Je passe le week-end avec Sarah et laisse Maud profiter de la présence de son amie. Elles ont passé leur samedi après-midi à faire du shopping sans rien rapporter et nous ont honorées de leur présence pour le dîner.Les choses se sont apaisées entre Caroline et moi, la nuit a calmé mon animosité et j’ai fini par accepter qu’il ne s’agissait que d’une maladresse de sa part. Pour autant, je les laisse partager un dernier verre entre elles et m’échappe pour aller coucher Sarah. Car s’il y a bien un bon côté à accorder du temps de liberté à Maud, c’est celui de passer plus de temps en tête à tête avec la petite fille, et il me semble que cela lui fait autant plaisir à elle qu’à moi.Le lendemain matin, j’emmène Sarah dans un parc, et à notre retour pour le déjeuner, les filles sont sorties. Un mot de Maud laissé sur la table me signale qu’elles sont parties en balade et ne reviendront qu’en milieu d’après-midi. Sarah ne se plaint pas de l’absence de sa mère et je ressens cela
Après quelques minutes de réflexion, je rejoins la maison et constate que Maud a rejoint Sarah à l’étage. Je me sers un verre d’eau, autrefois j’aurais pris un whisky dans un moment pareil, mais j’arrive maintenant à m’en passer. Maud doit m’entendre, car elle descend et me retrouve dans la cuisine.—J’imagine à quel point ce doit être difficile, dit-elle, seulement il faut que tu te fasses violence.—Pourquoi? Aider ma fille coincée entre deux mondes? L’aider à mourir définitivement?—L’aider à trouver la paix.—Maud… je sais que tu veux bien faire, sauf que je ne crois pas un mot de ce que ce sorcier t’a dit!—Je sais, j’ai quand même besoin que tu me dises ce que tu sais.—OK, qu’est-ce que tu veux savoir?—Sais-tu comment s’est déclaré l’incendie?—Je n’en sais rien, j’imagine qu’il y a eu un court-circuit au niveau de la batterie et que cela a
La plage la plus proche ne se trouve qu’à une bonne heure de la maison. Cela nous permet de prendre notre temps au réveil, et d’arriver là-bas avant l’heure du déjeuner. Sarah est ravie, car bien que pas trop éloignés de la mer, nous ne nous y rendons jamais. J’y allais pourtant régulièrement autrefois, Eléanore et Célia adoraient ça.C’est pourquoi je ressens un pincement en descendant de la voiture et en foulant le sable, mais cela se dissipe avec les rires de Sarah. Cette petite me fait beaucoup de bien. Et j’ai l’impression que sa joie de vivre est plus forte lorsque mon moral est au beau fixe, alors cela m’encourage à faire des efforts.Maud et moi nous installons sur deux draps de bain, tandis que Sarah a déjà les pieds dans l’eau. Je regarde Maud du coin de l’œil, elle porte un maillot deux-pièces orange qui est à son avantage sur sa peau métissée, elle est magnifique. Je m’allonge sur le ventre et repense à sa déclaration de la veille. Imaginer l’avenir avec elle
Je n’étais au départ pas enthousiasmé par le fait que les filles fouillent dans cette histoire qui est la mienne, et je doute que cela nous éclaire réellement sur les cauchemars de Sarah. Mais je ne suis finalement plus contre en apprendre davantage. Alors j’attends avec Maud d’autres nouvelles de Caroline, seulement elle n’en donne pas et leur dernier échange date de trois jours.Je suis avachi sur le canapé, Maud a la tête posée contre mon épaule, et nous visionnons une série lorsqu’elle me propose de relancer son amie.—Non, laisse-lui du temps, dis-je, elle a son boulot à côté.Et puis Sarah ne fait plus de cauchemars. Du moins jusqu’à ce moment-là, car Maud soulève brusquement la tête.—Quoi? demandé-je.Elle me fait signe de me taire et elle éteint la télévision. Des bruits proviennent de l’étage, et Maud saute du canapé. Car depuis la première expérience de somnambulisme de Sarah datant de la semaine précédente, Maud nourrit l
—De quoi te souviens-tu, Sarah? demandé-je.La fillette se réveille difficilement. Maud est à côté et comme moi, attend la réponse de sa fille.—Sarah, est-ce que ça va? insisté-je.Elle acquiesce avant de s’inquiéter:—J’ai parlé pendant que je dormais?—Tu étais assise dans ton lit, s’exclame Maud.Et elle l’est toujours, Sarah n’a pas changé de position depuis que sa mère l’a réveillée en lui posant les mains sur le visage.—Tu as dit te nommer Elise, dis-je, tu t’en souviens?—Non.—De quoi te rappelles-tu? l’interroge Maud.—Que j’ai été me coucher, j’ai eu du mal à m’endormir…—Et ensuite?—C’est tout.—Tu ne te souviens pas avoir rêvé? demandé-je.—Non.—OK, ce n’est rien, murmure Maud en la prenant dans les bras.C’est sa deuxième crise de somn
Durant le déjeuner, nous discutons avec Maud de Frédéric Fabre, de sa femme et de sa fille. Nous prononçons volontairement leurs prénoms afin de discerner chez Sarah la moindre réaction ou souvenir remonté à la surface. Mais rien. La fillette ne réagit pas et reste concentrée sur son assiette de légumes qu’elle rechigne à manger.—Tu as une Elise dans ton école? demande Maud.—Maman, je t’ai déjà dit que je ne connaissais pas d’Elise.—Pourtant il me semble bien qu’il y en a une en CM1 ou en CM2, non?—Je ne crois pas. En tout cas s’il y en a une, je ne la connais pas.Depuis l’échange téléphonique avec Caroline, nous nous efforçons, Maud et moi, de trouver une raison plus rationnelle aux phrases nocturnes de Sarah. Seulement nous n’avons pas trouvé d’autre Elise que la fille de l’ancien ministre.Cette histoire est de plus en plus étrange, j’en viens à me poser trop de questions. Des questions gênantes sur l
Caroline arrive comme elle l’avait annoncé. Nous n’avons rien prévu de spécial, mais le réfrigérateur est plein de petites choses pouvant agrémenter un apéritif dînatoire. Après nous avoir salués, la reporter se dirige aussitôt vers la chambre d’amis et enchaîne par un passage par la salle de bains. Maud et moi attendons avec impatience les «choses louches» qu’elle a à nous apprendre. Sauf que Sarah est avec nous, notre curiosité va donc devoir se contenir un moment, car nous souhaitons au possible éviter d’aborder ce sujet en sa présence.Caroline sort de sa douche seulement vêtue d’un short et d’un débardeur.—Tu es en mode vacances, l’accueille Maud.—En mode week-end à la campagne, lui répond-elle. Et j’espère qu’il va faire beau, parce que comme tu le vois, j’ai besoin de bronzer.Elle arbore une jolie paire de jambes, longues et fines, mais qui font pâle figure à côté de celles dorées de Maud.Nous nous installons tous le
Caroline est repartie aussi tard qu’elle le pouvait, après avoir passé notre après-midi à réfléchir et échanger sur la terrasse. Nous sommes tous d’accord sur le fait que le comportement des Fabre est louche, que tout semble coïncider avec la date de l’accident, et qu’il peut donc y avoir un lien avec les rêves de Sarah. Seulement ce dernier point demande de nouvelles investigations afin de le confirmer.Alors nous avons abordé plusieurs options pour avancer, je peux insister par téléphone pour tenter d’obtenir une entrevue, au risque de me retrouver avec une plainte pour harcèlement. Et harcèlement sur un homme de cette stature, c’est risqué. L’autre option serait d’engager un détective privé, rémunéré, il ne se poserait pas la question de la véracité des faits et se contenterait d’enquêter. Caroline va se renseigner, et nous en ferons de même de notre côté. La dernière option serait de continuer d’enquêter par nous-mêmes, mais il va nous falloir espionner les allées et venues