant de plus belle. 

Elle venait de me replonger dans mon passé, un passé que je croyais avoir fermé pour toujours.

Ils ne font pas les choses à moitié, ils ont tout recherché sur nous, même les informations qu'on avait pas déclarées. 

Mon vrai nom c'est Cassie. J'ai changé d'identité pour m'appeler aujourd'hui : Marita.

Moi (la voie enrouée):...mais dans quoi me suis-je embarquée ?

Adriana

Je suis de retour dans mon bureau. Je me couche dans mon canapé-lit et j'attache mes cheveux avec un élastique. 

Mais qu'est ce qui lui a pris, elle? Elle s'est prise pour un officier de police ou quoi. Au point de m'interpeller ? 

Vu que c'était la première fois que ça se produisait, j'ai été prise de court. Sur le champ je ne savais pas comment réagir mais je me suis très vite reprise.

Mon défunt mari doit être très fier de moi. Je me rappelle encore comment il me disait de toujours rester maître de moi dans de pareilles situations. Et surtout, le plus important, retourner là situation contre mon adversaire. Et c'est ce que j'ai réussi à faire. Qu'est ce qu'elle croyait ? Elle pensait vraiment qu'on allait les engager sans fouiner dans les vies et dans leurs pires cauchemars ? Eh ben non, mon équipe spéciale a su quoi faire. Je suis rentrée dans leurs souvenirs les plus enfouis. Je me suis fait une place dans leurs mauvais rêves.

J'ai cherché tout ce qui pouvait être compromettant au cas où l'un d'eux voudrait me la faire à l'envers. 

De toute façon, on a toujours fonctionné ainsi ici. Tous ceux qui sont passés par ici ont été contraints à ça. Et c'est juste fabuleux. D'aussi loin que je me souvienne, aucun d'eux n'a pu être à la base d'une quelconque destruction de la mafia de Monte Carlo.

Marita, ou plutôt Cassie je dirais. Je ne voulais pas toute suite accepter qu'elle travaille pour moi mais les recherches approfondies que j'ai effectué sur son enfance, son passé m'y ont poussé. Nos passés se ressemblent presque.

Elle a toujours connu l'abus, comme moi.

Marita n'a jamais connu ses géniteurs. Elle a toujours vécu son enfance dans une maison close. Ça a l'air tiré par les cheveux mais le monde a des facettes très cruelles. Et Marita en a connu. Elle a subi les vices les plus inimaginables, incongrus. Elle a plus souffert que moi. 

Ça m'a fait mal de la replonger malgré moi dans ce passé qu'elle tente tant bien que mal d'enfouir dans un trou. Mais je n'avais pas d'autre choix. Je ne pouvais pas perdre la face. Alors là, impossible. 

Les mains dans les cheveux, je me gratte la tête lorsqu'on vient toquer à ma porte.

Moi :oui, entrez !

C'est Patricia, ma fille chérie. 

Elle entre toute souriante, avec un air moqueur. 

Patricia : ton air condescendant me fera toujours rire.

Moi :... Madame la taquine, tu reviens encore te moquer de ta mère. 

Elle s'assied dans le canapé qui me fait face. 

Patricia : Non, mais sérieux maman.

Moi : il faut instaurer le respect sinon les gens vous marchent sur le pied.

Patricia : Je connais ce discours. Tu nous as toujours récité ça.

Nous nous mettons à rire. 

Moi : Tu ne pars pas au cours aujourd'hui?

Patricia : Non, aujourd'hui c'est jour de repos.

Moi : Ah, d'accord ! Tu as des nouvelles de Félix ?

Patricia : si toi sa mère tu n'as pas de nouvelles de lui, ce n'est pas moi qui en aurait. 

Moi : je vais appeler l'hôtel voir.

Je m'exécute et je demande d'après mon fils. Les responsables de l'hôtel m'informent de ce qu'il est resté dormir dans sa chambre avec des filles de joie. Patricia émet une mine surprise. Je raccroche.

Patricia (le regard outré):... Tu ne dis rien?

Moi : Tu veux que je dise quoi? Mon fils va bien, c'est l'essentiel.

Elle se lève et commence par faire ses allers-retours devant moi.

Patricia : Maman! Félix mène une mauvaise vie, tu ne peux pas regarder sans rien dire sous prétexte qu'il va bien.

Moi: Il va régulièrement en consultation. Ses vaccins sont réguliers donc il n'y a pas de soucis à se faire.

Patricia :.. ce n'est pas la question, maman. Il mène une mauvaise vie. Je sais que tu nous aimes et que tu veux le bien de tes enfants mais ce n'est pas de cette manière tu vas lui faire du bien. 

Moi : j'ai souffert dans ma vie et je ne veux en aucun cas que mes enfants vivent la même chose.

Patricia : je sais mais là tu ne lui fais plus du bien. Tu lui fais du mal. 

Je soupire parce que je ne comprends pas réellement son point de vue. C'est drôle, c'est moi la mère mais elle a l'air plus mature que moi. 

Moi : On a eu ce sujet de discussion plusieurs fois toi et moi….ce que je propose?

Elle se redresse et me regarde

Patricia: oui, maman ?

Moi : Je propose qu'on ailler manger.

Le regard qu'elle me lance me fait éclater de rire.

Patricia : Maman! On parle d'un sujet sensible là et tout ce que tu trouves à dire c'est qu'on ailler manger.

Moi : Eh! jeune fille, jusqu'à preuve du contraire c'est moi qui suis ta mère. C'est quoi toutes ces remontrances là ? Allez hop! On va au restaurant. 

Elle se tait et finit par acquiescer.

Patricia : D'accord maman. Mais on passe chez moi d'abord. Yolanda n'allait pas très bien ce matin. Elle a prit des cachets et s'est endormie.

Moi : ok, ça marche. En plus le restaurant est sur le même tronçon.

Je prends donc mon sac à main. Patricia prend ses clés de voiture et nous conduit chez elle. 

Yolanda c'est comme une deuxième fille pour moi. Sa mère, Catarina et moi sommes des meilleurs amies. Ce qui fait que nos filles étaient tout le temps fourrées ensemble. C'est sans étonnement qu'elles sont devenues meilleures amies, elles aussi. Raison pour laquelle lorsqu'elles ont voulu vivre ensemble, nous n'y avons trouvé aucun inconvénient. 

Quelques minutes plus tard, nous sommes arrivés dans la maison des filles. 

Je décide de rester dans la voiture de ma fille au dehors pendant qu'elle va vérifier l'état de santé de Yolanda. 

Patricia descend de la voiture et se dirige dans la maison.

Le gardien, Filipe et moi discutons à coeur joie. Il me parle de ces projets dont il m'a parlé entre temps et de comment il a pu les réaliser grâce à l'argent que je lui ai donné. Il ne cesse de me remercier comme à son habitude. 

Ça me fait du bien de pouvoir venir en aide à des personnes studieuses qui n'attendent que ça. 

Je coupe vite cette discussion en prenant des nouvelles de sa femme qui était enceinte entre temps. Il m'informe de ce qu'elle est presque à terme et qu'elle va accoucher dans peu de temps. Je suis ravi pour lui parce que c'est un monsieur au bon coeur. On peut lui faire confiance. Ça fait plus de vingt ans qu'il est à mon service et je n'ai jamais rien eu à lui reprocher. Tout ceci a conduit au fait que je lui confie la vie de ma fille, si on peut le dire ainsi. Filipe est un homme loyal. Et la loyauté est une qualité que je prise énormément.

Soudain, sans que nous ne n'y attendions, un crit strident brise l'air.

-MAMANNNNNNNNNNNN!

C'est Patricia qui vient de m'appeler avec une voix teintée d'effroi.

Bordel, qu'est ce qui se passe?

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