De petits picotements à peine perceptibles s’immiscent sous ma peau, d’abord très légers, puis de plus en plus intense, jusqu’à ce qu’une décharge électrique me réveille en sursaut. Je bondis hors de mon lit, tous les sens aux aguets, parcourant la pièce du regard pour essayer d’en trouver l’origine. La veille, Cassie m’avait dit qu’elle détenait le pouvoir de la décharge électrique. Sauf que là, je ne la vois nulle part. Elle n’est pas dans ma chambre. Et puis, pourquoi aurait-elle fait une chose pareille ? On ne réveille pas les gens ainsi ! Je jette un coup d’œil à ma petite montre en argent, celle que j’avais eue pour mes quinze ans. Je revois alors le visage de mes parents quand ils me l’avaient offerte, les yeux pétillants de joie à l’idée de me faire ce cadeau. Et ce petit souvenir est suffisant pour ouvrir les vannes. Les larmes coulent sur mon visage sans que je cherche à les retenir. Je suis orpheline. Jamais je n’aurais cru dire ça un jour. Tout ce qu’il me reste d’eux, c’es
Je n’arrive pas à détacher mes yeux de cette silhouette longiligne qui s’avance vers nous. À première vue, on pourrait la prendre pour une humaine tout à fait normale. Mais lorsqu’elle se rapproche, les différences se font visibles. Elle possède une peau si blanche que je pourrais presque me croire métisse alors que c’est loin d’être le cas. Elle est non seulement d’une blancheur cadavérique, mais elle brille, telle des milliers de petits diamants incrustés sous sa peau. Ses cheveux sont immaculés, comme si une fine couche de neige s’y était déposée. Ils sont ramenés en une tresse parfaite où pas un seul cheveu ne dépasse, le tout descendant jusqu’à ses pieds. Elle marche d’un pas assuré, comme si le terme hésiter ne faisait pas partie de son vocabulaire. Elle est vêtue d’une robe blanche à manches longues, très serrée, qui lui arrive aux chevilles. D’après ce que je vois, elle doit faire un bon mètre quatre-vingt, mais cela ne l’empêche pas de porter tout de même de grandes bottes à t
Je me trouve dans la salle d’attente. Ou du moins, une pièce en coupole lumineuse où je suis censée patienter afin que la reine me reçoive. Qu’elle veuille s’entretenir avec moi me fait un peu peur. Je ne vois pas de quoi elle souhaite me parler. Je pensais que l’on s’était tout dit, hier. Peut-être que la reine a décidé de me réprimander pour mon impertinence envers Angie ? D’ailleurs, celui-ci est adossé contre l’un des murs en verre en face de moi. Il est comme d’habitude. Bras croisés, visage impassible, regard posé sur ma silhouette sans la moindre trace d’émotion. À croire que notre échange dans le Jardin Abyssal n’a jamais eu lieu. Soudain, il tourne la tête vers la gauche. Des bruits de pas nous parviennent de derrière la porte. Puis celle-ci coulisse sur l’un des gardes royaux vêtus d’une armure entièrement noire, qui nous invite à entrer au Siège. Angie me fait signe de le suivre, et je m’avance donc derrière lui jusqu’à cet immense fauteuil doré, où la reine est confortablem
Je suis pétrifiée sur place. Incapable de bouger. Mes jambes se mettent à trembler sans que je ne puisse les contrôler, et mes bras tiennent comme ils peuvent le petit Ethan. Je ne sais pas ce que je dois faire. Je ne sais pas pourquoi cette dame m’a confié son enfant. Je ne sais pas si ce que je vois quelques mètres plus loin en face de moi est réel ou pas. J’aimerais tellement que ce soit un cauchemar et me réveiller. Mais je sais que ce n’en est pas un. Les pleurs d’Ethan me le confirment. Je ne peux pas détacher mes yeux de ces six créatures monstrueuses. Comment de telles choses peuvent-elles exister ?Soudain, un cri me perce les tympans. Ce n’est pas le cri guttural provenant de l’un des monstres, non. C’est Ethan qui hurle dans mes oreilles. Il se met à gesticuler dans tous les sens, essayant de s’échapper de mes bras pour aller rejoindre ceux de sa maman. Je m’apprête à le rendre à sa mère, mais cette dernière me fait un non catégorique de la tête. Pourquoi refuse-t-ell
Un peu plus d’une semaine s’est écoulée depuis la bataille. Un mois réturien que je suis ici. Bon, pour moi cela fait presque deux semaines. Mais ici, un mois équivaut à quatorze jours. Tout me paraît extrêmement long. J’ai passé ces derniers temps allongée sur le lit de la chambre que l’on m’a attribué, à compter les secondes qui s’écoulent. Chaque fois que j’entends le tic ou bien le tac de ma montre, je cligne des yeux. Pourquoi ? Aucune idée. Je ne fais que ça de mes journées. Je ne sors de ma chambre que pour aller manger. Concernant le reste, il y a tout ce qu’il me faut dans mes appartements. Je n’adresse la parole à personne. C’est comme si j’en étais encore au même point qu’à mon arrivée ici. Je ne connais pas les Surnaturels. Je n’ai pas appris à les connaître et je n’en ai pas vraiment envie. La reine croit que je suis en phase de dépression suite au décès de mes parents et au dépaysement. Et elle n’a peut-être pas tout à fait tort. Moi qui déteste verser une larme, je pleur
Tout est noir. L’obscurité enveloppe chaque recoin de la pièce. Je ne vois rien. Je suis perdue. Personne ne viendra me sauver. Il ne me reste plus qu’à attendre la mort imminente. Elle est là, tapie dans l’un des recoins sombres. Elle n’attend plus que moi. Seulement, je ne suis pas encore prête. Je ressens la faim, le froid, la fatigue, et ce vide abyssal qui ne me quitte plus. Je ne veux pas partir. J’ignore pourquoi… L’espoir ? Je n’ai pourtant plus rien à attendre de cette misérable vie qu’est la mienne. Il ne me reste plus rien. Plus rien auquel je puisse me raccrocher. Et soudain, un cri. Sortis de nulle part, mais bel et bien là. Un cri déchirant, reflétant une douleur si grande, si épouvantable. Le cri d’une jeune fille. Plus précisément, d’une jeune fille de treize ans que je ne connais que trop bien.—Tessia ! crié-je, à m’en déchirer les poumons.Rien. Rien que ce hurlement déchirant. J’aimerais tant me relever et courir jusqu’à la source du cri ! Mais j
—Elle se réveille !J’ouvre lentement mes paupières, aveuglée par la lumière blanche de la pièce où je me trouve. Je mets un certain temps avant de comprendre que je suis de retour à l’infirmerie. Je distingue de longs cheveux lisses et noir de jais penchés sur moi, j’en conclus donc qu’il s’agit d’Apolline. À ses côtés, une silhouette plus petite... c’est Cassie. Je tente de me relever du lit où je me trouve, mais une douleur lancinante dans le dos me fait esquisser une grimace et je me rallonge immédiatement.—Ne te relève pas si vite, tu vas te faire mal ! s’écrie Apolline.—Je crois que c’est déjà fait, rigole Cassie. Pardon, je sais que ce n’est pas drôle du tout ! Mais je ne peux pas m’empêcher de rire, c’est plus fort que moi ! pouffe-t-elle à nouveau.—Cassie ! Franchement ! Je ne vois vraiment pas ce que tu trouves de drôle là-dedans ! la gronde sa sœur. Evalina est restée dans le coma deux jours entiers à cause d’un violent
Je fixe la reine, abasourdie. Moi, une Gémone ? Mais ce royaume est encore plus dingue que je l’imaginais ! Candélaria est en train de me faire comprendre que tous leurs espoirs reposent sur moi, la fille qui est née sur Terre, qui ne connaît absolument aucune technique de combat, qui est essoufflée rien qu’en montant des escaliers, et qui tourne de l’œil à la première goutte de sang ! Je suis censée me battre et exterminer un être démoniaque ? Je ne suis pas une machine à tuer ! Ils ne peuvent pas m’utiliser comme ils le veulent et quand ça leur chante ! Moi qui tenais absolument à connaître la vérité, désormais, je ferais volontiers marche arrière. Je ne veux plus rien savoir ! Je veux tout oublier !—Si tu as des questions, ma chère, c’est le moment de les poser, me conseille la reine. Je me doute que tu dois être bouleversée.Bouleversée ? J’ai bien envie de lui dire que le mot est faible. J’ignore même comment je fais pour encaisser tout ça sans rien dire. Je s