Chapitre 5

Le regard de Théo s'est posé sur elle, portant une ombre à peine perceptible, mais elle a disparu presque instantanément, aussi rapidement qu'elle était apparue.

Diane n'a plus prêté attention à lui, et elle ne s'en est naturellement pas aperçue.

L'affection qu'Isabelle portait à Diane avait désormais dépassé celle qu'elle éprouvait pour Théo, surtout qu'elle devenait de plus en plus impatiente d'avoir un arrière-petit-fils.

Cela faisait déjà six ans que Théo et Diane étaient mariés, mais Diane n'était toujours pas enceinte, ce qui rendait Isabelle de plus en plus anxieuse. Elle a fixé Théo et lui a dit, pressante : « Pourquoi tu es si loin ? Assieds-toi ici ! Sers les plats à Diane. »

Théo respectait profondément Isabelle, et en entendant ses paroles, il s'est avancé vers elle sans rien dire.

Dès qu'il s'est approché, l'odeur douce et sucrée du parfum de rose d'Amélie a envahi une nouvelle fois les narines de Diane.

Elle a ajusté discrètement sa chaise vers Isabelle, augmentant ainsi la distance entre elle et Théo.

« Sers les plats à Diane ! Si je ne dis rien, tu ne bouges pas, t'es aussi immobile qu'un bout de bois ! » a grondé Isabelle.

Théo ne s'est pas fâché, au contraire, il a affiché un sourire doux.

Il a vraiment pris les ustensiles et a servi dans l'assiette de Diane les plats qu'elle préférait, un par un.

Diane a baissé les yeux pour observer la nourriture dans son bol, son regard restait calme, sans la moindre émotion.

Elle ne se faisait pas d'illusions en pensant que c'était de l'amour de la part de Théo, ce n'était que sa politesse habituelle.

Il lui a même épluché une crevette avec soin et l'a placée dans son assiette.

Autrefois, une simple crevette suffisait à rendre Diane heureuse, mais maintenant, elle l'a repoussée discrètement vers le bord de son assiette, sans y prêter plus attention. Elle ne l'a pas jetée directement, afin de préserver les apparences devant Isabelle. Mais intérieurement, elle n'éprouvait plus rien.

Elle a levé les yeux vers Isabelle et a dit doucement : « Mamie, j'ai récemment créé une fragrance apaisante qui aide à améliorer le sommeil profond, je pourrais vous l'apporter un jour pour que vous l'essayiez ? »

Elle ignorait complètement Théo à côté d'elle.

Les yeux d'Isabelle se sont illuminés : « Vraiment ? J'ai souffert d'insomnie pendant longtemps, ah, je vieillis, et j'ai de plus en plus de préoccupations, surtout à propos de vos affaires... »

Elle a regardé tour à tour Théo et Diane, avec un sous-entendu : « Je me demande si, à mon âge, j'aurai encore la chance d'avoir un arrière-petit-fils... »

Diane a simplement esquissé un léger sourire sans répondre.

Mais Théo, contre toute attente, a pris la parole d'une voix calme : « Ne vous inquiétez pas et prenez soin de vous, vous aurez sûrement l'occasion d'avoir un arrière-petit-fils. »

Les yeux d'Isabelle se sont illuminés de joie instantanément : « Vraiment ? »

Elle a semblé soudainement plus légère et s'est remise à manger à un rythme plus rapide.

Théo a également servi Isabelle, mais son regard a balayé distraitement l'assiette de Diane. Il a remarqué que la crevette qu'il avait épluchée était toujours là, seule, dans le coin de l'assiette de Diane, sans qu'elle y touche.

Le coin de ses lèvres s'est légèrement soulevé, laissant apparaître un sourire subtil et difficile à saisir, avant qu'il ne repose son couteau et sa fourchette.

Diane n'a échangé aucun regard avec lui pendant tout le repas.

Elle savait au fond d'elle-même que l'arrière-petit-fils dont parlait Théo faisait sûrement référence à l'enfant qu'il aurait un jour avec Amélie.

Ils n'étaient même pas encore divorcés, et il pensait déjà à leur avenir avec Amélie. Diane a ressenti un poids glacial se poser sur son cœur, tandis qu'elle mâchait en silence, un malaise s'installant en elle.

Après le repas, Isabelle a insisté pour qu'ils restent et leur a attribué une chambre.

Diane est entrée dans la chambre, suivie de près par Théo.

Elle s'est tournée, a froncé les sourcils et l'a bloqué à la porte : « Tu ne vas pas sortir ? »

L'attitude douce qu'il avait adoptée à table s'était volatilisée, laissant place à son indifférence habituelle : « Mamie m'a demandé de rester, alors où voudrais-tu que j'aille ? »

Après avoir dit cela, il s'est légèrement tourné et a pénétré dans la chambre.

Diane est restée un instant figée à la porte avant de la fermer. Elle s'est rendu compte qu'elle avait peut-être réagi de manière excessive.

Tant pis, il y avait deux lits dans la chambre, et il suffirait de clarifier avec Théo plus tard qu'ils dormiraient séparément.

Il était déjà neuf heures du soir, et Théo, étant une personne respectueuse des convenances, ne quitterait pas la chambre à cette heure-là.

Diane s'est assise au bord du lit, a pris son téléphone et a commencé à travailler.

Elle a décidé de se replonger dans son métier de parfumerie, commençant à réfléchir à l'emplacement du studio et aux questions liées à l'usine.

Autrefois, pour Théo, elle avait accepté de rester dans l'ombre de son entreprise, s'occupant de ce qui se passait en coulisses pour lui, et même pour Amélie, gérant ces détails sordides qu'on ne montrait à personne.

Aujourd'hui, son amour pour lui s'est éteint, et entre eux, il ne restait plus que des intérêts froids.

Le bruit de l'eau provenant de la salle de bains résonnait, et la silhouette imposante de l'homme se dessinait à travers le verre dépoli.

Diane a détourné son regard et s'est concentrée sur l'écran de son téléphone.

Peu après, Théo est sorti enroulé dans une serviette.

Son torse nu, éclairé par la lumière chaude et dorée, laissait apparaître une musculature bien dessinée, et ses abdos en huit carrés se détachaient nettement.

Le regard de Diane s'est attardé un instant sur lui malgré elle. Elle se souvenait qu'il n'avait que six abdos avant, alors est-ce qu'il avait commencé à faire du sport sans qu'elle le sache ?

Elle ne voulait pas en savoir plus, faisant défiler les informations sur l'emplacement du studio. Soudain, Twitter s'est actualisé et le tweet publié par Amélie est apparu.

Les doigts de Diane se sont instantanément figés, appuyant fermement sur l'écran.

Amélie a publié une photo où l'on voyait un homme avec le torse nu et ses huit abdos bien visibles. Elle a légendé la photo en se vantant avec malice : « Voilà ce que c'est des abdos en huit, moi je n'ai même pas ça. »

Sous les abdos de l'homme sur la photo, une petite tache de naissance familière était clairement visible.

Diane ne pouvait pas se tromper, cet homme nu n'était autre que Théo.

L'esprit de Diane s'est instantanément vidé.

Ce qui était encore plus choquant, c'était que Théo avait aimé ce tweet, ce qui revenait à une reconnaissance publique que l'homme sur la photo était bien lui !

Théo, qui avait toujours accordé une grande importance aux convenances, avait pourtant pris une photo aussi intime pour Amélie, et l'avait même laissée la publier sur les réseaux sociaux.

Les doigts de Diane ont tremblé légèrement, et par erreur, elle a appuyé sur le bouton « J'aime » sous le tweet.

Du coin de l'œil, elle a aperçu Théo qui regardait son téléphone, un sourire espiègle se dessinant sur ses lèvres, avant qu'il ne lève les yeux vers elle.

« Tu l'aimes aussi ? » Sa voix, encore marquée par la douche, était basse et rauque, résonnant clairement dans la chambre silencieuse.

Le cœur de Diane a fait un bond. Elle ne s'est pas retournée et ne l'a pas regardé. Elle savait que ses abdos en huit n'étaient pas pour elle.

Elle n'a pas répondu et a rangé son téléphone avant de se lever : « Tu peux dormir, je prends ce lit. »

Lorsqu'elle est passée près de lui, il a attrapé soudainement son poignet avec une telle force qu'elle ne s'y attendait pas, et elle s'est retrouvée dans ses bras, encore humides de la douche.

Au contact de sa peau, une légère décharge électrique a semblé parcourir son corps.

Ils étaient mariés depuis six ans, mais de tels contacts physiques étaient rares entre eux.

Le regard de Théo ne cachait rien, ses pupilles profondes étaient pleines de désir intense.

Son visage séduisant s'est rapproché lentement, et sa chaleur a effleuré sa joue.

Diane pouvait entendre son cœur battre de plus en plus fort.

Au moment où leurs lèvres allaient se frôler, la voix de Théo, basse et envoûtante, a résonné à son oreille : « Diane, il est temps qu'on ait un enfant, tu ne trouves pas ? »

Cette fois, il ne l'a pas forcée, et sa voix, douce et rare, a fait battre le cœur de Diane encore plus fort.

Diane a failli se perdre dans son regard profond, ne comprenant pas ce que signifiait cette douceur soudaine. Ses cils ont légèrement tremblé, prête à dire quelque chose, lorsque soudainement, la sonnerie perçante de son téléphone a retenti.

Théo l'a lâchée instantanément, se tournant rapidement, comme s'il avait été brûlé, pour attraper son téléphone.

Diane a aperçu l'écran du téléphone de Théo, où il y avait un appel de « Chérie ».

Son cerveau a résonné comme un coup de tonnerre.

Théo a décroché le téléphone, et une douceur et une urgence que Diane n'avait jamais entendues se sont faites entendre dans sa voix : « Ne pleure pas, ne t'inquiète pas, dis-moi où tu es. Reste là, ne bouge pas, je suis en route ! »

Il n'a même pas jeté un regard à Diane, a rapidement attrapé ses vêtements, et sa silhouette a disparu dans l'embrasure de la porte aussi vite que le vent.

Lorsque la porte s'est fermée, un silence de mort a régné dans la chambre, et Diane a presque eu l'impression d'entendre les battements de son cœur encore inquiets.