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CHAPITRE 08

Patricia

Je descends de la voiture pendant que ma mère me lance de petites piques sur mon derrière, sous prétexte qu'il a pris du volume.

Ah!, sacrée maman! Elle a quarante-cinq ans mais on dirait qu'elle en a dix-huit. C'est une sacrée gamine aussi bien physiquement que dans la tête. Je l'adore, ma mère. Je l'aime plus que tout. 

Une rapide salutation à Filipe, notre gardien mais surtout un membre de la famille qui se met à bavarder avec maman qui est restée attendre dans la voiture pendant que moi je vais voir si Yolanda se sent un peu mieux. 

Comme à son habitude, la porte de son appartement est fermée à double tours mais heureusement que j'ai un double de ses clés comme elle aussi en a la mienne. 

Je tourne la clé dans la serrure et m'engage dans son séjour. Sa télé murale est allumée et le volume rempli toute la pièce. 

Je pousse la baie vitrée et je cherche du regard dans le jardin et la piscine mais elle n'est pas là. Serait t-elle sortie ? Cette fille est une vraie pagailleuse. Je m'apprêtais à sortir de son appartement lorsque j'aperçois une énorme traînée de poudre blanche sur le sol qui quitte la salle à manger jusque dans sa chambre. Mes sens se mettent en ébullition et je me dirige vers sa chambre. 

Les vêtements qu'elle avait ce matin sont éparpillés sur le sol. Je n'y comprends rien . Je commence par imaginer le pire mais j'essaye quand même de rester maître de moi. 

Je pousse la porte de sa chambre d'un geste hésitant. Je ne sais pas à quoi m'attendre. 

Aucune trace d'elle dans sa chambre. Le bruit de l'eau dans la salle de bain attire mon attention. 

Moi (la voix apeurée):... Yolanda!... Yoly, si tu es là, réponds. C'est pas drôle.

Toujours aucune réponse d'elle. Je glisse de la main la porte coulissante de la salle de bain et le spectacle qui se présente sous mes yeux est effroyable.

Moi : MAMANNNNNN!

Je n'ai pas su à quel moment exactement j'avais prononcé ce mot. J'ai commencé par trembler et les larmes ont commencé à couler de mes yeux comme si elles ne voulaient plus jamais s'arrêter. Je suis tombée sur le sol à genoux, les deux mains tenant ma tête. 

Yolanda est étalée sur le sol,nue. Elle est inconsciente. 

Moi qui d'habitude était très réactive, j'étais devenue immobile, presque muette. 

Les bruits de pas et la porte qui se claque contre le mur. Ma mère est arrivée en courant, Filipe sur ses traces. 

Maman : Patricia !? …. Patricia !? Qu'est ce qui se passe?

La seconde d'après, elle était déjà à côté de moi.

Maman : Mon Dieu ! Qu'est ce qui s'est passé ici?... Elle est vivante ?

Moi (d'une voix étouffée):... Je...je...sais..pas..je…

Ma mère sort rapidement des gants en plastique de je ne sais où et s'approche de Yolanda. 

Maman : Filipe, sors ma fille d'ici.

Moi (criant):...non, non, je ne sors pas…

Maman : ... chérie, s'il te plaît, fais ce que maman dit.

Filipe me soulève par l'épaule et me traîne, malgré la résistance que j'affiche vers l'extérieur.

Quel cauchemar !

Adriana

J'ai l'impression de rêver. Ma petite Yolanda!

Je m'approche d'elle, avec mes gants de sûreté, bien-sûr. Et je lui tâte le pouls. 

Dieu soit loué ! Elle est toujours en vie. Elle est juste tombée dans l'inconscience. 

Je prends rapidement mon téléphone et appelle mes hommes de mains pour qu'ils puissent venir nous chercher pour l'hôpital. 

Ma pauvre Patricia, elle n'a pas eu la présence d'esprit de vérifier si son amie respirait toujours. En même temps c'est normal, elle n'a pas l'habitude de ce genre de situation. Contrairement à moi à cause du domaine dans lequel nous sommes. 

C'est un domaine où il faut s'attendre à tout et surtout être prêt à affronter toutes les situations possibles. Et le plus important est de faire preuve de calme et de sang froid.  

Les hommes de main sont déjà là. Yolanda est enroulée dans une serviette, direction l'hôpital. 

Je sors retrouver Patricia au dehors qui se remet peu à peu du choc.

Moi : Chérie, ça va un peu?

Patricia : Oui, maman. 

Moi : il y a eu plus de peur que de mal. Elle va bien chérie. Elle va se remettre très vite.

Je vois ses yeux embués de larmes et elle finit par exploser.

Patricia(pleurant): j'ai vraiment cru….j'ai vraiment cru qu'elle était morte…. C'est la première fois que je fais face à une personne morte d'une manière aussi effroyable….En plus c'est ma meilleure amie…

Moi : Je comprends chérie, mais l'essentiel c'est qu'elle va beaucoup mieux.

Elle secoue la tête en signe affirmatif. 

Je lui passe la main autour de l'épaule et je lui presse l'épaule d'un signe affectif. 

Je lui tend un verre d'eau qu'elle boit petit à petit. 

Moi : Depuis quand se drogue-t-elle?

Elle s'étouffe avec son verre.

Patricia :... Quoi?

Moi : Bah, tu le savais pas? Vous êtes tout le temps fourrées ensemble et vous vivez dans la même maison.

Patricia : Elle ne se drogue pas.

Moi : Chérie, Yolanda a fait une overdose.

Son regard est encore plus étonné et incrédule. 

Moi : la poudre blanche étalée un peu partout sur le sol, tu pensais que c'était quoi? 

Patricia: Je sais pas, j'ai pas pensé à ce que ça pouvait être. Mais jamais l'idée de drogue ne m'aurait traversé l'esprit… je veux dire, elle a l'air épanouie. 

Moi : oui, mais ça ne suffit pas. 

Je me tais un instant et le silence règne. 

Une question commence par me tarauder l'esprit. 

J'hésite mais je lui pose la question.

Moi:... Patricia, regarde moi.

Je tiens ses mains dans les miennes.

Elle se retourne vers moi et s'exécute.

Moi:.. j'espère que tu ne te… drogues pas...comme yolanda

Elle sort rapidement ses mains des miennes avec un regard confus. 

Patricia: … comment oses tu me poser cette question, maman ? Je pensais que tu me connaissais…

Moi : Oui, ma puce je te connais. Mais on ne sait jamais ce qui peut arriver. Regarde Yolanda, tu n'aurais jamais pensé qu'elle prenait ça….

Patricia :.... Je ne me drogue pas mais ton fils oui… et tu le sais très bien. Ne fais pas semblant.

Moi :.. oui, je sais que Félix se drogue mais il le fait avec modération et son docteur me fait le compte rendu….

Patricia :... Arrête ! Maman arrête tout le temps de le défendre… Tu as vu ce qui vient de se passer avec Yolanda? 

Moi: oui mais avec ton frère c'est différent…

Elle me jette un regard outré.

Patricia : … je n'arrive pas à le croire...

Elle dépose le verre d'eau qu'elle a en mains et ce dernier émet un bruit sec sur la table.

Je souffle bruyamment.

Moi (parlant seule): Et dire qu'on s'en allait au restaurant. Terrible retournement de situation !

Pablo

Anthony et moi venons de rentrer. La mission a été plutôt fructueuse. On a fait un bon chiffre d'affaires. 

Nous avons fait le point de la recette au plus ancien des employés d'Adriana qui se chargera à son tour de lui faire le compte rendu. 

Il est trois heures du soir et Adriana n'est plus dans son bureau. Ce qui n'est pas de son habitude. Elle reste travailler jusque tard dans la nuit. 

Anthony et moi nous rendons dans nos appartements respectifs lorsqu'on aperçoit Marita dans la cour. Chose curieuse, elle est toute calme comme si une mouche l'avait piquée.

Anthony (essayant d'attirer son attention): Eh ho! Marita, on est de retour.

Elle ne semble pas nous entendre tout de suite. Elle soulève ensuite la tête et émet un bruit inaudible.

Moi (à Anthony): Mais dis-donc, qu'est ce qui est arrivé à ta copine? On dirait qu'elle a perdu sa langue. 

Anthony : Ce n'est pas ma copine. Elle ne me voit même pas. 

Moi (posant mon bras sur son épaule):... Je vais te dire une chose, les femmes aiment qu'on les séduise. Elles aiment qu'on leur prouve les choses. 

Anthony : Eh ben, je comprends pas pourquoi elles aiment toutes me Friendzoner.

Nous continuons de marcher, de telle manière que  nous oublions Marita.

Moi : .. c'est parce que tu ne t'y prends pas bien…. tu vois..

Je me lance dans une énorme encyclopédie sur les femmes tel un processeur de cours à son élève. Anthony boit mes paroles comme si sa vie en dépendait et moi ça me change les idées de faire autre chose que de passer mon temps à poiroter dans ma chambre à rien faire.

Patricia

Je n'arrive pas à croire que  Yolanda se drogue. J'essaye de me convaincre que ma mère a tort, qu'elle fait fausse route mais ça me fait mal de l'admettre : ma mère ne fait jamais fausse route. 

Dans ma chambre, je sors machinalement les habits de mon placard et je les jette sur mon lit d'un geste coléreux. 

Yolanda, se droguer ? Mais pour quelle raison en fait. Elle allait très bien. 

Je n'arrive pas à croire qu'elle allait mal et que je n'ai pas pu le remarquer. 

Je suis en colère contre moi mais je le suis encore plus contre ma mère.

Je ne comprends pas pour quelle raison exactement elle joue à l'aveugle et à la sourde. Elle fait semblant de ne rien voir. 

Elle est en train de mettre la vie de Félix en gage. Il n'a que vingt ans et sa vie est déjà aussi désordonnée. Un pauvre adolescent qui n'a aucune boussole, aucun repère, aucun projet d'avenir. Il vit au jour le jour et se comporte comme si le monde lui appartenait.

Sa situation m'inquiétait déjà mais ce qui vient de se passer avec Yolanda m'a encore plus donné de l'effroi concernant tout ça.

J'enlève mon tailleur pantalon que j'échange contre un jogging et un tee-shirt. Je mets des baskets et ramasse mon téléphone portable sur mon armoire. 

Au même moment où je m'apprêtais à sortir de mon appartement, ma mère aussi s'apprêtait à entrer.

Maman : Je suis désolée, chérie. Je sais que tu es fâchée contre moi mais faisons table rase. 

Je me tais et regarde le sol.

Maman : Viens, on part à l'hôpital voir comment l'état de santé de Yolanda se porte. 

Je m'exécute et je sors de mon appartement. Je ferme à doubles tours et nous nous engageons à l'extérieur. 

Je démarre ma voiture et nous nous rendons à l'hôpital. J'espère vraiment qu'elle s'est remise. 

Adriana

Patricia est en train de garer sa voiture sur le parking de l'hôpital. Nous sortons ensemble et allons à la rencontre de la réception.

Moi : Bonsoir, je voudrais savoir dans quelle salle se trouve Yolanda Alvarez, elle a été emmenée cet après-midi.

-Qui êtes vous pour elle? 

Je la fixe droit dans les yeux d'un air condescendant. 

Moi : Quelle est cette question, Mademoiselle ?  Je suis sa mère.

J'entend Patricia étouffer un rire dans mon dos.

-Veuillez m'excuser, Madame, ce sont des contrôles de routine. Ce n'est pas dirigé contre votre personne. 

Moi : Je vois ! Le numéro de salle?

-Salle n°102.

Moi : Bien !

Je la fixe droit dans les yeux une dernière fois avant de partir.

Dans les couloirs, Patricia ne peut plus se retenir. Elle se met à rire bruyamment.

Patricia : … Maman! Tu aimes trop intimider les gens. 

Moi : Bah, tu as vu comment elle m'a parlé ? 

Patricia : Elle n'a rien fait, maman. Tu es toujours en train de te dire qu'on te manque du respect.

Moi: Le respect, c'est la base de cette vie chérie. 

Patricia : Je sais, maman. Tu me le répète plus de cent mille fois par jour. 

Nous arrivons devant la chambre de Yolanda.

Moi (me tournant vers Patricia): pas contre là chérie, il va falloir que je tienne informée sa mère. Elle est actuellement à Miami.

Patricia : Oh ! J'aimerais pas être à ta place là. Du courage. Moi je vais voir comment se porte Yolanda. 

Moi : Ok, bébé !

Elle me fait une bise sur la joue.

Elle ouvre la porte de la salle d'hospitalisation de Yolanda et la referme derrière elle.

Je décide d'aller dans le jardin de l'hôpital pour ne pas déranger les autres patients.

Je souffle un grand air et je lance en appel le numéro de Catarina.

Le téléphone sonne plusieurs fois sans qu'elle ne décroche.

Je relance encore deux fois l'appel et à la dernière sonnerie, lorsque je m'apprêtais à jeter l'éponge, elle décroche.

Catarina : Allô, Adriana ?

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