Ce dernier tressaille à l’entente de son nom prononcé par la voix grave et hésitante d’Isaac. Il n’y a pas un bruit, mis à part les respirations de chacun d’entre nous. Et encore... Pour ma part, j’ai le souffle coupé. J’attends la réponse du Leader. Les autres ne doivent sûrement rien comprendre à la situation, tout comme moi. Même si intérieurement, j’avais cette impression que les deux garçons s’étaient déjà rencontrés. Reste à savoir si Angie va assumer, ou tout simplement nier.Mais il reste muet. Immobile. Aucune émotion ne traverse son visage. Isaac s’avance, jusqu’à s’arrêter face à lui. Ils font quasiment la même taille. Isaac ne dépasse Angie que de quatre ou cinq centimètres. Les secondes s’écoulent, interminables. Les deux hommes se dévisagent.—Oui, c’est bien toi, finit par dire Isaac. Tu as beau garder le silence, je ne connais personne d’autre possédant les mêmes yeux que les tiens.Angie reste muet. Pourquoi ne répond-il pas ? Mais lorsque je
Je descends précautionneusement de mon pégase noir. Ce dernier recule de quelques pas, les sabots claquant contre le sol de terre aride. J’attache sa corde autour d’un arbre non loin, dépourvu de feuillage. Je caresse une dernière fois sa magnifique robe noire, me demandant si j’aurais la chance de le revoir. Mais ce que je m’apprête à faire m’en fait douter. Je me détourne de lui, inspire un grand coup, puis m’élance. J’avance avec détermination jusqu’à l’Imposant qui se dresse face à moi. Peut-être que je signe mon arrêt de mort… Peu importe, j’y vais pour elle. Pour Tessia. Si je décide de faire demi-tour, plus jamais je n’oserai me regarder dans une glace.En espérant que la Démone ne bluffe pas ! Elle prétend détenir Tessia, mais je n’en ai jamais eu la preuve. Il n’y a qu’une seule façon de le découvrir... J’inspire à nouveau une grande bouffée d’air frais. Plus que quelques pas et j’atteins la grande porte en bois noir... J’avance une main tremblante vers la poignée. Je s
Mes yeux s’ouvrent lentement sur un espace sombre. Étrangement familier. Des toiles d’araignée dans les recoins, une fraîcheur à en faire dresser les poils sur la peau, une odeur de moisi, et des barreaux en acier. Je suis de retour à l’Isolement. Je me relève d’un bond, faisant abstraction des courbatures qui tétanisent mes muscles. Je me précipite jusqu’aux barreaux qui entravent ma liberté, et lorsque je les saisis à pleine main, la peinture qui s’écaille me vaut quelques égratignures.—Eh ! Il y a quelqu’un ? appelé-je.Seul l’écho de ma voix se fait entendre. L’Isolement est désert. Il n’y a personne à part moi. La Démone n’a donc pas respecté sa part du marché. À l’instant même où je me suis présentée à elle, elle s’est empressée d’envoyer l’un de ses nébors m’électrocuter. Je hurle de rage. Mes poings ne cessent de marteler les barreaux de ma cellule, seulement, je n’arrive pas à les briser comme la dernière fois. Et cela a le don de m’énerver davantage. Je n
—Marché conclu, accepte Harmonie, les yeux luisant d’une intense couleur rouge.Non, non, et non… Il est vrai qu’Angie m’avait assurée qu’il respecterait sa promesse faite à la reine – celle de me protéger au péril de sa propre vie – et je peux désormais constater que ce n’était pas des paroles en l’air. Il est réellement prêt à le faire.—Non..., murmure Isaac, serrant un peu plus fort ma main.Je ne peux pas le laisser faire. Je puise dans mes dernières ressources afin de me relever. Je m’écarte des bras d’Isaac et tente de ne pas penser à cette douleur cuisante qui me pétrifie le corps.—Qu’est-ce que tu fais ? me questionne-t-il. Tu ne dois pas te lever, tu vas avoir mal !—J’ai déjà mal, grimacé-je. Me lever n’y changera pas grand-chose.Il soupire, mais à ma grande surprise, n’insiste pas. Il doit probablement se demander ce que j’ai derrière la tête. Et c’est bien ça, le problème. Je n’ai rien. Aucun plan. Pas une
—C’est bien moi, sourit-elle, ses yeux reprenant leur couleur initiale.—Quoi ? Tu la connais ? s’étonne Apolline.Je reste muette. Comment est-ce possible ? Mélodie est ma meilleure amie. Elle ne peut pas être cette jeune femme qui se tient devant moi, arborant un sourire victorieux, presque maléfique. Mélodie est blonde aux yeux bleu gris. Même si je sais bien que ses cheveux blond platine n’étaient qu’une couleur, je refuse d’y croire. Ça m’est tout bonnement impossible. Mélodie ne peut pas être la Démone.—Evalina ? m’appelle Angie, avançant vers moi d’une démarche inhabituellement hésitante. Tu m’expliques ?Non, je ne peux pas. Parce que je ne veux pas avouer ce que j’ai en face de moi. Je ne me l’explique pas. Mélodie sourit toujours, son visage figé en une mimique méconnaissable. Elle est loin de l’amie avec qui je passais toutes mes journées, loin de l’amie souriante, joyeuse, dynamique et sincère que j’ai connue. Désormais, je ne
—Evalina, tu viens ? m’appelle Zéphyr.Je m’empresse de le rejoindre à l’extérieur de l’Imposant, non sans un dernier regard vers Mélodie. Elle est étendue par terre, baignant dans son propre sang. Je détourne mes yeux de cette horrible scène et prends soin de refermer la grande porte noire derrière moi. Difficile de croire que c’est moi qui ai fait ça… Je rejoins les autres, désormais en pleine possession de leur moyen, le pouvoir de guérison de Zéphyr ayant porté ses fruits. Ils ont installé Isaac à plat ventre sur un pégase blanc, attaché solidement par des cordages afin de lui éviter la chute. Chacun rejoint sa monture et je m’aperçois que personne ne l’accompagne.—Qu’est-ce qu’on fait d’Isaac ? demandé-je, pour en être sûre.—Ne t’inquiète pas, il ne va pas tomber, me rassure Apolline. Le cordage est sûr. Et le pégase sait où aller ! Étant donné que nous avons déjà fait le chemin du Majestueux jusqu’à l’Imposant, ils n’auront aucun mal à fai
S’il te plaît, Angie, on a besoin de votre aide.—Qu’est-ce que tu fais ? me demande Sean, toujours occupé à rassurer Bastian.Je rouvre les yeux et attends quelques secondes avant de lui répondre, laissant mes pupilles s’habituer à l’obscurité. Cela faisait un moment que j’avais les paupières closes.—J’essayais de contacter Angie par la pensée, expliqué-je. Mais je crois que c’est inutile, ça ne fonctionne pas.C’est sans doute au-dessus de mes capacités. S’il m’avait entendu, il serait là, non ?—Les animaux de notre royaume sont capables de pratiquer entre eux l’appel par la pensée afin de rallier les autres lorsqu’il est question de danger ou de violation des frontières. Si les animaux peuvent le faire, je pense que tu peux y arriver aussi, m’encourage-t-il.Je le remercie d’un faible sourire, désespérée à l’idée de rester ici encore plusieurs heures. Ça commence à faire un bout de temps que nous sommes là. Apollin
—Evalina !—Non, va-t’en ! lui hurlé-je, des larmes de colère perlant sur mes joues.Je ne veux plus le voir. Pas après ce qu’il a fait. A-t-il sincèrement pensé que je ne lui en voudrais pas ? Comment a-t-il pu me faire ça ? Comment a-t-il pu me regarder dans les yeux et me mentir ?—Attends ! Écoute-m...—Je t’ai dit de t’en aller ! vociféré-je.S’il n’est pas bête, il m’écoutera et s’en ira. Quoiqu’en ce moment, je doute de son intelligence. S’il avait un tant soit peu de jugeote, il ne m’aurait pas menti en me regardant droit dans les yeux. Il faut qu’il s’en aille. Mes nerfs sont en train de lâcher, et ce n’est pas bon du tout.—Je voulais te le dire, mais je ne savais pas comment t...—Va-t’en, Edden ! le coupé-je, serrant les poings pour tenter de me contrôler. Va-t’en ! Je t’en supplie, va-t’en !Le Fidèle s’apprête une fois de plus à se justifier, mais lorsque ses yeux verts croisent le