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Chapitre 2

Hummm la sonnerie du réveil a du mal à passer ce matin, je n'ai encore moins l'envie de me lever quand je sens des courbatures qui me tirent un peu partout dans mon corps. Je me retourne et ouvre un œil, de ne pas avoir ma fille auprès de moi, et encore plus dure.

Hier, je suis allé aider mon frère à faire le service dans son pub, un endroit très charmant, enfin en début de soirée, parce que vers la fin, on n'est entouré que par des zombies complètement saouls.

Il ne manque pas d'hommes dans ce bar, du moins des mecs qui une fois qu'ils ont un peu trop d'alcool dans le sang, sont lourds et ne cherchent qu'une chose à nous faire passer un moment dans leur lit. Ce genre d'homme ne m'intéresse pas, de toute façon je ne me sens pas prête encore à vouloir oublier mon mari et encore moins avec un homme qui avant même de connaître mon prénom se permet de me toucher les fesses.

Mais depuis deux jours je me sens complètement perdu, cet homme que ma fille a abordé dans Central Park, envahit mes pensées, et c'est la première fois qu'un homme depuis le décès de mon mari me donne l'envie d'en savoir plus sur lui.

Pour tout dire, cela fait deux nuits que j'en rêve même la nuit, et ce n'est pas un simple rêve où l'on fait que connaissance. Je pense que le fait que je n'ai pas fait l'amour avec un homme depuis deux ans y est sûrement pour quelque chose.

Il faut que j'arrête et que je me reprenne, de toute façon je ne suis pas prête de le revoir, je pense qu'il a compris que je ne remettrai plus les pieds au parc, du moins pour le moment.

Et puis comment on peut fantasmer sur un homme dont on ne sait rien, à part qu'il est marié, et à une petite fille, je ne connais rien même pas son prénom. Disons que je ne lui ai pas laissé non plus le temps de me le dire.

Je souffle un bon coup et me lève de mon lit, mon regard se pose sur l'une de mes photos de mariage qui se trouvent sur la table de nuit, mon cœur se serre et je me sens coupable de penser à un autre homme alors que c'est dans les bras de Frank que j'aimerais pouvoir m'y blottir.

Je vais fouiller dans mon armoire, je jette vite fait un petit coup d'œil à la fenêtre de ma chambre pour regarder le ciel, à 7H du matin, il fait encore sombre dehors, mais il n'y a pas de nuages, je choisis donc de mettre une robe noire pas trop courte à manches longues. À New York passé le mois de septembre, il ne fait pas très chaud même avec les derniers rayons de soleil que nous offre l'automne.

Ma fille est chez ma mère, je dois aller la récupérer pour l'amener à l'école, j'aurais pu rester au lit, mais Emy me manque, et puis je n'ai rien d'autre de passionnant à faire comme toutes mes autres journées. Ça me permettra aussi de me bouger et de continuer mes recherches d'emploi. Je dois également rendre visite à mon frère, je ne sais pas s'il compte sur moi ou pas pour les prochains services du soir. Ce n'est pas vraiment un métier que j'apprécie particulièrement, mais les pourboires me permettent de mettre de l'argent de côté pour offrir le cadeau de Noël d'Emy. Cela me permet également de rendre service à mon frère qui a toujours été là pour moi, et de passer du temps avec lui.

Après le décès de Frank, les huissiers nous ont tout pris, à commencer par notre sublime villa, et sans mon frère, je me serais retrouvé à la rue avec ma fille dans les bras. Il m'a tout d'abord hébergé chez lui, et ensuite il m'a trouvé ce petit appartement, il s'est même porté cautionnaire pour que je puisse avoir un chez moi et reprendre une vie normale.

Allez hop, une douche pour se réveiller, et calmer ma nuit agitée, qu'est-ce qui m'arrive même sous ma douche, il faut que je pense à cet homme. Disons aussi qu'il est vraiment très charmant, et je me sens coupable de l'avoir envoyé balader comme je l'ai fait, après tout il cherchait sûrement à être sympas et rien de plus.

Bref, pourquoi je me prends autant la tête. Je me dépêche de prendre ma douche, je m'habille et me maquille légèrement, je ne suis pas le genre femme qui met une tonne de peinture sur le visage. J'assume entièrement mon physique, bon, il est loin d'être parfait, mais je n'ai pas non plus à me plaindre, la nature m'a plutôt bien gâtée. Puis je me sèche et lisse mes longs cheveux bruns, je finis par quelques gouttes de parfum, le même que je mets depuis des années, Frank adorait ce parfum. Et voilà, je suis prête, je prendrais un café sur le trajet pour aller chez ma mère de toute façon si j'ouvre les placards ou le frigo, il n'y reste plus grand-chose, il est vraiment temps que je trouve un travail.

****

Je me gare devant une petite maison, humm je rêve de pouvoir un jour vivre à nouveau dans ce genre d'endroit, au calme, loin de la bruyante circulation new-yorkaise, loin des délits et meurtres en tous genres. Bien évidemment ma mère m'a proposé de venir vivre avec elle dans cette sublime petite villa, mais je préfère avoir un minimum d'indépendance, je pense qu'à 26 ans, on a passé l'âge de se faire couver par ses parents même après la dure épreuve que j'ai endurée.

Je descends de ma voiture, et m'avance dans la petite allée qui mène à la porte d'entrée, je souris avant même d'avoir sonné, j'entends Emy qui en fait encore voir à son grand-père. Ma fille est plutôt du genre calme le matin, mais depuis ces deux derniers jours, je ne sais pas ce qu'il lui prend, elle est surexcitée sûrement à cause de l'approche de Noël.

Je frappe à la porte, quand elle s'ouvre, je vois, le visage de ma mère accompagné d'un soupir de soulagement, je comprends qu'Emy n'a pas été trop cool avec eux.

- je pense que ta fille a besoin d'un endroit où se défouler ma chérie, m'affirme-t-elle en souriant.

Son sourire me rassure, parce que je n'ai pas les moyens d'employer une nounou, et si jamais je retrouve du travail, j'aurais besoin de ma mère pour garder Emy. Je connais ma mère elle se plaint, mais elle est la première à me réclamer pour garder ma fille pendant les vacances scolaires, c'est juste qu'en ce moment Emy a une période où elle n'est jamais fatiguée.

Je lui fais à mon tour, un sourire et rentre à l'intérieur, j'entends Emy arrivait en courant, je m'accroupis pour qu'elle vienne se jeter dans mes bras, mon bébé, ma vie, ça fait du bien de la retrouver.

-tu m'as manqué maman.

- oh ! Toi aussi mon cœur, mais je ne suis pas très fière de toi Emy, lui dis-je sur un ton autoritaire.

Elle se sort de mes bras, et baisse la tête, je n'aime pas trop la disputer, mais il y a quelquefois, on n'a pas le choix sinon elle va finir par nous marcher dessus.

- tu n'as pas été trop sage Emy!

- ce n'est rien Lilou, réponds ma mère.

C'est tout à fait ma mère, elle ne peut s'empêcher de prendre la défense de ma fille. Je soupire et embrasse tendrement Emy sur le front.

- tu as de la chance d'avoir la meilleure des mamies, allez va chercher tes affaires avant que l'on soit en retard pour l'école.

Je me relève et Emy part en courant chercher son sac dans sa chambre, elle ne met pas longtemps à revenir. Je sens le regard de ma mère sur moi, je n'ose pas me retourner et entamer une discussion, à chaque fois c'est la même chose, "Lilou, ça fait deux ans et tu es jeune..." bla-bla, je connais son discours par cœur.

- Lilou attend avant de partir, j'ai quelque chose à te dire, s'exclame ma mère.

- je n'ai pas le temps maman!

- Emy, tu veux bien attendre ta maman dans la voiture, demande ma mère.

Elle ouvre la porte d'entrée, Emy court à nouveau et s'installe dans la voiture, ma mère me fait signe de sortir dehors et elle referme la porte derrière moi. Je le sais qu'Emy a besoin d'une présence masculine à la maison, mais personne ne veut comprendre que je ne me sens pas prête à refaire ma vie.

- il y a eu un problème avec Emy? je demande en regardant en direction de ma voiture.

- non, elle est adorable, elle a juste de l'énergie à revendre, dit -elle en rigolant.

- je suis désolé, si elle vous a épuisé, mais je n'ai pas d'autres solutions, tu le sais, et puis Damien risque d'avoir encore besoin de moi dans les prochains jours.

- tu le sais que l'on garde Emy avec grand plaisir, et je suis heureuse que l'affaire de ton frère marche, vous avez l'air de former une bonne équipe.

- humm oui, même si j'aimerais pouvoir faire autre chose de ma vie, réponds-je en poussant un soupir.

On a toujours été proche Damien et moi, il a 3 ans de plus que moi, quand mon père a quitté ma mère, il a parfaitement joué son rôle de grand frère. Même aujourd'hui il continue de veiller et de prendre soin de moi, je me sens coupable de devoir autant dépendre de lui alors qu'il a lui aussi une famille à nourrir.

- Emy m'a parlé d'une nouvelle copine Sarah.

- c'est une petite fille de son âge qu'elle a rencontrée au parc, mais pourquoi elle t'en a parlé, elles ne se sont vues qu'une fois?

J'espère que ma fille n'a pas osé parler à ma mère du père de sa nouvelle copine. Je regarde ma mère, elle a un immense sourire qui se forme sur son visage. Be si elle a osé, et je ne veux pas imaginer ce qu'elle a pu raconter, mais je vais devoir discuter sérieusement avec Emy.

- le papa de sa copine... Lilou, Emy m'a dit qu'il allait devenir son papa.

- Pardon? Quoi? Mais... Non! Emy! je crie après ma fille.

- Lilou, ta fille a besoin d'un père, ne la gronde pas.

- ce père de famille, je ne le connais même pas, c'est Emy qui l'a abordé dans le parc! Je veux bien croire qu'elle a besoin d'un père, mais tu oublies qu'elle en a déjà un! je lui rappelle sur un ton sec.

- un père dont elle ne se souvient même pas! Lilou ouvre les yeux, tu n'as que 26 ans, et ta fille....

- stop, je connais ton discours par cœur, et ma réponse est toujours la même, je ne suis pas prête!

Je pars sans dire un mot de plus, Emy a le don de me mettre dans des situations embarrassantes.

Je rentre dans la voiture, et regarde Emy dans le rétroviseur, elle se doute de la conversation que j'ai eu avec sa grand-mère, elle baisse la tête comme quand elle fait une bêtise. Je n'ai même pas le courage de la gronder.

- Emy...

- oui, maman, réponds t-elle d'une petite voix.

- rien, je t'aime mon cœur.

- moi aussi je t'aime, maman, dit-elle en souriant.

Je démarre sans plus attendre et nous partons pour l'école.

Après avoir accompagné Emy jusqu'aux portes de son école,je me retrouve seule dans ma voiture, et souffle un bon coup. Je ne sens pas trop bien un énorme poids envahi mon cœur, j'ai envie de pleurer, pourquoi il a fallu qu'il y ait cet accident, pourquoi dois-je vivre sans lui. Le pire, c'est que ma mère a raison, je devrais penser au bonheur d'Emy et le mien par la même occasion.

***

Je quitte la maison de mon frère où j'y ai passé une grande partie de ma journée. Tu es pitoyable ma pauvre Lilou, ta vie est si passionnante, que tu passes la plupart de tes journées soit chez ta mère, soit chez ton frère ou au cimetière a déprimé et a pleuré toutes les larmes de mon corps.

Damien a besoin de mon aide demain soir, cela tombe bien, j'ai envie de passer du temps seule avec Emy ce soir, je ne sais pas comment m'y prendre pour lui faire comprendre qu'elle ne peut pas me mettre avec tous les hommes qu'elle va croiser dans un parc ou dans la rue.

J'arrive devant l'école, j'attends que la sonnerie retentisse avant de descendre de ma voiture, le regard des autres parents m'est insupportable.

Heureusement, la fin de classe, ne tarde pas à retentir, je sors de ma voiture et m'avance en baissant la tête, discuter avec les autres parents de tout et de rien, très peu pour moi, et puis je sais très bien où en arrivera la discussion ", il faut vraiment avoir du courage pour élever son enfant toute seule".

Emy sort, mais elle est moins enthousiaste que les autres jours, j'espère qu'il ne s'est rien passé de grave en classe.

- Ça ne va pas mon cœur? je lui demande en lui caressant la joue.

Elle me fait signe "oui" de la tête et elle s'avance jusqu'à la voiture. Je pense savoir quel est son problème, je ne peux pas la priver de nos petites habitudes à cause d'un homme que je n'ai croisé qu'une fois dans ma vie, et que je pense, je n'aurai plus l'occasion de revoir, il a dû comprendre si hier, il est allé au parc que je n'y mettrais plus les pieds.

On s'installe dans la voiture, je regarde Emy à travers le rétroviseur, elle baisse toujours la tête. Je ne supporte pas de la voir triste, je prends une profonde respiration.

- j'ai pensé à prendre le pain pour tes canards, lui dis-je en souriant.

Elle relève la tête et son visage s'illumine, je ne me suis pas trompé, c'est de ne pas aller au parc qui la chagrine.

- par contre, Emy, c'est fini, tu n'abordes, plus aucun papa dans le parc s'est bien compris?

- d'accord maman, me réponds t-elle avec un immense sourire.

C'est parti direction Centrale Park, elle a de la chance que je sois prête à tout pour elle. Maintenant, il me reste plus qu'à prier durant le trajet que le père de sa nouvelle copine ne soit pas là.

***

Une demi-heure plus tard, on y est, je me gare, mais j'avoue ne pas être trop à l'aise. Depuis quand j'ai peur de croiser le regard de quelqu'un, d'un homme. Je pense que mes rêves y sont pour beaucoup, je ne sais même pas comment je vais réagir si jamais, je me retrouve en face de cet inconnu.

Au lieu de me poser des questions, je ferais mieux de me bouger, et puis je me prends sûrement la tête pour rien, il ne sera pas là.

Je sors ma fille de la voiture, mais cette fois-ci, je compte ne pas lui lâcher sa petite main, ça m'a suffit d'une fois d'être ridiculisé, elle serait capable d'aller aborder un autre père de famille.

On marche quelques mètres et on arrive au niveau de la mare, je n'ai même pas le temps de relever la tête que ma fille me fait comprendre en hurlant le prénom de "Sarah" que sa copine se trouve en face de nous. Je prie pour qu'il s'agisse de sa mère et non son père qui l'a accompagné. Pourquoi mon cœur s'emballe, alors que je ne veux pas voir cet homme.

- maman lâche moi s'il te plaît! me supplie-t-elle.

Je lève mon visage, et je vois cet homme, toujours habillé d'un costard noir avec une chemise blanche et une cravate de la même couleur que son costume. Ses cheveux coiffés de la même manière que la dernière fois, je ne peux pas mentir, il est vraiment très charmant.

Ma main lâche celle de ma fille, elle court immédiatement dire bonjour à sa nouvelle amie, je m'avance timidement vers ce père de famille qui hante mes pensées et mes rêves depuis deux jours.

- je commençais à perdre espoirs de ne plus vous revoir dans ce parc.

Il emploie toujours son ton à la fois sûr de lui et autoritaire, je baisse la tête, je sens la chaleur montée sur mes joues, c'est la première fois qu'un homme me fait cet effet depuis le décès de Frank.

Je ne réponds pas et m'avance vers ma fille, comme si je n'ai pas entendu ce qu'il vient de dire.

Lilou, tu pourrais au moins être polie et dire bonjour. Je le regarde du coin de l'œil, mais je ne dois pas être trop discrète vu la manière dont il sourit.

- ma fille n'arrête pas de parler de la vôtre, lui dis-je timidement.

- la mienne c'est pareil, elles ont l'air de très bien s'entendre.

- Emy, tu ne veux pas aller jouer au toboggan avec ta nouvelle amie? Je lui demande en haussant la voix.

- maman, tu crois que Sarah pourra venir un jour à la maison.

- euh.. Emy....vient, on va à l'aire de jeu.

Encore une fois, ma fille a décidé de me mettre mal à l'aise, j'aimerais pouvoir lui faire plaisir et inviter sa copine chez nous. Mais Sarah a l'air de vivre dans une bonne famille, qui ne manque pas d'argent, alors que nous notre appartement est juste assez grand pour toutes les deux.

Je m'assois sur le banc, mais cette fois-ci, le père de Sarah ne s'assoit pas pourtant, je le sens me reluquer de la tête aux pieds, je rougis encore une fois, mon rêve traverse mes pensées et j'ai envie de partir en courant.

- Cela vous dit de boire un café le temps que nos filles jouent ensemble? me demande-t-il.

Je pose mon regard sur lui, il a l'air de vouloir être sympas et rien de plus, même s'il me mets mal à l'aise pour je ne sais quelle raison, il faut que j'arrête de repousser toutes les personnes qui essayent juste d'être aimables. Je me lève et le suis sans dire un mot jusqu'au café ambulant qui se trouve juste à côté de l'aire de jeu.

Il commande deux cafés, et me le tend en plongeant ses yeux verts noisette dans les miens, je rougis une nouvelle fois, ce qui le fait sourire.

- merci, dis-je timidement.

- vous avez l'air d'avoir du caractère.

- un peu, c'est surtout que j'ai du mal à m'ouvrir aux personnes étrangères.

- aux hommes en particulier? Votre mari doit être du genre jaloux.

Dès que l'on aborde mon mariage, les larmes montent aussitôt, j'aurais aimé pour une fois éviter de dire que je suis veuve, c'est la première fois qu'on ne me regardait pas avec de la pitié. Je pourrais mentir, et me débarrasser une bonne fois pour toutes de cet homme, mais je n'en ai pas envie. Ça me permettra surement de savoir si lui a une femme dans sa vie.

- mon mari est décédé, il y a deux ans,  je réponds avec les larmes aux yeux.

- ah... Je suis désolé, je comprends mieux pourquoi votre fille m'a abordé l'autre jour.

Il est le premier à ne pas avoir de la pitié dans son regard, ou a essayé de savoir comment mon mari est décédé.

- et vous? Je me suis aperçu que vous avez une alliance.

Je n'en reviens pas que je le questionne à mon tour, d'habitude on cherche d'abord à savoir comment s'appelle la personne qui se trouve en face de nous, avant de savoir s'il est marié ou pas, mais cet homme me perturbe tellement que je fais n'importe quoi.

- je pourrais vous mentir, et vous dire que je ne suis pas marié pour avoir la chance de vous revoir, en dehors de ce parc, mais oui je suis marié, affirme t-il en lâchant un soupir.

Bravo Lilou, le seul homme qui pourrait peut-être te faire tourner la page sur ton passé, est marié. Je ne réponds pas et retourne m'asseoir sur le banc en face de l'aire de jeu, et regarde ma fille s'amuser comme une petite folle avec son amie.

- je vous ai vexé? me demande-t-il en s'asseyant à côté de moi.

- non pas du tout.

- je suis rassuré, dit-il en souriant.

- j'espère que vous ne pensez pas que je suis le genre de femme à être la maîtresse d'un homme marié! Je m'exclame sèchement

- pourquoi pas!

Il n'est pas gonflé celui-là, il peut être séduisant, gentil et attentionné il est hors de question que j'ai ce genre d'aventure. Je prends mon portable dans mon sac, pour regarder l'heure, cela ne fait pas longtemps que nous sommes arrivés, mais je n'ai pas envie de passer une minute de plus avec cet homme qui croit pouvoir me mettre dans son lit.

- Emy, on va rentrer!

- vous venez d'arriver, dit-il toujours d'un ton autoritaire.

- oui, et alors?

- je vous ai mis mal à l'aise, excusez moi

- vous avez clairement affirmé que je pourrais coucher avec vous!

- je n'ai jamais dit ça! réplique t-il en secouant la tête.

- c'est pareil pour moi, je ne suis pas ce genre de femme!

Je me lève du banc et m'approche de ma fille pour la prendre dans mes bras, j'ai une impression de déjà vue. J'aurais aimé qu'elle puisse continuer de jouer avec sa copine, mais son père est trop sûr de lui, et il est hors de question que je reste passive à son plan drague à deux balles.

- attendez, je ne connais même pas votre prénom! crie t-il.

- vous n'avez pas besoin de le connaître!

- s'il vous plaît, vous n'allez pas encore priver votre fille de s'amuser avec la mienne, à cause de ma maladresse, je me présente Sean Miller.

Il me tend la main pour que je lui serre, mais l'évocation de son nom, me laisse sans voix, je savais bien que son visage ne m'est pas inconnu. J'en lâche Emy, qui ne perd pas de temps pour retrouver sa copine, j'avale difficilement ma salive et lui serre la main en me présentant.

- Lilou... Lilou Curtis, je me présente timidement.

- vous avez vu un fantôme?

- non, c'est juste que... " Porter Books".

- vous connaissez ma maison d'édition?

J'ai envie de répondre qu'il ne s'agit en aucun cas de sa maison d'édition mais celle de mon mari, il y a des milliers d'hommes dans ce parc et ma fille a trouvé le moyen d'aborder celui qui a racheté l'entreprise de son père.

- je suis une passionnée de livre, et... non laissez tomber!

Je pourrais essayer faire tourner la chance, à mon avantage et lui dire que j'ai postulé des dizaines de fois pour intégrer sa maison d'édition, mais après ce qu'il m'a dit y a quelques minutes, je ne préfère pas.

- finissez votre phrase Lilou!

- je ne veux pas profiter de la situation, dis-je, en tournant mon regard sur nos deux filles.

- dites moi tout s'il vous plaît!

- non, ce n'est pas la peine, de toute façon je dois y aller!

Après tout je ne le connais pas suffisamment, pour lui dire que je cherche désespérément du travail, mais ce qui est sûr, c'est que, jamais, il ne saura que mon mari était Frank Porter.

Je prends de nouveau ma fille dans mes bras pour quitter ce parc, je pense qu'il faut que je remette peu à peu de cette rencontre inattendue.

- au revoir monsieur Miller!

- à très bientôt Lilou.

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