Je suis réveillée par le vibreur de mon portable. En consultant ce dernier, je m’aperçois que Roxana a plusieurs fois tenté de m’appeler. Elle m’a aussi envoyé un message pour m’informer qu’elle et le reste du groupe passeraient me prendre à quatorze heures afin de passer l’après-midi au parc. Je jette un coup d’œil à l’horloge du salon et me rend compte qu’il ne me reste plus que quinze minutes avant qu’ils n’arrivent. Je monte directement dans ma chambre, sans me soucier du fait que je me suis réveillée dans le salon. J’étais si fatiguée que j’ai dû m’endormir sur le canapé. Je me prépare en vitesse, surveillant l’heure du coin de l’œil. Dans ma hâte, je casse le manche de ma brosse à cheveux et cause un renfoncement dans le mur lorsque j’ouvre la porte de mon armoire. C’est quoi ce délire ? Je reste là, les bras ballants, sans trop comprendre ce qui m’arrive. Et puis la sonnette retentit. J’enfile mes vêtements aussi vite que je peux et dévale les escaliers pour ouvrir la porte. Rap
Une lumière blanche et aveuglante éclaire la totalité de la pièce. Je cligne plusieurs fois des paupières pour m’acclimater à celle-ci, observant minutieusement l’environnement qui m’entoure. Ne s’y trouvent que des lits. Des lits blancs, entre des murs blancs, sur un sol blanc, et sous un plafond blanc. Je comprends d’emblée où je me trouve. Dans une infirmerie. Je déteste les infirmeries. Cette couleur omniprésente qui rappelle l’hôpital me fait froid dans le dos. Je jette un rapide coup d’œil angoissé à ma tenue, constatant avec soulagement que je porte exactement les mêmes vêtements que lorsque je suis arrivée ici. Personne ne m’a enfilé une espèce de blouse horrible. Dieu merci. Je me relève lentement, puis pivote mes jambes sur la gauche afin de me lever de ce lit sur lequel j’ai l’impression d’être retenue depuis des lustres. Je touche du bout de mes baskets le sol, m’apprêtant à y appuyer tout mon poids, lorsque la porte de l’infirmerie s’ouvre brusquement derrière moi.
Apolline me fait traverser un long couloir dallé de noir et de blanc, recouvert d’un épais tapis de velours rouge. Elle fait coulisser une porte de la même couleur, et nous voilà arrivées dans une pièce en coupole. Quelques pans de murs blancs sont présents, mais le reste n’est que fenêtre donnant sur la flore extérieure. Du moins, c’est ce que je suppose. Puisqu’il fait nuit, je ne vois pas grand-chose. Je me contente donc de contempler le ciel noir, constatant avec étonnement qu’il n’y a pas d’étoiles. Ce monde en est dépourvu. L’atmosphère pourrait sembler triste et isolée de tout, mais au contraire, j’ai l’impression d’être plongée dans un monde abyssal regorgeant de mystères tous plus étranges les uns que les autres.—Nous sommes dans la salle d’attente, m’explique Apolline. Derrière la porte rouge là-bas au fond, se trouve le Siège. C’est ici que notre reine passe la plupart de son temps. C’est d’ici qu’elle dirige, qu’elle donne des ordres aux soldats protégeant le
—C’est elle ? demande un garçon aux cheveux roux bouclés.Bizarrement, il me rappelle quelqu’un, mais je n’arrive pas à savoir qui. À ses côtés, je remarque une fille avec la même couleur de cheveux. Ils lui arrivent jusqu’aux épaules. Les deux Surnaturels ont les mêmes petits yeux rouges et le même nez retroussé. Ils sont frères et sœurs, cela ne fait quasiment aucun doute.—Oui, c’est elle, confirme Apolline à côté de moi. Elle s’appelle Evalina.Comme quand j’étais au Siège, l’annonce de mon prénom jette un froid dans la salle. Les six autres Surnaturels laissent leur jeu de cartes à l’abandon et me fixent de leurs yeux carmin étincelants. Je ne sais plus où me mettre. Qu’est-ce qu’ils ont tous avec mon prénom, à la fin ? Je suis tentée de le leur demander, mais je me ravise. Pour le moment, il vaut mieux que je garde ça pour moi. Je leur poserai la question lorsqu’il y aura moins de tension.Un garçon aux cheveux bruns lève ses yeux vers Angi
De petits picotements à peine perceptibles s’immiscent sous ma peau, d’abord très légers, puis de plus en plus intense, jusqu’à ce qu’une décharge électrique me réveille en sursaut. Je bondis hors de mon lit, tous les sens aux aguets, parcourant la pièce du regard pour essayer d’en trouver l’origine. La veille, Cassie m’avait dit qu’elle détenait le pouvoir de la décharge électrique. Sauf que là, je ne la vois nulle part. Elle n’est pas dans ma chambre. Et puis, pourquoi aurait-elle fait une chose pareille ? On ne réveille pas les gens ainsi ! Je jette un coup d’œil à ma petite montre en argent, celle que j’avais eue pour mes quinze ans. Je revois alors le visage de mes parents quand ils me l’avaient offerte, les yeux pétillants de joie à l’idée de me faire ce cadeau. Et ce petit souvenir est suffisant pour ouvrir les vannes. Les larmes coulent sur mon visage sans que je cherche à les retenir. Je suis orpheline. Jamais je n’aurais cru dire ça un jour. Tout ce qu’il me reste d’eux, c’es
Je n’arrive pas à détacher mes yeux de cette silhouette longiligne qui s’avance vers nous. À première vue, on pourrait la prendre pour une humaine tout à fait normale. Mais lorsqu’elle se rapproche, les différences se font visibles. Elle possède une peau si blanche que je pourrais presque me croire métisse alors que c’est loin d’être le cas. Elle est non seulement d’une blancheur cadavérique, mais elle brille, telle des milliers de petits diamants incrustés sous sa peau. Ses cheveux sont immaculés, comme si une fine couche de neige s’y était déposée. Ils sont ramenés en une tresse parfaite où pas un seul cheveu ne dépasse, le tout descendant jusqu’à ses pieds. Elle marche d’un pas assuré, comme si le terme hésiter ne faisait pas partie de son vocabulaire. Elle est vêtue d’une robe blanche à manches longues, très serrée, qui lui arrive aux chevilles. D’après ce que je vois, elle doit faire un bon mètre quatre-vingt, mais cela ne l’empêche pas de porter tout de même de grandes bottes à t
Je me trouve dans la salle d’attente. Ou du moins, une pièce en coupole lumineuse où je suis censée patienter afin que la reine me reçoive. Qu’elle veuille s’entretenir avec moi me fait un peu peur. Je ne vois pas de quoi elle souhaite me parler. Je pensais que l’on s’était tout dit, hier. Peut-être que la reine a décidé de me réprimander pour mon impertinence envers Angie ? D’ailleurs, celui-ci est adossé contre l’un des murs en verre en face de moi. Il est comme d’habitude. Bras croisés, visage impassible, regard posé sur ma silhouette sans la moindre trace d’émotion. À croire que notre échange dans le Jardin Abyssal n’a jamais eu lieu. Soudain, il tourne la tête vers la gauche. Des bruits de pas nous parviennent de derrière la porte. Puis celle-ci coulisse sur l’un des gardes royaux vêtus d’une armure entièrement noire, qui nous invite à entrer au Siège. Angie me fait signe de le suivre, et je m’avance donc derrière lui jusqu’à cet immense fauteuil doré, où la reine est confortablem
Je suis pétrifiée sur place. Incapable de bouger. Mes jambes se mettent à trembler sans que je ne puisse les contrôler, et mes bras tiennent comme ils peuvent le petit Ethan. Je ne sais pas ce que je dois faire. Je ne sais pas pourquoi cette dame m’a confié son enfant. Je ne sais pas si ce que je vois quelques mètres plus loin en face de moi est réel ou pas. J’aimerais tellement que ce soit un cauchemar et me réveiller. Mais je sais que ce n’en est pas un. Les pleurs d’Ethan me le confirment. Je ne peux pas détacher mes yeux de ces six créatures monstrueuses. Comment de telles choses peuvent-elles exister ?Soudain, un cri me perce les tympans. Ce n’est pas le cri guttural provenant de l’un des monstres, non. C’est Ethan qui hurle dans mes oreilles. Il se met à gesticuler dans tous les sens, essayant de s’échapper de mes bras pour aller rejoindre ceux de sa maman. Je m’apprête à le rendre à sa mère, mais cette dernière me fait un non catégorique de la tête. Pourquoi refuse-t-ell