Chapitre 2

Diane a souri.

Ce qu'elle désirait, ce n'a jamais été le titre de « Madame Laurent ». Théo ne pouvait-il pas le comprendre ?

Non, avec sa perspicacité, Théo le comprenait parfaitement. Il profitait simplement de cette relation rendue officielle par leur mariage et, comme le statut d'Amélie l'empêchait d'être avec elle au grand jour, il savourait en secret le frisson de cette relation clandestine.

Il n'avait pas d'amour pour Diane. Et elle, elle était vraiment fatiguée.

Diane semblait vouloir tourner définitivement la page et cesser de tenir à lui. Elle a demandé : « Théo, est-ce que tu m'aimes ? »

La réponse était en réalité évidente depuis longtemps. Théo l'a fixée de ses yeux sombres, et une lueur d'émotion y est enfin apparue.

« Diane, le jour où tu m'as épousé, tu aurais dû savoir qu'il n'y aurait jamais d'amour entre nous. »

Diane a esquissé un sourire amer : « Oui, alors maintenant je ne veux plus continuer ainsi. Je suis encore jeune et capable. Une fois divorcée, beaucoup de gens voudront m'épouser. Pourquoi devrais-je m'accrocher à toi ? Tu ne crois pas ? »

Le regard profond de Théo est devenu encore plus intense. Chaque mot de Diane frappait en plein dans ses limites. Sans se soucier de ses blessures, Théo a tendu le bras, a tiré Diane vers lui, et a parlé d'une voix basse, teintée de colère :

« Est-ce parce que je t'ai trop laissée faire que tu as oublié les intérêts de nos deux familles ? »

Ce n'était pas qu'il la laissait faire : dans les yeux de Théo, elle n'existait même pas.

Diane s'est sentie épuisée et l'a repoussé : « Théo, je suis fatiguée. Un mariage sans amour ni vraie intimité, ce n'est pas ce que je veux. Puisque tu as déjà ton propre amour, on ferait mieux de se quitter en bons termes. »

Le regard de Théo est devenu instantanément glacial, et il a raillé : « Se séparer en bons termes ? Diane, n'oublie pas comment ton père s'est agenouillé devant mon grand-père pour qu'il te laisse entrer dans notre famille. Ce statut de 'Madame Laurent' n'est pas quelque chose que tu peux prendre ou abandonner à ta guise ! Se séparer en bons termes, ça n'existera pas pour nous. »

Après avoir parlé, Théo a jeté brutalement l'acte de divorce dans la poubelle.

Diane s'est levée sans expression : « J'espère que tu prendras le temps d'y réfléchir sérieusement. »

Puis elle a quitté la chambre sans se retourner.

Diane est entrée dans les toilettes et a vu Amélie se repoudrer devant le miroir. En la voyant arriver, Amélie a paru soudain paniquée et a tenté rapidement de cacher son rouge à lèvres.

Diane a lancé un regard à Amélie et a dit d'un ton détaché : « Puisque c'est Théo qui te l'a offert, garde-le bien. »

Amélie, troublée, s'est précipitée à expliquer : « Non, Madame Morel, ne vous méprenez pas, ma relation avec Monsieur Laurent n'est pas ce que vous imaginez. »

Diane a posé son regard sur Amélie, a remis délicatement le col d'Amélie en place et a dit d'un léger sourire : « Ne t'inquiète pas, je vous souhaite tout le bonheur du monde. »

Amélie, une jeune diplômée fraîchement entrée dans la vie active, n'avait jamais été confrontée à une telle situation. Elle n'avait simplement pas pu résister à la tentation et avait dépassé un peu les limites.

« L'argent que Monsieur Laurent m'a transféré, je ne l'ai pas accepté, et les cadeaux qu'il m'a offerts, je ne les ai pas pris non plus. Madame Morel, je n'ai vraiment pas voulu détruire votre famille. »

Un léger sourire s'est dessiné sur les lèvres de Diane, un sourire qui a fait frissonner Amélie.

« Je sais que tu n'as pas accepté son argent, mais tu n'as pourtant pas hésité à accepter une augmentation qui dépassait largement tes compétences. En apparence, tu as refusé ses cadeaux, mais en t'appropriant le mérite des autres, tu as tout fait pour que ce geste paraisse parfaitement légitime. »

« Tu as tes petites ruses, ce n'est pas mal. Mais j'espère que tu mettras davantage d'énergie dans ton travail à l'avenir. Sinon, quand Théo découvrira que tu ne lui es plus d'aucune utilité, combien de temps penses-tu pouvoir rester à ses côtés ? »

Le visage d'Amélie est devenu soudainement pâle, et elle a regardé Diane partir, figée.

Diane venait de percer les intentions d'Amélie. Elle a mordu sa lèvre, le visage en feu, puis a appelé Théo.

Dès que l'appel a été connecté, la voix douce de Théo s'est fait entendre : « Où es-tu ? Pourquoi n'es-tu pas encore revenue ? »

La voix d'Amélie s'est brisée un peu : « Pardon, Monsieur Laurent, j'ai eu un petit contretemps, je vais rentrer chez moi. »

Théo a senti immédiatement l'étrangeté dans son ton, et sa voix est devenue sévère : « Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? »

Amélie s'est appuyée contre le lavabo, tentant de contenir ses larmes :

« Madame Morel ne m'a rien dit, tout est de ma faute. Je n'aurais jamais dû accepter d'être ton assistante, et je n'aurais pas dû te laisser te blesser autant à cause de moi. Repose-toi bien, je pars d'abord. »

La voix anxieuse de Théo a retenti : « Ne bouge pas, j'arrive te chercher. »

...

Lorsque Diane est rentrée chez elle, il était déjà trois heures du matin.

Dès qu'elle a franchi la porte, elle a commencé à ranger ses affaires. En ouvrant l'armoire, elle s'est figée quelques secondes - elle venait de réaliser que tout était rempli de vêtements et de cravates achetés pour Théo.

En six ans de mariage, elle ne s'était jamais acheté de vêtements pour elle-même. Ses habits venaient en partie de cadeaux d'amis, en partie d'envois de marques, aussi Diane avait-elle toujours été très économe à ce sujet.

Après avoir rangé pendant un long moment, Diane s'est rendue compte qu'il n'y avait presque rien à emporter. Finalement, son regard s'est arrêté sur la bague en diamant qu'elle tenait dans sa main.

Sous la lumière, le diamant scintillait, éblouissant légèrement Diane au point de lui faire mal aux yeux : c'était le seul cadeau que Théo lui ait jamais fait.

Diane a retiré la bague, s'est penchée pour la jeter à la poubelle, mais s'est figée. Elle a composé le numéro du propriétaire d'une boutique de seconde main spécialisée dans le luxe : « Oui, pourriez-vous m'aider à la vendre et à la donner à quelqu'un dans le besoin, merci beaucoup. »

Le commerçant a semblé un peu choqué : « Cette bague est le modèle Le Cœur de l'Océan, elle vaut plusieurs millions d'euros, vous êtes sûre ? »

Diane a esquissé un sourire amer : « Oui. »

Elle n'avait même plus besoin de Théo, alors pourquoi garder des choses qui ne signifient plus rien ?

Après avoir raccroché, Diane a pris sa valise et est sortie.

Elle s'est arrêtée dans le jardin et a regardé cette maison derrière elle, celle où elle avait vécu six ans avec la présence de Théo. Peu à peu, ses yeux se sont embués.

Elle s'est résolue à partir. Elle avait pensé appeler sa sœur Claire Morel, mais a finalement raccroché - il était quatre heures du matin et sa sœur n'était pas encore réveillée.

Diane est allée à l'hôtel, a pris une chambre et s'y est installée.

…

Théo est sorti de l'hôpital le lendemain. Ses blessures étaient presque guéries et il n'était plus nécessaire qu'il reste hospitalisé.

Hier, Diane avait eu une réaction déraisonnable à cause d'une jeune fille, et comme elle gère l'entreprise toute seule en ce moment, Théo s'en est inquiété.

De retour à la maison et après avoir pris sa douche, Théo s'est assis dans sa chambre, attendant que Diane lui apporte ses affaires de toilette.

Au bout de dix minutes, Diane n'était toujours pas arrivée. D'habitude si réservé, Théo a montré un léger signe d'impatience sur son visage.

Il s'est tenu à la porte et, en voyant Marie passer, a demandé : « Où est Madame ? »

Marie a été surprise : « Madame est partie hier soir avec sa valise, elle ne vous l'a pas dit ? »

Le masque de douceur de Théo commençait à se fissurer. Il remettrait à plus tard la crise de Diane ; pour le moment, après la menace qu'elle avait faite à Amélie, il n'avait aucune envie de s'en occuper. Il pensait la laisser se calmer quelques jours : elle reviendrait d'elle-même pour s'excuser.

« Apporte-moi les affaires. »

Marie a été un instant déstabilisée : auparavant, les affaires de bain de Monsieur Laurent étaient toujours préparées par Diane, et pour une tâche aussi intime elle ne savait pas très bien ce qu'il attendait.

« Monsieur, de quels objets parlez-vous ? »

Théo a froncé légèrement les sourcils, montrant une pointe d'impatience : « Les huiles essentielles pour mes maux de tête, Diane t'a pas dit ? »

Marie a repris ses esprits et s'est souvenue que Madame lui avait dit une fois que les huiles essentielles se trouvaient dans le dressing.

Elle s'est hâtée d'aller les chercher, mais a découvert que les huiles étaient épuisées.

« Monsieur, les huiles essentielles sont épuisées… »

Après sa douche, Théo souffrait souvent de maux de tête. Les huiles essentielles achetées par Diane étaient très efficaces et les atténuaient nettement.

Sa patience étant déjà au bord de ses limites, il a ordonné : « Si c'est fini, va en acheter. »

Marie n'a pas osé parler plus fort : « Madame les prépare elle-même, on ne peut pas en acheter ailleurs… »

Le visage de Théo s'est assombri complètement, et le mal de tête s'intensifiait.

Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il a compris à quel point Diane avait imprégné sa vie en silence, sans qu'il s'en rende jamais compte.