Chapitre 6

Théo n'était pas revenu de la nuit.

Le lendemain, Diane s'est réveillée tôt. Elle a jeté un coup d'œil à son téléphone ; il était à peine six heures.

Les autres personnes au Manoir Laurent dormaient encore, Diane a enfilé sa tenue de sport et est partie courir.

Elle a fait quelques tours autour du Manoir Laurent. La sensation de courir en transpirant ainsi, elle ne l'avait pas ressentie depuis longtemps.

Depuis son mariage avec Théo, sa vie avait tourné autour de lui et de l'entreprise, et le peu de temps libre qu'elle avait, elle le consacrait à Isabelle.

Elle avait rarement pris du temps pour elle-même. En fait, avant de se marier avec Théo, elle aimait pratiquer des sports extrêmes, comme l'escalade, la plongée, le saut à l'élastique et le marathon.

Elle aimait beaucoup toutes les activités qui lui permettaient de bouger et de mettre ses capacités physiques en action.

En reprenant la course, après seulement quelques tours, elle a commencé à se sentir fatiguée.

Elle s'est arrêtée au milieu du chemin pour reprendre son souffle, a bu un peu d'eau et s'est essuyé la sueur de son front.

Le soleil commençait à se lever, l'air devenait légèrement collant. Elle a arrêté de courir et s'est dit intérieurement qu'elle devrait se lever plus tôt la prochaine fois pour courir. Il fallait qu'elle maintienne cet état.

Juste après avoir remis le bouchon de sa bouteille d'eau, Diane a entendu soudainement un souffle haletant derrière elle. Elle s'est retournée, sans avoir le temps de comprendre ce qui se passait, lorsqu'un border collie de grande taille s'est jeté sur elle pour atterrir directement dans ses bras.

Elle a entendu immédiatement la voix d'un homme, profonde et claire, teintée d'une légère réprimande : « Bella, ne saute pas sur les gens. »

Le border collie, nommée Bella, a été éloignée par l'homme, et avant même que Diane n'ait eu le temps de se relever, une main longue et élégante s'est approchée pour l'aider.

Diane a levé les yeux et a croisé le regard profond de l'homme.

« Désolé, Madame, ça fait longtemps que je n'ai pas emmené Bella en promenade. Elle est un peu excitée, j'espère que ça ne vous dérange pas. »

Diane a posé sa main dans la sienne et s'est laissée aider à se relever.

Une fois stable, Diane a regardé l'homme et lui a souri en disant : « Ce n'est rien. »

Sa bouteille d'eau avait été projetée très loin, et alors qu'elle s'apprêtait à aller la récupérer, l'homme a parlé à nouveau.

« Bella, va chercher la bouteille. »

Tout le monde disait que les Border Collies étaient intelligents, et Diane l'avait entendu en ligne, mais ce matin, elle a pu enfin le constater.

Bella semblait avoir compris ce que l'homme avait dit, elle s'est tournée et a rapporté la bouteille d'eau.

Diane n'aimait pas particulièrement les petits animaux, mais à ce moment-là, elle n'a pas pu s'empêcher de s'accroupir et de caresser la tête de Bella. « Tu es vraiment sage, Bella. »

Bella s'est assise à ses pieds, sa langue pendante.

L'homme a souri en disant : « Normalement, elle n'est pas comme ça. »

Diane a ri aussi. « Ce n'est pas grave, elle est vraiment mignonne. »

L'homme a tendu la main. « On dirait qu'on a une certaine affinité, ça vous dirait qu'on fasse connaissance ? »

Diane a souri et s'est retournée. « Pas tout de suite, j'ai des choses à faire. Peut-être une prochaine fois, si le destin le veut. »

Elle n'avait pas l'énergie de rencontrer de nouvelles personnes. Son monde était bien assez petit.

Diane a dit à Bella : « Au revoir, Bella. »

Après ces mots, elle a fait un signe discret à l'homme, a pris sa bouteille d'eau et est partie.

Julien Fontaine a regardé la silhouette de Diane s'éloigner, un éclat indéchiffrable a traversé ses yeux.

Après un long moment, il a esquissé un léger sourire, baissant les yeux vers Bella, et lui a caressé doucement la tête. « Bien joué, Bella. »

Puis, il s'est tourné et est parti dans la direction opposée, accompagné de Bella.

...

Diane est rentrée au Manoir Laurent.

À peine entrée, elle a aperçu la voiture de Théo.

Apparemment, il était déjà de retour.

Diane n'a éprouvé aucune émotion particulière. Il avait dû revenir avant que la grand-mère et les autres ne se réveillent pour ne pas les inquiéter.

Diane n'y a pas prêté attention et s'est dirigée directement vers la salle de bain pour se doucher.

À peine entrée, elle a remarqué la chemise blanche de Théo, posée négligemment sur le bord de la baignoire. Elle n'avait pas l'intention de s'en préoccuper, mais un rapide coup d'œil lui a fait remarquer une empreinte de rouge à lèvres bien visible sur le col, particulièrement frappante.

Les yeux de Diane ont semblé se faire piquer par cette vision. Elle a immédiatement détourné son regard.

Elle s'apprêtait à fermer la porte quand, soudain, Théo est arrivé et a bloqué l'entrée de la salle de bain.

Diane a levé les yeux et a croisé son regard profond.

D'une voix froide, elle a demandé : « Il y a un problème ? »

Théo avait l'air sombre, son visage marqué par une expression de colère : « Tu t'es bien amusée à discuter avec lui ? »

Diane est restée un instant interdite, avant de réaliser que Théo avait vu la scène de tout à l'heure.

Mais elle n'avait pas l'intention de lui expliquer quoi que ce soit. Avec qui elle était et de quoi elle parlait ne le concernait plus.

« C'était plutôt agréable », a répondu Diane.

Théo restait silencieux, ses yeux perçants semblaient avoir une force de dissuasion, et il la regardait ainsi.

Diane a perdu peu à peu patience et l'a repoussé légèrement. « Je vais me doucher, sors. »

Théo n'est pas sorti, au contraire, il s'est engouffré dans la salle de bain et a plaqué Diane contre la porte.

Dans cet espace exigu, le visage de Théo s'est approché soudainement du sien, faisant battre le cœur de Diane comme s'il avait sauté un battement.

Elle a froncé les sourcils et a demandé : « Qu'est-ce que tu fais ? »

Théo a esquissé un sourire. Bien que ses lèvres soient courbées en un sourire, ses yeux ne reflétaient aucune chaleur.

« Qu'est-ce que je fais ? Diane, pourquoi ne pas te poser la question à toi-même. »

Diane le trouvait incompréhensible et n'avait plus envie de lui répondre. « Sors, je vais me doucher. »

Soudain, Théo a saisi ses deux poignets et l'a plaquée contre le mur, son corps se pressant contre le sien.

La chaleur de sa respiration a effleuré le visage de Diane.

« C'est lui la raison pour laquelle tu veux divorcer ? »

Diane s'est sentie un peu déconcertée. Elle a fixé Théo, ne comprenant pas ce qu'il disait. Mais rapidement, elle a compris.

« Diane, n'oublie pas où tu te trouves ! En tant que belle-fille de la famille Laurent, tu te comportes de cette manière sous les yeux des aînés. Tu ne trouves pas cela contraire aux principes de bienséance, d'honneur et de pudeur ? »

Le cœur de Diane s'est serré brusquement, comme si une douleur l'avait traversée.

Ainsi, dans ses yeux, elle était ce genre de personne.

Elle n'avait plus envie d'expliquer quoi que ce soit. Si cela pouvait accélérer le divorce, alors tant mieux.

Son visage restait calme, et sa voix était glaciale, sans la moindre émotion : « Théo, tant que tu signes l'accord de divorce, à partir de ce moment, tout ce que je ferai n'aura plus rien à voir avec la famille Laurent ni avec toi. Cela ne te causera plus aucun tracas. »

Le visage de Théo s'est fermé complètement. Il a saisi brutalement le menton de Diane, ses yeux exprimant une froideur glaciale.

« Tu crois vraiment que je vais faire ce que tu veux ? Quand ton père s'est mis à genoux pour me supplier de t'épouser, pourquoi tu n'as pas pensé qu'un jour on en arriverait là ? »

Les yeux de Diane ont brillé d'un léger éclat. Elle a répondu d'un ton détaché : « On ne peut pas prévoir ce qui se passera dans les années à venir, n'est-ce pas ? »

Diane l'a regardé droit dans les yeux. « Ou alors, tu es tombé amoureux de moi et tu ne veux pas divorcer ? Et Amélie, qu'est-ce qu'elle représente ? »

Théo a ricané froidement. « Diane, tu te fais des illusions. Entre nous, il n'y a que des intérêts, pas de sentiments. Tu aurais dû le savoir dès le début. Tu ne devrais pas t'attendre à autant. »

Diane a fermé les yeux, une vague de fatigue a envahi son cœur.

C'est vrai, elle avait été trop ambitieuse. Elle avait cru qu'en dépit d'un mariage arrangé, si elle y mettait du sien, un jour elle pourrait adoucir son cœur. Mais qu'avait-elle récolté ? Il avait réservé toute sa douceur pour une autre femme.

C'est pourquoi elle ne voulait plus de ce mariage.

« Puisque tu penses de la même manière, signe alors. Je disparaîtrai totalement de ta vie. »

Théo l'a lâchée, a ajusté ses manches d'un geste tranquille, et a dit lentement : « Tu t'es donné tant de mal pour m'épouser, je ne vais pas te laisser partir si facilement. Ne parle plus de divorce. Je ne veux plus l'entendre. Mamie est malade, ne mentionne pas ça devant elle. »

Après avoir dit cela, Théo est sorti de la pièce, et le silence a regagné la salle de bain.

Diane s'est appuyée contre le mur, et son corps s'est laissé lentement glisser vers le sol…