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Chapitre 3

Dring....Dring...Dring....

Non, non, pas maintenant, pourquoi faut-il que mon réveil sonne. Je tire ma couette pour me cacher dessous et finir ma douce et belle nuit.

Je l'avoue encore une fois, Sean Miller est venu hanter mes rêves, et ce fut encore plus intense que les nuits précédentes. Oui, je peux à présent mettre un prénom sur son visage, comment j'ai pu ne pas le reconnaître dès l'instant où ma fille l'a abordé. Ce n'est pas comme si je n'avais jamais entendu parler de cet homme, certes, je ne l'avais vu qu'une seule fois, mais un homme comme lui, il est normalement difficile à oublier.

- maman, s'écrie Emy avant de sauter sur mon lit.

J'aime ma fille, mais un réveil un peu plus tendre ne serait pas de refus. Elle ne perd pas une seule seconde pour se glisser sous ma couette. Nos visages à quelques centimètres l'une de l'autre, mêmes avec les yeux fermés, je sens un immense sourire qui se forme sur son visage. C'est vraiment trop dur de rester sérieux avec une petite tête malicieuse qui nous observe, l'envie de la prendre contre moi est trop forte.

- Emy...., je m'exclame d'une voix endormie.

- oui, maman?

- je n'ai pas eu mon gros câlin, réponds-je en souriant.

J'ouvre les yeux, et elle me saute dessus pour venir se blottir dans mes bras. Ces réveils sont justes parfaits, même si j'aurais aimé finir ce rêve qui encore une fois vient perturber mes pensées, ma fille me donne la force et le courage d'entamer une nouvelle journée.

Hier après être rentré du parc, on a passé une grande partie de la soirée à discuter, à se confier, j'ai voulu qu'elle comprenne qu'un jour il est probable que je rencontre quelqu'un mais qu'en aucun cas il ne pourra remplacer son papa.

- je t'aime maman.

- moi aussi je t'aime encore plus fort, réponds-je en rigolant.

- non, c'est moi! rigole t-elle.

- ah bon? montre moi

Elle se relève et écarte ses bras aussi loin qu'elle le peut, et nous mettons à rire de plus belle. Je donnerai n'importe quoi pour que Frank puisse voir la petite fille, drôle, adorable, et aimante qu'est devenue Emy.

- je pense qu'il est l'heure de se préparer, sinon on va être encore en retard.

- on pourra aller voir Sarah après l'école maman?

- ce soir tu vas chez Mami, je dois aller travailler avec Tonton Damien.

- Be Mami peut m'amener voir Sarah.

- va t'habiller Emy!

Je n'ai pas du tout envie que ma mère amène Emy au parc, elle y verra sûrement monsieur Miller, et il sera facile pour lui d'en savoir encore plus sur moi avec ma mère qui ne sait pas trop tenir sa langue. Et elle est en plus comme ma fille, à vouloir me caser avec le premier venu, bien évidemment je pense qu'il oublierait de mentionner à ma mère qu'il est un homme marié.

On se lève du lit, et pendant que Emy se prépare dans sa chambre, je vais vite fait prendre une douche pour me réveiller de cette nouvelle nuit agitée.

J'entre sous la douche, et je ne peux m'empêcher de penser encore à cet homme. En plus d'être marié, il est celui qui a racheté l'entreprise de mon mari, ma pauvre Lilou arrête de te prendre la tête, de toute façon ce genre d'homme ne peut pas s'intéresser à une femme comme toi.

- Emy!! je crie.

J'entends la sonnerie de mon portable retentir, mais il ne sonne juste quelques secondes, à tous les coups ma fille a répondu, pourtant je lui ai déjà dit des centaines de fois que je lui interdisais de toucher à mon téléphone. On ne s'est jamais, il suffit que ça soit un employeur, super, il va être ravi que ça soit une petite-fille de 5 ans qui lui réponds.

- maman, c'est pour toi au téléphone, m'affirme-t-elle.

- Emy, je t'ai déjà dit que je ne voulais pas que tu répondes à mon portable!

- oui, mais...

- non, il n'y a pas de mais Emy! En ce moment, tu n'écoutes rien et je te l'ai dit si tu continues fini les balades au parc le soir après l'école! je la gronde

Je tire le rideau de douche, je viens de la gronder, mais elle a toujours son petit sourire en coin, je pensais que notre soirée en tête à tête avait servi à quelque chose, mais non j'ai l'impression que ma fille a envie de me rendre complètement dingue, vivement que les fêtes de Noël passent.

- maman...! 

- oui, Emy?

- c'est le papa de Sarah et il veut te parler! me dit-elle en me tendant mon portable.

Je reste quelques secondes à réaliser ce qu'elle vient de me dire, comment a-t-il pu avoir mon numéro de téléphone. J'ai honte de répondre après la scène que je viens de faire à Emy, j'étais loin de me douter que ça serait l'homme qui hante mes nuits qui était au bout du file.

J'ai un sentiment d'angoisse qui m'envahit, je suis nue dans ma salle de bain, chose tout à fait normale, mais je ferais mieux de le prévenir, de me laisser quelques minutes pour que je puisse enfiler un vêtement sur moi, je pense aussitôt à mes rêves et j'ai peur de ne pas pouvoir garder un minimum de concentration en entendant sa voix.

Je saisis le portable des mains de ma fille, et lui fais signe d'aller finir de se préparer, elle n'a pas besoin d'écouter ma conversation, elle est trop jeune.

Oh non mais Lilou ressaisis toi, le mec ne va pas te proposer de faire l'amour par téléphone! N'oublie pas qu'il est marié, et qu'il veut juste être sympa, rien d'autre.

Je prends une profonde respiration et réponds, je pense que j'ai assez joué avec sa patience.

- monsieur Miller, excusez moi, j'étais sous la douche et...

- vous êtes nue Lilou?

- oui, euh non, enfin si mais...

- hummm je vous mets à l'aise, réponds t-il en ricanant.

- un peu oui!

- je suis prêt à parier que vous êtes en train de rougir Lilou.

Je me regarde un instant dans le miroir au-dessus du lavabo, je sentais déjà le feu sur mes joues monté dès que j'ai entendu le son de sa voix, mais il a raison, je suis rouge comme une tomate.

- Lilou...?

- monsieur Miller mon numéro de téléphone est privé! Comment avez-vous pu l'obtenir? je lui demande sur un ton sec.

Je compte remettre un minimum de barrières entre nous, il est hors de question qu'il continue son plan drague, il a tendance à oublier qu'il est marié, pourtant je lui ai dit que j'étais loin d'être ce genre de femme.

- Lilou Curtis, 26 ans, 1043 Madison Avenue, vous avez un diplôme de responsable d'édition, et je constate que vous avez postulé une dizaine de fois chez "Porter Books".

- oui, c'est exact mais...

- pourquoi vous ne me l'avez pas dit hier au parc? demande t-il, sur un ton autoritaire.

- je ne voulais pas profiter de la situation, j'ai besoin d'un travail, c'est même devenu vital, mais je veux pouvoir être embauché uniquement pour mes compétences.

- très bien je vous attends à 9H dans mon bureau pour un entretien! m'ordonne t-il.

Je regarde vite fais l'heure sur mon portable, c'est dans une heure, et la maison d'édition se trouve à l'opposé de l'école d'Emy, je prends une profonde respiration, calme toi Lilou.

- c'est dans une heure?

- oui, il y a un problème?

- non, non je serais à l'heure monsieur Miller.

- je vous attends impatiemment Lilou...

Je raccroche, et cours jusqu'au salon avec seulement une serviette de bain qui me cache un minimum mon corps dénudé. Une heure, comment je vais arriver à gérer la situation, et Emy qui est confortablement installé sur le canapé à regarder ses dessins animés, elle n'est même pas prête.

- Emy! Tu n'es pas habillé? demandé-je en panique.

- maman, je suis malade.

- non, non Emy, bouge toi, ce n'est pas le moment, et merde, comment je vais m'habiller.

- je peux t'aider à choisir maman?

- je croyais que tu étais malade Emy!

- euh...

- laisse tomber! Je crois que pour aujourd'hui l'école, on peut y faire une croix dessus!

- youpppiiiii! s'exclame-t-elle en sautant sur le canapé.

- il faut que j'appelle ta grand-mère pour qu'elle vienne te garder, dépêche toi Emy, il faut trouver une belle tenue et surtout prier pour que maman est du travail!

On court comme des petites folles jusqu'à ma chambre, il faut que je me trouve la tenue parfaite dans mon armoire, cela va aller très vite, il n'y a plus tellement grande chose de potable. D'ailleurs cela va me permettre de faire du tri, finis le noir, le deuil, cette rencontre avec monsieur Miller, qui restera bien évidemment professionnel, du moins s'il m'embauche, est le signe d'un nouveau départ, et je dois tout faire pour saisir ce que le destin a mis en travers de mon chemin.

***

Une heure plus tard, j'arrive dans les locaux de "Porter Books" avec un peu de retard, je n'ai même pas le temps de contempler cette maison d'édition qui a l'air de ne pas avoir changé depuis la dernière fois que j'y ai mis, les pieds.

Quelle idée d'avoir mis des talons Lilou, c'est à croire que tu aimes souffrir et galérer pour courir, et monsieur Miller, il va surement te dire de rentrer chez toi, aussi vite que tu es arrivé, il a l'air d'être assez autoritaire, alors avec ses employés, je ne veux même pas m'imaginer. J'espère juste qu'il n'y aura aucune ambiguïté et qu'il s'agit d'un entretien d'embauche et rien d'autre.

Une femme d'à-peu-près mon âge est au stand de l'accueil, et comme si je n'étais pas assez en retard, elle préfère rester à discuter au téléphone au lieu de m'indiquer le bureau de son patron. Je suis généralement du genre à être polie et patiente, mais là il y a urgence, je ne vais pas prendre le risque de mettre l'entretien de ma vie à l'eau.

- s'il vous plaît!

Je rêve, elle continue de faire comme si, je n'étais pas là, vraiment le personnel se laisse à désirer, quand il s'agissait de mon mari, c'était moins la pagaille et il évitait d'employer ce genre de pouf.

- excusez moi! J'ai rendez-vous avec monsieur Miller! j'affirme en haussant la voix.

- vous désirez? me demande-t-elle en raccrochant le téléphone

Elle se fout de moi ouvertement, au lieu de me regarder comme si j'étais une extraterrestre, elle ferait mieux d'écouter ce que je lui demande, elle a vraiment de la chance que je veuille à tout prix ce travail.

- pouvez vous prévenir monsieur Miller que madame Lilou Curtis est là s'il vous plaît!

- un instant s'il vous plaît

Je souffle un bon coup, pour ne pas sortir de mes gonds. Je déteste ce genre de femme qui se croit supérieure aux autres. Reprends toi Lilou, tu n'as pas envie que monsieur Miller te voit dans cet état, même s'il connaît déjà un peu ton tempérament, n'oublie pas que tu es dans sa maison d'édition et non à Central Park.

Elle décroche le téléphone, mon regard ne peut s'empêcher pendant ces quelques secondes de regarder partout autour de moi, mon cœur se serre, et me fait atrocement mal, ça n'a pas trop changé depuis que Frank a vendu. Je me vois encore venir le midi pour déjeuner avec lui, on passait des heures enfermées dans son bureau, c'est grâce à lui que je suis devenu encore plus passionné de livres et que j'ai eu l'envie de finir mes études.

- monsieur Miller vous attend dans son bureau!

Je sors de mes pensées, il m'attend dans son bureau, par pitié faite qu'il n'a pas pris le bureau de mon mari. Je ne sais pas si c'est vraiment une bonne idée que je vienne travailler dans cette maison d'édition, Frank envahit encore plus mon cœur et mes pensées, et là à cet instant j'ai plutôt envie d'aller m'enfermer dans les toilettes et pleurer toutes les larmes de mon corps.

- je vais vous y conduire! affirme t-elle.

- merci, réponds-je d'une voix tremblante.

Je ne dois en aucun cas, montrer que je connais ses locaux par coeur, et que je reprenne mes esprits. Il faut que je pense à ma fille, elle mérite d'avoir un bel avenir et c'est maintenant que tout va se jouer.

Je la suis timidement en continuant d'observer les moindres recoins de ses locaux. Et je crois que mon cœur est sur le point d'exploser dès que je me retrouve face à cette porte que je ne voulais surtout pas franchir, je dois prendre sur moi et ne pas fondre en larmes, mais cela devient de plus en plus dur, de contrôler toutes mes émotions.

La jeune femme frappe à la porte, et repose à nouveau son regard sur moi, elle doit sentir que je ne me sens pas très à l'aise, et pour encore plus me déstabiliser, elle se mets à sourire bêtement, elle doit sûrement se dire, que je suis une pauvre fille, qui est prête à pleurer pour un entretien d'embauche, encore une fois tu montres ta faiblesse Lilou, ressaisis toi.

On entend un "oui" toujours aussi autoritaire, et bizarrement la peur, l'angoisse et la tristesse, font place à des papillons dans le bas de mon ventre, et je rougis avant même d'avoir franchi cette porte.

- vous pouvez rentrer! Bonne chance, ricane t-elle

- merci! réponds-je sur un ton sec

Je préfère ne pas rentrer dans le petit jeu de cette garce, elle croit que cet entretien ne va aboutir à rien, mais je vais lui montrer que je suis peut-être faible quand je pense à mon mari, mais je peux être forte quand je pense à ma fille, et ce travail, je l'aurai.

Je rentre timidement dans le bureau, je suis rassuré de voir que le mobilier n'est plus le même qu'il y a 2 ans. Le bureau ne se trouve plus au même endroit, au lieu d'être à proximité de la porte sur le côté gauche, il en face derrière les immenses vitres de cet immeuble. Les papillons dans le bas de mon ventre s'accentuent quand je le vois assis derrière son bureau, toujours vêtu d'un costume et d'une cravate noire, ses cheveux bruns encore mieux coiffés que les deux fois où je l'ai vu dans Central Park. Ma respiration s'affole, je crois que je ne peux plus me mentir, il me plaît de plus en plus à chaque fois que je croise son regard, et mes joues s'enflamment dès qu'il me sourit.

Je referme délicatement la porte derrière moi, je pense qu'il est préférable que je m'excuse pour mon retard, c'est la moindre des choses. Je n'arrive même plus à parler, à bouger, je repense à mes rêves, au coup de file de ce matin, mais qu'est-ce qu'il me prend, tu veux souffrir Lilou, cet homme est marié et peut-être ton futur patron arrête tout de suite de t'imaginer des choses qui n'ont pas lieu d'être.

- Excusez-moi pour le retard, il y avait des embouteillages et j'ai dû me changer une bonne dizaine de fois avant de me trouver une tenue, dis-je en souriant.

Il se lève de son fauteuil, fait le tour pour me serrer la main, encore une fois je rougis quand un petit sourire apparaît sur son visage, mon dieu il est vraiment beau.

- si c'est pour cette magnifique robe que vous êtes en retard, alors je vous excuse, vous êtes ravissante Lilou, affirme t-il en souriant.

- merci, réponds-je timidement.

- asseyez vous, me dit-il en me montrant le fauteuil en face de son bureau

Je m'avance, retire ma veste, il fait beaucoup trop chaud et m'installe, mais je ne suis vraiment pas à l'aise. Déjà cet homme me perturbe encore plus que d'habitude, mais en plus de me retrouver dans ce bureau, que je connais parfaitement, me brise une nouvelle fois le cœur.

- vous aimeriez donc travailler dans ma maison d'édition? me demande-t-il.

- oui, enfin il s'agit plutôt de la maison d'édition de monsieur Porter!

Qu'est-ce qu'il m'a pris de lui répondre ceci, tu oublies Lilou, qu'il ne doit en aucun cas savoir, que tu es la femme de celui qui a créé cette entreprise, d'ailleurs j'ai de la chance de ne pas avoir croisé quelqu'un qui me connaît.

- monsieur Porter était un homme que j'appréciais beaucoup, et c'est pour cela que je n'ai pas hésité à lui racheter sa maison d'édition.

Il fait de nouveau le tour de son bureau, mais au lieu de s'asseoir sur son fauteuil, il revient vers moi, et se mets en face appuyer contre son bureau. J'essaye de ne pas trop regarder en sa direction, cet homme me donne des bouffées de chaleur juste en posant ses yeux sur moi.

- pourquoi avoir postulé dans cette maison d'édition?

- je suis une passionnée de livres, alors j'ai voulu en faire mon métier et puis je sais que votre entreprise est l'une des meilleures maisons d'édition de New York.

- je rajouterais l'une des meilleures des États-Unis! réplique t-il.

En plus d'être autoritaire, et sûre de lui, il est très arrogant, d'habitude c'est le genre de personne que j'envoie immédiatement balader, mais lui au contraire tout m'attire chez lui.

Il se relève et me contourne tout en scrutant les moindres parties de mon corps, il passe derrière moi, et un frisson me parcours de la tête aux pieds dès qu'il effleure mon bras remontant jusqu'à mon épaule avec le bout de ses doigts.

- je ne vous laisse pas indifférente, n'est-ce pas? me demande-t-il.

- je ne pense pas être dans votre bureau pour avoir ce genre de conversation!

- vous avez raison, on l'aura au parc ce soir.

- et ce soir non plus monsieur Miller!

Je me lève de ma chaise, récupère ma veste et l'enfile, je pense que cet entretien, est plus un plan drague pour me mettre dans son lit, et non pour que j'intègre son entreprise.

Je ne perds pas de temps et m'approche de la porte pour partir, même de dos, je sens son regard incitant sur moi, heureusement qu'il ne peut pas voir, que je rougis une nouvelle fois, il faut vite que je sorte de cet endroit, mon cœur n'arrête plus de s'emballer pour un rien.

- vous avez vite tendance à fuir Lilou.

- je n'aime pas la tournure que prends cet entretien, je suis là pour du travail et rien d'autre!

- Lilou attendez!

J'entends ses pas se rapprocher de moi, je me retourne, et me retrouve dans une posture que j'aurais préféré éviter, son torse collé à ma poitrine. Je peux sentir son souffle chaud sur mes lèvres, et mes jambes se mettent à trembler dès qu'il rapproche sa bouche de la mienne, je suis à deux doigts de perdre le contrôle de moi-même.

Il faut que je lui montre qu'il ne me déstabilise pas, qu'il peut faire et dire tout ce qu'il veut, je ne succomberais jamais, d'autant plus qu'il est marié, et, je n'ai pas envie que, ce sentiment douloureux reprenne possession de mon cœur. Malheureusement, il est un homme dont je pense que je pourrais tomber amoureuse, mais mon cœur a assez souffert de la perte de mon mari, il ne mérite pas d'être brisé à nouveau.

- vous pourrez me donner une réponse assez rapidement, sur votre décision de donner une suite ou pas à cet entretien? je reprends d'une petite voix

- rapidement? s'étonne-t-il.

- oui, j'attends également la réponse d'une autre maison d'édition qui est intéressé seulement par mes compétences professionnelles, je réplique sèchement.

Bien évidemment c'est faux, il est le seul depuis des semaines à m'avoir donné la chance pour un entretien d'embauche, mais j'ai vraiment envie de mettre toutes mes chances de mon côté et lui faire comprendre que s'il m'embauche nos relations resteront purement professionnelles.

- je vous recontacte très vite Lilou, réponds t-il calmement.

- très bien, je vous souhaite une bonne journée monsieur Miller.

- on se voit ce soir au parc?

- ce soir non, je suis occupé.

- ma fille va être déçue, prononce t-il en souriant.

C'est la deuxième fois depuis que je suis rentré dans son bureau, qui laisse échapper son magnifique sourire. Je me demande si c'est vraiment sa fille qui est déçu que je ne puisse pas venir ce soir au parc, ou si c'est lui qui désirait m'y croiser.

- votre fille peut attendre demain, tout comme la mienne.

- vous êtes sure de ne pas vouloir faire un petit effort, promis, je ne vous mettrai pas mal à l'aise.

- je ne peux vraiment pas ce soir, je dois travailler

- travailler, le soir? s'exclame t-il.

Super Lilou vas-y, je t'en prie continue de lui raconter ta misérable vie. Et puis à son regard, je crois qu'il ne pense pas à un boulot très catholique, génial il ne manquait plus que cela, ton futur patron pense que tu fais les trottoirs, je deviens encore plus rouge de honte.

- ce n'est pas ce que vous croyez! Je dois aider mon frère à faire le service du soir, rien d'autre, je bafouille.

- bon, je vais devoir attendre pour vous revoir!

- monsieur Miller, entre vous et moi, il ne se passera jamais rien, je préfère être clair dès maintenant avant que vous ne regrettiez de m'embaucher pour quelque chose que vous n'aurez jamais!

- et qu'est-ce que je voudrais?

- je ne sais pas, mais il n'y aura rien! réponds-je froidement.

- parce que je suis marié?

- oui, entre autre, et parce que je ne suis pas prête à vivre quelque chose avec un autre homme que mon mari!

- c'est dommage, vous me plaisez énormément Lilou, réponds-il sèchement

Il se décolle et ouvre la porte derrière moi, je viens sûrement de gâcher la chance de me faire embaucher, mais au moins je garderais ma conscience tranquille, je ne veux pas qu'il croit que je finirais sur son bureau ou ailleurs pour le remercier de m'avoir donné du travail.

- à bientot Lilou.

- au revoir monsieur Miller.

Je pars sans plus attendre de son bureau. Au bout du couloir, je ne peux m'empêcher de regarder derrière moi, j'ai l'impression que ses yeux sont sans arrêt braqués sur moi.

Et je ne me suis pas trompé, il m'observe encore, cet homme va me rendre complètement folle. J'ai peur qu'en venant travailler dans cette maison d'édition au lieu de me rapprocher des souvenirs avec mon défunt mari, je ne finisse par les éloigner et en vivre des nouveaux avec un autre homme.

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