ROMÉO(Contemplant le corps de Juliette.) Mon amour! ma femme! La mort qui a sucé le miel de ton haleine n’a pas encore eu de pouvoir sur ta beauté: elle ne t’a pas conquise; la flamme de la beauté est encore toute cramoisie sur tes lèvres et sur tes joues, et le pâle drapeau de la mort n’est pas encore déployé…Scène 23, Acte V, Roméo et Juliette William Shakespeare.CXhroniques du monde d’avant (fragments)La forme de l’appareil se précise au fur et à mesure qu’il approche. Un immense oiseau noir, majestueux et glacé.—C’est un solavion, explique Aylan, il doit venir d’Eden Island.—Pas forcément, réplique Napoléon en mettant sa main en visière pour se protéger du soleil. Sur Hawana, j’ai vu Rosabel descendre d’un appareil identique à celui-ci.—Il faut qu’on en ait le cœur net, dit Aylan en regardant l’appareil se poser un peu plus loin.—Oui, allons v
«Seul l’amour peut garder quelqu’un vivant.»Oscar WildeCXhroniques du monde d’avant (fragments)Elle entend une voix qui murmure son nom. Une voix familière. Chaude. Enveloppante. Elle voudrait voir le visage de celui qui répète inlassablement les mêmes syllabes, mais ses paupières sont lourdes. Si lourdes à soulever. Comme si les muscles de son corps ne lui obéissaient plus. Enfin, au prix d’un effort surhumain, elle parvient à entrouvrir les yeux pour découvrir le visage d’Aylan penché vers le sien. Ses contours sont un peu flottants mais elle sait avec certitude que c’est lui.—Je suis morte? demande Analia en le contemplant rêveusement.Elle voit un léger sourire étirer ses lèvres.—Non, tu es bien vivante, répond-il en se penchant pour caresser délicatement ses cheveux.Elle sent son contact physique. Ses lèvres sur sa peau. Cette main chaude qui vient de s’emparer de la sienne.
«Lorsqu’un homme rêve seul d’un monde meilleur, ce n’est qu’un rêve. Mais lorsque beaucoup d’êtres humains se prennent à rêver ensemble, ce qui n’était qu’un mirage devient peut-être le début d’une nouvelle réalité.»CXhroniques du monde d’avant (fragments)—Mon nom est Yola et, au nom du comité d’Eden Island, je vous souhaite à tous la bienvenue sur notre archipel, déclare la grande femme noire à l’assemblée réunie autour d’elle.Les autres membres du comité des sages se tiennent derrière elle, immobiles, dans leurs uniformes noirs. Analia qui est assise entre Alexandre et Aylan observe les personnes présentes dans l’assemblée. Anabel est là, vêtue de sa robe noire ornée d’un collier de perles. Il y a aussi les gouverneurs de différentes îles: le dirigeant d’Hawana avec sa moustache parfaitement taillée puis un homme nommé Oren, dont Aylan lui a précisé qu’il était le chef de son île. Garance est également présente.—&
«Il est grand temps de rallumer les étoiles.»Guillaume ApollinaireCXhroniques du monde d’avant (fragments)—Vous vouliez me voir? demande Analia à Yola qui se tient devant elle dans une longue tunique dorée qui semble inspirée de la couleur de ses yeux.—Oui, répond la femme aux yeux d’or. Un évènement très important va avoir lieu aujourd’hui et il est impératif que tu y assistes. Viens avec moi.Sans plus d’explications, elle invite Analia à la suivre dans l’ascenseur. La descente dure longtemps.—Où m’emmenez-vous? demande l’adolescente.Analia songe soudain à Eléa2, dont Shani lui a dit qu’elle était emprisonnée dans la partie immergée de l’archipel.—J’espère qu’on ne va pas rendre visite à Eléa2 car je n’ai pas la moindre envie de voir quelqu’un qui a cru bon de m’abandonner au milieu des déchets!
Hana s’est beaucoup promenée dans les livres des autres. C’est avec un plaisir sans mélange et une curiosité toujours intacte qu’elle a visité différents univers et fait la rencontre de nombreux personnages…Et c’est tout naturellement qu’elle a eu envie de passer de l’autre côté du miroir et d’inventer son propre monde pour inviter à son tour les lecteurs à voyager dans les pages de ses histoires. Elle a commencé par de courtes promenades sous forme de nouvelles avant d’oser se lancer dans l’écriture d’un grand voyage imaginaire…À Denis,À ma mère,
Les yeux levés vers le ciel, elle ne peut s’empêcher d’espérer encore. Même si la trappe vient de se refermer. Même si l’appareil commence déjà à s’élever lentement. Même s’il est désormais évident qu’il a choisi de l’abandonner là, seule au milieu des déchets. Et quand cette insupportable réalité parvient enfin à se frayer un chemin dans les ramifications de son cerveau réfractaire, la douleur explose en milliers d’éclats qui semblent transpercer chacun de ses organes. Au moment où elle s’effondre sur le sol, il lui semble pourtant entendre une voix qui hurle son nom, mais sans doute n’est-ce que l’écho de son propre cri…
Son corps inerte est comme une épave échouée au milieu des déchets. Même si son instinct de survie lui hurle qu’elle doit s’extirper de ce néant vaporeux semblable à un cocon protecteur, son esprit embrumé se cabre à la perspective d’ouvrir les yeux. À quoi bon se battre encore? Pourquoi ne pas simplement se laisser aller? Garder les yeux fermés et se laisser doucement dériver jusqu’à ce que la vie finisse par l’abandonner tout à fait. Cesser de lutter, se résigner, admettre sa défaite et considérer que la partie est terminée. Seule. Désespérément seule. Sans la moindre énergie pour affronter cet univers hostile.Pourtant son cœur répugne à s’arrêter. Sa poitrine continue à se soulever douloureusement. Un élancement sourd lui vrille le crâne, ses doigts tentent de bouger, sa langue essaie vainement d’humidifier ses lèvres asséchées. Même si son corps semble réduit à une immense plaie, chacun de ses membres se rebelle à l’idée d’abandonner. Mais ses paupières
«Les monstres sont tapis dans l’ombre. Ils attendent que leur jour soit venu, alors ils surgiront des entrailles de la Terre pour parachever l’œuvre de destruction que nous avons nous-mêmes initiée»CXhroniques du monde d’avant (fragments)—Saloperie, tu vas dégager avant que je te fasse griller! Disparais! Allez ouste! hurle une voix surgie de nulle part.Au même instant, une atroce odeur de brûlé emplit les narines de l’adolescente et l’ignoble gueule garnie de pointes se rétracte pour disparaître de son champ de vision.—C’est ça, saloperie, dégage, retourne dans ta bourbe!La voix qui parvient à ses oreilles est rugueuse et âpre, mais il lui semble pourtant discerner une tonalité féminine. Soudain un visage à la peau cuivrée se penche vers elle. C’est celui d’une femme dont la peau est ravinée de profondes rides. Ses yeux sont si sombres que l’iris se confond avec la pupille en un uniq