Nous ne sommes plus que quatre à table, ce midi. Trois, si on compte le fait que Lily et moi agissons comme si l’autre n’existait pas. Alice et Guillaume ont finalement pris la route ce matin. De ce que j’ai compris, ils ne passeront pas les fêtes dans leurs familles respectives cette année, mais chez les parents d’Alice. Je suspecte Guillaume de ne pas vouloir la lâcher d’une semelle pour le moment, d’autant plus depuis la dernière mission d’Alice et Lucas qui s’est révélée être un fiasco. Je trouve pour ma part que c’est une excellente idée: bien que nos séances de spa se soient révélées moins régulières que par le passé, nos rares échanges m’ont aidée à comprendre que quelque chose n’allait effectivement pas de son côté. Il ne me reste plus qu’à espérer que son séjour en famille lui fera le plus grand bien; autrement, je devrai me débrouiller pour mettre de l’ordre dans cette histoire avant mon grand départ.Entre l’absence d’Alice et Guillaume, le séjour de Julie
Après dix jours de tranquillité absolue ponctuée d’une demi-douzaine de missions au cours desquelles mon attention angélique a chuté de manière exponentielle, Lucas et moi nous retrouvons confrontés au retour des vacanciers. En comparaison avec le calme apaisant dont nous avons largement profité depuis Noël, le manoir prend aujourd’hui des airs de ruche bourdonnante.Je parcours le couloir du premier étage sans ressentir la moindre irritation face aux regards curieux qui continuent de peser sur moi. Cette bulle de bonheur en compagnie de Lucas m’a au moins révélé une chose: profiter de la compagnie de mes proches est la seule chose qui compte. D’autant plus que je me sens animée d’une fougue telle que rien ne parviendra à étioler le sourire placardé sur mon visage depuis mon réveil. Je ne pensais pas qu’une simple soirée aurait cet effet sur moi, et pourtant me voilà à acclamer l’arrivée du vingt-sept décembre avec la même excitation qu’Alice l’année précédente.—&n
Je patiente devant la salle animée lorsque Lucas me saisit par la taille pour déposer ses lèvres sur mon épaule dénudée. Fidèle à ma parole, j’ai réussi à mettre la main sur la robe bustier bordeaux ornée de dentelle noire qu’il tenait absolument à me voir porter ce soir; il en ira bientôt de même avec la seconde promesse que je respecterai d’ici quelques heures: Lucas n’affrontera pas la cruauté de mon oncle une nuit de plus.Armée de cette détermination, j’aborde la fête de l’Organisation d’une tout autre manière que la veille au matin. Suite aux changements de variables notables de cette nuit, il est évident que cette soirée sera ma dernière en tant que Singulière et je tiens à en profiter un maximum malgré le trou noir qui a pris naissance en moi pour engloutir progressivement mes organes.Notre entrée sur la fin de Every breath you take n’est pas sans ironie. Je me laisse guider par le bras de Lucas tandis que nous zigzaguons parmi la foule pour atteindre
Plus tôt sur Hemera.Loki n’était pas serein, loin de là. Sa récente discussion avec le Haut-Juge empestait la trahison et le déshonneur; raison pour laquelle il préférait encore marcher pour méditer au calme, plutôt que de se rendre chez les Vanael en un battement d’ailes. Autrefois, l’Ange Gardien se serait contenté d’approuver les ordres d’un simple hochement de tête. Ce jour-là, il ne parvenait à ignorer la petite voix qui lui répétait à quel point il regretterait de se comporter en soldat discipliné.—Loki? s’étonna Milo lorsqu’il ouvrit sa porte pour inviter l’Ange à entrer. Sois le bienvenu.Loki fit un petit tour d’inspection une fois parvenu dans le salon, salua poliment Lucie et Axel et s’inquiéta de trouver les deux indésirables d’Hemera sur un fauteuil des Vanael.—Que font-ils encore ici? s’informa-t-il en désignant le couple d’un signe de tête.Milo, qui avait suivi son invité de près, se racl
Sept mois et demi plus tard.Je laisse Lucas ouvrir le chemin devant moi. Le personnel hospitalier nous reluque avec amusement: bien que nous ayons pris le temps de nous changer après que Maël se soit précipité pour nous annoncer la nouvelle à notre retour de mission, quelques brindilles de paille dépassent toujours des cheveux hérissés de mon compagnon et je devine qu’il en va de même pour le chignon lâche qui ballotte au-dessus de ma tête.—Ces maudits hôpitaux se ressemblent tous, grommelle mon équipier. On ne s’y retrouvera jamais!—On nous a dit tout de suite à gauche après la salle des infirmiers. Tiens, c’est ici.Sans prendre garde au numéro affiché près de la chambre en question, j’en viens vite à rougir d’embarras et à refermer ladite porte tout de suite après être tombée nez à nez avec un couple tout aussi surpris que moi.—Mille pardons! Ce n’était pas eux,
21 août 2001Aurora Ignac avançait d’un pas déterminé, ses longs cheveux blonds ondulant dans son dos tels une traîne royale. Elle ne connaissait pas très bien les lieux, si bien qu’elle se laissait guider par l’essence toxique que Clarissa Vanael avait laissée derrière elle. Si elle ne s’occupait pas rapidement de son cas, l’Ange Noir serait bientôt capable d’étendre sa nocivité sur le monde terrestre; et cela, il en était hors de question.Aurora parvint enfin au bout de cet interminable couloir blanc. La porte qui lui faisait face laissait échapper, par ses interstices, une faible lumière couleur lilas–preuve que le confinement angélique faisait encore effet. Bien, elle n’était pas arrivée trop tard.La porte s’ouvrit sur un homme d’une quarantaine d’années qui se présenta sous le nom de Josias Marvan. Son air grave et maladif en disait long sur ce qu’il pensait de la situation. Faible mortel.—Vous pouvez sortir si la situation
Avril 2017—Comment ça, au revoir? Allyn, que veux-tu dire par là exactement? Et qu’as-tu fait à tes cheveux? Et tes yeux!J’inspire un bon coup, tente tant bien que mal d’ignorer la présence imposante de Curtis dans mon dos et plonge mon regard dans les iris ambrés d’Emma. Ma pauvre tutrice ne sait pas où donner de la tête entre l’étrange individu qui m’accompagne et ma petite personne, surtout depuis que je lui ai lâché la triste bombe qui nous afflige tous depuis vingt-quatre heures.—Tu te souviens de ce que tu m’as raconté à Noël? De ce que papa avait expliqué à Axel à l’heure de sa mort?—Oui, mais je ne vois pas ce que…—Ça s’est produit, Emma. Mon héritage m’est tombé dessus sans que je demande quoi que ce soit.—Allyn, je t’en prie. Axel délirait. Il n’avait que neuf ans.—Axel allait parfaitement bien et tu le sais, affirmé-je aussi doucement que po
Au vu des antécédents bien connus de Lucas Harper, on aurait pu croire que ce dernier réagirait avec colère suite au départ d’Allyn. Ce fut pourtant tout le contraire.Dans les premiers jours, Lucas se contenta de naviguer dans ses activités avec une léthargie proche de la nonchalance et du «je-m’en-foutisme». Lorsqu’il se trouvait à la cafétéria, il ne participait jamais aux conversations, et ce, même quand on le sollicitait directement. Quant à la bibliothèque, il n’y avait pas encore remis les pieds. Alice, sa nouvelle coéquipière toute désignée, n’avait pas non plus cherché à le motiver. Bien trop déroutée par les disparitions brutales et rapprochées de ses deux meilleurs amis, la jeune femme se contentait de vivre au jour le jour comme l’unique survivante d’une guerre meurtrière.Leurs autres camarades, quoique plus loquaces, n’en menaient pas plus large; Enzo étant le plus touché d’entre eux par les adieux d’Allyn. Ayant toujours éprouvé un faible