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Chapitre 4 / Partie 2

— Je vais commencer par me présenter.

— Allez-y, quel... est votre nom ? demande-t-il en sortant une feuille et un stylo, mettant de côté son MacBook de dernière génération.

— Je m'appelle Jaliah Fringer.

Ces quatre mots semblent résonner fortement dans la pièce. Ai-je parlé trop fort ? Merde, j'en fais des caisses aux premières phrases, génial. Le patron de la boîte garde ses yeux rivés sur la page vierge, totalement tétanisé. Puis il se redresse et pose son regard sur moi. Vraiment bizarre lui... la beauté n'inclut pas toujours la santé mentale. Il me fait flipper, pourquoi j'ai l'impression qu'il me fusille ? Les gouttes de sueur s'emparent de mon cou et du haut de mon front. Il dénoue légèrement le nœud de sa cravate.

— Jaliah Fringer ? Vous vous moquez de moi ?

— Euh... je vous demande pardon ?

Définitivement fou celui-là. Si ça se trouve, je suis tombée amoureuse d'un gros psychopathe. Je le vois se rétracter et s'enfoncer dans sa chaise. Il m'invite ensuite à poursuivre ma présentation.

— Euh... Je suis actuellement donc en études de Design... en fait, j'en suis à ma dernière année de master direction artistique de la mode. Je tends à devenir une Fashion Designer et répandre mon essence partout dans le monde.

Je jette un coup d'œil à Curtis qui continue de me fixer en tapotant son stylo contre la table d'un rythme régulier. Il fantasme sur moi ou quoi ? Mais pourquoi veut-il que je stresse davantage ?!

— Euh... et donc pour se faire, poursuis-je, j'ai trouvé judicieux de venir jusqu'ici afin de vous proposer ma candidature, qui je pense, serait une erreur de la refuser. Euh... car j'ai des qualités qui permettraient de faire perdurer la prospérité de cette entreprise, grâce à la fraîcheur que j'apporterais, la grâce et la créativité, avancé-je en essayant de ne pas le quitter des yeux.

Je sors, les mains tremblantes, un livre qui regroupe toutes mes créations artistiques faites à l'école et dans son temps libre : mon portfolio ! Je les glisse devant Curtis Miller. Il saisit ce grand cahier et commence à le feuilleter.

Cependant, le minuteur commence à sonner. Merde, merde, merde !

— Mince alors, il est déjà l'heure, dit-il ironiquement en refermant d'une traite le portfolio.

— Monsieur Miller, s'il vous plaît, étudiez mon travail.

— Et pourquoi je vous ferai ce plaisir ?

— Je vous... je vous l'ai dit... je...je... bégayé-je.

— Et voilà que ça recommence, erreur 404 Mademoiselle Fringer ! balance-t-il en rassemblant ses affaires pour partir, laissez tomber vous n'y arriverez pas.

Il finit de prendre ses essentiels outils de travail et se dirige vers la porte. Non ! Je veux ce poste ! Je le désire de tout mon cœur, je sais qu'il n'y aura pas d'autres opportunités comme celle-ci ! Je veux tant montrer mon potentiel, je suis une étoile brillante lambda parmi d'autres, mais je compte ! Il ne va pas me retirer ce que j'aime et ce que j'aspire à faire. Même si je suis la pire créature humaine en termes de savoir-vivre, je sais ce que je vaux, et ça, je serai toujours aussi courageuse pour le clamer haut et fort. 

D'une traite, je me lève se lève de la chaise et interpelle monsieur Miller. Il se retourne pour me faire face. J'attrape mon portfolio et m'avance vers lui. 

— Je vous en prie monsieur Miller... J'ai conscience que votre travail vous prend un temps fou, mais reconsidérez mon travail, je vous en conjure. C'est important pour moi, je sais que j'ai du talent, d'accord ? Donc prenez-le, imploré-je en gardant cette fois-ci le regard rivé dans ses yeux clairs, mais au fond sombre à la fois.

Je lui tends de nouveau le document.

Un instant passe sans que l'un ne dise quelque chose.

Très gênant.

— C'est ok, je vais y jeter un coup d'œil.

Je me retiens de sauter de joie, mais je ne m'empêche pas de sourire. Il reste là, à me regarder avec désolation.

— Quelque chose ne va pas ?

— Non... vous me rappelez quelqu'un.

Je hoche la tête, compréhensive.

— Quelqu'un de très simplet et stupide...

Oh le con...

— Quoiqu'il en soit, merci d'avoir accepté ma demande.

Je souris avec beaucoup de mal, normal : je veux le décimer de cette Terre.

Cependant, je l'avais plutôt bien prédit : ma journée a bien commencé et elle s'est bien terminée

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